Lily et moi - Tome 3: Même pas peur !

Par Camille Beaumier et Sylviane Beauregard

La relâche se termine et moi, Léa Beaugrand, je suis mêlée. Il reste quatre mois avant la fin du primaire. J’ai super hâte, mais je ne veux pas que ça finisse.

Normal : tout le monde nous fait peur avec le secondaire ! Apparemment, il y aura une tonne de devoirs, une foule de règlements, des profs cruels, des intimidateurs... Vivre en pleine jungle semble plus agréable ! Mes objectifs d’ici là :

- Profiter de chaque moment passé avec ma gang.
- Réaliser le plus beau numéro pour le spectacle de fin d’année.
- Oublier les méchantes prédictions d’Audrey, qui affirme que Lily se trouvera une autre BFF en première secondaire.
- Avouer à Sabine qu’on préfère TOUS aller au bal non accompagnés.
- Convaincre mes parents qu’un cellulaire sera ESSENTIEL à ma survie, l’an prochain.

Même plus le temps d’avoir peur du secondaire !

• Langue: Français
• Éditeur: De Mortagne
• Date de sortie: 8 mai 2019
• ISBN: 9782896628674

Camille Beaumier

Depuis l’adolescence, Camille écrit des romans avec sa mère, Sylviane Beauregard. Son amour des mots l’a menée à l’université, où elle se passionne pour la linguistique. Telle mère, telle fille ? Pffff ! Camille enseigne le SUP yoga ; Sylviane manque d’équilibre sur la terre ferme. Sylviane trippe sur les chiffres ; Camille adore les exercices de participes passés. Ce qui les réunit ? Les blagues nulles et les mots qui font les belles histoires.

Aperçu du livre

CHAPITRE 1

MADEMOISELLE PRALINE

J’ai connu Marie à la maternelle. La première fois que je l’ai vue, elle serrait une souris contre son cœur. Un toutou, là, pas une vraie !

J’ai tout de suite secoué ma souris à moi devant celle de Marie. Puis, j’ai dit avec ma voix de souris qui parle du nez¹ :

— Je m’appelle Mimi. Toi, c’est quoi, ton nom ?

Marie m’a imitée en répondant :

— Mademoiselle Praline ! Mais tu peux m’appeler juste Praline si tu veux.

— « Juste Praline ! ? ! »

C’est pas un nom de souris, ça !

On s’est regardées… et on a éclaté de rire en même temps. C’est comme ça qu’on est devenues amies.

Ce soir, je repense à Mademoiselle Praline parce que nous sommes le 3 mars. C’est aujourd’hui le party rien que pour ceux qui fréquenteront l’Académie Sainte-Anne et pas les autres.

J’avais noté la date dans mon agenda, au cas où. Je suis très prévoyante, moi. C’est une de mes qualités. Si Marie m’avait invitée à la dernière minute, j’aurais été prête.

Mais elle n’a pas changé d’idée. Nous ne sommes plus des amies pour la vie. C’est plate, mais c’est ça !

LES ADULTES ? Ils ne comprennent pas comment je me sens. Quand ils parlent des chagrins d’amour, on croirait à la fin du monde. Quand on a presque douze ans, un chagrin d’amitié, c’est un genre de fin du monde aussi.

Ce matin, j’ai confié ma peine à Lulu pendant qu’elle faisait cuire les meilleures gaufres de l’univers. Je lui ai raconté (pour la CENTIÈME FOIS, je pense !) l’histoire des biscuits chinois.

— Marie ne m’a pas invitée, Lulu.

— …

— C’est poche, hein ?

Lulu fait signe que oui.

— Je savais que tu comprendrais, Lulu, dis-je après avoir avalé une bouchée de gaufre.

— Ma Lélé, tu peux pleurer pendant le reste de l’année…

J’acquiesce en hochant la tête, puis je verse un peu de sirop d’érable sur le morceau de gaufre qui reste.

— … mais tu peux aussi voir ça autrement, ma belle fille.

— Hein ? Mais comment ? ! ?

— Profite donc du fait que Marie est encore dans ta classe pour passer du temps avec elle, au lieu de te lamenter² en pensant à l’an prochain.

— …

— C’est ton choix, Léa, conclut-elle en se servant une autre tasse de café.

