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Recruté par le CH 03 : Le but de la victoire
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Livre électronique247 pages3 heures

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À propos de ce livre électronique

Thomas voit son plus grand rêve se concrétiser alors qu'il est repêché par les Canadiens de Montréal. Une ombre se profile toutefois à l'horizon : le jeune hockeyeur est contraint d'utiliser l'équipement officiel du club.

Anxieux à l'idée que ses performances déclinent s'il ne peut jouer avec le précieux bâton de Maurice Richard, il réussit malgré tout à impressionner son entraîneur, ses coéquipiers et, bien vite, les innombrables fans du Tricolore. Grisé par cette gloire soudaine, le jeune homme quitte Anaïs, sa copine de longue date, pour une mystérieuse demoiselle fort intéressée par ses récents exploits…

Celui qu'on surnomme « le guépard des glaces » semble donc destiné à un brillant avenir, mais une blessure compromet sa saison et menace de tout faire basculer. Thomas doit-il déjà renoncer à la conquête de la coupe Stanley ?
LangueFrançais
Date de sortie29 mars 2017
ISBN9782895857648
Recruté par le CH 03 : Le but de la victoire
Auteur

Daniel Guay

Daniel Guay, originaire du Bas-Saint-Laurent, est, dès son plus jeune âge, fasciné par le fantastique et l’imaginaire. Son esprit bouillonne de mondes étranges, qui occupent son esprit et le distraient jusque sur les bancs d’école. Durant l’adolescence, le cinéma est pour lui un laboratoire d’étude intarissable, qui lui permet de décortiquer avec minutie chaque scène, dans le but de comprendre ce qui rend l’œuvre captivante ou non. C’est avec la musique qu’il touche pour la première fois au domaine des arts et à l’écriture. S’accompagnant à la guitare, il peut raconter ses propres histoires et découvre ainsi son goût prononcé pour la création; la plupart du temps inspirée par les divers aspects de sa vie. Il décide donc de s’inscrire en Arts et lettres au Cégep de Rimouski. Bien qu’il soit appelé à étudier le domaine littéraire, son intérêt bifurque vers la création assistée par ordinateur. Convaincu d’avoir trouvé sa vocation, il quitte le nid familial et migre vers la ville de Québec, où il entreprend et termine un baccalauréat en communication graphique à l’Université Laval. Durant cette période, il met de côté les romans du terroir imposés durant son diplôme d’études collégial, pour se plonger dans des séries bien connues du public, comme Les Royaumes oubliés, Lancedragon, Le Seigneur des Anneaux ou encore Le cycle d’Elric. Il s'attarde aussi sur diverses biographies comme celles de Jules César, d’Attila, d’Alexandre le Grand et de quelques autres dirigeants importants de l’époque gréco-romaine. Ces différentes lectures apportent au futur auteur un certain contentement, qui s’avère rapidement être imparfait. En effet, M Guay estime que la relation entre un livre et un lecteur est, pour lui, insuffisante et comprend que la seule façon d’obtenir l’implication qu’il désire est de créer ses propres récits fantastiques. Après avoir exercé sa plume sur quelques courts récits, il décide d’appliquer son imaginaire débordant à la création d’un premier roman. Cette expérience s’avère être pour lui encore plus absorbante que ce qu’il imaginait. Toutefois, il lui faudra plus de trois années pour compléter Anosios – Retour au royaume des hommes, qu’il ne cesse de remettre en question afin d’obtenir le résultat souhaité. Fort de cette première expérience, il entame le tome deux avant même d’avoir obtenu l’appui d’un éditeur. Cependant, quelques mois après avoir amorcé ce nouveau manuscrit, il reçoit une réponse favorable de la part des Éditeurs Réunis pour la publication de la série Anosios. À présent que M Guay a franchi la première étape en établissant une collaboration fructueuse avec un éditeur, il ne lui reste plus qu’à continuer d’utiliser son imagination débordante pour faire connaître ses histoires au public. « Il faut avant tout créer pour soi-même avant d’espérer être lu du public. Écrire pour soulager son besoin de créer, et non pour obtenir l’approbation des autres. Si l’on est captivé par les personnages et les intrigues que nous mettons tant d’énergie à rendre vivants, il y a de fortes chances pour que d’autres le soient aussi. » - Daniel Guay

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    Aperçu du livre

    Recruté par le CH 03 - Daniel Guay

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    L’été, synonyme de chaleur et de repos, n’avait géné-ralement rien à voir avec le hockey. En temps normal, les jeunes hockeyeurs rangeaient leur équipement et profitaient de la belle saison pour momentanément oublier leur sport favori. La réalité était cependant très différente pour les joueurs des Canadiens de Montréal. Dès le mois de juillet, ils étaient conviés au camp de perfectionnement, auquel participaient aussi les joueurs sélectionnés au repêchage. Ces derniers étaient impatients de faire leurs preuves en tant que professionnels. Un seul d’entre eux ne partageait pas cet enthousiasme.

