Une Villa en Sicile : Vengeance et Orangeraie (Un Cozy Mystery avec Chats et Chiens – Livre 5)
Par Fiona Grace
4/5
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À propos de ce livre électronique
--Books and Movie Reviews (à propos de Meurtre au Manoir)
UNE VILLA EN SICILE : VENGEANCE ET ORANGERAIE est le cinquième livre d'une captivante nouvelle série de cosy mysteries par l'auteur à succès Fiona Grace, auteur de Meurtre au Manoir, un best-seller n°1 avec plus de 100 critiques cinq étoiles (et un téléchargement gratuit) !
Audrey Smart, 34 ans, a entrepris un changement majeur dans sa vie, quittant sa vie de vétérinaire (ainsi qu’une succession de romances ratées) et déménageant en Sicile pour acheter une maison à 1$ - et se lancer dans des rénovations, domaine dont elle ignore à peu près tout. C'est la course folle entre le nouveau refuge municipal et la rénovation chaotique de sa propre maison — sans compter son nouveau chéri.
Lorsqu’Audrey est contactée pour retrouver un chien errant blessé dans l’orangeraie d'un vieux domaine, elle s'attend à tout, sauf à trouver l'amour. Le propriétaire du domaine est charmant, séduisant — et pour le moins singulier. Un mafieux ?
Audrey n’est pas au bout de ses surprises, ultime découverte en quittant le verger : un cadavre.
Tome 6 — VICTIME et CANNOLI — déjà disponible !
Un cosy plein de mystère, de rires, d'intrigues, de rénovations, d'animaux, de cuisine, de vin - et bien sûr, d'amour - UNE VILLA EN SICILE saura vous captiver et vous tenir en haleine jusqu’à la toute dernière page.
« Le livre avait du cœur et toute l'histoire fonctionnait de manière très fluide, sans sacrifier ni l'intrigue, ni la personnalité. J'ai adoré les personnages – il y avait tellement de personnages fantastiques ! J'ai hâte de lire ce que Fiona Grace nous réserve pour la suite ! »
-- Critique d'Amazon (à propos de Meurtre au Manoir)
«Wow, ce livre décolle et ne s'arrête jamais ! Je n'ai pas pu le poser ! Je recommande chaudement pour ceux qui aiment un super cosy mystery avec des rebondissements, des retournements, de la romance et un parent perdu depuis longtemps ! Je lis le prochain livre en ce moment même ! »
-- Critique d'Amazon (à propos de Meurtre au Manoir)
« Ce livre va à un rythme plutôt soutenu. Il a tout juste le bon mélange de personnages, de lieux et d'émotions. J’ai eu du mal à le reposer et j'espère lire le prochain livre de la série. »
-- Critique d'Amazon (à propos de Meurtre au Manoir)
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Avis sur Une Villa en Sicile
1 notation0 avis
Aperçu du livre
Une Villa en Sicile - Fiona Grace
UNE VILLA EN SICILE :
VENGEANCE ET ORANGERAIE
(Un Cozy Mystery avec Chats et Chiens — Livre Cinq)
FIONA GRACE
Fiona Grace
Fiona Grace est la nouvelle autrice des séries policières cosy LACEY DOYLE, qui comprend neuf livres; ROMAN À SUSPENSE EN VIGNOBLE TOSCAN, qui comprend sept livres; UN COSY MYSTERY D’UNE SORCIÈRE DOUTEUSE, qui comprend trois livres ; LA BOULANGERIE DE LA PLAGE, qui comprend six livres; et UN COZY MYSTERY AVEC CHATS ET CHIENS, qui comprend neuf livres.
Fiona aimerait avoir de vos nouvelles, alors rendez-vous sur www.fionagraceauthor.com pour recevoir des ebooks gratuits, connaître les dernières nouvelles et rester en contact.
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Copyright © 2021 par Fiona Grace. Tous droits réservés. Sauf dérogations autorisées par la Loi des États-Unis sur le droit d’auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise sous quelque forme que ce soit ou par quelque moyen que ce soit, ou stockée dans une base de données ou système de récupération, sans l’autorisation préalable de l’auteur. Ce livre électronique est réservé sous licence à votre seule jouissance personnelle. Ce livre électronique ne saurait être revendu ou offert à d’autres personnes. Si vous voulez partager ce livre avec une tierce personne, veuillez en acheter un exemplaire supplémentaire par destinataire. Si vous lisez ce livre sans l’avoir acheté, ou s’il n’a pas été acheté pour votre seule utilisation personnelle, vous êtes priés de le renvoyer et d’acheter votre exemplaire personnel. Merci de respecter le travail difficile de l’auteur. Il s’agit d’une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les lieux, les événements et les incidents sont le fruit de l’imagination de l’auteur ou sont utilisés dans un but fictionnel. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou mortes, n’est que pure coïncidence. Image de couverture : Copyright Pigprox, used under license from Shutterstock.com.
