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Depuis que Corinne avait appris sa nomination prochaine comme « meilleur ouvrier de France » une considérable excitation s’était emparée d’elle. Qui ne parvenait pas à retomber. Cheffe pâtissière dans un restaurant gastronomique basquais, elle avait l’habitude de l’effervescence qui régnait quotidiennement dans les cuisines. Mais ces derniers jours, l’ambiance y était devenue quasi électrique. Corinne menait la danse de façon frénétique et ses subalternes, malmenés, obéissaient en faisant la grimace. Il restait deux jours avant la remise de sa décoration. Autour d’elle on comptait les heures, voire les minutes. A commencer par Nathan, son mari. Quand ils se retrouvaient le soir, il aurait aimé, lui disait-il, l’entendre parler d’autre chose que de ce concours où ses choux à la crème l’avaient emporté sur la tarte meringuée de son rival.
Il était calme et pondéré de nature. Son métier d’agent immobilier demandait du tact, de la patience et de la sérénité. Il devait rassurer une clientèle de vendeurs ou d’acheteurs souvent stressés. Il était tout le contraire de Corinne. Et c’était sans doute pour cette raison qu’il l’avait épousée. Elle lui apportait la fantaisie dont il manquait. Son esprit créatif, sans cesse en ébullition, avait été également un facteur déterminant dans sa décision de faire sa vie avec elle.
Françoise était l’autre personne la plus proche de Corinne.
L’amie de toujours. Elles avaient étudié dans le même lycée, puis étaient entrées ensemble à l’école hôtelière. Si Corinne s’était tout de suite intéressée à la réalisation des desserts, Françoise, de son côté, avait penché pour les entrées.
A leur sortie de l’école, Corinne avait été engagée au Palais-gourmet et elle avait réussi à y faire également entrer Françoise. Bien que talentueuse, celle-ci était timide, peu sûre d’elle et n’osait pas s’imposer. Elle travaillait désormais aux côtés de son amie et, grâce à elle, dans la spécialité qu’elle avait choisie.
Les deux femmes se comportaient comme des sœurs qui s’aimaient tendrement et ne se
