Un voyage inattendu
![lesveildeschaufr210908_article_008_01_01](https://article-imgs.scribdassets.com/6n0ohtf6dc8xze42/images/fileGJ2NN7TU.jpg)
Marie finissait à peine de sortir sa tarte du four lorsqu’elle entendit le klaxon résonner.
– Déjà ! s’écria-t-elle en se précipitant pour ouvrir le portail.
De sa petite voiture rouge, Charlotte lui fit un signe. Marie lui répondit par un sourire. Elle était heureuse de voir sa petite-fille, comme chaque dimanche. Depuis la mort de son mari, trois ans auparavant, elle avait perdu le goût de cuisiner ou de recevoir, mais elle s’efforçait de faire une exception pour Charlotte.
La voiture s’avança lentement dans l’allée en faisant crisser les graviers et se gara près de la maison. Charlotte ouvrit la portière, les bras chargés de paquets, et s’empressa d’embrasser sa grand-mère.
– Je t’ai apporté des plantes pour ta serre…
– C’est trop gentil, ma chérie, dit Marie, qui n’osa pas ajouter qu’elle n’avait plus grand plaisir à jardiner.
Charlotte huma le fumet provenant de la cuisine, dont la fenêtre était ouverte.
– Cette odeur… mais tu as fait ma tarte préférée !
Marie lui fit un clin d’œil complice. En la regardant, elle avait peine à croire que sa petite-fille allait bientôt avoir vingt-cinq ans. Le temps passait si vite ! Une immense tendresse teintée de connivence, que des événements tragiques avaient renforcée, liait les deux femmes. Charlotte n’avait que dix ans lorsque ses parents s’étaient tués dans un accident de voiture. La petite fille s’en était sortie, par un miracle que Marie ne s’était jamais expliqué, et avait passé plusieurs semaines à l’hôpital. Ses grands-parents étaient venus la voir tous les jours et lorsque la question de sa sortie s’était posée, ils n’avaient pas hésité une minute: bien que dans l’automne de leur âge et déjà retraités, ils élèveraient l’enfant, comme ils avaient élevé leur propre fille, trente ans auparavant.
Charlotte était encore traumatisée par les événements lorsqu’elle était venue s’installer dans leur jolie maison de Cheverny, et malgré tout leur amour et leur bonne volonté, il leur avait fallu attendre des semaines avant de l’entendre prononcer une parole et des mois avant qu’un sourire ne réapparaisse sur son visage. Marie n’oublierait jamais le jour où elle avait entendu à nouveau le rire cristallin de sa petite-fille, qui avait réussi à attraper un papillon sur l’arbre à papillon que son mari venait de planter devant la maison. Le printemps était revenu dans leurs existences, avait alors pensé Marie. Quelles que soient les épreuves que la vie nous envoie, elle nous donne aussi la force de les surmonter.
Elle ne put s’empêcher
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