PAR FIONA GRACE
UN COZY MYSTERY AVEC CHATS ET CHIENS
UNE VILLA EN SICILE : MEURTRE ET HUILE D’OLIVE (Tome 1)
UNE VILLA EN SICILE : DES FIGUES ET UN CADAVRE (Tome 2)
UNE VILLA EN SICILE : VIN ET MORT (Tome 3)
UNE VILLA EN SICILE : CÂPRES ET CALAMITÉ (Tome 4)
UNE VILLA EN SICILE : VENGEANCE ET ORANGERAIE (Tome 5)
SÉRIE POLICIÈRE COSY LA BOULANGERIE DE LA PLAGE
UN CUPCAKE FATAL (Tome 1)
UN MACARON MEURTRIER (Tome 2)
UN POP-CAKE DANGEREUX (Tome 3)
UN ROMAN POLICIER ENSORCELÉ
SCEPTIQUE À SALEM : UN ÉPISODE DE MEURTRE (Tome 1)
SCEPTIQUE À SALEM : UN ÉPISODE DE CRIME (Tome 2)
SCEPTIQUE À SALEM : UN ÉPISODE DE MORT (Tome 3)
LES ROMANS POLICIERS DE LACEY DOYLE
MEURTRE AU MANOIR (Tome 1)
LA MORT ET LE CHIEN (Tome 2)
CRIME AU CAFÉ (Tome 3)
UNE VISITE CONTRARIANTE (Tome 4)
TUÉ PAR UN BAISER (Tome 5)
RUINE PAR UNE PEINTURE (Tome 6)
RÉDUIT AU SILENCE PAR UN SORT (Tome 7)
PIÉGÉE PAR UN FAUX (Tome 8)
CATASTROPHE DANS UN CLOÎTRE (Tome 9)
ROMAN À SUSPENSE EN VIGNOBLE TOSCAN
MÛR POUR LE MEURTRE (Tome 1)
MÛR POUR LA MORT (Tome 2)
MÛR POUR LA PAGAILLE (Tome 3)
MÛR POUR LA SÉDUCTION (Tome 4)
MÛR POUR LA VENGEANCE (Tome 5)
MÛR POUR L’AMERTUME (Tome 6)
MÛR POUR LA MALVEILLANCE (Tome 7)
SOMMAIRE
CHAPITRE UN
CHAPITRE DEUX
CHAPITRE TROIS
CHAPITRE QUATRE
CHAPITRE CINQ
CHAPITRE SIX
CHAPITRE SEPT
CHAPITRE HUIT
CHAPITRE NEUF
CHAPITRE DIX
CHAPITRE ONZE
CHAPITRE DOUZE
CHAPITRE TREIZE
CHAPITRE QUATORZE
CHAPITRE QUINZE
CHAPITRE SEIZE
CHAPITRE DIX-SEPT
CHAPITRE DIX-HUIT
CHAPITRE DIX-NEUF
CHAPITRE VINGT
CHAPITRE VINGT ET UN
CHAPITRE VINGT-DEUX
CHAPITRE VINGT-TROIS
CHAPITRE VINGT-QUATRE
CHAPITRE VINGT-CINQ
CHAPITRE VINGT-SIX
CHAPITRE UN
Audrey Smart enfonça ses ongles dans les accoudoirs de son siège lorsque les roues du minuscule avion à hélices se posèrent dans la brume et entamèrent une remontée cahoteuse de la piste d’atterrissage de fortune. À travers le hublot n’apparaissait qu’un paysage stérile s’étirant au loin jusqu’à une chaîne de montagnes noires qui disparaissaient dans les nuages.
Montagna.
Après toutes ces années, elle y était enfin. Et, avec un peu chance, elle y retrouverait son père, perdu de vue depuis bien longtemps.
C’était en effet la raison de ce voyage. Retrouver le père idolâtré dans son enfance, qu’elle n’avait pas revu depuis ses douze ans. Des retrouvailles épiques, matière à un téléfilm bien dramatique, de quoi faire pleurer dans les chaumières.
