Suspense L’autre moitié de moi
Il était entré dans la vie de Paula par une collision. Elle lui avait littéralement foncé dessus à vélo. Paula était en retard pour un entretien d’embauche. Penchée sur son guidon et pédalant frénétiquement comme une sprinteuse dans la dernière ligne droite, elle répétait son argumentaire pour convaincre son possible employeur, quand il avait surgi sur la chaussée. Les doigts de Paula s’étaient crispés sur les freins, l’arrière v s un coup, valdingu par-dessus le guidon pour atterrir contre le torse du jeune homme qu’elle avait à peine aperçu. Déséquilibrés, ils s’étaient retrouvés à terre, enlacés comme des amoureux.
Puis, quand elle avait levé des yeux contrits vers lui, sa colère s’était évaporée. Avec un sourire à faire craquer un sphinx, elle s’était excusée : elle ne l’avait pas vu, il avait surgi si brusquement. Il l’avait aidée à se relever : – Ce n’est rien, mais vous devriez vérifier vos freins. Les patins de ceux de la roue arrière doivent être hors d’usage. Il avait relevé le vélo de Paula et vérifié. – C’est bien ce que je pensais, les patins sont cuits, avait-il dit. Mais Paula n’écoutait pas. Au bord des larmes, elle contemplait son collant troué sur sa jambe éraflée. Il s’était voulu rassurant. – Ça n’a pas l’air trop grave. C’est superficiel. Un peu de désinfectant et dans quelques jours votre peau ne s’en souviendra plus. Paula avait levé un regard d’apocalypse sur lui. – Mais si, c’est grave ! Maintenant c’est foutu. Dans l’état où je suis, mon rendez-vous est fichu. Et de toute façon je serai trop en retard. Et en plus, j’ai failli vous tuer. Il avait souri. Elle avait une frimousse enfantine, une frimousse sacrément ravissante auréolée d’une mousse de cheveux auburn dans laquelle il aurait bien enfoui son visage. – N’exagérons rien. Je suis indemne et tout n’est peut-être pas perdu pour votre entretien. Si vous voulez, je peux
