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En cure et en cure
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Livre électronique320 pages5 heures

En cure et en cure

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À propos de ce livre électronique

Ça y est, c’est l’heure de la « bulle » comme on l’appelle ici. C’est la séance de la thérapie de groupe avec le psychologue. Nous sommes le groupe Orange et nous sommes 10 à y participer. Le principe ? Parler librement de nos histoires personnelles, de nos blessures, de nos bonnes ou plutôt de nos mauvaises expériences, celles qui nous ont conduits ici, au Calme. Le Calme ? Une cure de désintoxication pour alcooliques. Je m’appelle Sébastien Loison et je suis alcoolique depuis plus de dix ans. J’ai 36 ans quand j’écris ce livre.
Mon parcours de cures et en cures et de clinique de repos. Ce qui m’a conduit ici et là : ma rencontre malheureuse avec un directeur de colonie qui a changé ma vie, mes passions, ma musique, mes amours gâchés et leurs désillusions. Une vie avec tout ce que cela peut comporter, du bien comme du mal.
Le journal de bord d’une simple personne à travers une vie mouvementée qui ne cherche qu’une seule chose : sortir de son addiction.


LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie4 août 2022
ISBN9782384542970
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    Aperçu du livre

    En cure et en cure - Sébastien LOISON

    LOISON-EnCure-COUV-3.jpg

    Sébastien Loison

    En Cure

    et

    En Cure

    Je m’appelle Sébastien Loison, j’ai aujourd’hui 36 ans. Je suis alcoolique depuis plus de quatre ans, consommateur de stupéfiants depuis bientôt plus de 20 ans.

    Je suis en train d’écrire ce recueil alors que je suis en cure pour me soigner de cette maladie qu’est l’alcoolisme, chose que la plupart des gens ne soupçonnent guère et surtout n’arrive pas à s’avouer. Car il faut du courage, de la lucidité pour se rendre compte que dépassé un stade on devient dépendant et surtout malade.

    Je ne juge personne, je suis très mal placé pour le faire, mais j’ai croisé des personnes qui s’en sont sorties, qui à l’heure actuelle sont abstinents et je croise aussi tous les jours des gens « malades », mais vraiment pas dans le sens péjoratif du terme, qui se voilent la face.

    Ce livre n’est qu’un témoignage, une série de vérités.

    Je me suis assez menti et trop souvent menti pendant de trop longues années…

    « Mentir » ? Non je ne pense pas que ce soit le bon terme, mentir aux autres, oui c’est une évidence, mais c’est le problème avec l’alcool, ce n’est plus nous qui contrôlons notre vie, c’est la bouteille qui le fait, insidieusement sans qu’on la voie venir. Pour finalement ne plus être soi-même.

    Ce n’est évidemment pas ma première cure, sinon j’avoue que je ne me serai pas lancé dans l’écriture de ce recueil. En toute franchise c’est ma troisième, mis à part les séjours plus ou moins longs en hôpitaux psychiatriques.

    Pourquoi en être arrivé là ?

    C’est-ce que je vais essayer d’expliquer. Nous avons tous un passé, plus ou moins douloureux pour chacun d’entre nous, nous y réagissons tous aussi de manières très différentes. Certains font le deuil de souffrances ou de traumatismes qu’ils pourraient avoir vécus, vont de l’avant sans forcément se retourner en arrière. D’autres, et c’est mon cas, vivent avec des blessures sans arriver à avancer. Ils se retrouvent alors en « mode survie ». Il n’y a aucune honte à avoir par rapport à cela, car c’est aussi ça qui fait que l’on se lève le matin.

    Je ne ferai aucune morale, aucun jugement.

    Je ne sais trop ce que c‘est pour l’avoir vécu moi-même.

    Je tenais juste à partager mon, mes expériences qui font que j’en suis là aujourd’hui. Pas de pitié à avoir, je n’attends aucune compassion, je suis prêt à présent de faire en sorte de reprendre le contrôle de ma vie et surtout que ce ne soit plus la bouteille qui me contrôle.