Mais il n’y a pas que ça, lui rappela une voix insidieuse dans son esprit tandis qu’elle se frayait un chemin vers l’avant de l’appareil, où le pilote l’aida à débarquer sur le tarmac. Les trois autres passagers, visiblement des gens du coin, se dirigeaient vers un bâtiment blanc de taille modeste indiquant « Montagna Aeroporto » et elle leur emboîta le pas, traînant son sac de voyage derrière elle.
Elle n’avait vraiment aucune envie de s’attarder sur les autres raisons de son voyage. Mais ces raisons — Raison un et Raison deux — semblaient déterminées à revenir occuper l’avant de ses pensées. Chaque fois qu’elles avaient menacé de lui envahir l’esprit pendant la demi-heure qu’avait duré le vol, elle s’était frappé la tempe dans l’espoir de les en déloger. Peine perdue.
Quand elle désactiva le mode avion de son téléphone, elle vit qu’elle avait reçu un message de Raison un : J’espère que ton voyage se passe bien. Tu me manques.
Elle avait maugréé brièvement dans sa barbe. Mason Legare, l’expatrié au corps de rêve qui vivait à deux pas de chez elle à Mussomeli, la petite ville sicilienne où elle dirigeait un cabinet vétérinaire, était beau, charmant, serviable et… avait le pire sens du timing imaginable.
Une fois dans l’ombre de l’aérogare, elle hésita une seconde à répondre au message, avant de décider de n’en rien faire. C’était Mason qui l’avait poussée à entreprendre ce voyage et à se lancer dans ce qui s’avérerait certainement n’être qu’une quête futile, avant qu’elle n’ait fini de faire toutes les recherches nécessaires. C’était Mason et…
Son téléphone vibra. C’était un message de G, propriétaire de la Mela Verde, le café le plus populaire de Mussomeli. J’ai hâte de dîner avec toi, principessa.
— Bon sang, grommela-t-elle à voix haute, traversée par l’envie de leur tordre le cou à tous les deux.
Un rendez-vous galant était bien la dernière chose qu’elle avait en tête. L’expression même de « rendez-vous » lui avait provoqué une poussée d’urticaire. Elle avait pourtant réussi à en accepter deux pour le week-end qui arrivait, un avec Mason, l’autre avec G. Ces deux-là, et leur timing lamentable. C’était typique. Un timing lamentable régissait sa vie entière. Après des semaines et des semaines à tergiverser, depuis son arrivée à Mussomeli quatre mois plus tôt, ils avaient enfin décidé de lui déclarer leurs flammes respectives et leur désir d’entamer avec elle une relation… sérieuse.
Dire que la tête lui en avait tourné ne ferait pas justice au sentiment qui l’avait envahie. Ils lui plaisaient tous les deux, pour des raisons totalement différentes, et elle s’était sentie incapable de refuser. Pendant un moment, elle avait pensé choisir Mason, l’Américain qui comprenait les difficultés qu’elle rencontrait au quotidien à vivre dans un pays étranger. Mais depuis qu’elle avait rencontré G, il était indéniable qu’il l’attirait également. Il était le visage aimable qui l’avait accueillie à son arrivée à Mussomeli, et l’une des principales raisons qui la faisaient se sentir là chez elle. Il s’était montré si gentil et accueillant, et avait toujours été là pour elle avec un bon bol de ciambotta et ses conversations amicales.
De quoi devenir dingue.
La seule issue qu’elle avait été capable de discerner était la fuite, alors même qu’elle venait tout juste de rentrer de Lipari, petite île du nord de la Sicile, où l’avait envoyée un problème de chats errants.
Heureusement, son assistante Concetta était toujours là quand elle en avait besoin et lui avait suggéré, quand elle lui avait raconté ses déboires amoureux, de prendre le temps d’y réfléchir à tête reposée pour décider de ce qu’elle voulait faire. Elle avait bien remarqué les plaques rouges qui couvraient les bras d’Audrey et lui avait ordonné de faire une pause pour se vider l’esprit.
Déboires amoureux… Quand avait-elle jamais eu, au cours de ses trente-cinq années passées sur cette terre, des déboires amoureux ? Les plus gros problèmes qu’elle avait rencontrés avec les hommes jusqu’ici étaient justement qu’ils avaient tendance à garder leurs distances avec elle. Et à présent qu’elle n’en avait pas moins que deux à ses pieds, elle faisait une crise d’urticaire.
