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Brisée: L’histoire inspirante de Maman Caféine, de son passé marquant à sa guérison
Brisée: L’histoire inspirante de Maman Caféine, de son passé marquant à sa guérison
Brisée: L’histoire inspirante de Maman Caféine, de son passé marquant à sa guérison
Livre électronique269 pages3 heures

Brisée: L’histoire inspirante de Maman Caféine, de son passé marquant à sa guérison

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À propos de ce livre électronique

D’un point de vue extérieur, Marie-Ève Piché, alias Maman Caféine, semble avoir tout pour elle : une carrière florissante, une petite famille parfaite, un amoureux aimant… Pourtant, à l’intérieur, elle se sent comme un bibelot cassé qui tente de recoller un à un ses morceaux.

Dans ce généreux récit autobiographique, elle nous raconte les agressions à caractère sexuel dont elle a été victime dans sa jeunesse et comment elles ont forgé la personne qu’elle est devenue.

Violence conjugale, anorexie, pression des réseaux sociaux et dépendance affective sont quelques-uns des sujets qu’elle aborde. Elle souhaite, par son histoire, inspirer d’autres femmes à parler et à aller chercher l’aide dont elles ont besoin pour entamer un processus de guérison. Parsemé de pistes de solutions qui témoignent de son parcours personnel, ce récit touchant en est un de force et de résilience.

Parce que peu importe la profondeur de nos blessures, il n’est jamais trop tard pour se reconstruire.
LangueFrançais
Date de sortie8 mars 2022
ISBN9782896589906
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    Aperçu du livre

    Brisée - Marie-Ève Piché

    Prologue

    « Robotisé, voilà comment je me sens /

    Je fais semblant d’être comme les autres »

    – Daniel Bélanger

    Comme tous les soirs, je dors blottie contre mon bibelot. C’est une belle dame avec une robe bouffante, un joli chapeau et une petite ombrelle rose. Je l’aime tellement, on dirait qu’elle me sourit doucement, comme pour me bercer. Je ne me tanne jamais de la regarder, dans mon lit, comme pour m’aider à m’endormir sans paniquer.

    Encore une fois, maman me répète :

    — Tu vas finir par le briser !

    Mais moi, je suis certaine que c’est impossible, parce que je le serre fort dans mes bras.

    La petite lune qui me sert de veilleuse est de plus en plus floue… Je sens que je vais m’endormir.

    Bang ! Je sursaute, j’ai dû m’assoupir.

    Et là, je la vois, à travers la lumière rouge orangé diffusée par la lampe, ma petite bonne femme entre les barreaux blancs de ma tête de lit…

    — Non !!!!!!!!!!!!!!!!

    Je n’arrive pas à y croire…

    J’ai le cœur en mille morceaux. Il est tout brisé, comme mon bibelot.

    Étrangement, cet événement a renforci mon sentiment de culpabilité. C’était ma faute. Encore.

    Papa ne venait pas me chercher à l’école : ma faute.

    Papa sautait sa fin de semaine de garde : ma faute.

    Maman était fatiguée : ma faute.

    Le professeur était moins patient : ma faute.

    Monsieur E. me touchait d’une manière que je n’aimais pas : ma faute. Évidemment.

    Tous les événements, graves ou non, étaient égaux pour moi. Parce que TOUT était ma faute. L’ampleur de la culpabilité n’était pas différente d’un incident à l’autre, ça faisait aussi mal. Peu importe ce qui arrivait.

    La vérité sur Marie-Ève Piché, c’est qu’elle est brisée. Brisée comme un bibelot qui est tombé d’une étagère et qu’on a tenté de recoller un peu maladroitement. De loin, il est impeccable, il rayonne dans sa vitrine, mais quand on s’en approche tranquillement, on remarque les fissures et les morceaux rapiécés. Malgré tout, il semble entier, solide. Ce n’est que lorsqu’on le prend dans ses mains qu’on se rend compte de sa fragilité et de toute sa vulnérabilité. On sent qu’il pourrait s’effriter facilement, mais en même temps, étonnamment, on l’admire. Parce qu’il a du vécu. Son état, son look, ses fissures font de lui un bibelot unique. C’est à ça que j’aspire. Me recoller, même si c’est un peu croche. Ce sera toujours mieux que d’être en mille morceaux.