    Si ma courte vie, semée malgré tout de pas mal d’embuches peut faire réfléchir, peut faire réagir ne serait-ce qu’une seule personne j’en serai très fier.

    Mais en toute honnêteté, si je fais cela c’est aussi pour un côté un peu égoïste. C’est que j’ai aussi besoin d’en parler, que cela fait partie de ma propre thérapie.

    20 ans d’histoire, 20 ans de joie, de bonheur, mais bien évidemment 20ans aussi de peines, de souffrances et de tristesse.

    Alcool, drogues, dépression…

    Le risque ? La mort, j’en suis conscient.

    Mais 20 ans qui font que je suis encore là avec la rage au ventre et l’envie de réapprendre à vivre.

    Je ne savais pas vraiment comment aborder les choses et les événements en écrivant ce recueil.

    Un exorcisme ? Une mise en garde pour les autres et pour moi face aux éventuels dangers que l’on peut croiser sur la route ?

    Je ne savais pas non plus comment accorder tout cela, dans quel ordre mettre et positionner les différents textes et diverses chansons. Je me suis creusé la tête pendant des jours et des heures avant de pouvoir trouver la réponse et la solution. Après quasiment dix ans d’écriture, je mets entre parenthèses les quelques bribes de souvenirs de 96-97, je pense que je vais partir du plus récent et remonter la chronologie de mes tentatives de soins et de cures.

    Je débuterais donc avec l’année 2014 avec la Clinique du Château de Villebouzin et le CALME à Illiers Combray pour repartir en arrière.

    Une seconde partie sera accordée aux chansons que j’ai écrites au cours de ces années, je ne pourrais pas les dater, car moi-même je n’en ai plus les dates d’écriture.

    Une troisième partie, plus courte, sera consacrée à quelques souvenirs vieux d’une vingtaine d’années et enfin, la quatrième et dernière seront les témoignages des personnes qui ont subi les mêmes agissements que moi de la part de la même personne. Par respect, je ne citerai pas les noms de ces personnes.

    Mardi 28 janvier 2014

    Levé à 6h30 avec la gueule de bois forcément…

    Il fallait bien que je finisse la bouteille de whisky qui me restait, bon allez une demi-bouteille pour être honnête…

    C’est décidé, la valise est prête, j’ai rendez-vous chez mes parents pour 7h30. Le jour J est arrivé, je pars en cure ce matin au CALME à Illiers-Combray à côté de Chartres.

    Il m’a fallu 6 mois pour en arriver à cette décision, se rendre compte que je ne serai pas capable de m’en sortir tout seul.

    Frédéric F, alcoolique abstinent, le père d’Enora, une collègue de boulot et surtout une amie, nous a mis en contact pour faire le point sur ma consommation plus qu’excessive.

    Un rendez-vous dans un café sur Dourdan… La boule au ventre…

    Il arrive, je le reconnais tout de suite, je l’avais déjà croisé.

    –Salut Séb

    –Salut Fréd,

    –Tu veux qu’on mange un bout ?

    –Bah pourquoi pas, allons-y…

    Il ne faut pas longtemps pour qu’on rentre dans le vif du sujet et il ne faut pas longtemps non plus pour que je me rende compte qu’il faut que je parte en cure. D’après son expérience c’est la seule solution.

    Je suis devant une évidence, je n’ai guère d’autre choix…

    Un passage par l’association Vie Libre de Dourdan pour me trouver une place en urgence, Evelyne, la présidente fait le forcing… Une place pour le mardi 21 janvier, c’est parfait !

    Oui, mais raté, le temps d’envoyer les papiers, de faire un bilan sanguin, décalage d’une semaine !!!

    Beaucoup de déception à ce moment-là, une semaine effroyable avec une consommation quotidienne qui pouvait monter jusqu’à un litre de sky par jour.

