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Désillusions
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Livre électronique125 pages1 heure

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À propos de ce livre électronique

Comme chaque année, un groupe d'ami·e·s se retrouve pour passer le week-end de Thanksgiving ensemble. Le givre recouvre les feuilles mortes, la tarte à la citrouille embaume la cuisine, et la petite bande s'installe confortablement pour passer un bon moment.
Mais rien ne se passe comme prévu. Pendant qu'une rencontre inattendue fait des étincelles, des couples de longue date se déchirent, et deux femmes sont prêtes à tout pour cacher un lourd secret.
C'est certain : plus rien ne sera jamais comme avant.

 

Un roman queer et inclusif, inspiré de l'album evermore, de Taylor Swift.

LangueFrançais
ÉditeurEmma Herbé
Date de sortie30 nov. 2022
ISBN9782958188245
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    Désillusions - Emma Herbé

    1

    david

    La sonnette retentit.

    – Est-ce que tu peux ouvrir ? demanda Laurence.

    David essuya ses mains dans un torchon et sortit de la cuisine à grands pas. L’odeur de pommes de terre au four parfumait l’air et les conversations de ses ami·e·s lui parvenaient depuis le salon. Il sourit.

    – Bienvenue dans la maison du bonheur ! s’écria-t-il en ouvrant la porte.

    C’était son cri d’accueil officiel, et la réponse attendue était « plus on est de fous, plus on rit ! », suivie d’une accolade. C’était leur tradition.

    Mais la réponse ne vint pas. Car sur le perron se tenait un homme que David n’avait jamais rencontré auparavant. Il avait la peau noire, de grands yeux bruns, et des membres fins. Sa barbe courte mettait en valeur les traits ciselés de son visage. Un coup d’œil suffit pour analyser sa tenue : pull à col roulé marron, pantalon en velours noir et chaussures en cuir fraîchement cirées. Du prêt-à-porter, de bonne qualité, mais du prêt-à-porter quand même. Un look 100 % dark academia.

    Un sourire en coin se dessina sur les lèvres de David.

    – Bonjour, je suis Paul, se présenta l’inconnu. Je suis un ami de Laurence et Emily. Elles m’ont invité pour Thanksgiving.

    – Enchanté, moi c’est David. Est-ce que tu as des valises ?

    – Juste ça, répondit Paul en soulevant une sacoche en cuir.

    Dark academia jusqu’au bout des doigts.

    – Entre alors, ou on va geler tous les deux.

    David se colla dos à l’embrasure de la porte pour le laisser entrer. Paul hésita un instant, puis monta les dernières marches du perron et s’engouffra dans le hall. Discrètement, David huma l’air. Paul ne portait pas de parfum, mais il avait une odeur particulière et agréable. David fit glisser son regard sur les arbres nus, la pelouse recouverte de feuilles, le ciel gris, puis referma la porte. Thanksgiving allait être exceptionnel cette année.

    Paul se tenait dans le couloir, l’air indécis.

    – Laurence est dans la cuisine, expliqua David. Et Emily au salon.

    – La cuisine ? demanda Paul en tournant la tête à droite et à gauche.

    – C’est la première fois que tu viens ?

    Paul hocha la tête. Le sourire de David s’élargit.

    – Je vais te faire visiter alors. Mais d’abord, allons voir Laurence.

    À grandes enjambées, il rejoignit le fond du couloir.

    – Paul est arrivé, annonça-t-il une fois dans la cuisine.

    Laurence laissa échapper un cri de joie, accourut, et se jeta dans les bras du nouveau venu. Paul répondit maladroitement à son embrassade, et enfonça son visage dans ses boucles brunes. Lorsqu’iels se détachèrent l’un·e de l’autre, quelque chose en lui semblait moins tendu.

    – Je suis contente que tu sois là ! s’exclama-t-elle en posant une main sur son épaule.

    – Merci de m’avoir invité.

    – Tu as fait bonne route ? Pas trop de circulation ?

    Paul haussa les épaules.

    – Tu veux boire quelque chose ? Un vin chaud, de l’eau, du jus de pomme, une bière ?

    – De l’eau, ce sera très bien.

    En un clin d’œil, Laurence revint avec un verre d’eau, qu’elle lui tendit avec un large sourire.

    – Alors, tu vas bien ?

    Paul jeta un regard en coin à David, avant de répondre d’une voix plus basse :

    – Ça peut aller, oui.

    – Je suis sûre que ça s’arrangera avec le temps. Ils finiront par accepter.

    – Ça ne devrait pas être une option de ne pas accepter.

    – Je sais.

    David retourna à sa planche à découper et reprit la préparation de la salade, tout en écoutant d’une oreille leur conversation. Il y avait quelque chose chez cet homme qui le touchait. Il semblait délicat. Dans les cercles qu’il fréquentait, David ne rencontrait jamais de personnalité aussi introvertie. Cela l’attirait étrangement.

