TOMBÉE de haut

Décidément, cette Judith était une perle ! Chaque jour, Brigitte ne pouvait que remercier son mari de l’avoir dénichée. Il avait eu un sacré flair.

Brigitte décida de laisser à Judith, son assistante, le soin de fermer l’atelier. Elle était pressée de se sauver. Elle fêtait ce soir ses dix ans de mariage avec Julien. Il avait songé célébrer l’événement dans un grand restaurant, mais elle avait refusé, préférant plus d’intimité.

Elle n’avait pas de temps à perdre. Il lui fallait d’abord passer chez le bijoutier pour récupérer la montre en or qu’elle avait achetée, et au dos de laquelle elle avait fait graver “Brigitte aime Julien”. Filer ensuite chez son coiffeur, puis chez le fleuriste, et enfin chez le traiteur où elle avait commandé le dîner.

– Voulez-vous que je vous rejoigne chez le coiffeur, Madame ? Je pourrais vous aider dans vos courses quand vous en sortirez.

– Non merci, Judith, je pense pouvoir me débrouiller seule. À demain.

– À demain, Madame. Bon anniversaire !

Brigitte avait embauché la jeune femme deux ans plus tôt, quand sa modeste maison de couture avait commencé à prendre de l’ampleur. Julien l’avait aidée à recevoir les postulantes, et elle n’avait pas regretté d’avoir suivi son conseil de choisir Judith. Cette dernière avait tout de suite compris ce que l’on attendait d’elle, et semblait mettre un point d’honneur à exécuter rapidement, voire anticiper, le moindre souhait de sa patronne.

Elle était vive, efficace, ne regardait jamais sa montre et offrait toujours un visage avenant. Elle était de plus assez jolie, plutôt bien faite, et Brigitte en avait profité pour lui faire porter les tailleurs de sa création. C’était un atout non négligeable auquel ses clientes n’étaient pas insensibles. Le vêtement, passé par quelqu’un d’autre qu’un mannequin, prouvait que n’importe quelle femme pouvait être élégante, sans pour cela posséder des mensurations de déesse.

– Madame