La perle maudite

Comme chaque semaine, le jeudi matin, Amanda et Rachel, deux amies inséparables, arpentaient les rues de la pittoresque ville de Montivilliers, à quelques kilomètres du Havre. Les stands et les étals occupaient presque toutes les rues du centre et l’on y trouvait pratiquement tout ce que l’on voulait.

Les filles s’étaient connues à l’école maternelle. Ensuite, elles avaient fréquenté les mêmes établissements scolaires et ne s’étaient jamais perdues de vue.

A 35 ans, elles habitaient encore cette ville où elles étaient nées et s’étaient mariées avec deux gars de leur petite bande. Quand il s’était agi de rentrer dans la vie active, elles avaient réussi à se faire engager toutes les deux dans le même centre commercial et lorsqu’Amanda avait divorcé, l’année dernière, elle avait pu compter sur Rachel pour surmonter cette épreuve.

– J’en profiterais bien pour aller récupérer mes chaussures chez le cordonnier, fit Rachel.

– Je vais me balader du côté de l’abbaye en t’attendant.

Amanda flâna encore un petit moment dans la rue piétonne puis se dirigea vers l’abbaye.

Alors qu’elle arrivait près de la fontaine Médicis, à quelques mètres du parvis, une vieille femme l’interpella. Elle était coiffée d’une sorte de fichu gris, comme on n’en voyait pratiquement plus jamais.

– Jetez donc un coup d’œil à mes bijoux, ma petite dame, vous trouverez sans doute votre bonheur.

– C’est de l’artisanat ? demanda Amanda en se penchant sur l’étal recouvert d’un morceau de tissu rouge.

– Tout à fait, ma chère, de l’artisanat.

Il y avait des boucles d’oreilles, des bracelets, des colliers et des pendentifs que l’on aurait cru bien plus anciens qu’ils ne l’étaient en réalité et qui auraient pu passer pour authentiques si certaines pierres n’avaient pas fait un peu toc.

– Et ça? demanda Amanda en désignant un écrin bleu nuit posé à l’écart, tout au bout de l’étal.

– Ce pendentif est un peu particulier, répondit la femme en ouvrant l’écrin. Prenez-le en main. C’est une vraie perle, vous savez ! Amanda