Une mauvaise idée
Marc en avait assez de Paris. Il venait de fêter ses 50 ans et la vie trépidante que l’on menait dans la capitale commençait à l’oppresser. Il ressentait aussi un impératif besoin d’espace.
Il voulait écarter les murs de son appartement. Il désirait, en sortant de chez lui, respirer d’autres fragrances que celle des pots d’échappement ; entendre une autre musique que celle des klaxons, des vrombissements des motos, des altercations entre automobilistes. Rien ne le retenait dans la capitale. Ecrivain, il pouvait exercer son métier n’importe où. Seule obligation : exécuter, une fois son roman publié, une tournée de dédicaces.
Il avait très vite pris conscience que le prix Goncourt, le Renaudot et autres distinctions littéraires ne seraient jamais pour lui. Spécialisé dans le polar, il publiait trois à quatre romans par an et se voyait assuré d’un revenu confortable grâce à de fidèles lecteurs.
Il avait pu ainsi s’offrir un bel appartement dans le 8e arrondissement, qu’il voulait à présent quitter. La Bretagne le tentait. Il rêvait d’une maison, des fenêtres donnant sur la mer où il pourrait, les jours de tempête, voir bouillonner les vagues. Entre deux séances de travail, il s’était mis à la recherche sur Internet de sa future demeure. Il la trouva, entre Le Croisic et la presqu’île de Guérande, non loin des marais salants.
C’était l’endroit idéal. Aucun voisinage à part celui des paludiers qui travaillaient sur ces immenses étendues. Seuls des mulons, grands monticules de sel que ces derniers dressaient sur des plates-formes avant de récolter la précieuse denrée, bosselaient la ligne d’horizon. Le ciel, la mer à perte de vue, un petit vent vivifiant qui devait vous picoter les joues, il n’y avait pas une seconde à perdre : il appela l’agence. Le bien était en location, mais ça ne le dérangeait pas. Rendez-vous fut pris pour la semaine suivante.
Tout excité, il
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