    Reculer pour mieux sauter, mais qu’importe, ma place est retenue est je sais où je vais ce mardi 28.

    7h30, Etréchy, je suis là chez mes parents, angoissé.

    –A quelle heure on a rendez-vous me demande mon père.

    –À partir de 10h, il faut compter environ deux heures pour y aller…

    –Bon le temps de prendre un café me suggère ma mère et puis on y va.

    Café englouti, un tour aux toilettes et hop dans la voiture. C’est parti pour deux heures de route, direction Illiers. J’ai pensé à prendre un CD, Van Halen, ça va me détendre un peu pour le trajet…

    C’est beau la Beauce au soleil levant…non franchement c’est laid, c’est plat, aucun intérêt ! Mais je ne pars pas en voyage touristique non plus.

    Il ne manque plus que la pluie, qui ne se fait pas attendre d’ailleurs.

    Merci le GPS parce que c’est un peu un trou paumé, des petites routes de campagnes, des chemins de traverse, il faut vraiment être motivé pour y arriver.

    Mais enfin le but est atteint, le Moulin d’Illiers-Combray est là devant nous.

    On se gare dans la cour, on descend la valise. Une clope avant de franchir le pas… Besoin de respirer, façon de parler, mais besoin de lâcher la pression qui monte de plus en plus. Je ne peux plus faire marche arrière. Tendu, angoissé. Qu’est-ce qui m’attend durant ce mois ? C’est toute la question.

    Je ne vais pas tarder à avoir la réponse… Et quelle réponse !!!

    Surtout la mise en bouche, hallucinante !!!

    Il est 10h, je me dirige vers la porte d’entrée du Moulin…

    Je ne suis pas seul à être arrivé à cette heure. Je croise un grand type, veste noire, aussi barbu que moi: Pascal.

    –Bonjour, Séb,

    –Bonjour, Pascal,

    –Comment ça va ? Pas trop tendu parce que moi franchement je suis totalement angoissé

    –Moi c’est pareil… En stress total !!!

    –Tu es là pour la même raison que moi je pense ? Alcool ?

    –Oui, vodka, rhum, Ricard

    –Idem, mais moi c’est plutôt le sky, jusqu’à 1 litre par jour… Bon on va aller voir ce qui se trame à l’intérieur…

    On est bien accueilli, on pose nos valises sur le côté…

    Cynthia nous accueille.

    –Bonjour messieurs, bienvenus au CALME, alors la première règle ici c’est que tout le monde se tutoie, médecins, infirmières, psychologues.

    OK comme principe c’est plutôt rassurant, en plus personne en blouse blanche, on n’a pas l’impression de se trouver dans un hôpital ou une clinique.

    –Deuxième chose messieurs, il y a un rituel si vous l’acceptez, c’est d’aller en ville aller boire votre dernier verre, ce n’est pas une obligation, mais ça fait partie de la thérapie. Qu’en pensez-vous?

    Arrivés ensemble avec Pascal, on se regarde et puis merde…allons-y, de toute façon à ce moment-là on se dit que ça va être le dernier.

    Nous voilà partis accompagnés de Cynthia, direction le PMU à l’entrée du village.

    –Je reviens vous chercher dans 15 min

    –OK…

    Il est 10h30, deux énergumènes pas très frais qui rentrent dans le troquet.

    Bon alors déjà on ne passe pas inaperçu, on se pose au comptoir et la serveuse avec un sourire très charmant nous demande se que l’on souhaite. Elle a compris ce qu’on fait là, c’est un peu le lieu du dernier verre pour ceux qui vont au CALME, elle a l’habitude.

    Je me lance.

    –Pour moi ce sera un whisky.

    –Une double dose me propose-t-elle?

    –Heu non, plutôt une quadruple s’il vous plait…

    –Et pour vous ? Demande-t-elle à Pascal.

    –Une vodka, une quadruple aussi s’il vous plait.

    –Bon bah Pascal, à la tienne ! À ce dernier verre !!!