    Mes cassures, elles m’ont été infligées quand j’étais toute petite. Elles sont apparues lorsque j’étais si jeune que je ne me souviens même plus de la première fois où je suis tombée de mon étagère. J’ai de vagues souvenirs d’odeurs, de couleurs, de sons. As-tu parfois des souvenirs lointains de toi enfant ? Un souvenir un peu flou, mais dont certains détails sont ultra-précis ? Tu hésites donc sur sa véracité parce que tu n’es pas sûre s’il a été influencé par une image que tu aurais aperçue ou par le souvenir réel de l’événement. En ce qui me concerne, c’est une photo qui a confirmé mon souvenir le plus lointain. Quand j’ai vu, j’ai su. Ce que je portais… les détails… À cet instant précis, j’ai compris.

    Un souffle dans mon cou de petite fille de 3 ans. Des mains qui ne sont pas celles de ma maman. Qui sont malaisantes, insistantes. Qui me font peur et me font mal.

    À l’âge de 3 ans, monsieur E. a commencé à abuser de moi. Il m’a brisée.

    À 3 ans, je connaissais des choses que je n’aurais pas dû connaître. Quand je m’endormais le soir, je ne rêvais pas aux contes de fées, je vivais un enfer. Un enfer qui perdure…

    Un jour, j’espère cesser de me réveiller en sursaut parce que j’ai l’impression qu’il entre ses mains dans mes culottes.

    Un jour, j’espère apprécier les câlins. Parce que présentement, chaque fois que quelqu’un me prend dans ses bras, mon souffle s’arrête le temps d’un millième de seconde. Je revois monsieur E. arriver derrière moi, je perçois son érection dans mon dos. Ce flashback et le dégoût qu’il me fait vivre, le cœur qui se serre et le ventre qui se noue à chaque caresse, je n’en veux plus.

    À combien de reprises ai-je subi ces millièmes de seconde de gros malaises et d’inconfort ? Ces millièmes de seconde à me sentir violée ? Malheureusement beaucoup trop souvent. Et je désire que ça change. En fait, ça DOIT changer. Parce que ces moments, aussi courts soient-ils, se manifestent de manière impromptue. Sans avertissement…

    J’ai essayé de fonctionner normalement avec mes morceaux brisés et mes millièmes de seconde de détresse pendant trop longtemps. Et plus on attend avant d’amorcer le processus de reconstruction, plus on perd des années à aller potentiellement mieux. On s’enfonce dans la dépression, la colère, le mal-être. C’est pourquoi j’ai dû parler. J’ai dû surmonter ma peur de blesser les autres pour cracher les mots qui s’étouffaient dans ma gorge. C’était la seule façon de rompre le cycle, de commencer à replacer les morceaux pour éventuellement les recoller.

    Mes brisures se manifestent sous forme de cauchemars, de flashbacks, d’angoisse de performance, d’anxiété chronique, d’hyperventilation, d’arythmie cardiaque, de tristesse, de dépression… Certaines sont de toutes petites fissures, celles que j’ai réussi à recoller – souvent croches – au fil du temps, mais d’autres demeurent intactes. Parfois, même quand je pense que j’ai réglé certains bobos, j’ai l’impression que la colle lâche.

    Et l’ironie dans tout ça, c’est que les cassures intérieures, bien que dévastatrices, sont invisibles. Lorsqu’on te fait du mal physiquement, les gens le voient. Ils s’inquiètent, s’arrêtent, se questionnent. Mais quand les blessures sont dans ton âme, personne ne s’y intéresse. À moins que tu ne les verbalises. Ou que tu t’effondres. Une chose est certaine, aucun fragment n’a la capacité de se recoller par lui-même. Aucun.

