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Journal d'une confinée: Journal de bord
Journal d'une confinée: Journal de bord
Journal d'une confinée: Journal de bord
Livre électronique334 pages3 heures

Journal d'une confinée: Journal de bord

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À propos de ce livre électronique

Cet ouvrage est un journal de bord tenu au jour le jour pendant cinquante cinq jours de confinement.
L’auteure a commencé cette chronique, un peu par jeu, pour occuper ces journées qui s’annonçaient à perte de vue, inoccupées et inactives, et pour une durée inconnue. Leur vide l’effrayait. Pour occuper le temps, écrire lui est apparu comme une évidence : c’était « faire quelque chose » en réponse à cette mise en repos forcée, imposée. C’était laisser une trace de cette période pour le moins extraordinaire. C’était aussi une sorte de défouloir.
Et puis elle y a pris goût. Peu à peu, cela est devenu indispensable, comme une sorte de planche de salut, une raison de continuer jour après jour. Ces écrits postés au quotidien sur sa page Facebook ont reçu un accueil favorable près du public, certains affirmant « qu’ils attendaient de lire » sa page avant d’aller se coucher. Écrire est devenu indispensable.

À PROPOS DE L'AUTEURE

Marie-Hélène Courtin est née en 1950 à Calvisson dans le Gard.
Après des études de Lettres Classiques (Français, Latin, Grec ancien), de piano et de chant classiques, elle mène depuis 1978 des carrières parallèles : Chanteuse (auteure-compositeur-interprète) avec cinq albums à son actif. Musicienne (piano, accordéon, guitare). Comédienne au sein de diverses compagnies. Auteure de théâtre.
Elle est en outre professeure de yoga et pratique régulièrement la randonnée et le Qi Gong.
LangueFrançais
Date de sortie4 nov. 2020
ISBN9791037715739
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    Aperçu du livre

    Journal d'une confinée - Marie-Hélène Courtin

    Lundi 16 mars 2020

    Coronavirus

    « Restez chez vous ! Restez chez vous ! » Qu’ils nous disent ! « Lisez des livres, regardez des films, écoutez de la musique, jardinez ! » OK ! OK !

    Mais là, il ne s’agit pas seulement de passer le week-end ou d’une semaine de vacances. Il y en a pour 45 jours ! C’est long 45 jours ! Un mois et demi ! Et juste quand va arriver le printemps !

    Les premiers jours sembleront idylliques, surtout à ceux qui travaillaient. Ouais ! Super ! Des vacances ! On va faire la grasse mat’, manger des chips affalés sur le canapé devant la télé, se faire des apéros tout seul !... mais ensuite… On va s’ennuyer comme des rats morts !

    J’espère qu’ils vont nous distribuer du Prosac gratuitement sinon on va se mettre à déprimer, surtout les personnes seules, péter les plombs, se suicider. Ce qui me console c’est que les couples ne pourront plus se supporter au bout de quelques temps, eux qui n’avaient pas l’habitude d’être toujours ensemble. Il faudra leur distribuer une liste d’avocats pour le divorce ! Une liste de gynécos pour ceux qui auront tué le temps… sur l’oreiller. On va tous devenir obèses à force de grignoter, ou alors alcooliques ! Y en a qui vont recommencer à fumer, puisque les tabacs sont encore ouverts !

    Mais arrêtez avec vos recommandations ! On a compris ! Basta ! Ah ! Les chorales de donneurs de leçons !

    Et arrêtez de nous culpabiliser parce que ce dernier week-end, vous avez préféré rester devant votre télé, à bouffer des chips et des cacahuètes bien grasses, affalés dans votre canapé, au lieu d’aller prendre l’air et le soleil et aérer vos poumons en respectant les consignes de sécurité. Là où c’était vraiment dangereux, c’était en allant voter, parce que là les consignes… heu…

    Mardi 17 mars

    1er jour de confinement !

    On nous dit : « Pensez à nos infirmières, au personnel hospitalier, aux docteurs, même aux caissières de super marché, qui sont là en première ligne pour nous sauver la vie ! » C’est vrai ! Je les remercie, je les félicite, je les encourage, je les plains, je les soutiens… etc.

    Mais eux, au moins, ils se sentent utiles, ils sont dans l’action, dans la vie.