    Hop cul sec, ça réchauffe, ça fait du bien…

    Pascal paie la tournée. Je lui en propose une deuxième, il hésite… Mais on ne se refait pas, il accepte.

    –Excusez-moi madame on pourrait ravoir la même chose s’il vous plait. Dose identique pour moi.

    Mais le souci pour Pascal c’est qu’il ne reste plus de vodka, alors avec hésitation il prend la même chose que moi, quadruple dose de sky.

    Cette fois-ci c’est moi qui paie la tournée… 30€ crachés en moins de 10min… On est dans les temps, on a même le temps de sortir pour se griller une clope ou deux. Commencer à discuter sérieusement sur ce qui nous a conduits ici.

    Au fur et à mesure on se trouve pas mal de points communs, ce n’est pas un hasard si on s’est retrouvé là en même temps, si ce dernier verre, ou plutôt les huit derniers on les a pris ensemble.

    Des problèmes d’ex-femmes, de garde d’enfants… Pas trop le temps de rentrer dans les détails, Cynthia arrive pour nous récupérer.

    –Cela s’est bien passé? Nous demande-t-elle.

    Il n’y a pas vraiment grand-chose à répondre, mais perso je me sens un peu moins stressé, pareil pour Pascal. Il se trouve à l’arrière, moi à la place du mort, on pue l’alcool c’est une évidence! Vu la dose qu’on s’est mise dans le cornet…

    Mais qu’importe, pas de jugement, pas de morale, rien… C’est rassurant.

    Nous voilà donc de retour au Moulin, on nous accompagne chacun dans nos chambres respectives.

    Inventaire des affaires, des produits de toilette, car tout ce qui pourrait contenir de l’alcool est proscrit. Pas de téléphone portable non plus, pas d’écouteurs pour mon iPod, j’ai quand même le droit de garder mon radio réveil et mon iPod… Ouf!!! Parce qu’un mois sans musique cela n’aurait pas pu être tenable.

    Puis Maryse, une infirmière, ancienne alcoolique, arrive dans la chambre avec Ludovic, un patient arrivé le jour même.

    Elle nous explique les règles du Moulin:

    –Une semaine de sevrage, perfusion et valium

    –Les différents outils pour nous aider à nous en sortir: séances de thérapie de groupe, séances d’informations sur l’alcool puis séances de Soma (sorte de mélange de relaxation et de techniques de détente pour lutter quand les angoisses arrivent).

    La suite de la journée?

    La pose d’une perf pendant environ 1h, l’attente de voir le médecin…

    L’interdiction de descendre de l’étage, avec quand même l’autorisation d’aller fumer sa clope sur le palier.

    Une visite dans la chambre: Olivier, ancien légionnaire. Cela fait une semaine qu’il est arrivé. C’est le principe de l’établissement, chacun se doit de recevoir un nouvel entrant dans sa chambre (chambre double).

    C’est un mec d’une cinquantaine d’année, un gros nounours, il me met tout de suite à l’aise et me réexplique un peu les règles:

    –Le petit-déj à partir de 8h, le déjeuner à 13h et le diner à 19h…

    Pour ce premier repas de ce midi, il va falloir que je déjeune avec d’anciens patients, un entrant par table.

    Me voilà donc avec Olivier, Gabriel, dit Gaby, Francis, Marcel et deux sortants dont j’ai totalement oublié le nom. À part ces deux derniers, deux gros cons qui se croient supérieurs, car pensant être sortis de l’affaire, les quatre autres font tout pour m’intégrer.

    Ils m’expliquent aussi le principe des repas, c’est que l’on a une table attitrée pendant une semaine, et que chaque mardi on doit changer, comme pour les chambres finalement.

    Bon OK c’est clair, ce soir je me mets à une table et j’y reste pour la semaine. Ce qui tombe bien c’est qu’ils m’accueilleront à la leur.

