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Pas à pas vers la lumière
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Livre électronique162 pages2 heures

Pas à pas vers la lumière

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À propos de ce livre électronique

«Je ne sais pas pourquoi mais, pour la première fois, je suis tentée d’écrire dans ce petit carnet offert par mon mari à l’occasion de mon anniversaire. Il est recouvert d’un cuir doré, se ferme à l’aide d’un petit lacet et s’intitule joliment "Hope", comme mon tatouage situé dans le creux de mon poignet droit. Jusqu’à présent, ne sachant pas ce que je pouvais en faire, je l’ai laissé prendre la poussière dans un des tiroirs de mon bureau. Pourtant, cette nuit, il m’appelle.» …

Isabelle Uhlmann nous livre son journal intime retraçant ainsi sa vie pleine d’embûches affrontée avec courage, humour et optimisme. Un récit sincère et émouvant. 
LangueFrançais
Date de sortie26 oct. 2023
ISBN9791220146807
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    Aperçu du livre

    Pas à pas vers la lumière - Isabelle UHLMANN

    Chapitre 1 : Hope

    Donges, le lundi 29 mai 2023 [03h00]

    Je ne sais pas pourquoi mais, pour la première fois, je suis tentée d’écrire dans ce petit carnet offert par mon mari à l’occasion de mon anniversaire. Il est recouvert d’un cuir doré, se ferme à l’aide d’un petit lacet et s’intitule joliment « Hope », comme mon tatouage situé dans le creux de mon poignet droit. Jusqu’à présent, ne sachant pas ce que je pouvais en faire, je l’ai laissé prendre la poussière dans un des tiroirs de mon bureau. Pourtant, cette nuit, il m’appelle.

    Comme d’habitude, je ne dors pas. Les douleurs de mon corps, que je tolère la journée, deviennent infernales une fois la nuit tombée. D’après les tests passés avec mes spécialistes, ma douleur est de 12/10. Parfois, je trouve ce quota bien trop bas. Là, par exemple, je dirais que je suis à 23/10 tant les maux sont lancinants. En plus, depuis quelques temps, mon neurostimulateur ne fonctionne plus. C’est dommage, il m’avait enlevé presque quatre-vingts pourcents de la douleur… Il a d’ailleurs été décidé qu’on me le retirerait bientôt parce que rien ne sert de laisser des câbles branchés à mon cerveau qui n’agissent plus. 

    Parfois, je me demande si ce n’est pas moi qui m’attache à ces douleurs, leur empêchant de la sorte de disparaître. Ces souffrances font tellement partie de moi que, si elles venaient à s’estomper, je pourrais presque angoisser… Comment puis-je me détacher d’une réalité qui marque mon corps depuis toujours ?

    Enfin, je ne veux pas me plaindre parce que ce n’est vraiment pas mon style. Je préfère rester optimiste en toutes circonstances. C’est d’ailleurs ce que je conseille à mes patients lorsque je leur propose de confectionner leur « cahier du bonheur » rassemblant tous les moments de joie du quotidien. Je me suis moi-même pliée à l’exercice et je ferais bien d’aller relire mes souvenirs heureux. À chaque fois, ça me donne un regain d’énergie même quand je suis au plus bas.

    [04h00]

    Je ne dors toujours pas. Argh ! Qu’est-ce que je déteste la nuit ! Elle me plonge dans mes abysses les plus sombres. Celles de mon enfance, de mes pénitences et souffrances…

    Pourtant, je suis allée relire mon carnet du bonheur dans l’espoir d’apaiser mes tourments. Grâce à lui, je me suis remémorée de la belle balade que j’ai faite récemment avec mon mari à Saint-Nazaire et des retours pleins d’amour de mes patients suite à mes soins thérapeutiques !

    Mais… Rien ne fait, je reste éveillée avec une boule au ventre. En fait, je pense que je redoute le sommeil parce que, dans un tel état, je ne peux rien contrôler. Je ne peux même pas m’assurer de me réveiller. Et si je ne me réveillais pas ? C’est quand même la troisième fois que j’affronte un cancer… La troisième fois ! Mon corps est fatigué, mon mental aussi.

    D’habitude, pour éviter l’angoisse nocturne, je m’attèle. Je sors du lit, me remue dans tous les sens et commence à pâtisser. Souvent, je fais des tartes, parfois des gâteaux, rarement des flans. Je me plonge dans ce monde sucré pour adoucir l’amertume qui me ronge et, surtout, faire plaisir à mon entourage. J’aime tellement rendre les gens heureux. Je pourrais vivre par procuration. Le sourire de l’autre suffit à me mettre en joie.

