Dramatique Une vie en un seul jour

Te m’éveille. Je m’éveille au monde. Enfin, pas encore tout à fait au monde. Je garde les yeux fermés le plus longtemps possible, résistant à l’appel de ce monde extérieur, douillettement somnolente à l’intérieur de mon cotonneux cocon.

Et puis, un je-ne-sais-quoi – un souffle d’air, un bruit feutré, un mouvement alentour, un léger contact, peut-être ? – me force à ouvrir péniblement les yeux. Alors je le découvre, allongé sur le lit à côté de moi. Un homme que je ne connais pas.

Je réprime un mouvement de panique, scannant mon cerveau pour y retrouver, sinon une réponse, au moins un indice.

Mais rien. Il ne ressemble à personne que je connaisse.

Je tente désespérément de rassembler mes souvenirs de la veille, espérant y trouver la pièce du puzzle qui remettra tout en place et donnera une raison légitime à ma promiscuité avec cet homme dont le torse nu émerge des draps, appuyé sur un coude et qui me regarde en souriant. Mais je n’ai aucun souvenir d’une veille quelconque.

La panique vient, d’un coup, quand je me rends compte que je ne sais pas non plus qui je suis. C’est le vide total. Je hurle :

– Je ne sais pas mon nom ! Comment je m’appelle ?…

L’inconnu se redresse dans le lit, sans perdre son sourire qui se veut, je le sens, rassurant. Il pose doucement une main sur mon épaule. – Calme-toi, me dit-il sur un ton qui semble rodé à la chose. Tu t’appelles Rachel Sémonin et tout va bien.

– Et vous, vous êtes qui ?

– Alors, moi, c’est Ludovic. Mais tu as l’habitude de m’appeler Vic, parce que tu trouves Ludo trop commun et tu laisses ça aux autres. Il n’a pas l’air étonné de la situation. C’est tout juste s’il ne fait pas des mots fléchés en me parlant. Son calme déteint curieusement sur moi. – J’ai l’habitude de t’appeler Vic ?

– C’est bon, tu m’as l’air calmée. Je fais court. Tu es atteinte d’une amnésie antérograde particulière. En clair, ton