    Quelques conseils de leur part aussi:

    –Prends le temps d’observer, ne te confie pas tout de suite aux personnes que tu ne connais pas. Fais attention à toi, car on ne sait pas forcément ce que les gens ont derrière la tête.

    –Merci les gars… (je suis encore vaseux, je n’ai pas encore digéré les whiskys 2 heures plus tôt).

    Repas terminé… Je cherche Pascal, je ne le vois pas…

    Je demande à une infirmière s’il va bien, mais non… Il était en grosse crise de manque, il a dû être isolé dans sa chambre…

    Pour moi, retour en chambre également, car le médecin n’est toujours pas passé me voir. Je vais en profiter pour bouquiner.

    17h… Enfin le médecin passe, protocole de médocs et marche à suivre:

    –Vous êtes dix à être arrivés aujourd’hui, vous faites partie du groupe « orange ». Vous ferez toutes les activités ensemble, thérapie, soma, info. Vous n’avez pas le droit de sortir du Moulin pendant dix jours et le jour où vous pourrez sortir ce sera obligatoirement par groupes de trois minimum sans jamais vous lâcher d’une semelle.

    On te donnera un médicament pour t’aider à t’endormir jusqu’à vendredi, puis ce jour-là tu auras une séance d’acuponcture qui devrait au final avoir pour effet de trouver le sommeil naturellement.

    Des questions?

    –Non ça me semble clair…

    –Bienvenu parmi nous alors et profite de cette première semaine pour te reposer.

    Mercredi 29 janvier 2014 15h38

    Réveillé à 7h15 par Olivier…merci, il n’a pas été trop violent, c’est pas le genre en plus.

    Passage par l’infirmerie pour récupérer le traitement du matin puis direction la salle de repas. Il est trop, le p’tit déj n’est servi qu’à partir de 8h, ça laisse un peu de temps pour fumer quelques clopes.

    Premier petit déjeuner en je ne sais plus trop combien d’années, ce n’est pas désagréable de prendre le temps de manger le matin en fin de compte…

    J’ai bien sûr eu le droit à ma petite séance de perfusion d’une heure…

    Arrivé mardi, déjà une journée et demie de passée. J’ai eu le temps de lire deux petits bouquins d’une centaine de pages chacun: « Plus jamais victime » et « Ne plus se laisser manipuler ». Ces deux livres m’ont donné à réfléchir sur les circonstances de mon arrivée dans cette cure, sur ma consommation passée de cannabis et aujourd’hui d’alcool.

    Victime ou responsable? Influence ou manipulation? Deux questions fondamentales qui demandent énormément de réflexion, de remise en cause.

    Être capable de se regarder dans la glace, de faire le bilan de son passé et de savoir pourquoi on réagit de telle ou telle façon.

    A ce moment-là je n’ai aucune réponse. J’ai quelques débuts de piste, des souvenirs qui me hantent, mais ai-je l’esprit assez clair en ce moment pour faire la part des choses, ne pas se tromper de signes? Être en mesure d’analyser objectivement les éléments concernant mon passé, mon présent, mon avenir…?

    Je vais tâcher de tirer tout cela au clair et même si je me trompe de voie, il sera toujours possible de faire marche arrière et de rectifier le tir, de remettre de la lumière, une once de vérité sur tout ce qui fait que j’en suis arrivé là.

    Dans tous les cas, c’était ça, ou, sans tourner autour du pot, la mort.

    Psychique et voir physique, mais heureusement que mon instinct de survie est encore intact.

    Je ne pense pas que ce soit dans la nature de l’Homme de vouloir mettre fin à sa vie, mais il y a des moments où il est difficile de trouver une autre échappatoire.

    Dire que deux semaines avant d’arriver au Moulin j’étais à deux doigts de me foutre en l’air. Une bouteille de sky, une quarantaine de cachets de valium étalés sur ma table basse et là la question: « qu’est-ce qu’il me reste ? »

    Mais voilà l’instinct de survie, le téléphone, un appel au secours à deux personnes de confiance, Fifi et Aurélie et le pire a été évité…

    Merci de tout mon cœur à eux, car le pire a été évité.

