La poupée de porcelaine
La porte s’ouvrit sur une jeune femme d’une petite vingtaine d’années, portant un pantalon de toile et un chemisier blanc à col de dentelle. Son regard se posa sur moi et le temps sembla s’arrêter. Je restai muet, planté sur son paillasson comme un imbécile, la dévisageant d’un air niais, captivé par ses immenses yeux aux iris bleu azur, bordés de longs cils à la courbe si parfaite qu’ils en paraissaient irréels.
– Bonjour, je peux vous aider ? demanda-t-elle avec un sourire. Ses lèvres pleines, adorablement dessinées, avaient la couleur et le velouté d’une pêche mûre. Sa peau, à peine nuancée de rose au niveau de ses pommettes rondes et enfantines, était blanche comme la porcelaine la plus fine…
– Heu… de la farine…, balbutiai-je avant de me reprendre un minimum. Ah oui, heu… bonjour… Avez-vous de la farine ? A me prêter, je veux dire. Je vous la rendrai plus tard, je suis votre voisin.
Elle hocha la tête, faisant danser la frange cuivrée de ses cheveux lustrés.
– J’imagine…
Je la dévisageai sans savoir quoi dire.
Ayant emménagé quelques semaines auparavant, j’avais sonné à sa porte par hasard, cherchant parmi mes voisins une personne susceptible de me dépanner. L’élégante et féminine écriture sur la sonnette de l’appartement d’en face m’avait plu et je m’étais fait la remarque, un brin sexiste, que je trouverais plus facilement ce genre de denrées chez une femme, que chez l’un de mes congénères. Ce qui n’était pas très logique puisque j’étais moi-même en train de préparer des pancakes lorsque je m’étais rendu compte que j’avais oublié de racheter de la farine.
Me voyant coi, planté sur son palier les yeux ronds et la bouche entrouverte, Eugénia Gautier – c’était le nom inscrit sur la sonnette – précisa : – De la farine. J’imagine que j’en ai.
Je restai encore un instant
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