    Définir où sont les limites, nommer les mauvaises actions en utilisant les vrais mots, en disant les choses telles qu’elles sont, et faire fi des tabous. Voilà ma quête. Mettre noir sur blanc, sur papier, à quel point ce type de gestes est désastreux pour la personne qui les vit… Ça peut non seulement ouvrir les yeux aux victimes, leur donner la force de parler, mais ça peut aussi changer le regard d’autres personnes sur des comportements qui ont déjà été tolérés, mais qui ne se tolèrent plus. Les abus qui persistent de génération en génération doivent se terminer maintenant. Le règne du silence a assez duré.

    Toute ma vie, je serai brisée, c’est inévitable. Mais je le serai de moins en moins ; les morceaux seront de plus en plus solides. Mon bibelot de plus en plus entier. Mon souhait le plus cher, c’est que ce récit, même s’il est parfois difficile à lire, saura en inspirer d’autres à faire comme moi : se réparer. Un morceau à la fois.

    Partie 1

    Brisée comme un bibelot

    Chapitre 1

    Ma vision de l’amour

    « C’est une folie de haïr toutes les roses

    parce qu’une épine vous a piqué. »

    – Antoine de Saint-Exupéry

    À travers mes yeux, je vois le monde coloré, beau et rempli de promesses. Mon sourire affiche de la joie de vivre, de la confiance. Mon rire est comme une chanson des Beatles : plein de vie et scintillant. Mais le soir, quand je ferme les yeux, mon cerveau s’enfonce dans la noirceur de mon âme. Mon paysage s’assombrit et les détails de mes ténèbres sont plus précis que les lignes d’un mandala à colorier.

    J’ai 6 ans, je suis en première année dans la classe de madame Denise. Maman m’a acheté de nouveaux vêtements et, aujourd’hui, je les porte fièrement. Une belle petite jupe à fleurs avec un body. Les body sont à la mode et je suis super contente d’en avoir un.

    Monsieur E. me dit qu’il trouve ça beau.

    — Ça s’attache où, ça ? J’aimerais ça que tu me montres comment on fait pour l’attacher et le détacher. Moi, je suis vieux et mes doigts sont gros, je ne sais pas comment faire.

    Je suis gênée par ce qu’il me demande parce que c’est une partie de mon corps qui est privée. Et puis, je sais trop bien ce qu’il a derrière la tête. J’ai 6 ans, on en parle à l’école, et je commence à comprendre que ce n’est pas bien, ce qu’il fait. Je relève ma jupe et le lui montre quand même parce qu’il me dit que je suis jolie et qu’il m’aime.

    Il s’amuse entre mes jambes avec ses doigts. Je suis complètement paralysée. J’haïs ça, c’est désagréable. Tellement désagréable.

    Il retire enfin sa main de mon entrejambe et je descends rapidement ma jupe.

    Il me répète :

    — T’es vraiment belle ! J’adore tes nouveaux vêtements, ils te font bien.

    Je le déteste. Il me touche à des endroits interdits et je ne sais pas pourquoi il fait ça. Mais en même temps, on dirait que je l’aime. Parce que, malgré tout, il est gentil. Il me fait des compliments, me donne des cadeaux…

    J’ai toujours pensé que je méritais ce qui m’était arrivé… Comme ma première vraie relation avec un homme (monsieur E.) a été extrêmement négative, j’ai l’impression que tout ce qui est mieux que ça, c’est acceptable.

