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Paradis perdus
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Livre électronique194 pages2 heures

Paradis perdus

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À propos de ce livre électronique

Des êtres évoluent dans une organisation imperceptiblement au bord du gouffre, gangrenée par son propre système. Ils en sont les acteurs et les victimes sur le seuil de l'effondrement. Stan, Hayden, Amy, Jessica, Hadrien, Michel ou encore Steeve, leurs vies s'enchevêtrent, s'intriquent les unes aux autres, souvent bien malgré eux. Chacun possède sa partition à jouer, mais aucun n'en a vraiment connaissance. L'ombre de la chute va tout bouleverser, tout révéler. Puissent-ils retrouver un chemin qu'ils s'autorisent à suivre, puissent ils retrouver leurs paradis, recréer leurs paradis perdus.
LangueFrançais
Date de sortie25 juin 2012
ISBN9782312003917
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    Aperçu du livre

    Paradis perdus - Nicolas Mazeau

    978-2-312-00391-7

    Préambule

    J’ai l’idée saugrenue et anachronique d’écrire ces lignes avant même d’avoir fini de rédiger mon histoire, alors même que je ne suis qu’à mi-chemin du but que je me suis fixé, sans savoir si je vais l’atteindre.

    Et même si je connais déjà la fin (j’en ai une idée générale et pas encore bien précise), les évènements et les tribulations qui vont devoir se mettre en forme sur l’écran de mon ordinateur, ne sont pas encore entièrement révélés à ma conscience (sans doute sont-ils assoupis dans un coin reclus de mon cerveau).

    Et surtout, je sais très bien que je voudrai changer des choses dès que j’aurai fini… c’est d’ailleurs ce que je suis en train de faire, c’est donc un préambule à quatre mains : moi en cours de route et moi en bout de course.

    J’adresse donc ses lignes à un hypothétique lecteur qui gardera la tête froide, qu’il soit un de mes proches ou un inconnu, sans même savoir si elles lui parviendront un jour.

    Et sans doute ces pages resteront dans le fond d’un tiroir, comme beaucoup le font et comme je l’ai déjà fait (il faut bien l’avouer…). Cela peut aussi finir déchiré dans une poubelle, un jour où tout bascule et où on ne peut plus supporter le passé, ça doit bien arriver parfois, en tout cas c’est mon cas (encore un aveu…).

    La force d’écrire n’est revenue que récemment (l’envie ne m’a jamais vraiment abandonné), elle arrive quand ce lien d’amour entre ma femme et moi semble m’échapper. Quand notre attachement se transforme, quand la puissance de nos liens semble changer de nature, quand le temps est changeant, menaçant, quand un orage peut tout détruire ou redonner un espace d’agréable été. Je sais que tout peut arriver, mais que l’empreinte de notre amour ne pourra jamais s’effacer ou se ternir.

    C’est donc dans cette période de crise que je découvre à nouveau l’écriture, mais j’ai la sensation d’aller plus loin, et pourquoi pas jusqu’à faire un livre… vous seriez là, à lire mes lignes. Un rêve peut-il se réaliser dans un contexte de vie où tout semble prêt à s’effondrer ? Étrange paradoxe…

    Ma situation teintera forcément les lignes qui suivent, plus que je ne le voudrais sans doute. Je ne pensais pas que j’exprimerais tant d’intime au travers d’une histoire et de personnages romancés.

    Et pourtant je devrais savoir que chaque création imaginaire est le reflet de notre vie psychique (je le sais très bien pour les autres, pour moi, c’est un peu plus difficile d’en prendre conscience). Choisir de faire naître un personnage, lui donner une vie, un itinéraire, c’est lui donner de soi, de sa pensée.

    Je me prends d’affection pour ces êtres qui n’existent que dans mon esprit et sur ces lignes. Une succession de signes, des contrastes savants dispersés minutieusement sur l’écran de mon ordinateur leurs donnent un semblant de vie. J’ai tout de même l’impression qu’ils sont tous un peu de moi, un peu de ce que je suis. J’avoue m’y être attaché au point de vouloir les garder pour moi et de les partager avec vous aussi.

    Se donner à lire serait dévoiler une partie de mon intimité, mais aussi partager des sentiments, des ressentis, pourquoi pas divertir, donner quelque chose à d’autres.

    Je ne sais vraiment pas si je passerai ce pas, puisque je ne sais pas si je pourrai finir cette histoire. J’ai peur de l’abandonner, de ne pas avoir la force de poursuive à la moindre difficulté. Peut-être que j’ai peur de finir aussi, car il y aura une décision à prendre : garder secret ou partager.

