Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

L’école me déteste: Roman
L’école me déteste: Roman
L’école me déteste: Roman
Livre électronique109 pages1 heure

L’école me déteste: Roman

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

« Dès la première récréation, j’ai compris que ma vie ne tenait qu’à un fil. Éric s’est affirmé tout de suite comme le roi de la cour. Il a organisé deux équipes de foot, les plus grands d’un côté, les plus petits de l’autre. Inutile de préciser de quel groupe je faisais partie. Les filles, elles, sont allées jouer plus loin, à côté de la barrière. Les règles du foot, normalement, tout le monde les connaît. Pas celles décidées par Éric. Il confond foot et bowling. Lui et son équipe étaient des lanceurs, et nous, les plus maigres, on était les quilles. »

Un roman à quatre mains sur un sujet encore tabou de nos jours : le harcèlement scolaire et l’impuissance des adultes et des institutions face à ce fléau.

À PROPOS DES AUTEURS

Comédienne depuis son plus jeune âge et scénariste pour la télévision, Julie Jézéquel a écrit plusieurs livres pour la jeunesse ainsi qu’un roman pour adultes. Elle s’attache à aborder avec humour des sujets de société souvent graves. Elle habite en Dordogne, près de Bergerac.

Après l’école où il avait des grandes oreilles, Baptiste Miremont a obtenu un master d’histoire. Il a ensuite écrit des articles pour des magazines de société, déménagé trois ans en Californie pour vivre sur un ranch. De retour en France, il travaille dans le paysagisme et l’écologie – et ses oreilles, rattrapées par la croissance du reste de son corps, ont désormais l’air tout à fait normal.
LangueFrançais
ÉditeurLe Muscadier
Date de sortie17 févr. 2020
ISBN9791096935543
L’école me déteste: Roman

Auteurs associés

Lié à L’école me déteste

Livres électroniques liés

École et éducation pour enfants pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur L’école me déteste

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    L’école me déteste - Julie Jézéquel

    auteurs

    Qui se sent morveux se mouche.

    L’AVARE DE MOLIÈRE

    (ACTE I SCÈNE 3)

    Prologue

    Mes pieds quittent le sol et ma gorge se serre. J’ai de plus en plus de mal à respirer. Je n’entends plus grand-chose. Mes yeux gonflent comme s’ils allaient sortir de l’intérieur de ma tête. J’ai chaud au corps, dans la nuque, sous mes cheveux. Jamais je n’ai eu aussi chaud et, pourtant, ma sueur est froide. Depuis que je suis petit, je fais des rêves où je vole dans les airs. Pour une fois que ça m’arrive en vrai, c’est dommage que ce soit juste avant que je meure. J’ai bien essayé de desserrer l’étau qui me broie la gorge mais, très vite, mes doigts sont devenus mous et mes bras sont retombés comme s’ils étaient en mousse. Je sens du mouillé qui coule le long de mon menton et je pense : c’est de la bave. Et imaginer que ma bouche grimaçante pleine de bave est la dernière image de moi que verront les copains et la maîtresse me fait pleurer. Je dois être affreusement laid. Un petit pleurnichard tout rougeaud. Il paraît qu’en mourant, on se fait caca dessus. C’est mon grand frère Louis qui me l’a dit. Il fait des études d’histoire, il est beaucoup plus grand que moi et il m’apprend plein de choses, mais j’espère que, pour une fois, il a tort. Dans une BD qu’il m’a prêtée, un cow-boy dit avant de se faire fusiller par un peloton de l’armée mexicaine : « Aujourd’hui est un beau jour pour mourir ». Louis m’a dit que c’était à la mode au Far West de dire ça avant de se lancer dans une attaque perdue d’avance, une sorte de sagesse indienne ou un truc dans le genre. Le gros Éric serait parfait dans le rôle du peloton de l’armée mexicaine. Comme dans la BD, il est très gros et sale, et il n’a pas de sentiments pour les copains. Éric, il me déteste depuis toujours. « Aujourd’hui est un beau jour pour mourir » je me répète dans la tête. Ma vue se brouille et je sombre dans une espèce de coton chaud et agréable où la douleur n’existe pas. Je ne pense même plus à m’échapper, je ne pense plus à rien. J’entends seulement des cris. Pas sûr qu’elle ait lâché son maudit yaourt, la maîtresse. Elle hurle plusieurs fois le nom de mon bourreau, « Éric ! Éric ! » mais je flotte toujours dans les airs. Dans la BD de mon frère Louis, le cow-boy et ses copains ne se font finalement pas fusiller. Un coup d’État destitue le général en charge de l’exécution juste avant que le peloton tire sur eux. C’est vraiment une super BD, avec du suspens, de l’action et une fin heureuse. Même si les trucs sur la politique mexicaine sont super compliqués, je la connais par cœur.