    J’ai aussi énormément de difficulté à accorder du crédit aux compliments qu’on me fait. En fait, c’est ardu pour moi de simplement les accueillir. Mon esprit me joue des tours. Il me fait croire que lorsque quelqu’un me dit des mots gentils, c’est qu’il espère quelque chose de moi. J’ai du mal à bien à faire la part des choses et à bien catégoriser les gens. Cette personne-là est-elle vraiment aimable ? Attend-elle quelque chose de moi en retour ? Est-ce que c’est possible qu’elle m’apprécie pour ce que je suis ? Quand on me fait un compliment ou qu’on est charmant avec moi, c’est l’explosion de bonheur. Automatiquement, la personne devient pour moi l’être le plus gentil de l’univers ! Mais ma méfiance n’est jamais bien loin, parce que je me dis qu’il y a quelque chose derrière tout ça, c’est certain. Et lorsque je me rends compte qu’une personne est sincère et qu’elle n’a aucune arrière-pensée, je n’attends rien de plus de sa part. C’est comme si juste le fait de recevoir un compliment qui est senti et qui ne cache pas quelque chose de méchant, c’est déjà beaucoup. Je me dis que je n’ai pas à espérer plus : je ne mérite que ça. Et c’est correct pour moi ; la personne ne m’a pas fait mal, ne m’a pas blessée, et en bonus, m’a verbalisé quelque chose de gentil. Je me considère comme ultra-gâtée. Je n’ai pas besoin qu’elle en fasse plus, ce serait comme un extra bacon. Je ne sais pas si je pourrais le digérer.

    Comme vous pouvez l’imaginer, avec des standards d’amour propre aussi bas, la maltraitance a souvent été au rendez-vous dans ma vie. C’était presque devenu une norme. Après tout, je le méritais. J’étais sale et tellement mauvaise…

    Alors, oui, mes premières relations avec les hommes ont été empreintes de violence, de gestes déplacés et de mesquineries. Il y a eu beaucoup de mensonges, de manipulation, de marchandage. Encore aujourd’hui, j’ai de la difficulté à déceler qui me manipule ou non. Quand je vis une relation amoureuse ou d’amitié, je perds tout sens de la logique et du jugement. Je suis incapable de détecter si je suis en train de vivre une relation saine ou non. Je ne reconnais tout simplement pas la différence. Je suis experte dans l’art de trouver de bonnes raisons pour excuser les gestes inadéquats posés par les autres. Même les comportements les plus malsains. Parce que pour moi, l’amour, c’est d’accepter l’autre sans limites. D’accepter l’inacceptable par peur du rejet. C’est aussi de ne pas m’exprimer par crainte de blesser l’autre ou de le perdre. Mon empathie me pousse à toujours chercher le pourquoi. Alors, si quelqu’un est méchant ou violent avec moi, je l’excuse. Parce qu’il a eu une enfance difficile, qu’il était fatigué, stressé… Mais également parce que je l’ai mis à bout, j’ai testé ses limites, je suis une personne avec qui il est désagréable de vivre…

    Quand un conjoint me consolait après m’avoir frappée, ou était plaisant avec moi alors qu’il m’avait insultée la veille, c’était pour moi la preuve irréfutable qu’il m’aimait. Mais, évidemment, je vivais déception après déception. Il y a eu tellement de paroles en l’air, de promesses non tenues, de mensonges… Et pourtant, je suis toujours restée. Parce que mes relations, qu’elles soient amoureuses ou amicales, ont perpétuellement été teintées par la dépendance. Dépendance affective, financière, physique… Je ne sais pas ce qu’est une relation saine et normale. Autant en amour qu’en amitié, je ne perçois pas ce qu’il est correct de vivre ou non.

    Quand ma psy me demande : « Qu’est-ce qui est important pour toi en amour ? Quels sont tes besoins ? Qu’est-ce que tu attends de l’autre ? » Je suis incapable de répondre. Je ne sais pas exprimer mes besoins, et c’est normal pour moi de ne pas expérimenter les choses que je désirerais pourtant vivre.

    Ma vision de l’amour est très, très, très maganée, effritée, fatiguée. C’est un gros mot pour moi, « l’amour ». Ça ressemble à des mathématiques, à une interminable formule d’algèbre à déchiffrer. Et je déteste les maths. Trop compliqué.

    Bien sûr que je le sais, de façon purement rationnelle et intellectuelle, que dans une relation, il devrait y avoir du respect, de l’écoute, de la communication, et aucune violence verbale, physique, émotionnelle, psychologique, financière, etc. Mais j’ai de la difficulté à l’intégrer intérieurement : dans mon cœur, mon corps, mon âme. Les abus dont j’ai été victime enfant ont causé des dommages irréparables à mon développement émotif, et ils teintent encore mon jugement aujourd’hui, à 33 ans. C’est compliqué de vivre des relations saines quand tu ne sais même pas comment te traiter toi-même avec respect.