    Le regard et le jugement de l’autre sont un problème, le mien comme celui de beaucoup d’entre nous. Mon doute infini enfoui à l’intérieur de moi définit malgré moi mon lien aux autres, mes projets, mes défis…

    Mais avant de rentrer dans l’histoire, je vous livre ce petit texte adressé initialement à mon petit groupe d’écriture, « l’atelier ailleurs », je le partage avec vous, il a sa particularité, son identité : il est sans un point…

    Vous écrire

    Point de camouflage ce main, point de cachoterie cette nuit,

    tout de suite, j’ai envie de vous le dire, de le dévoiler,

    je sais pas comment le formuler, comment vous parler,

    et ce que vous allez en penser, ce que cela vous fera associer,

    j’aimerais vous entraîner à rêver, à fantasmer,

    vous perdre dans mes phrases entrelacées, imbriquées,

    mais comme souvent je m’égare dans le vent des mots

    et je m’éloigne de mon propos,

    je garde mon sujet dans un paysage de lettres qui s’attachent les unes aux autres,

    et le reprend au passage, le déploie à la faveur d’une image,

    j’entreprends un savant réglage,

    je fais une mise au

    Point, et le voilà plus net,

    ce que je porte à l’attention de votre lecture,

    c’est ce que nous avons en commun,

    ce qui fait qu’Ailleurs nous sommes un,

    l’écriture comme un dessein,

    ce qui nous pousse à l’action, lier les mots,

    accrocher les phrases, partager une émotion,

    créer une partition de la musique des sons,

    imaginer l’orchestre qui la joue avec passion,

    dans chacun d’entre vous,

    espérer qu’il vous entraînera dans sa danse,

    que vous serez touché par son sens,

    écrire pour faire réagir,

    écrire comme on lève le

    Poing, écrire pour se battre,

    écrire comme on frappe, pour vivre,

    et pour survivre parfois, ou souvent,

    la rage entre les dents,

    c’est pour moi le refuge qui protège,

    et une arme face aux sentiments qui m’assiègent,

    c’est vrai que les mots allègent,

    ils me portent, me transportent,

    j’en oublie presque que vos yeux se baladent sur eux,

    ce sont vos retours qui m’en font prendre conscience,

    à ma surprise, je me livre sans méfiance, j’écris en toute confiance,

    ici, mes peurs n’ont plus la préséance,

    elles cèdent s’effacent à l’idée de votre présence,

    écrire leurs donne un bon coup de

    Poing, je gagne enfin,

    je trouve ailleurs ce qui me pousse à aller encore plus loin,

    l’écriture comme pour changer le futur,

    l’écriture pour assoupir les blessures,

    elle semble m’aguerrir,

    et elle me structure,

    je ne peux que conclure,

    dans ma vie, cet atelier d’écriture est tombé à point.

    Partie I

    Les couleurs du ciel

    « La voie des humains n’est pas en leur pouvoir,

    et il n’est pas donné à l’homme qui marche

    de diriger ses pas. »

    De Jérémie

    Extrait de la Bible

    Hadrien

    J’émerge à la conscience, je nage dans des courants divergeant, tourbillonnant. J’ai besoin d’oxygène comme après une apnée d’une durée extraordinaire mais la puissance d’un océan m’entraîne trop loin de la surface. Je ne peux plus respirer et pourtant je ne me noie pas, je ne me débats pas.

    Mon esprit émerge mais mon corps reste inanimé. J’ai l’impression d’avoir dormi cent ans, ou peut-être le temps de le dire. Je me réveille à peine, encore somnolant, un peu entre deux eaux, un peu entre deux mondes.

    Quelque chose attire mon attention : je n’ai pas de sensation. Vraiment aucune.

    Aucun bruit, je n’entends plus rien, un silence absolu, presque immortel. Je me concentre pourtant sur les sons mais pas le moindre décibel à détecter. Les vibrations des ondes sonores semblent s’être solidifiées. Je nage dans l’obscurité auditive.

    Le noir complet, je ne vois plus rien. Rien à voir, quelqu’un semble avoir éteint le monde, annulé la lumière… ou peut-être que cela vient de moi, les cellules de mes rétines ne semblent plus réagir à aucune stimulation. Peut-être est-ce que je ferme les yeux ? Des efforts pour les contrôler, commander à mes paupières de s’ouvrir. Ça ne marche pas. Ça ne sert à rien. Mon regard se noie dans un silence abyssal.

    Plus aucune sensation de l’extérieur, rien n’arrive à moi. Pas de goût dans ma bouche, même pas celui de ma propre salive. Pas d’odeur dans mon nez… Toutes les cellules chargées de réagir aux stimuli extérieures paraissent piégées dans un processus inhibiteur.

    Je ne ressens rien sur mon corps. Pas un effleurement, pas un contact. Rien ne me touche plus.