Mais quand elle s’était mis en tête de prendre la fuite, la première chose qui lui était venue à l’esprit, bien entendu, avait été le premier de ceux qui l’avaient abandonnée, la source, de toute évidence, de tous ses soucis avec les hommes… Son père. Et Montagna.
Audrey laisse presque échapper un rire à cette idée en s’approchant du trottoir pour grimper dans un taxi qui sentait le renfermé, le seul qui attendait en bordure du trottoir. Elle jeta un œil aux notes qu’elle avait prises à la va-vite : l’adresse du seul homme du nom de Smart dans l’annuaire de Montagna. Plutôt que de baragouiner dans son italien approximatif, elle mit le bout de papier froissé sous le nez du chauffeur. Celui-ci hocha la tête et démarra.
La ville de Montagna, dans le nord de l’Italie, était encore plus isolée que l’île de Lipari. Cette dernière recevait son lot de touristes, mais cet endroit-ci était complètement à l’écart de toute civilisation. Laissant l’aéroport derrière eux, ils traversèrent une ville dont les seules routes étaient en terre battue. Les roues du véhicule soulevaient un épais nuage de poussière suffoquant au travers duquel Audrey peinait à distinguer ses alentours. Des enfants qui jouaient pieds nus dans la rue. Une femme vêtue d’une robe et d’un bonnet à l’ancienne, un panier de linge sur la hanche. Des maisons à peine plus grandes que des cabanons, consistant en quelques planches de bois de récupération clouées les unes sur les autres.
Mais bien sûr, papa. Je vois parfaitement l’attrait de cet endroit. C’est pour ça que tu nous as abandonnés ?
Enfant, son père avait été l’idole d’Audrey, son meilleur ami. Tout ce qu’elle avait accompli jusqu’ici pour rénover la maison qu’elle avait achetée pour un euro en Sicile, c’était lui qui le lui avait appris. Malgré ses minces souvenirs du temps qu’ils avaient passé ensemble, il y a toutes ces années, ces leçons l’avaient marquée. Ces leçons, ainsi que l’image d’une carte postale qu’il gardait toujours dans sa poche de chemise.
Une photo de cette ville. Montagna.
Audrey fronça le nez en se remémorant cette vieille photo. Un paysage qu’elle avait toujours trouvé beau. Paisible. Le soleil se couchait derrière les montagnes noires tandis que les couleurs du ciel enflammé se fondaient dans la mer. Deux goélands dansaient dans le ciel rose orangé. Rien à voir avec ce qu’elle avait devant elle. Du moins, dans son souvenir. Ça pourrait tout à fait être le même paysage. La photo avait été prise au soleil couchant, l’obscurité occultant probablement toute une foule de problèmes.
Tu as tout mon respect si tu es resté, papa, mais pour ma part, si j’avais passé toute ma vie à rêver de cet endroit pour finalement débarquer ici, se dit-elle en regardant un enfant vêtu d’un chandail trop petit remonté sur son ventre en train de faire rouler un vieux pneu le long de la rue, j’aurais très certainement sauté dans le prochain vol pour n’importe quelle autre destination.
Mais bien qu’elle ne l’ait pas vue depuis plus de vingt ans, elle n’avait jamais oublié cette carte postale. Jamais perdu l’espoir de le retrouver un jour. Et elle vivait aujourd’hui tellement près de cette ville. Quand Concetta lui avait suggéré de prendre une journée de congé pour décompresser, elle avait saisi l’occasion. Elle avait déjà son billet. Il ne lui restait qu’à satisfaire sa curiosité dévorante, une bonne fois pour toutes.
Après tout, qui sait ? Peut-être que son père l’accueillerait à bras ouverts, lui préparerait une bonne grosse assiette de pâtes, et insisterait pour ce qu’elle reste avec lui jusqu’à la fin de la semaine. Elle se voyait déjà appeler ses deux prétendants, prétextant un contretemps, pour annuler ses deux rendez-vous. Peut-être même pour de bon. Elle ne voulait pas y penser pour le moment. Elle ne pouvait pas se résoudre à les décevoir l’un ou l’autre.
Mais elle était obligée de rentrer. Sa clinique l’attendait. Elle rentrerait chez elle et prendrait ce soir même une décision pour résoudre son dilemme amoureux. Ce soir.
Pour l’heure, il était temps de rencontrer son père.
