Le rendez-vous des calanques
La pluie tombait inlassablement depuis quatre jours en cette fin du mois de juillet et il faisait frisquet. La France affichait ses couleurs estivales à l’exception de la Normandie, à contre-courant comme toujours. Claude Monet, père de l’impressionnisme, aurait fait un beau pied-de-nez à cette idée reçue, lui qui avait réussi à illuminer les paysages normands même lorsque sévissaient les indélicats frimas. Marianne, emmitouflée dans son vieux pull anti-froid, « boudait » dans son boudoir comme aurait dit son fils cadet, Sacha.
Le boudoir de Marianne était la pièce placée sous les combles de sa maison rouennaise. Cette pièce lui servait de chambre et de bureau. Marianne, indécrottable fleur bleue, l’avait appelée son « boudoir », telle cette petite pièce intime chère aux héroïnes de ces romans à l’eau de rose pour lesquels elle avait un grand faible.
Elle avait aménagé ce lieu comme un cocon dans lequel elle pouvait se retirer durant des heures, en dehors de ses temps de sommeil. Les papillons qui en émanaient étaient les nouvelles et romans d’amour qu’elle écrivait régulièrement depuis sept ans. L’écriture était une passion de toujours, également un exutoire qui pansait les blessures de sa vie. Un tapotement persistant contre la vitre du velux attira son attention. Elle se leva de son bureau et s’approcha.
Un goéland donnait des coups de bec.
Marianne, interloquée, marqua un temps d’arrêt puis posa sa main doucement sur la vitre. L’oiseau cessa son tam-tam et leurs regards s’aimantèrent durant quelques secondes. Puis il s’envola.
Elle se rassit à son bureau et posa des doigts déterminés sur le clavier de son ordinateur, fidèle complice de ses œuvres. Elle se rendit compte que depuis deux heures, elle écrivait, elle corrigeait et elle effaçait. L’inspiration lui manquait ces derniers jours. Elle était fébrile.
Elle descendit dans sa cuisine pour se servir une autre tasse de thé. Son regard tomba sur une carte postale reçue il, en caractères dorés se détachait de la coque blanche. Tout d’un coup, Marianne comprit la raison de sa fébrilité. Elle s’empara de la petite missive rectangulaire pour la énième fois depuis sa réception et relut les quelques mots inscrits dans une calligraphie qu’elle reconnaîtrait entre mille :
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