    Je ne sens plus la main du gros Éric m’enserrer la gorge, ni aucun de mes membres et mes yeux ne peuvent pas s’ouvrir. Je pense : ah ! c’est ça être mort ? c’est comme dormir… Je pense aussi : faut pas en faire toute une histoire, c’est triste mais c’est pas une sensation désagréable – comme si on était qu’une voix dans le noir qui pense à des trucs genre des BD ou sa famille. Je vois le visage de mes frères, Antonin et Louis, et celui de mes parents, et je commence à être triste. La mort, c’est nul. Elle fait des bruits de voiture qui dérape sur les graviers de la cour : la mort, c’est bizarre.

    Maintenant que je ne suis plus qu’une petite voix dans le noir, j’ai tout le temps de réfléchir à ce que je fiche ici. Comment j’ai pu finir étranglé par le gros Éric ? Comment cette histoire d’abord banale, un enfant qui tape sur un autre à chaque récré, a pu se terminer de façon aussi triste ? C’est vrai que cette histoire, si on y pense bien, elle est super triste. Pour moi et ma famille, mais aussi pour Éric – faut pas l’oublier, le pauvre. Elle est pas finie sa vie, mais elle est déjà pas mal fichue. Alors on peut dire ce qu’on veut, que c’est un abruti, que c’est pas bien de tuer ses petits camarades à la récré, mais maintenant que le mal est fait, qu’est-ce qu’il va devenir le gros Éric ? Les gens comme Roland, sûr qu’ils vont vouloir le mettre au cachot pour toujours. Et puis quand ça recommencera, un autre jour d’une autre année dans une autre école, je parie qu’ils auront toujours pas retenu la leçon et qu’il y aura encore une maîtresse qui lèvera trop tard le nez de son yaourt pour dire « ah ! j’avais pas vu, je croyais qu’ils jouaient ». On peut se dire que tout ça, c’est comme une leçon sur la vie, et que ces petites violences de tous les jours, il vaut mieux en parler avant que ça devienne des catastrophes.

    Maintenant que je ne suis plus qu’une petite voix dans le noir, j’ai tout le temps de réfléchir à la vie. Ça, au moins, c’est chouette quand on est mort.

    Ah ! pardon, j’ai oublié de me présenter. Je m’appelle Ferdinand et j’ai 7 ans. Toute mon histoire a commencé quand j’ai sauté une classe. Une année, je suis entré en CE1 et l’année suivante, j’étais directement envoyé au CM1. C’est pas parce que je suis plus intelligent que les autres, croyez pas, c’est pas du tout ce que je suis en train de dire. C’est parce que je m’ennuyais dans ma classe. Mais là, je parie que vous ne comprenez rien à ce que je raconte. Le mieux c’est que je commence par le début.

    Pas besoin de dire que toute cette histoire m’est vraiment arrivée. Comme je suis pas vache, j’ai changé les prénoms. Ceux que ça concerne sauront très bien qu’il s’agit d’eux. À moins qu’ils perdent la mémoire. Et même si, en vieillissant, ils deviennent comme mon grand-père, ils se souviendront toujours de ce qu’ils m’ont fait subir. La maladie, elle efface pas les vieux souvenirs.

    Parce que c’est important pour comprendre l’histoire, il faut que vous sachiez que j’habite à la campagne dans une vieille maison en pierre. Quand ils étaient petits, mes frères avaient peur la nuit dans notre maison parce qu’elle est grande et que la chambre des parents est au rez-de-chaussée alors que les nôtres sont à l’étage. C’est peut-être parce qu’ils ont grandi en ville. Moi, je suis né ici, et j’ai toujours connu les nuits avec le bruit des chouettes et les branches qui craquent. Dans ma maison, je n’ai jamais peur. Le week-end, mon frère Antonin revient de l’internat et il dort dans sa chambre à côté de la mienne. Quand j’aurai son âge, je ferai comme lui. Ça doit être trop bien d’être à l’internat avec les copains. Il paraît qu’ils inventent tout le temps des jeux. Une fois, un type s’est enroulé dans un matelas attaché avec des cordes, et mon frère et des copains l’ont jeté dans l’escalier. Il a rebondi sur les marches pendant longtemps. Ça les a fait rire… mais pas le surveillant, qui a mis des heures de colle à tout le monde.

    Quand j’étais en

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1