    Sans eux je pense que je ne serai plus de ce monde en train d’écrire tout cela.

    Jeudi 30 janvier 2014

    Pas d’écriture ce jour-là…

    Vendredi 31 janvier 2014 11h07

    Réveillé comme tous les matins à 7h par Olivier, mon compagnon de chambrée, direction la première prise de valium puis en avant pour un petit tour dehors sous l’abri pour le premier « café-clope » de la journée. Merci à ceux qui sortent déjà en ville et qui peuvent faire quelques courses à la supérette du village, cela permet de s’approvisionner en café soluble en dosette. Bravo, car il va falloir attendre une bonne demi-heure avant le petit déjeuner.

    Pas mal de gens au taquet en ce vendredi matin: Gaby, Marcel, Francis, José, Joss, Catherine et bien d’autres… mais ahoulà au bout de trois jours je ne retiens pas encore le nom de tout le monde. On est quand même 45 en cure à ce moment-là.

    Ah si! Au fait, hier soir, jeudi, première soirée en communauté. Partie de tarot avec Pascal, entre autres, qui navigue entre le bien et le mal, mais il commence à refaire surface. Tant mieux, ça fait plaisir à voir…dire que l’on a bu notre (nos) dernier verre ensemble.

    Ah si, un autre souvenir du jeudi ou du mercredi d’ailleurs, ma mémoire me faisant défaut à ce moment-là.

    J’ai vu le médecin, Jean Christophe. Je lui confie les divers éléments, en vrac, qui font que je suis arrivé ici: Lionel, divorce, Véréna, pression au boulot… Trop d’infos d’un seul coup, je pense…

    –Ah oui docteur, j’ai lu en deux jours deux bouquins sur la culpabilité et la manipulation par autrui…

    –Arrête de réfléchir, d’intellectualiser tout cela pour le moment, prends du temps pour toi, ne pense pas, va voir les autres, va discuter… De tout, de rien, chaque chose en son temps. Il y aura les thérapies de groupe pour formaliser tout cela et ce sera le moment d’en parler.

    Sages paroles, mais quand pendant une semaine il n’y a rien à faire l’esprit a tendance à partir tout seul dans tous les sens et c’est assez difficile de garder le contrôle malgré toute la meilleure volonté du monde.

    Alors, faire des efforts d’intégration cela ne me dérange pas, bien au contraire, mais j’essaie de me fixer des barrières, une protection consciente et surement inconsciente face à ce monde.

    Chose que j’ai toujours faite en portant un masque: le Séb joyeux, aimant rechercher de l’affection et le Séb maussade, triste, cherchant plutôt de l’attention, de la compassion et voire même qu’on le plaigne.

    On en revient à ce que j’ai pu lire…assumer ou culpabiliser? Responsable ou victime? Dans ces deux cas, choisir son camp…

    Une idée commence à germer dans ma tête, mais il va falloir qu’elle fleurisse et qu’elle s’épanouisse! J’ai été victime d’un « enculé », d’un prédateur et je n’avais pas les moyens à l’époque de voir clair dans son jeu. Pour cela je ne suis pas coupable, mais victime de manipulation.

    Assumer aujourd’hui c’est une autre paire de manches, faire la part des choses entre le bien et le mal. Se retrouver face à soi est d’autant plus compliqué.

    Le cannabis, la boisson ont toujours été de bons moyens pour se voiler la face, mettre un pansement sur une plaie béante jamais refermée, mais il est sûr que cela ne sert pas à grand-chose. Il faut soigner et guérir en profondeur.

    Comment? Pourquoi? Pour quelles conséquences? Pourquoi suis-je là?

    Tout cela est décousu, mais les idées viennent comme cela sans logique, mais je préfère les couchers sur papier plutôt que de les garder enfermer dans ma tête.

