Panique dans l’ascenseur

Il n’y avait rien à faire, c’était comme une malédiction.

Chaque lundi matin, Linda arrivait en retard au bureau. Elle avait beau tout préparer la veille – sa tenue, sa salade composée dans sa boîte en plastique isotherme pour son déjeuner –, il y avait toujours quelque chose qui la retardait.

Ce pouvait être le choix de la paire de chaussures qui s’accorderait le mieux avec sa tenue ; parfois, sélectionner le ton du rouge à lèvres du jour se révélait source d’une grande perplexité. Pour mettre son teint en valeur, il fallait tenir compte de la robe portée, du temps qu’il faisait, de la lumière qui en découlait et de son état d’esprit.

Les lundis matin, Linda restait dubitative de longues minutes dans sa salle de bains. Etre toujours coquette sans ostentation, prendre soin de soi et donner une image positive à tous ses interlocuteurs était primordial aux yeux de la jolie trentenaire. Les autres jours, elle parvenait sans difficulté à gérer son temps. C’était souvent juste, mais elle arrivait toujours à 9 heures pile au huitième étage de la tour Conquest de la Défense, l’impressionnant quartier d’affaires de l’Ouest parisien. Elle était assistante au service marketing d’une société d’ingénierie informatique. Appréciée de ses collègues et de la direction de la société, considérée comme une employée sérieuse et efficace, elle devait être prochainement promue.

Cependant, même si elle se sentait très à l’aise dans son poste, les dimanches soir étaient compliqués pour la jeune femme. Dès la fin de l’après-midi, quand elle était seule, elle ressentait une forme de stress. Plus la soirée avançait, plus ce stress se transformait en une angoisse sans objet mais bien réelle. Elle avait beau tenter de se raisonner, elle ne parvenait pas à juguler cette tension qui montait et atteignait son acmé au moment d’aller dormir.

Elle avait régulièrement recours à de puissants calmants pour trouver le sommeil, ce qui ne facilitait pas son