Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

L' EDUCATION ET LES NUAGES GRIS DE LA VIE
L' EDUCATION ET LES NUAGES GRIS DE LA VIE
L' EDUCATION ET LES NUAGES GRIS DE LA VIE
Livre électronique145 pages1 heure

L' EDUCATION ET LES NUAGES GRIS DE LA VIE

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Comment apprendre à nos enfants à prendre soin de leur santé mentale?
À l’aide de son regard de père, d’intervenant et d’enseignant, l’auteur explore cette question à partir de différents thèmes tels que le rapport aux émotions, les relations humaines, la réconciliation avec nos erreurs. C’est peut-être en faisant ces réflexions qu’il trouvera des réponses pour sa propre existence puisque, après tout, les enfants sont les adultes de demain.
LangueFrançais
Date de sortie8 juin 2021
ISBN9782898310171
L' EDUCATION ET LES NUAGES GRIS DE LA VIE
Auteur

Pierre-Luc Hardy

Pierre-Luc Hardy est professeur en Techniques d’éducation spécialisée au Cégep de Sainte-Foy. Il a travaillé auparavant au Centre jeunesse de Québec, au Réseau Intersection Québec et à Autisme Québec en tant qu’intervenant. Il a également fait du coaching familial. Il a étudié en éducation spécialisée et en psychoéducation. Il poursuit présentement ses études en enseignement collégial à l’Université de Sherbrooke.

Auteurs associés

Lié à L' EDUCATION ET LES NUAGES GRIS DE LA VIE

Livres électroniques liés

Relations pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur L' EDUCATION ET LES NUAGES GRIS DE LA VIE

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    L' EDUCATION ET LES NUAGES GRIS DE LA VIE - Pierre-Luc Hardy

    Où tout commence…

    La vie nous réserve parfois des moments magiques et inoubliables. Je me souviendrai toujours de ce matin qui ressemblait à tous les autres matins. La routine habituelle : déjeuner, actualité, courriel et planification, jusqu’à ce que la magie opère. Ma blonde était venue me rejoindre à la cuisine. C’était le premier signe qu’il y avait quelque chose qui clochait puisque ma concubine aime bien le bouton Snooze et n’a pas l’habitude de descendre avant d’être prête à partir, c’est-à-dire quelques minutes avant son départ.

    J’aurais dû remarquer qu’il y avait quelque chose de nouveau dans son énergie, dans ses yeux : un mélange d’amour, de fierté, d’excitation et de gratitude. J’aurais dû remarquer que ma merveilleuse femme portait la vie, notre rêve, notre mélange de gènes, notre nouveau carburant à bonheur… J’aurais dû voir aussi qu’elle avait sorti la mini tasse qui devait être notre signe quand elle serait enceinte. J’aurais dû voir toutes ces choses, mais je n’ai rien vu. J’ai plutôt opté pour un bonjour et une demande qui ressemblait à ceci : Tu as besoin de quelque chose ? Après plusieurs indices, ma femme m’a dévoilé qu’elle était enceinte. Je n’avais jamais ressenti la joie d’une manière aussi intense. J’avais envie de crier, de rire et de pleurer en même temps. Je sentais que j’avais perdu le contrôle de mon cœur et de mon corps, intoxiqués par le bonheur. Quelle belle drogue ! J’avais toujours voulu être père. Je réalisais donc un rêve. En fait, nous le réalisions ensemble.

    Je m’étais déjà imaginé plein de belles phrases pour cet instant de grâce. Je voulais être à la hauteur. Ça ne commençait pas bien puisque je n’avais remarqué aucun signe, mais j’allais me reprendre avec les bons mots. La seule chose que j’ai été cependant capable de dire, et ce, pendant un assez long moment, c’est : « Mon amour, mon amour, mon amour, c’est vrai ? » Je n’avais plus le contrôle sur mes émotions. J’y étais à ce moment tant souhaité où ma femme m’annonçait qu’elle portait la vie. Je n’ai pas réagi comme je l’aurais voulu, mais j’étais sincère. La joie, la vérité, la sincérité et la spontanéité sont peut-être ce qui fait qu’un évènement est magique, et ce, peu importe la réaction. Réaction que ma femme semblait avoir aimée.

    Ce qui est certain, c’est que j’étais très émotif. Faut dire que les derniers temps n’avaient pas été simples en raison de tous les tests de grossesse négatifs que nous avions rencontrés. La peur s’était installée chez moi, chez nous. Cette émotion qui est comme une plante grimpante et qui grandit tranquillement pour éventuellement prendre toute la place. Et si nous n’étions pas capables ? Si la nature ne voulait pas nous offrir ce beau cadeau ? Et je ne dis pas cadeau à la légère, je vois la parentalité comme un trésor qui nous est confié pour que nous le préparions et l’aidions à propager sa richesse. J’aurais eu l’impression de perdre quelque chose si je n’avais pas eu d’enfant.

    Je tiens à mentionner que je suis convaincu que le bonheur et l’accomplissement ne passent pas nécessairement par le fait de devenir parent. Je pourrais vous présenter des personnes qui n’ont pas voulu ou pas pu avoir d’enfant et qui sont assurément très épanouies. Il y a tellement de façons de transmettre, d’aider et de laisser sa trace. Il n’existe pas de mode d’emploi universel du bonheur, mais nous avons tous nos propres recettes. Pour moi, devenir papa était un ingrédient vedette. À cet instant, je pouvais affirmer haut et fort que je réalisais un rêve.