Le taxi bifurqua dans une rue sablonneuse, au bord de la plage. Les maisons ne payaient pas de mine, mais rien ne valait la vue sur les eaux turquoise de la mer Tyrrhénienne, parsemée de ses îlots émeraude. Le taxi remonta la rue sous les regards circonspects d’hommes et de femmes qui l’observaient depuis leurs perrons. Les éclats de rire d’enfants jouant dans le sable résonnaient dans l’air chaud. Un pêcheur sur le point de lancer sa ligne à l’eau se retourna pour l’observer à son tour. Audrey eut la distincte impression qu’il ne devait pas passer beaucoup de visiteurs dans le coin.
Eh bien, si mon père cherchait à fuir l’agitation de Boston pour trouver le calme et la tranquillité, il a dû être servi, ici.
Le taxi se gara devant une maisonnette bleue étouffée par des buissons de seigle de mer. De toutes les maisons alentour, c’était la plus jolie et la moins délabrée, à l’exception peut-être de la maison voisine. D’autres avaient l’air tout droit sorties des Trois petits cochons, leurs matériaux assemblés à la diable, menaçant de s’envoler sous la moindre bourrasque. Celle-ci, cependant, bien que de taille modeste, donnait l’impression d’avoir été construite par un charpentier expérimenté. Quelqu’un comme son…
Papa ?
Le jardin envahi de fleurs sauvages était parsemé de coquillages brisés et recouvert de sable. Des oliviers tendaient leurs branches basses au-dessus de l’allée menant à la porte d’entrée, créant un auvent de feuillage. La main sur la poignée de la portière du taxi, Audrey fixait la maisonnette, incapable de faire un mouvement.
Le chauffeur s’éclaircit la gorge.
— Sedici al mare, dit-il en montrant du doigt le morceau de papier qu’elle lui avait donné.
Il fit également un geste vers la maison, comme pour l’inviter à s’avancer.
— Oh, c’est là ?
Il hocha la tête.
— Grazie mille, souffla-t-elle en réglant la course.
Elle descendit du taxi et frissonna malgré la température approchant les trente degrés. Le taxi s’éloigna en rugissant à la seconde où elle claqua la portière, anéantissant toute chance de faire marche arrière. Repoussant quelques branches, elle jeta un œil à travers une fenêtre ouverte dans l’espoir d’apercevoir quelqu’un, mais l’intérieur était plongé dans l’obscurité. Elle se concentra sur ses pas et s’appliqua à mettre un pied devant l’autre, craignant que ses jambes ne lui fassent défaut ou ne se mettent à battre en retraite à la suite du taxi.
Il avait disparu de sa vie voilà plus de vingt ans. En deux décennies, il avait eu le temps de revenir. Il n’avait pourtant jamais pris la peine d’écrire, de dire où il était parti. Il n’avait même pas dit au revoir, et sa mère avait toujours refusé de parler de lui, comme si son nom même était tabou. Chaque fois qu’Audrey avait demandé à sa mère si elle était toujours en contact avec lui, la réponse était toujours la même : « C’est sans importance. Il ne fait plus partie de nos vies, et bon débarras. »
Elle aurait dû être en colère, mais elle ne ressentait que de la curiosité. Elle avait construit sa vie sans lui, sans son aide. Elle n’attendait rien de lui. Elle voulait simplement connaître l’homme qui lui avait donné la vie. Ça lui était égal qu’il refuse de la recevoir, ou qu’il se mette en colère. Elle voulait simplement connaître l’homme qu’il était aujourd’hui. Ainsi que pourquoi diable il était parti.
Ce n’était tout de même pas la lune.
Audrey redressa les épaules et franchit rapidement les derniers mètres qui la séparaient d’une porte moustiquaire vétuste. Ne trouvant pas de sonnette, elle frappa à l’encadrement de la porte.
— Il y a quelqu’un ?
Elle perçut un mouvement à l’intérieur, qu’elle mit d’abord sur le compte du vent s’engouffrant dans la maison. Puis, une silhouette imposante apparut des profondeurs d’un couloir sombre et s’avança lentement à sa rencontre.
Audrey retint sa respiration.
Les traits de la silhouette se précisèrent. Il avait beaucoup changé, mais à mesure que les détails prenaient forme devant ses yeux, elle distinguait la ressemblance avec l’homme qu’elle avait connu. Un menton prononcé, aujourd’hui couvert d’une courte barbe grisonnante. Un crâne autrefois légèrement dégarni, où ne subsistaient que quelques touffes de cheveux récalcitrantes. Un teint perpétuellement bronzé par une vie passée dehors à monter portes et fenêtres, aujourd’hui tanné par le soleil. Un semblant de tristesse au fond de ses yeux d’un bleu intense, comme emplis de regret. Le genre de regret qu’on pourrait ressentir pour avoir abandonné sa famille, peut-être ?