    Au départ, Thomas avait cru qu’il aurait tout l’été pour trouver une solution à son problème. Il n’avait pas réalisé qu’il y avait plusieurs étapes avant le camp d’entraînement officiel, qui avait lieu en septembre.

    — Pourquoi les choses ne sont-elles jamais simples ? demandait-il sans cesse.

    Anaïs et Benjamin comprenaient son angoisse, qui commençait cependant à leur porter sur les nerfs. Le trio avait plusieurs fois relu le contrat que Thomas avait signé avec les Canadiens de Montréal. La conclusion était chaque fois la même : il devait utiliser le bâton fourni par le commanditaire. Pour cette seule raison, le rêve du hockeyeur s’était transformé en cauchemar. Il ne pouvait s’aventurer dans la Ligue nationale de hockey sans le bâton de Maurice Richard. Plus d’une fois, il avait constaté son incapacité lorsqu’il n’utilisait pas son arme secrète.

    — J’ai l’impression de revivre continuellement la même crise, déplorait-il.

    — Nous allons trouver une solution, l’encourageait Benjamin. Il reste encore deux semaines avant le camp de perfectionnement.

    Anaïs n’était pas aussi optimiste. Certes, elle aurait aimé venir en aide à Thomas, mais elle demeurait réaliste. Il n’y avait aucun moyen de contourner cette clause du contrat. Et même si c’était possible, que diraient les gens en voyant le numéro 99 se présenter sur la glace avec une antiquité entre les mains ? Dans la Ligue de hockey junior majeur, on considérait cela comme une excentricité. Ce ne serait sans doute pas aussi bien accueilli dans la LNH. Quoi qu’il en soit, Anaïs serait présente pour réconforter son amoureux si les choses tournaient mal. Toutefois, un détail important demeurait en suspens. La route était longue entre Montréal et Rimouski. Leur couple était-il assez solide pour défier cette distance ? Thomas préférait ne pas y penser. Chaque fois que le sujet venait sur le tapis, il détournait la conversation.

    — Tu vas rapidement nous oublier, le taquina Benjamin. Après tout, tu es maintenant un joueur de hockey professionnel. Tu as le monde à tes pieds.

    Anaïs n’appréciait guère ces remarques, mais n’arrivait pas à faire taire son cousin, qui rêvait lui aussi d’appartenir au monde du hockey professionnel. Il était difficile de calmer les ardeurs de Benjamin.

    — Je suis certain que tu deviendras tôt ou tard un grand commentateur sportif, l’encouragea Thomas. Ce n’est qu’une question de temps.

    — Et moi, que suis-je censée être, dans tout ça ? demanda Anaïs. Je n’ai pas l’intention d’être la petite écervelée trop maquillée qui accompagnera Thomas comme si elle était un trophée de chasse.

    — Elles ne sont pas toutes comme ça, répliqua Thomas. Ce n’est qu’un stéréotype. Ce n’est pas ton genre de juger les autres sans les connaître.

    Il avait parfaitement raison. Anaïs se moquait éper-dument de l’opinion des autres et elle avait l’habitude de ne pas catégoriser les gens. Pourquoi était-ce différent cette fois-ci ? S’il s’était réellement penché sur la question, Thomas aurait peut-être compris qu’elle était tout simplement inquiète. Elle n’était pas idiote. Une fois à Montréal, son amoureux serait convoité par des centaines d’admiratrices prêtes à se jeter dans ses bras. Certes, elle lui faisait confiance, mais il était difficile d’ignorer cet aspect de la vie d’un hockeyeur. À quelques reprises, elle avait pensé aborder le sujet avec lui. Sa fierté l’en avait empêchée. Elle ne pouvait admettre qu’elle ressentait une pointe de jalousie, alors que Thomas n’avait même pas encore quitté Rimouski. Tandis que les trois acolytes déambulaient dans la rue Saint-Germain, cette crainte tourmentait la jeune fille.