— …

Seule avec mon Teddy rude, je boude dans ma chambre. Pourquoi ? Parce que… Lulu a un peu raison. Et moi, j’aime pas ça, avoir BEAUCOUP tort.

Heureusement, Lily sera dans la même école que moi, au secondaire. Nous sommes des sœurs de cœur. Plus que ça. Nous sommes in-sé-pa-ra-bles. Ce n’est pas l’EISL qui changera ça.

C’est déjà la fin de la semaine de relâche et je me pose une question : pourquoi passe-t-elle toujours super vite alors que les jours d’école, eux, s’étiiirent comme une vieille gomme collée à la semelle de mes espadrilles ? Le temps fonctionne bizarrement.

En me laissant tomber à côté de Lily sur le divan fleuri de la salle de séjour, je lui confie que j’ai hâte que l’année scolaire se termine.

— Mais en même temps, je ferais tout pour qu’elle ne finisse pas. C’est mêlé dans ma tête, ma chou !

— Je te comprends tellement, ma chou ! Je me sens pareil.

On fait un pinkie swear avant de :

visionner tous les Topsicle ³ sur Harry Potter ;

fouiller le site Internet de l’EISL à la recherche de nouvelles vidéos (zut ! Aucune) ;

liker les trois nouveaux tutoriels que Sabine a publiés sur YouTube ;

faire une bataille de coussins é-pi-que !

Lily est repartie chez elle avant le souper, parce que le repas du dimanche soir, c’est sacré pour sa mère.

Moi ? En regardant ma chambre en désordre, j’ai (encore) pensé à Marie. Pourquoi elle ne m’a pas invitée ?

Pourquoiiiiiiiiiiiii ? ?

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1Les souris ont une voix nasillarde. Tout le monde sait ça.

2C’est une expression que les vieilles personnes utilisent souvent. En tout cas, ma mémé dit ça. Ça signifie se plaindre parce qu’on est triste… ou quelque chose dans ce genre-là.

3Diffusés sur la chaîne YouTube Topsicle Cinéma , ces clips répertorient des gaffes, ou des moments rigolos, qu’on retrouve dans les films de Harry Potter, mais dans plein d’autres aussi. C’est vraiment drôle. Ma mère estime que je passe trop de temps à regarder ces « merveilles ». Même pas vrai.

CHAPITRE 2

LE DÉCOMPTE FINAL EST COMMENCÉ

Lily et moi, on se rend à l’école en escaladant les énormes bancs de neige qui bordent les rues. On fait comme si on explorait le Pôle Sud. On crie quand on s’enfonce dans la neige sale. C’est plein d’embûches, le métier d’explorateur  !

Dans la cour de l’école, Sabine nous adresse de grands signes en sautillant. Julien en profite pour lui lancer une boule de neige mouillée dans le dos.

— J’ai l’air d’une cible, moi ? Attends un peu ! hurle Sabine en enfonçant sa tuque sur sa tête avant de se lancer à la poursuite de son attaquant.

— Julien ! Sabine ! Il est interdit de lancer des boules de neige, leur rappelle madame Roxane. Vous voulez un carton jaune  ?

— Franchement, madaaame ! On est en sixième année ! Y a zéro danger. On est beaucoup plus prudents qu’en cinquième ! réplique Julien, l’air très sérieux.

Finalement, la première cloche sonne avant que Sabine ait réussi à se venger.

Audrey fait de l’attitude en marmonnant que c’est injuste. ELLE M’ÉNERVE TOUJOURS AUTANT ! Je dis ça car ç’aurait pu changer pendant la relâche. Ça ne s’est pas produit. Donc, je ne suis pas une girouette.

À la fin du branle-bas, étrangement, je me retrouve encore assise entre Julien et Lily. Dans la rangée devant nous : Marie, Mathis et Sima.

— Ça fait du bien, un peu de changement, remarque notre enseignante. Bon ! Les choses sérieuses, maintenant. J’ai les résultats de la dictée P.G.L.

— Hiiiiiiiii ! hurle Audrey, en se tournant vers Philippe pour le narguer.

— Un indice : le gagnant n’a fait aucune faute.

— Vous avez bien dit « le gagnant », madame ? la questionne Julien. Ben, c’est toi, mon Phil !

— En effet, Philippe nous représentera à la finale régionale, répond-elle en souriant. Je te félicite ! Tu remportes aussi une carte-cadeau de vingt dollars à La Petite Librairie.