Il s’arrêta, les doigts sur la poignée, l’air interrogateur.
Elle avala sa salive.
— Papa ?
CHAPITRE DEUX
La curiosité sur le visage de l’homme laissa place à une expression horrifiée. Ses yeux n’étaient plus que de minces fentes noires et les rides qui creusaient son visage s’accentuèrent. Il grinça des dents pendant quelques longs instants avant de se lancer dans une litanie en italien que rien ne semblait pouvoir interrompre.
C’est pendant ces longs instants qu’Audrey prit conscience de plusieurs choses. Son père avait un trèfle à quatre feuilles tatoué sur l’avant-bras. Il avait un nez à la romaine, pas le nez épais et plat de cet homme. Et celui-ci avait une tache de vin sur la joue.
Bon. Ce n’était pas son père. Était-elle donc aveugle à ce point ?
Non… Elle s’était bien doutée qu’elle ne trouverait pas son père ici. Mais quelque part, tout au fond d’elle, elle avait entretenu un espoir puéril. L’espoir d’une enfant de douze ans qui avait perdu son héros, à jamais.
Elle recula d’un pas.
— Hum, excusez-moi. Parlez-vous anglais ? Lei parla inglese ? Je cherche mon père. Connaissez-vous un certain Miles Smart ?
L’homme plissa de nouveau les yeux.
— Smart ? répéta-t-il.
Elle se sentait tout sauf « smart », en cet instant précis.
— Oui. Je pensais que quelqu’un de ce nom habitait ici.
Elle fouilla maladroitement dans ses poches pour en sortir son téléphone. Peut-être pourrait-elle lui montrer les résultats de sa recherche.
— Du moins, l’annuaire que j’ai consulté en ligne disait…
— No, l’interrompit-il en secouant la tête. Pas de Smart.
Les espoirs d’Audrey s’effondrèrent. Parfait. Un coup dans l’eau.
— Oh, grazie. Pardon de vous avoir dérangé, reprit-elle en s’éloignant.
Elle se rendit compte en rebroussant chemin qu’elle n’avait aucun moyen de transport pour la mener à l’aéroport. Pire encore, le prochain vol ne décollerait pas avant plus tard dans l’après-midi, d’après les horaires qu’elle avait consultés à l’aéroport de Messina, qui proposait à prix d’or des vols vers plusieurs petites villes de la péninsule italienne. Elle saisit son téléphone et déverrouilla l’écran. Pas de réseau.
Bon, l’aéroport n’est pas si loin que ça, ça doit être faisable à pied.
Elle n’avait pas fait deux pas qu’une détonation sourde retentit non loin. Elle crut d’abord à une voiture qui pétaradait. Après tout, elle n’était plus aux États-Unis, il n’y avait aucune raison de croire que ce pouvait être un coup de feu qui troublait la quiétude de ce petit village italien idyllique auquel son père avait tant rêvé.
Mais, l’instant d’après, deux adolescents descendirent la rue à toute allure, le dos voûté, jetant des coups d’œil par-dessus leurs épaules comme s’ils s’attendaient à voir quelqu’un s’élancer à leur suite. L’un d’eux agrippait dans son poing un objet noir… qui aurait parfaitement pu être une arme.
Audrey écarquilla les yeux et fit demi-tour dans l’intention de frapper de nouveau à la porte de la maison pour demander à passer un coup de téléphone, en espérant qu’ils aient seulement une ligne téléphonique par ici. Ou bien pour demander refuge, au cas où ces deux ados l’auraient vue et décidaient de revenir la braquer. Elle agrippa son sac à main et le serra contre sa poitrine, se maudissant d’avoir apporté autant d’argent avec elle. Quand elle avait fait son sac, elle s’était dit : Et si j’adore cet endroit autant que mon père et que je veux acheter un t-shirt souvenir ? Ou passer une nuit à l’hôtel ? Ou…
Non mais, quelle idiote. Tout ça ne rimait à rien. Elle ne voulait pas rester ne serait-ce qu’une seconde de plus dans cette ville.
Peut-être que son père s’était dit la même chose.
À cet instant, une femme sortit la tête du joli bungalow voisin. Elle lui adressa un petit geste de la main.
— Vous cherchez Miles Smart ? demanda-t-elle d’une voix où pointait un léger accent australien.
L’excitation reprit possession