    Nous, pauvres péquins, on est là, enfermés, inutiles, encombrants, dangereux même, et culpabilisés d’être inutiles, encombrants, dangereux ! Des boulets quoi ! Des boulets dont on voudrait bien se débarrasser, laissés de côté, à attendre, à subir sans pouvoir agir, sans pouvoir réagir (sinon très connement à acheter du papier toilette et des pâtes !), laissés sur le bord de la route comme des chiens abandonnés par leurs maîtres en été, parqués comme dans des zoos, comme des Indiens dans leur réserve. Mis à l’index comme si on y était pour quelque chose, comme si c’était notre faute, comme si on était responsables, voire même coupables ! Juste bons à aller voter ! On est là comme des cons, et on ne peut rien faire… Et on sent bien qu’on gêne, on nous l’a assez dit : « Restez chez vous » sous-entendu : « Ne traînez pas dans nos jambes, vous voyez bien que vous ne servez à rien que vous gênez, que vous êtes dangereux ! Allez au rebut ! À la casse ! »

    Comment voulez-vous ne pas déprimer dans ces conditions !

    Et on n’est que le 2e jour !

    Mercredi 18 mars

    2e jour de confinement !

    Ça y est, la routine s’installe…

    7 h du matin. Le chauffage, qui se met en route comme tous les matins, me réveille. J’ouvre un œil… Et une oreille : « Tiens bizarre ! Pas trop de circulation dans la rue… »

    Et là, paf, je me rappelle : « Oui ! C’est vrai ! » CONFINEMENT ! Ce n’était pas un cauchemar, je suis bien réveillée et c’est réel ! On y est et pour de bon ! Enfermée dedans ! Je soupire, découragée, prête à me retourner de l’autre côté pour essayer de me rendormir. Mais rien à faire ! Le petit vélo dans ma tête s’est déjà mis en route ! Et je me demande : « Qu’est-ce que je vais bien faire de cette journée ? Bon ! Voyons… Je vais faire un peu de yoga, un peu de taï-chi, un peu de méditation, un peu d’écriture, peut-être un peu de musique… C’est vrai, ça fait longtemps que je n’ai pas touché l’accordéon ! Et du piano… Quoi d’autre ? »

    Mais, bientôt mes chats grattent à la porte. Ils ont senti que j’étais réveillée. Ils viennent dire bonjour et ils sont en pleine forme, eux ! Il leur faut des caresses, des câlins. Ils ont faim et il faut leur donner à manger. Ils ne se doutent de rien. Pour eux, rien n’a changé, la vie continue comme avant. Ils n’ont pas d’état d’âme. Ils trouvent que le printemps est beau, l’herbe tendre, qu’il y a des fleurs dans le jardin, que la température est bien agréable ! Ils guettent les oiseaux qui chantent dans les arbres, ils se dorent au soleil… Ils dorment ! Ils dorment… Ils ne s’ennuient jamais eux ! Quelle chance !

    Tout ça me fait penser qu’il va falloir que je sorte un de ces jours pour aller leur acheter des croquettes. La réserve du sac s’amenuise. C’est tout ce dont j’ai besoin pour l’instant. Comme je pratique le jeûne intermittent (après avoir été intermittente du spectacle !) je ne fais que deux repas par jour, je ne consomme donc pas trop. Pas d’urgence dans les provisions. Même en ce qui concerne le papier toilette, je peux tenir encore ! Lol ! Un peu d’eau chaude au petit déjeuner, en écoutant les nouvelles (déprimantes et pas fraîches), avec une vitamine C ! Et hop ! Je laisse marcher la radio pour avoir de la musique et éviter le silence qui résonne dans la maison. Mais je zappe les informations : Ils répètent toujours la même chose tout au long de la journée !… Tiens ! Tiens ! Encore pas mal de voitures qui circulent dans la rue, malgré le confinement !

    Et puis j’ouvre l’ordinateur… Messagerie orange… et puis Facebook ! Pas trop longtemps Facebook parce qu’on y passerait sa journée et c’est déprimant ! Facebook c’est comme « Plus belle la vie » on trouve ça nul, mais on arrive pas à s’en déscotcher ! Pourtant quelquefois, y a des trucs intéressants. En ce moment il y a des gens qui partagent des trucs de yoga, de Gi Gong, de méditation. C’est super. Tu t’aperçois aussi qu’il n’y a pas que des gros cons qui se ruent sur le papier toilette et les pâtes. Il y a aussi des gens qui ont de l’humour, qui réfléchissent, qui créent, qui sont généreux, inventifs, drôles…

    Bon, ça suffit Facebook ! Au travail ! Qu’est-ce que j’avais prévu déjà ? Ah : Oui ! : Yoga, Taï-Chi, méditation, écrire, musique…