    – Tu veux que je te montre ta chambre ?

    – Je peux m’en charger, déclara David d’un ton qu’il voulait détaché. Je pensais lui faire visiter la maison.

    – Tu es chargé de la salade, rappela Laurence d’un ton blagueur.

    – Terminée.

    – Et la table ?

    – Mise.

    – Je devrais t’embaucher plus souvent.

    – Quand tu veux ma belle.

    Il l’embrassa sur la joue. Elle rougit et murmura dans son oreille :

    – Ne joue pas avec lui. Il se remet d’une grosse déception.

    *

    – Voici ta suite, déclara David en ouvrant la porte.

    Paul entra et détailla la chambre. David suivit son regard. Murs jaunes, un lit une place, une commode blanche. Dans le coin gauche, un berceau. C’était propre, soigné, impersonnel. Mort. David n’était pas entré dans cette pièce depuis plusieurs années. Son cœur se serra.

    Paul se tourna vers lui.

    – Elles attendent un enfant ?

    David secoua la tête, ferma la porte et répondit d’une voix plus basse :

    – Sujet sensible. Laurence rêve d’être mère, mais son état de santé ne lui permet pas de tomber enceinte. Emily repousse sans cesse le moment, elle dit que ce n’est pas bon pour sa carrière, que c’est encore trop tôt. C’est entre autres pour ça que je voulais te montrer ta chambre, plutôt que Laurence.

    – J’avais connaissance de sa santé fragile, affirma Paul, mais je ne savais pas…

    – Elle donne le change comme elle peut. Après plusieurs années à la côtoyer, on sait reconnaître les moments où elle feint.

    – Tu connais Emily et Laurence depuis longtemps ?

    – Bientôt dix ans. Comme toute la bande qui vient fêter Thanksgiving ici, à part Eric et Dorothea qui sont plus jeunes. Nous étions en colocation dans cette maison pendant nos études. Laurence en a hérité, et elle s’y est installée avec Emily.

    – Est-ce que je serais le seul nouveau ce week-end ?

    – Probablement.

    Un semblant de grimace se dessina sur son visage.

    – Ne t’inquiète pas, ça va bien se passer, assura David en posant une main sur son épaule. La bande est un peu folle, mais on ne mord pas.

    La porte de la chambre s’ouvrit à la volée et une tornade blonde entra.

    – David ! Je t’ai cherché partout !

    Rondelette et toujours souriante, Alice illuminait chaque pièce dans laquelle elle se trouvait. Elle leva la main, dévoilant une bouteille de champagne.

    – Du Dom Pérignon ? s’exclama David, ébahi. En quel honneur ?

    – Je vais demander Rani en mariage !

    David la fixa pendant quelques instants, avant d’éclater de rire.

    – C’est génial ! Félicitations ! Je suis content pour toi ! Pour vous !

    Alice lui sauta au cou.

    – Fais attention, prévint-il. C’est du Dom Pérignon quand même.

    Elle le lâcha.

    – Je te présente Paul. C’est un ami d’Emily et Laurence.

    Alice le salua avec enthousiasme, puis déclara :

    – Je vais la mettre dans le frigo de la cave jusqu’à ce soir. Et toi, tu ferais bien de redescendre, Laurence te cherche. Quelque chose au sujet de la tarte à la citrouille.

    – Est-ce qu’elle va me faire cuisiner tout le week-end ? soupira David d’un air faussement contrarié. Viens, Paul, je vais te présenter aux autres.

    Ils sortirent de la chambre. David fit une visite rapide de l’étage, la salle de bain, les toilettes, la tache sur le parquet qui datait d’une soirée étudiante particulièrement arrosée.

    – Le vomi a attaqué le bois, expliqua David avec nostalgie.

    Ils descendirent l’escalier en bois patiné, qui débouchait dans le couloir. Des paysages champêtres et des scènes de vie domestique représentés dans des couleurs chaudes se succédaient sur les murs. David avait toujours aimé le style idyllique des peintures de Laurence.

    La cheminée du salon était décorée de petites citrouilles, de feuilles séchées et de bougies aux flammes vacillantes.

    Ils s’approchèrent des deux grands canapés qui se faisaient face, et sur lesquels était assis le groupe d’ami·e·s. Paul se tenait à une dizaine de centimètres derrière David, hésitant.

    – Paul !

    La voix d’Emily transperça le salon. Elle se jeta sur lui et l’enveloppa dans une accolade énergique.

    David se mit en retrait pendant qu’Emily faisait les présentations.

    Noah, musclé jusqu’au bout des doigts, sa peau marron clair magnifiquement mise en valeur par une chemise jaune moutarde, son regard éveillé et attentif. David le trouvait plus en forme que les années précédentes. Quelque chose dans l’énergie qu’il dégageait. Il semblait apaisé.

    Rani,

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