    Mais, après tout, n’est-ce pas une fuite ? Une bonne fuite, certes, mais une fuite quand même ! C’est peut-être ça mon problème…

    [05h00]

    Les pensées trottent si fort dans ma tête qu’elles me donnent presque le tournis. J’aurais dû me lever et aller cuisiner pour les mettre en sourdine mais… une partie de moi m’oblige, pour la première fois, à les écouter.

    Je n’arrive pas !!!

    Ces pensées sont si nombreuses que ça crée, dans ma tête, une monstrueuse cacophonie. Les sons sont tellement discordants que je n’arrive pas à les identifier. Je vais finir par avoir des acouphènes à ce rythme…

    [20h30]

    Voilà que la journée se termine et que je suis de nouveau attirée par ce carnet… Je ne sais vraiment pas ce qu’il me prend. J’ai comme une envie de mettre sur papier mes ressentis actuels. Peut-être est-ce dans l’espoir de les exorciser ? C’est vrai que l’écriture est un excellent outil thérapeutique, qui plus est, permet de laisser des traces. Les mots, prononcés oralement, ont un sacré pouvoir mais, hélas, ils s’évaporent une fois prononcés.

    Non, je ne veux pas laisser ces mots – témoins de mon histoire – s’échapper. Ils sont précieux. Pour moi, comme pour les autres.

    En parlant des autres, j’ai eu un rendez-vous très inspirant dans mon cabinet aujourd’hui. Un monsieur d’une quarantaine d’année souffrant, depuis de longues années maintenant, de crises d’angoisse incurables. Il avait tout essayé : les médicaments, les psychothérapies, les huiles de CBD et j’en passe. Rien ne le soulageait.

    Comme d’habitude, face à un tel scénario, je pars d’un de mes principes clés : celui qui stipule qu’il faut, dans un premier temps, soulager les symptômes mais qu’il ne faut pas pour autant oublier d’aller explorer la cause. Souvent, dans la médecine actuelle, on met un pansement sur la blessure sans prendre la peine d’aller sonder le terrain à la base du problème. Et, évidemment, le symptôme revient !

    Si un enfant se blesse fréquemment en se trébuchant sur la dernière marche de l’escalier de sa maison, il va falloir évidemment désinfecter et mettre un sparadrap sur la plaie mais n’est-il pas encore plus intelligent de remonter à la source, à savoir la marche d’escalier ? Peut-être est-il temps, pour les parents, de changer la configuration de cette marche… Des fois, un petit tabouret suffit…

    Oups, je m’égare dans des métaphores tant l’argument me passionne…

    Mais c’est exactement ce principe que j’ai mis en place tout à l’heure avec le monsieur après lui avoir expliqué qu’il ne suffit pas de soulager les symptômes mais bien de guérir l’origine de ces derniers. Après lui avoir donné quelques astuces pour réduire l’anxiété, je l’ai accompagné dans l’exploration – parfois éprouvante, bien que salvatrice – de la cause. C’est ainsi que, au fil des protocoles prodigués, le monsieur a découvert qu’il avait mis sous silence une douleur latente : un passé traumatique fait de violences physiques.

    Le plus gros est fait. D’ici quelques séances, il sera libéré de son fardeau. J’en suis ravie. J’adore mon métier, il me rend si heureuse.

    Ressenti douleur : 5/10

    [22h30]

    Mais… Maintenant que j’y pense… N’est-ce pas justement mon problème ? Ai-je suffisamment libéré mon passé ? Mes traumatismes ?

    La réponse est unanime :

    NON

    Mon corps en est la preuve. Si mes blessures étaient cicatrisées, je n’en serais pas là aujourd’hui à devoir faire des séances d’immunothérapie pour guérir de mon troisième cancer. Un cancer, c’est un signe, un message brutal que le corps envoie pour tirer la sonnette d’alarme :

    « Attention ! Il y a ici une intériorisation des souffrances que je ne peux plus contenir ! »

    Mon cancer, c’est la cristallisation de mes traumatismes qui, tel un monstre insatiable, me ronge de l’intérieur. Tant que je n’aurai pas affronté mes démons avec lumière et amour, ce monstre aura de quoi se sustenter et continuera à me pourrir l’existence…

    Donges, le mardi 30 mai [00h00]

    Mon mari dort paisiblement depuis une heure maintenant. Je ne l’ai pas encore rejoint parce que je suis terrifiée par l’idée de revivre une insomnie comme hier. Du coup, je reporte tant que je peux l’heure du coucher en m’occupant. J’ai rangé la cuisine, plié le linge et allumé des bougies dans mon bureau pour le parfumer parce que je sens que je vais rester ici encore un peu... Je commence à trouver beaucoup de réconfort dans l’écriture de ce carnet. 

    Puis, je dois avouer que j’ai une idée en tête… Elle est tellement osée que je n’ose même pas l’écrire… Peut-être suis-je en train de délirer à cause de mon manque de sommeil ?