    Alors, après les joies, les peurs de fausses couches, les nausées, encore les peurs de fausses couches, les fêtes prénatales (showers), les achats, la préparation de la maison, j’ai entendu ma blonde dire une phrase que j’ai trouvée drôle et belle à notre arrivée à l’hôpital : « nous venons à la rencontre de notre bébé ». De la bruine s’est alors installée dans mes yeux pour y rester. L’accouchement se fera par césarienne parce que Coquinette désirait voir la vie en premier par la raie. Vous dire à quel point j’ai trouvé ma blonde formidable à cet instant. Toute la pression était sur ses épaules. Pourtant, elle était en parfait contrôle de ses émotions. Elle exprimait ses besoins, posait ses questions, faisait des blagues et demeurait relativement calme. C’était admirable.

    De mon côté, j’avais mis la communication avec mes sentiments en mode avion : ils pouvaient essayer de me joindre, mais je ne recevais pas les appels. Mon objectif était de prendre soin de ma femme. Je voulais être en contrôle, mais une fois assis sur la chaise de papa, le contact a été rétabli avec ma tempête d’émotions. Vous vous demandez peut-être ce qu’est la chaise de papa ? Eh bien, il s’agit de la chaise où le conjoint ou la conjointe attend pendant que la maman, qui porte le bébé, est dans la salle d’opération afin de recevoir toutes les préparations nécessaires. Une chaise d’ordinateur avec une petite affiche ayant l’inscription chaise de papa. Les deux premières choses qui m’ont traversé l’esprit sont « j’espère qu’ils ne m’oublieront pas ici » et « ils devraient inscrire chaise du deuxième parent pour être moins hétéronormatifs ». Je me suis donc assis sur cette chaise et j’ai reçu tous les messages que j’avais bloqués grâce au mode avion : je vais être papa, j’espère que ma blonde va être correcte, est-ce que je saurai quoi faire, j’ai envie de pleurer de joie, j’ai peur de ne pas savoir quoi faire, est-ce qu’ils vont m’oublier ici… Allô, venez me chercher svp !

    Alors, après une trentaine de minutes qui m’ont paru une éternité, j’ai rejoint la maman qui était magnifique, comme toujours, couchée sur la table d’opération. Après quelques gaffes telles que botter la machine à pression, trébucher dans les fils et risquer d’échapper mon cellulaire dans ma blonde (vous avez bien lu) en voulant prendre des photos (je dépassais toujours le champ stérile, et ce, malgré les rappels de la gentille infirmière), j’ai enfin rencontré ma fille. J’étais sous le charme et sous le choc. Mon cœur qui savait aimer n’était pas habitué à cette sensation intense. Voilà, elle était dans mes bras, son bien-être et son bonheur sont devenus des priorités. J’admirais ma femme ! Des sensations intenses se créent et m’habitent depuis puisque la paternité a créé une haute connexion avec des émotions nouvelles et belles. J’ai aussi rencontré madame Inquiétude et monsieur Doute, des états que je connaissais peu. Eh oui, la peur de ne pas être à la hauteur, la peur qu’elle disparaisse, la peur de la gâcher, elle qui est si parfaite, la peur de lui transmettre mes défauts.

    J’ai l’impression que toutes mes certitudes se sont brisées lorsque ma fille est née. Je suis un intervenant qui a travaillé auprès des jeunes toute sa vie professionnelle (sauf dans des emplois étudiants où il m’est arrivé de travailler dans le rayon des jouets et d’assembler des meubles d’enfants, je ne sais pas si ça compte). Je m’y connais quand même un peu en éducation des enfants. Humblement, je pense même que je suis un bon intervenant, mais serais-je un bon père ? Je ne sais pas. Je sais que j’aime ma fille, je sais que je veux son bonheur, je sais que je veux le mieux pour elle, je sais que je ferai tout pour y arriver et je sais que je doute. Toutefois, j’ai l’impression d’avoir choisi inconsciemment de refouler tout ce qui était négatif. Comme si je n’avais pas le droit de vivre ces émotions en raison du beau cadeau que la vie m’a donné. Alors vive les sentiments positifs et au diable les autres ! Je les refoule…

    * * *

    Tout ce qu’on fuit nous poursuit, qu’on dit… Eh bien, ma fille vient d’avoir un mois et les émotions refoulées sont là, elles m’ont rattrapé. Il est indéniable que Florence est une étincelle qui fait battre mon cœur toutes les secondes. Toutefois, je ne sais pas si ce sont mes sentiments refoulés, mes trente ans, l’accumulation ou la fatigue, mais je sais que je ne vais pas bien. Je ne me suis jamais senti ainsi. En fait, en 31 ans de vie, j’ai toujours réussi à être heureux, et ce, peu importe les épreuves, les évènements stressants, la palette d’émotions. J’ai un bon taux d’hormone du bonheur dans le sang. J’en suis convaincu. J’ai connu des sentiments plus difficiles, mais je les résorbais rapidement. Toutefois, à ce moment, je n’y arrive pas, je n’y arrive plus. Et c’est sans compter la culpabilité… Voyons, pourquoi je ressens ce sentiment de marde ? Moi ayant une vie formidable, une petite fille qui me fait vivre une joie immense, une femme exceptionnelle, un entourage à en faire rêver et le plus beau job de la terre, à mon sens. J’ai tout pour être heureux et je l’ai toujours été. Pourquoi je n’y arrive pas, pourquoi je n’y arrive plus ?

    Je me souviens très bien du moment précis où je me suis aperçu que ça n’allait plus, que je perdais le contrôle. Un couple d’amis organisait une petite soirée entourée de notre gang comme le disent les jeunes (ou le disaient, je suis un peu en retard). La majorité des gens présents sont des personnes que j’aime d’amour. Et je ne dis pas cela de manière banale. Ils sont une partie

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1