Le plein de super
es dernières années, à force de prendre des mauvaises nouvelles, des virus, des crises, des bombes, des variants, on en vient à ne plus trop avoir de jus. Kaput, finito, zéro énergie, la panne sèche. Grosse flemme, envie de pleurer un tonneau ou de boire une citerne. Et puis parfois, un rayon de soleil, des tongs, dix minutes de jour en plus, et toute la machine redémarre. C’est l’été. La plus belle saison de l’année. En tout cas, la plus propice à la détente, la réflexion, la récupération, l’optimisme. Dès le matin je suis légère: fini les chaussettes, les collants, les pulls, les sous-pulls, les surpulls, l’écharpe, les gants, les bonnets, les doudounes, les manteaux, tout ce matériel à enfiler qui double ma circonférence et ma préparation du matin. Mais à partir de juin, c’est parti: une robe et des sandales, un short, un tee-shirt et des tongs, quatre secondes pour s’habiller, deux pour tout quitter. Je gagne du temps, du mouvement et de la liberté. J’en ai la conscience chaque minute: je profite, je fais le plein de bonnes sensations, je ne me suis pas esquintée douze heures chez le tatoueur pour coller mon tigre sous un Damart. Je le sors de sa cage. L’été, c’est le soleil. Même en ville, sous les particules fines, c’est le soleil quand même. La vitamine D se prend direct sur les avant-bras, sans passer par la case gélules, ampoule ou carence. La lumière entre à plein dans les pupilles, tout ça me dope et me rend plus accessible à la joie: alors je savoure, je prends conscience de mon
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