Un parfum d’éternité
Gilles n’avait pas fait sauter le bouchon de champagne que, hurlant quelques invectives à l’adresse de Christos – décidément, le majordome semblait assez mal vu de ses employeurs –, Yourgos Siami fit son apparition entre les arcades.
C’était un homme grand, fort, au visage rubicond qu’accentuait encore une épaisse chevelure grise coupée en brosse. Il était vêtu d’un pantalon de toile et d’une chemisette bleu marine, dans l’échancrure de laquelle brillait une croix d’or où était serti un lapis-lazuli. La colère lui déformait la face, mais à la vue de ses hôtes, elle tomba brusquement, et il vint à eux les mains tendues, un large sourire aux lèvres.
– Votre Altesse… balbutia Gilles, impressionné malgré lui par la silhouette de ce géant.
– Appelez-moi donc Yourgos, comme tout le monde, monsieur Seghens ! Ma femme aime bien qu’on la traite selon son rang, en revanche, je m’en moque ! Et d’ailleurs, en Grèce, de nos jours, est-il de bon ton d’étaler ses titres ? Depuis l’abdication de Constantin, je ne crois guère en notre avenir… Ah ! mais je ne vous avais pas vue, chère madame… Ne vous cachez pas derrière votre mari. Vous êtes plus agréable que lui à regarder !
Il éclata d’un rire tonitruant en saisissant d’un geste maladroit les doigts de Claire et en lui baisant le poignet avec ferveur.
– Du champagne, mon ami ? demanda Samantha.
– Bien entendu !
Il avala goulûment sa coupe et s’en servit aussitôt une autre. La sueur qui perlait à son front, il l’essuya du revers de la main, sans façon, comme l’aurait fait un ouvrier sur un chantier. Apparemment, le prince n’était ni orgueilleux ni maniéré. Il ne manquait pas pour autant d’érudition. Claire, qui avait fait de solides études, put le constater au cours du dîner qui suivit.
Au premier abord, Yourgos Siami ne semblait pas plus sympathique
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