Une femme de pouvoir

Renaud accompagnait depuis trois ans son ancien professeur d’œnologie, Armand Delaigue, à la vente aux enchères des vins des Hospices de Beaune.

Après quelques années dans le Bordelais, il travaillait maintenant pour un négociant lyonnais mais continuait à améliorer ses connaissances dans un domaine qui le passionnait. Claire, sa petite amie, disait en plaisantant qu’il en saurait bientôt plus sur le vin que les grands noms de l’œnologie. Renaud et Claire s’aimaient, ils étaient pleins de projets d’avenir mais ils n’avaient pas encore pris le temps d’y réfléchir, accaparés l’un comme l’autre par leur profession. Elle l’accompagnait rarement à la vente des vins, trop occupée par son agence immobilière.

Grâce à la notoriété de son prof d’œnologie, Renaud pouvait assister à la vente sous les halles de Beaune, transformées pour l’occasion en salle des ventes.

On murmurait que les enchères de l’année 2018 allaient permettre de nouveaux projets pour l’hôpital, toujours financés par la vente. C’est au cours du dîner de clôture, donné dans le bastion de l’Hôtel-Dieu, que Renaud rencontra la propriétaire du domaine des Sauvages, assise non loin de lui à la même table.

Elle ne le quittait pas des yeux et la flamme dansante des chandelles faisait scintiller des étoiles dans ses prunelles sombres. A la fin du repas, elle se glissa jusqu’à lui.

– C’est vous, le jeune œnologue dont m’a parlé mon ami Armand ? Il vous a en haute estime… Renaud rougit presque devant le compliment de la part de cette si belle femme qui paraissait très entourée.

– C’est plus une passion qu’une profession, bredouilla-t-il.

– Voilà l’important. La passion, murmura-t-elle d’une voix ardente. Elle le toisa et ajouta :

– J’ai invité Armand chez moi le week-end prochain. Voulez-vous l’accompagner ? Je suis certaine que le domaine des Sauvages vous intéressera… Quelqu’un les interrompit et elle disparut, laissant Renaud à la fois flatté et dérouté.

Armand Delaigue précisa, pendant leur retour à