    — J’ai vraiment trop mangé, commenta Benjamin. J’ai l’impression que je vais exploser.

    — Tu dis ça chaque fois que nous allons dans ce restaurant, répliqua Thomas.

    — J’ai besoin de m’étendre sur un sofa et de visionner un bon film, continua le gringalet. Vous avez des suggestions ?

    Encore une fois, Thomas et Anaïs eurent du mal à lui faire comprendre qu’ils désiraient passer le reste de la soirée en tête à tête. Un mois plus tôt, Benjamin avait mis fin à sa relation amoureuse avec William. Cette rupture l’avait passablement perturbé et il n’aimait pas se retrouver seul. Malheureusement pour lui, il ne restait plus que deux semaines avant que Thomas parte s’installer à Montréal. Dans ce contexte, le hockeyeur préférait accorder davantage de temps à sa copine qu’à son meilleur ami.

    — Je me sens mal chaque fois que nous l’écartons, dit-il à Anaïs lorsqu’ils partirent de leur côté.

    La jeune fille ressentait la même chose, mais elle ne pouvait rien y faire.

    Une fois chez Thomas, les deux amoureux se servirent un jus d’orange tout en saluant les parents du hockeyeur. Laurent Fortin eut du mal à détacher ses yeux de la télévision pour leur adresser un rapide bonsoir, alors que sa femme affichait un large sourire.

    — Je pense que ma mère t’aime beaucoup, com-menta Thomas en montant à l’étage.

    — Je sais, approuva Anaïs. Je crois bien qu’elle va me manquer.

    — Tu n’auras qu’à passer la voir, dit Thomas. Tu seras toujours la bienvenue même si je ne suis pas là.

    La jeune fille afficha un sourire malicieux, celui que Thomas n’arrivait jamais à décoder. Que dissimulait-elle cette fois-ci ? Il n’en avait pas la moindre idée. Elle était si imprévisible qu’il devait s’attendre à tout. Le regard insistant, il guettait patiemment le moment où elle lui révélerait son secret. Amusée, Anaïs lui proposa plutôt d’essayer de deviner.

    — Je n’ai pas la tête à ça, se plaignit Thomas. Tu sais que j’ai un problème important qui bloque toutes mes facultés mentales.

    Il était ennuyé par le mystère de son amoureuse. Anaïs était consciente qu’il perdrait vite patience.

    — J’ai décidé d’aller habiter à Montréal, dit-elle enfin.

    Cette révélation prit Thomas au dépourvu, au point qu’il ne sut pas comment réagir.

    — Dis quelque chose, insista Anaïs. Tu n’es pas content ?

    Le hockeyeur comprit qu’il devait rapidement se reprendre.

    — C’est vraiment génial, dit-il sans grande conviction.

    Sa voix trahissait un certain malaise.

    — Tu y penses depuis longtemps ? demanda-t-il.

    Il ignorait pour quelle raison il réagissait ainsi. Il aimait réellement Anaïs. Si elle s’installait dans la métropole, leur couple n’aurait pas à vivre une relation à distance. Et pourtant, quelque chose le gênait.

    — Ne t’en fais pas, le rassura-t-elle. Je sais que ta vie sera complètement différente une fois que tu seras une vedette des Canadiens. Toutes les filles se jetteront à tes pieds, ton compte en banque explosera et tu seras accaparé par les médias.

    Elle prit une pause et s’approcha de lui.

    — Tout ça n’a aucune importance, conclut-elle. Der-rière ce mur d’apparences, nous resterons les mêmes. Je crois que c’est tout ce qui compte.

    Thomas était abasourdi. Une fois de plus, sa copine avait mieux compris que lui-même ses sentiments. Inconsciemment, il avait peur de la décevoir. En jouant dans la prestigieuse Ligue nationale de hockey, il craignait de devenir quelqu’un d’autre, de changer au point qu’Anaïs ne veuille plus de lui.

    — Je suis stupide, dit-il en poussant un soupir. Tu sais probablement mieux que moi ce qui m’attend à Montréal.

    Deux semaines plus tard, les amoureux remplissaient à craquer la voiture de la jeune fille. Thomas avait vendu la sienne en prétextant que les transports en commun étaient la meilleure façon de se déplacer dans la métropole. Ce n’était vrai qu’en partie. Sans vouloir l’admettre, il était un peu effrayé à l’idée de conduire à Montréal, même s’il y avait passé sa jeunesse.

    — Vous devriez avoir honte de me laisser ici, se plaignit Benjamin.