    Suite à ma réflexion de tout à l’heure, j’ai eu comme une intuition. Et, comme d’habitude, j’éprouve beaucoup de difficultés à l’écouter parce que ma tête s’amuse à me prouver que j’ai tort. Pourtant, je suis presque sûre que ça pourrait énormément m’aider sur mon chemin, me soulager et même, peut-être, me guérir.

    Allez, je le dis. De toute façon, ce n’est pas comme si quelqu’un allait lire ce carnet ! Je pense que je vais partir quelques jours sur les traces de mon passé. Non pas par hypnose régressive, non ! Physiquement ! Je souhaite retourner à Saint-Pierre-et-Miquelon. Voilà, c’est dit !

    [03h00]

    Je ne dors toujours pas… À vrai dire, je n’ai même pas essayé. Je me suis perdue sur internet à chercher des vols pas trop chers en direction de Saint-Pierre… En vain… Les vols sont hors de prix. Il faut compter minimum mille euros pour un aller (sans le retour, évidemment) et accepter une date aléatoire… Il n’y a que sept vols directs par an. Le prochain est après-demain… Et il ne reste qu’une place… Est-ce un signe ?

    Je ne sais pas ce que je dois faire. C’est un gros investissement quand même… Et puis… C’est de l’argent que je pourrais mettre dans de nouvelles formations… J’aimerais tant me former à l’EMDR ! C’est une méthode qui m’a énormément aidée à panser mes maux et que je voudrais ajouter à mes compétences pour soulager mes patients que j’aime tant.

    Mais pour aider l’autre ne dois-je pas d’abord m’aider moi-même ?

    [04h30]

    Je me suis assoupie une petite heure et, je n’en reviens toujours pas, j’ai vu mon frère dans mon rêve ! Mon grand frère que j’ai perdu très jeune des suites d’une noyade. On était très proche à l’époque. Et je dois dire qu’on l’est resté ! Depuis le lieu mystérieux où il se trouve, il a toujours trouvé des moyens pour me guider…

    Là, en l’occurrence, il m’a fait un clin d’œil. Un simple clin d’œil ! Comment dois-je l’interpréter ? Est-ce un encouragement de sa part concernant mon idée de voyage ? On dirait bien que oui… En tout cas, c’est comme ça que je le ressens…

    [04h45]

    Ça y est, je viens de réserver mon billet d’avion !! Je pars pour Saint-Pierre-et-Miquelon après-demain !!

    Je sais, c’est précipité mais je sens que c’est la bonne chose à faire. D’ailleurs, je me sens soulagée. Je dirais même que je suis enfin prête à me coucher. Bonne nuit !

    [14h00]

    Je profite d’une petite pause entre deux patients pour écrire quelques mots… C’est la folie depuis cette nuit… Je n’arrive toujours pas à réaliser que j’ai sauté le pas. Jusqu’alors, je n’avais pas eu la force. J’avais refourgué l’argument dans un vieux tiroir de ma tête, espérant ne jamais devoir y revenir. Mais je pense que c’est justement ce tiroir en question qui pourrit et nourrit le monstre. 

    Je suis super fière de moi et enthousiaste à l’idée d’aller enfin affronter mes parts d’ombres qui sont restées coincées sur l’archipel… Mais… D’un autre côté, je culpabilise.

    Je culpabilise parce que je vais devoir annuler les rendez-vous de la semaine prochaine. Je n’aime pas abandonner mes patients. Ils me sont si précieux. En consultation, c’est comme si, à la place de me décharger, je me rechargeais tant ils me comblent de lumière.

    Puis, je n’en ai encore parlé à personne… Même pas à mon mari. Je suis sure qu’il serait compréhensif mais je me sens coupable d’avoir dépensé une telle somme d’argent sans l’avoir prévenu au préalable.

    Et… Que dirait mon oncologue s’il le savait ? Par chance, j’ai ma séance d’immunothérapie juste avant le départ. Je ne manquerai donc aucun traitement. C’est déjà ça…

    Allez, je reprends. La sonnette vient de retentir, ma fidèle patiente est là.

    [21h45]

    Je viens de tout raconter à mon mari. Il avait remarqué que quelque chose n’allait pas parce qu’à table, j’étais tellement angoissée, que je n’arrivais pas à manger. C’est dommage, j’avais pourtant préparé un bon plat au four.

    Pour mettre un terme à ses inquiétudes – il panique quand je vais mal tant je me montre toujours forte – j’ai finalement dévoilé mon projet un peu farfelu. J’étais tellement en proie aux émotions que tout mon corps tremblait en racontant.

    Après quelques haussements de sourcils – sûrement d’étonnement – il m’a dit d’une

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