    Le problème c’est que je n’ai envie de rien. Je ne suis même plus déprimée ni en colère. Je suis comme anesthésiée. Comme fatiguée de ne rien faire. Je tourne en rond comme après une rupture, un chagrin d’amour. Vous savez « un seul être vous manque et tout est dépeuplé » C’est exactement ça ! La dernière fois que j’ai eu cette sensation, c’est il y a quelques années, quand ma télé était tombée en panne. (D’ailleurs depuis je n’ai plus de télé !) Je n’arrive pas à m’habituer au fait de n’avoir rien à faire, à l’idée que, si je veux, je peux ne rien faire de toute la journée ! Que je ne suis plus obligée à rien… sauf à rester chez moi. Tout à coup, je sursaute, angoissée l’espace d’un quart de seconde, comme prise en faute : « Je n’ai rien fait de la journée ! »

    Je me dis que pour les gens qui ont un travail « alimentaire », être obligé de s’arrêter, c’est un peu des vacances ! Mais pour ceux comme moi dont le travail est une passion, s’arrêter c’est terrible ! C’est le vide, c’est le monde qui s’effondre sous nos pieds ! On perd son moteur, son ressort, ce qui nous donnait envie de nous lever le matin, sa raison de vivre… Les heures passent et il ne se passe rien ! Et comme disait ma belle-mère quand elle était déprimée : « Les bras m’en tombent ! ».

    Bien sûr, mes états d’âme ne vous intéressent peut-être pas. Bien loin de moi la prétention d’émettre des pensées philosophiques profondes. C’est juste un journal de bord. Rien de plus !

    Mais bon, je vois que là, c’est la nuit qui tombe. « Déjà ! » dit la petite chèvre de monsieur Seguin. La journée est passée, tant bien que mal. Et ma foi plutôt pas mal. Demain sera un autre jour. Je suis en vie, c’est l’essentiel. Tout le monde ne peut pas en dire autant. Bonne nuit à tous. Haut les cœurs. Prenez soin de vous. Courage à nos soignants, à ceux qui doivent travailler, à ceux qui n’ont pas de maison. Moi je suis déjà privilégiée !

    Merci la vie !

    Jeudi 19 mars

    3e jour de confinement

    8 h 30 Houla ! Couchée minuit et demi, levée 8 h 30. Même pas réveillée par la mise en route du chauffage ! Le rythme change !

    Un ami écrit : « Je me lève de plus en plus tard ! Et le pire c’est que je m’endors toujours à peu près à la même heure. Et même hier j’ai fait une petite sieste !… C’est grave ? »

    Je lui ai répondu : « Qu’importe ! Profite… Avec un peu d’entraînement, dans quinze jours ou deux ou trois mois, tu arriveras à dormir une journée entière ! » Confinement et cure de sommeil, même combat ?

    J’entends dire à la radio que le troisième jour c’est le plus dur ! Qu’il faut le passer et puis qu’après ça va…

    Tiens ! Tiens ! Comme quand on fait les vendanges !

    Ou comme au théâtre ! La première représentation est toujours réussie, malgré tous ses défauts, car on y met toute l’énergie accumulée pendant les journées de répétitions. La tension monte de plus en plus à mesure que se rapproche la date de la première. Et le jour dit, c’est comme une délivrance, un accouchement, on lâche tout, et on donne le meilleur de soi ! Quelles que soient les circonstances, quoiqu’il arrive.

    La deuxième est toujours un peu en dessous, une peu fade, peut-être à cause de la fatigue, du fait qu’on a tout donné la veille ! Peut-être aussi parce qu’on se dit : « ça y est le spectacle a été créé, le plus gros est fait ! » Et en quelque sorte on se repose une peu sur ses lauriers.

    Mais elle est souvent plus au point car on a peut-être rectifié dans la nuit quelques erreurs, résolu quelques problèmes, changé en catastrophe quelques points qui clochaient…

    La troisième représentation est redoutable, car elle donne le ton de la suite. C’est tout bon ou tout mauvais ! Elle engage l’avenir du spectacle…

    Qu’en sera-t-il de ma journée ?

    Bon ! J’ai déjà mis une machine à laver en route. Allez ! Commençons par une petite méditation du matin avec Christophe André. … À tout à l’heure !

