Le quartier du Fleuve

10 RÉSUMÉ : Jessica, la petite-fille de madame Raymond, sans prévenir quiconque, a décidé d’emmener sa petite sœur Baby chez le dentiste, qu’elle a croisé à plusieurs reprises et dont elle est tombée folle amoureuse. Sous prétexte que les dents de lait de Baby ne tombent pas, elle sonne au cabinet. Le beau Patrice Dupeyret, qui est par ailleurs le fils naturel de Gabriel Richard, les reçoit avec bienveillance. Il demande à Jessica si elle accepterait de venir travailler au cabinet le mercredi et le samedi matin, sa secrétaire ne pouvant assurer l’accueil ces jours-là. Jessica accepte avec joie. Hélas elle apprend aussi au détour de la conversation que son cher dentiste est marié, et que son épouse et lui se sont séparés pour un temps. Aussi c’est le cœur dévasté qu’elle rentre retrouver Mamette. (Voir Veillées n^os 3447 et suivants.)

Jessica voudrait bien se confier à sa grand-mère, Mamette, partager avec elle son amour fou pour le dentiste, mais elle n’ose pas.

– Il y a bien une raison, insiste Mamette. Dis-moi pourquoi !

– Inutile, Mamette. C’est comme ça et en parler ne servirait à rien. Surtout, ne t’inquiète pas. Il n’y a rien de grave et ça va passer.

Mamette lève vers Jessica ses yeux très clairs, comme des petits lacs de ciel bleu. – Tu en es sûre ?

– Sûre et certaine. Je te défends de te faire du souci !

– Il ne s’agit pas du dentiste, au moins ? – Ben non, répond Jessica trop vite.

Elle fait la bise à Mamette et gagne sa chambre, d’une démarche aussi posée que possible. Elle s’en veut d’avoir inquiété sa grand-mère, de lui en avoir trop dit et pas assez. Mamette, toute pétrie de courage, qui porte la joie en elle et irradie, comme une lampe sa lumière douce à travers l’abat-jour.

Jessica se jette sur son lit.

Elle sanglote, elle se jure de ne jamais causer la moindre peine à Mamette, de ne pas la décevoir. Elle se jure de ne plus rencontrer Patrice. Mais alors, il faudrait renoncer à ce travail d’appoint qu’il lui a proposé ? Elle sait bien qu’elle ira tout de même le voir, que rien ne pourra