    J’ai grandi en me disant : « De toute façon, tu ne mérites pas mieux ! » Alors, non, je ne suis pas apte à définir ce que je mérite, combien je vaux, moi, Marie-Ève Piché. L’amour demeure un sentiment très complexe à vivre et à comprendre. Non seulement l’amour d’autrui, mais l’amour de soi aussi. C’est difficile d’aimer adéquatement quand tu ne t’aimes pas. Heureusement, comme je suis empathique, je suis capable de déceler et de comprendre les besoins cachés de l’autre.

    Mais, encore une fois, ma bienveillance peut être une arme à double tranchant parce que lorsque je suis en relation, je donne, donne, donne, tout en refusant de recevoir. Et quand je reçois, je deviens mal à l’aise, je me protège en me créant une carapace. J’ai l’impression que je ne mérite jamais ce qui m’arrive. Je me demande constamment : « Est-ce que je mérite ça ? Est-ce que c’est correct que ça m’arrive à moi ? » Je suis incapable de penser qu’une autre personne puisse faire quelque chose juste pour me faire du bien sans attendre quelque chose en retour. Mon esprit est confus, il croit la plupart du temps que s’il y a un compliment, il sera obligatoirement suivi de quelque chose de négatif.

    De belles occasions de rencontrer des gens extraordinaires, j’en ai eu tellement, pourtant ! Mais à cause de ma façon brisée et chaotique de voir la vie, je me suis longtemps entourée d’humains aux motivations douteuses ; j’étais terrorisée à l’idée d’être seule. Inconsciemment, j’ai toujours choisi les personnes les plus mauvaises. C’était rassurant de valider la vision déformée que j’avais de moi-même, ça me donnait raison. Oui, c’était rassurant, mais tellement malsain et toxique.

    Le pire, c’est que je suis la meilleure quand vient le temps de conseiller des amies qui vivent des situations difficiles dans leur relation. Je mets souvent directement le doigt sur le bobo. Mais lorsqu’arrive mon tour, il n’y a plus de logique, aucun de mes beaux principes ne s’applique. Je n’ai pas le recul nécessaire. Par exemple, si je me regarde dans le miroir, je ne vois que ce qui me déplaît. Le coup d’œil que les autres portent sur moi, je ne le comprends pas. Je l’assimile difficilement, aussi. C’est dur d’avoir une image vraie de soi. J’espère, un jour – j’y travaille très fort –, me sentir ASSEZ. Juste ça : ASSEZ. Ce sera probablement l’une de mes plus grandes quêtes à vie. Celle qui me mènera enfin à des relations saines, à une vision de l’amour réaliste, que je m’efforcerai d’appliquer quotidiennement.

    Aujourd’hui, je ressens le besoin criant de me libérer de tout ça. Pour être bien, épanouie. Peut-être que ça m’a déjà sauvé la vie, quand j’étais plus jeune… Peut-être que de m’attacher à des gens et de dépendre d’eux, ça m’a permis de survivre, d’avancer, d’être protégée, encadrée, de ne manquer de rien… Mais je dois me défaire de ce pattern-là, il me nuit dans mon processus de guérison.

    Je rêve de me sentir bien et heureuse d’être moi. D’être capable de me dire : « Marie-Ève, tu es assez ! Les personnes que tu vas laisser entrer dans ta vie à partir de maintenant, c’est parce qu’elles vont t’apporter du bon, que tu vas te sentir grandie de les avoir à tes côtés, qu’ils vont t’élever. » Je ne devrais pas avoir besoin des autres pour me sentir entière.

    J’arrive quand même parfois – de façon très momentanée – à être fière de moi. Mais mon sentiment de fierté fait mal. Comme si le « trop bien » me faisait souffrir. En fait, je ne me donne pas le droit d’être heureuse parce qu’intérieurement, je pense que je ne le mérite pas. Je préfère ne pas le ressentir plutôt

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