    Je ne ressens rien dans mon corps. Il semble s’être évadé. J’essaie pourtant… Je tente de m’astreindre à une procédure qui permette de traquer la moindre perception. Je porte toute mon attention sur mon pied droit comme si tout dépendait de lui, comme si j’étais en équilibre sur le bout de mes orteils. Rien, mon corps semble aux abonnés absents

    J’avoue que tout cela devrait me pétrifier d’angoisse, m’engourdir de peur, mais tout ce que je peux en dire, c’est que c’est embêtant comme ces casse-têtes chinois dont on n’arrive pas à trouver la solution. Mon cerveau semble n’avoir jamais été aussi cartésien.

    Je recommence à rechercher chaque sensation, je guette, je suis à l’affût, un craquement, une ombre, un souffle… Et pour toute réponse : un vide total, inégalable.

    Cela dure, je recommence inlassablement et d’une manière méthodique et organisée, je crée une base de données dans mon esprit, cataloguant les sensations, les répertoriant, j’imagine des grands tableaux, à double entrée, puis à triple entrée…

    Je tente d’analyser tous les aspects de mes sens : pour la vue par exemple, je prends les différents aspects de ce sens : la vision périphérique, la détection des mouvements, la perception des contrastes, la réactivité à la couleur… Il ne faut rien laisser au hasard. Je sais que ce n’est qu’un état des lieux fastidieux et sans aucun résultat, mais il doit être exhaustif.

    À la fin de mon entreprise vouée à l’échec, il n’y a rien, j’ai été à l’écoute de tous les types de sensations humaines possibles sans en ressentir aucune, c’est une liste pharaonique que j’ai dressée…

    Cela semble avoir duré des heures, des jours, des semaines, ou alors des secondes… ça aussi je ne sais plus.

    Je réfléchis, cela semble la seule chose dont je sois encore capable, je me rappelle de cette phrase « je pense donc je suis ». Je m’y accroche car je suis capable de réfléchir en intégrant des dimensions bien supérieures à ce que je pourrais faire habituellement. Enfin, c’est ce que j’imagine car je ne sais pas très bien ce qui se passait pour moi avant ça. Tout ce dont j’ai la certitude pour l’instant, c’est que mon esprit semble vivant, étrangement hyperactif, j’ai l’impression que c’est tout ce qu’il me reste.

    En raisonnant logiquement, il y a un aspect de cette situation encore plus bizarre : aucune panique… je suis là planté dans un vide, comme suspendu au fil du temps avec un cerveau en ébullition, et ça ne me fait pas peur. Pas d’angoisse, juste cette curiosité intellectuelle qui se cristallise sur cette question.

    Que m’arrive-t-il ?

    Un mauvais et étrange rêve ? Je serais plongé dans un sommeil profond et paradoxal, à la fois conscient et absent du monde. Cela arrive parfois, on rêve et on sait que l’on rêve, mais les portes que l’on ouvre peinent à nous faire échapper à cet irréel psychique. Mais alors je devrais me réveiller à un moment, et cela n’arrive pas. Je me questionne sur le sens pourrait avoir ce rêve… je me demande bien ce qu’en dirait un psychanalyste, quelle doit être ma vie si je m’enferme dans un rêve ? Et un rêve d’impuissance en plus… Ce qui est sûr c’est que je ne fais pas un cauchemar parce que je n’ai pas d’émotions, et que cela ne semble pas vouloir cesser, la pellicule du rêve serait une cellule dont je suis le prisonnier… Je pense pourtant qu’il s’agit d’autre chose.

    Une maladie mentale ? Ce serait comme un étrange repli autistique, un retrait du monde, une fuite incohérente du réel… Quelle événement terriblement traumatogène aurait bien pu m’arriver pour m’amener à un tel état ? J’imagine des horreurs qui pourraient justifier une telle retraite du monde pour me protéger de sensations trop effrayantes, destructrices. Peut-être une agression, une scène de guerre ou de catastrophe pourrait bien avoir engendré un état de sidération total pour contenir un afflux émotionnel. Si cela s’avère exacte, on peut dire que le but de ne plus rien ressentir est atteint… Ce qui me semble incompatible avec cette hypothèse, c’est d’avoir les idées si claires…

    Un coma ? Je serais plongé dans un état de stase, mon cerveau n’assurant que le minimum (ici les fonctions vitales et intellectuelles). Ce serait comme vivre délesté de ses sens et de ses passions, un repli total sur soi suite à un probable traumatisme crânien comme dans un accident de voiture ou bien un accident vasculaire cérébrale, une rupture d’anévrisme… Alors là c’est plausible, ça me fait penser à ce titre de livre « le scaphandre et le papillon », je serais un esprit vivant dans un corps lourd et métallique, un enveloppe plombée. Je m’imagine sur un lit d’hôpital, branché à tout un tas de machines, respirant sans aucun doute à ma place car ça non plus

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