    Dans la matinée, j’ai reçu plein de petits messages sympathiques. Des gens qui prenaient de mes nouvelles, qui me faisaient de petits coucous, qui m’envoyaient des bises. On dirait que la solidarité se met en place. Après l’étonnement, la stupéfaction, l’hébétude, le déni, la peur, l’agacement, l’énervement, la colère, la déprime, le repli sur soi… Est-ce l’acceptation ? En tous cas, on se souvient peu à peu qu’on a des amis. Ce n’est d’ailleurs pas toujours ceux qu’on croyait qui vous appellent. On est quelquefois surpris en recevant des témoignages d’amitié de la part de gens qu’on ne soupçonnait pas. Ça fait vraiment chaud au cœur.

    Comme il me fallait faire des courses, je suis allée au petit casino sur la place du village. R.A.S ! Rayons achalandés correctement, trois pékins dans les allées, pas de queue à la caisse, tout le monde poli et de bonne humeur ! J’ai trouvé sans problème tout ce que je voulais… Apparemment, les gens préfèrent aller s’agglutiner dans les grandes surfaces… Grand bien leur fasse !

    J’ai échangé quelques mots avec ma petite voisine, de fenêtre à fenêtre. C’était très sympa. Elle m’a dit que la semaine prochaine elle était réquisitionnée pour aller travailler à l’hôpital et que son mari, qui est en télétravail allait se retrouver seul à la maison avec les deux enfants ! Wouah ! Bon courage ! Je me sens de plus en plus privilégiée, en pensant aux familles qui vivent dans des apparts en ville…Je me dis aussi que, si j’étais ado, lycéenne ou étudiante, ça me ferait vraiment suer d’être confinée à la maison avec mes parents sans pouvoir voir les copains !

    À midi, en revanche, je me suis sentie bien seule pour jouer du Bach à ma fenêtre… C’est une idée venue d’Italie qui avait été lancée mardi (semblable à celle d’applaudir nos soignants à 20 h), une bonne idée pour lutter contre la morosité ambiante…

    Hier, j’ai joué l’Aria de la fugue en Ré au piano, mais aujourd’hui je me suis lancée à l’accordéon. Bon, c’était peut-être un peu laborieux car j’ai plutôt l’habitude de jouer du classique au piano, mais le cœur y était ! Seulement, avec les voitures qui passaient dans la rue (?!) peu de gens ont dû m’entendre ! Tant mieux ou tant pis ! Qu’importe, je recommencerai demain. Et dans quinze jours ou trois mois (ou six mois ?), je jouerai Bach à l’accordéon aussi bien que Richard Galliano ! On peut rêver non ?

    On m’a dit aussi que pour tenir la longueur, il faut varier les activités. Alors après Bach à ma fenêtre, j’ai expérimenté l’apéro au soleil dans le jardin. Bière blanche et pistaches, avec mon chat sur les genoux ! Hé ben ! C’est pas mal du tout ! Je me suis aperçue que le lilas commençait à fleurir, que le sureau avait mis toutes ses feuilles, que le figuier ouvrait ses bourgeons, que la coronille sentait bon… et je me suis souvenue, j’ai réalisé que le printemps était là dans deux jours… Avec toutes ces émotions, j’avais oublié ça aussi… Et j’ai été heureuse !

    Mon chat était ravi aussi ! À refaire ! Bon, peut-être pas tous les jours, ça pourrait devenir dangereux pour mon foie.

    Ce soir aussi, je me suis sentie bien seule à 20 h à applaudir nos soignants et tous ceux qui se battent pour nous. Le claquement de mes mains résonnait un peu comme une incongruité dans le silence de ma rue ! C’est ça la vie à la campagne. Il y a des avantages et des inconvénients ! Qu’importe, je recommencerai demain.

    Eh bien, finalement, cette troisième journée est passée très vite ! Si on fait pas gaffe, on va se retrouver à Noël sans avoir rien vu venir !

    Qu’ils se méfient ! On pourrait y prendre goût… à ne rien faire.

    Vendredi 20 mars

    4e jour de confinement

    Ah là, là ! De bon matin, pleine d’enthousiasme et d’énergie, j’ai voulu essayer d’enregistrer une vidéo d’un de mes cours de yoga ! Pour pouvoir l’envoyer à mes élèves, et qu’ils puissent continuer à pratiquer malgré le confinement… Ça avait l’air tout simple et facile. Tout le monde fait ça à l’aise. Et vas-y que je m’enregistre en train de chanter une chanson, et vas-y que j’enregistre le concert de machin et que je le poste sur YouTube ou sur Facebook, et vas-y que je filme mon chien en train de courir, mon enfant en train de danser !