    — Tu n’as qu’à venir avec nous, contra Thomas. Il y a aussi des cégeps à Montréal.

    Ce n’était pas les études qui retenaient son compagnon à Rimouski. Au cours de la dernière année, Benjamin s’était acquis une certaine réputation professionnelle et s’était vu proposer de commenter régulièrement les matchs de l’Océanic. C’était une offre qu’il n’avait pu refuser. Malgré son jeune âge, il avait l’occasion d’acquérir une expérience que d’innombrables étudiants en journalisme lui auraient enviée. Pour cette raison, il ne pouvait accompagner Thomas et Anaïs.

    — À bientôt, lui lança sa cousine avant de s’installer dans la voiture.

    Elle ne devenait pas sentimentale aussi facilement. Thomas se montra plus cordial. Il s’approcha pour serrer la main de son ami. Benjamin comprit l’inquiétude du hockeyeur. Malgré tous leurs efforts, ils n’avaient toujours pas résolu le problème du bâton de Maurice Richard.

    — Je suis certain que tout ira bien, dit l’intellectuel. Je vais continuer de chercher une solution.

    Thomas le remercia, puis monta à son tour dans la voiture. Une heure plus tôt, il avait dit au revoir à ses parents et fait le plein d’essence. Le moment du départ était arrivé. Il était à peine neuf heures lorsque Anaïs accéléra sur l’autoroute. Ravie, elle appréciait ce trajet qui devait la mener vers une nouvelle vie. Son copilote était beaucoup plus maussade. Thomas avait espéré trouver une solution miracle à son problème avant de quitter Rimouski. Jusqu’ici, il avait toujours réussi à se tirer des pires situations, mais rien n’indiquait qu’il y parviendrait cette fois encore.

    Ch2.jpg

    En déambulant dans les rues de Montréal, Thomas se sentait déjà plus en confiance. Il réalisait que la grande ville lui avait manqué, même s’il avait su apprécier les charmes du Bas-Saint-Laurent. L’effervescence de la métropole lui redonnait espoir, comme si tout était possible dans cette ville où la population vouait un véritable culte au hockey.

    Il passa la soirée en compagnie d’Anaïs, puis vint le temps pour eux de se séparer. Thomas avait accepté de partager un appartement avec deux autres jeunes hommes sélectionnés par les Canadiens lors du repêchage. Willem McCain, le joueur le plus prometteur, était originaire du Nouveau-Brunswick et parlait passablement bien français. Joshua Miller, un défenseur plutôt costaud, était quant à lui américain et ne connaissait que quelques mots dans la langue de Molière. Plus tôt dans la journée, Thomas avait brièvement discuté avec eux lorsqu’il avait déposé ses affaires à l’appartement. Il leur avait offert de leur montrer la ville, sachant qu’ils connaissaient à peine Montréal. Ses colocataires avaient refusé, car ils préféraient se reposer avant le camp d’entraînement qui débutait le lendemain. Ce n’est qu’en remettant les pieds dans le logement que Thomas comprit qu’il rentrait beaucoup trop tard. Son angoisse réapparut d’un seul coup. Avant de se mettre au lit, il jeta un rapide coup d’œil à son bâton qu’il avait rangé dans la garde-robe.

    — Je ne peux pas m’en passer, murmura-t-il, désespéré.

    Heureusement, il était trop épuisé pour se morfondre durant des heures. En quelques secondes, il trouva le sommeil, content de fuir ses problèmes pour entrer dans le monde des rêves.

    La nuit passa en un clin d’œil. Thomas se leva et avala un jus d’orange, deux toasts et un bol de céréales. C’était à peu de choses près tout ce qu’il avait apporté à manger. Willem et Joshua étaient déjà habillés et préparaient leurs affaires. À l’occasion, ils lançaient de rapides regards vers Thomas, en se demandant pour quelle raison leur nouveau compagnon n’était pas plus excité. Comment pouvait-il être aussi désinvolte alors que c’était sa première journée dans la LNH ?

    — Nous allons bientôt partir, le pressa Willem. Tu devrais accélérer un peu.