    Quelqu’un en trois semaines a réussi à m’analyser, à voir au fond de mon être alors que je pensais que ma carapace était impénétrable ou plutôt qu’elle ne verrait pas ce qu’il y avait derrière ce masque.

    Un début de complicité qui pour moi a tourné en sentiment d’affection trop excessif.

    C’est un de mes problèmes et j’en suis conscient, je ne sais pas me modérer. Mes sentiments sont tout de suite multipliés par dix, c’est un tort, car cela peut faire peur à de nombreuses personnes…ou alors je ne suis pas tombé sur les bonnes personnes.

    Marzéna merci quand même pour ces bons moments passés ensemble, mais tu as vu le profond mal être qu’il y avait au fond de moi-même, pourtant je pensais avoir tout fait pour bien le cacher… Pas de prise d’alcool, si , deux apéros pris ensemble. Un respect total, mais tu l’as dit:

    –Trop rapide, trop fusionnel, on a plus quinze ans!

    Je confirme « on a plus quinze ans! », mais il ne faut pas que la peur empêche d’avancer.

    Merci également à Julie d’être partie (on y reviendra plus tard, comme Marzéna). Tu as bien fait sinon j’aurai pu te détruire, dans le sens psychologique du terme . Il valait mieux que tu partes, avec le recul, même si ça fait mal, cela nous aura fait du bien, moins de mal dans tous les cas.

    Tous les échecs sont quelque part des sortes de réussites qui poussent vers la remise en question.

    Samedi 1er février 2014 10h30

    Retour sur le sujet Julie dont je parlais hier.

    Papa de deux petites filles, Stella 7 ans et Véréna 2 ans, comment aurai-je pu m’engager aussi rapidement à avoir de nouveau un enfant?

    Ce n’est pas que l’envie n’y était pas, mais il me fallait du temps pour concevoir cette éventualité en toute sérénité…Véréna venait d’arriver dans mon monde dans la douleur, gamine imposée par sa mère par ce que je nommerai une fourberie (un enfant fait dans le dos pour être plus clair), alors me mettre la pression pour avoir un autre enfant ne fut pas facile à supporter…

    Et voilà Julie partie avec un mec de 40 balais, qui lui promet monts et merveilles et certainement d’avoir un enfant avec elle.

    Ce qui est tout à mon honneur, je l’espère, c’est que je n’ai jamais fait de promesse que je n’aurai pas pu tenir.

    Mais bon, passons sur ces quelques périodes plutôt douloureuses, car je me rends compte avec le recul que c’est quand même moi qui suis en grande partie responsable de son départ. Rentrer du boulot à 20h avec la bouteille de whisky planquée sous le siège conducteur de la voiture et s’en torcher un tiers sur le chemin du retour, au volant, c’est-à-dire en gros en 20 minutes on ne peut pas dire que ce soit très sérieux, c’est même totalement inconscient.

    La chance et c’est peu de le dire c’est que je n’ai jamais eu d’accident ni de contrôle d’alcoolémie par les flics, j’ai encore tous mes points sur mon permis de conduire.

    C’est marrant en ce 1er jour du mois, j’ai une pensée pour mes collègues. Ce n’est pas vraiment drôle, mais ils doivent sortir de l’inventaire « frais » de tous les premiers du mois… Courage à eux!!!

    Non, sérieusement, quand je repense à ces quatre années (bientôt, en avril) chez NaturéO, je me rends compte que j’en ai livré des batailles et qu’en fait ce n’est que le début. Sur le plan professionnel, aujourd’hui, cela devient plus ou moins secondaire, ça va être sur le plan personnel que le plus gros du travail va être à faire. Je sais que je pourrai compter sur certaines personnes de confiance et qu’il va falloir que j’apprenne à en écouter d’autres.

    Quand je suis rentré chez NaturéO, je consommais environ 25grammes de cannabis, de l’herbe, par semaine et puis un jour un déclic! Ça suffit!!! Il faut arrêter ces conneries.

    Je me

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