    Mais comment font-ils ? Moi, j’y ai passé la matinée ! J’ai enregistré une vidéo, oui, mais elle s’arrête après 20 minutes ! Peut-être que c’est normal. Mais ensuite, je ne peux l’envoyer nulle part, car elle est « trop lourde » ! « Il faut la rogner » qu’ils disent ! « Vous n’avez pas un espace de stockage suffisant » qu’ils écrivent ! Bref résultat : zéro pointé, wallou, niet. Je n’ai certainement pas le bon matériel ni le savoir-faire adéquat. C’est ça les gens de la vieille école ! Il est là le conflit de générations. Et c’est là qu’on se sent vieux…

    Ça y est, du coup me voilà découragée, écœurée. À nouveau déprimée ! À nouveau « les bras m’en tombent » ! Du coup, j’ai oublié de jouer du Bach à ma fenêtre ce midi, alors que j’avais travaillé un morceau ! Zut Zut et Zut ! J’aurais mieux fait de faire une petite méditation !

    Je vais aller manger quelque chose. Qui sait, cette lassitude soudaine, ce découragement viennent peut-être seulement de ce que je suis en hypoglycémie ? Allez, je vais me boire une petite bière !

    Oui ! Mais ça suffit pas. Et comme je suis en colère, je « roumègue » comme on dit chez nous, ou, plus élégamment, je « roule des pensées critiques dans ma tête ». Je m’interroge, je me questionne, je m’interpelle… Bref, je broie du noir ;

    Je trouve quand même que les plus riches sont bien silencieux face à la catastrophe sanitaire et humaine. Et quand je dis les plus riches, je parle des très très riches ! Autrefois, en cas de guerre ou d’épidémie, les seigneurs accueillaient les serfs, les paysans dans leurs châteaux pour les protéger. Là, ils se font petits, petits, tous ces milliardaires, dont les photos s’étalent habituellement sans vergogne dans les revues people ! Ils sont bien silencieux ceux qui sont allés planquer leurs milliards en Suisse, en Russie, en Patagonie, au Groenland ou ailleurs que sais-je ! Tous ces milliards, ils servent à quoi ? Tous nos grands privilégiés français ils font quoi pour la solidarité ? Pendant que nos infirmiers, nos médecins, nos routiers, nos caissières se démènent, s’épuisent, risquent leur vie tous les jours pour un salaire de misère ? Ils sont où nos richards ! Sont-ils tous allés se confiner dans leurs palaces ? Seuls ? Bien à l’abri ?

    Et tous ces beaux hôtels particuliers, ces résidences secondaires vides, ne pourraient-ils pas être utiles à installer des lits ? Y a-t-il des nantis qui ont proposé quelques millions pour la fabrication de masques par exemple ? Où sont donc tous ceux qui mettaient de l’argent dans la réfection de Notre-Dame de Paris ? Les humains ne méritent-ils pas la même générosité ? Patrick Bruel, par exemple dont on sait qu’il est la deuxième fortune de France (ou la troisième, cinquième ou sixième, qu’importe) ne peut-il faire rien d’autre qu’enregistrer une chansonnette sur YouTube, pour nous remonter le moral ?

    C’est très gentil certes, mais bon…

    Oh ! Patriiiiiiick ! Mille excuses ! Tout ça juste parce que je suis en colère de n’avoir pas pu poster moi aussi ma petite vidéo.

    Les hôpitaux militaires participent ! Merveilleux, mais n’est-ce point de l’argent public là ? L’État participe à renflouer les banques s’engage à payer… Encore de l’argent public ! Et quelle est la participation des cliniques privées dans cette crise ? Y a-t-il solidarité entre l’hôpital et les cliniques pour recevoir les malades… etc… Que de choses dont on ne nous dit rien, dont les médias ne parlent pas ! Les doigts sur la couture du pantalon, ils ne se mouillent pas et répètent bêtement, inlassablement ce qu’on les autorise à dire. Ils sont aux ordres. Ou alors je n’écoute pas les bonnes radios.

    Oh ! Il faut que je me calme ! Au secours ! Y a-t-il du Prosac ou du Lexomil dans l’avion ?

    Au secours Christophe André, Fabrice Midal, Jacques Salomé, Thich Nhat Hanh ! Je craque !

    Non, je déconne ! C’est ça le trop d’oisiveté… Ça finit par vous monter à la

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