    Thomas réalisa qu’il ne pourrait pas éternellement repousser l’inévitable. À contrecœur, il termina rapidement son déjeuner et prépara son sac de hockey. Au moment de choisir son bâton, il eut l’impression d’être pris au piège. Devait-il prendre celui en graphite ou celui du Rocket ? Ce que ses colocataires s’imaginaient être de la désinvolture était en réalité une profonde angoisse. Il ne voulait pas revivre les mêmes difficultés que celles qu’il avait connues lors des deux dernières années. Sur un coup de tête, il s’empara du bâton de Maurice Richard, puis suivit ses coéquipiers. Dans le métro, en direction du centre Bell, il cherchait une façon de justifier l’utilisation de son arme secrète. Lorsqu’il passa les portes de l’amphithéâtre, il n’avait toujours rien trouvé.

    Plusieurs employés étaient chargés de vérifier les noms des recrues, à qui on faisait passer toute une batterie de tests médicaux. Une fois cette étape terminée, les joueurs étaient envoyés au vestiaire, où les attendait le gérant de l’équipement. À ce moment, plusieurs recrues se sentirent ridicules d’avoir traîné leur sac de hockey.

    — On vous avait pourtant bien indiqué d’apporter uniquement vos patins, grogna Vincent Michaud en fournissant l’équipement requis à chaque joueur. Les jeunes ne savent plus lire !

    Intimidé, Thomas confia son sac noir au grincheux, qui lui demanda aussi de lui remettre son bâton. Une montée d’adrénaline foudroya le jeune hockeyeur. Il était au pied du mur. C’était le moment ou jamais de trouver une solution.

    — Je tiens vraiment à ce bâton, dit-il fébrilement. Je préférerais continuer de l’utiliser.

    — Ne fais pas le gamin, maugréa Vincent. Nous four-nissons le meilleur équipement sur le marché.

    — Vous ne comprenez pas, insista Thomas. Je…

    Le gérant de l’équipement ne lui laissa pas le temps de terminer sa phrase.

    — Monsieur Sauvay ! Nous avons un récalcitrant.

    En entendant prononcer ce nom, Thomas se raidit d’un coup. Charles Sauvay était depuis deux ans l’entraîneur des Canadiens de Montréal. D’une cinquantaine d’années, il était grand, massif et portait les cheveux courts. Lors des matchs, il était toujours vêtu d’un élégant complet, mais sa tenue était beaucoup plus décontractée ce jour-là.

    — Il y a un problème ? demanda l’entraîneur en s’approchant.

    — Cette tête de mule veut conserver son bâton, expliqua Vincent. Je n’ai pas le temps pour ces enfantillages. Je suggère qu’il reste sur le banc aujourd’hui.

    Le regard de Charles Sauvay s’assombrit. De toute évidence, il n’aimait pas qu’on lui dise comment gérer son équipe.

    — Je peux tout expliquer, lança Thomas pendant qu’il était encore temps.

    Son cerveau fonctionnait à plein régime. Il com-mença à parler sans réellement savoir ce qu’il allait dire.

    — Ce bâton appartenait à mon père, se surprit-il à raconter. Il a toujours rêvé de jouer dans la LNH. Lorsqu’il me l’a donné, je lui ai promis de l’utiliser si je devenais un joueur professionnel.

    L’entraîneur parut croire son histoire. Sévère, il n’était toutefois pas reconnu pour être injuste.

    — Tu ne seras pas très précis avec cette antiquité, dit-il en souriant. J’espère pour toi que tu seras à la hauteur.

    Il tourna les talons sans rien ajouter. Abasourdi par ce qui venait d’arriver, Thomas resta figé.

    — Tu as tout ton équipement, lui indiqua Vincent. File avec ton bâton et laisse la place aux autres.

    Contre toute attente, Thomas avait réussi à s’en sortir. Combien de fois Anaïs lui avait-elle répété qu’il devait faire preuve d’audace  ? Soulagé, il se rendit au vestiaire et enfila son équipement. Ce fut au moment d’endosser le chandail du Tricolore qu’il réalisa vraiment ce qui lui arrivait. Il était dans l’antre des Canadiens de Montréal, le lieu où tous les gamins rêvent d’aboutir. Il avait vu cet endroit des centaines de fois à la télévision, espérant pouvoir un jour y mettre les pieds. Ce souhait devenait réalité et il n’était pas un simple visiteur. Conscient de sa chance, il s’accorda une minute pour regarder autour de lui et imprégner cet instant dans sa mémoire. Exceptionnellement, quelques vétérans participaient au camp de perfectionnement, probablement dans le but de stimuler la relève. Près de Thomas, Anton Jarkov laçait ses patins, ce qui était presque surréaliste. Cet athlète d’origine russe avait joué presque toute sa carrière à Montréal. Deux

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