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La Boulangerie de la Plage: Un Cupcake Fatal (Série policière cosy La Boulangerie de la Plage – Tome 1)
La Boulangerie de la Plage: Un Cupcake Fatal (Série policière cosy La Boulangerie de la Plage – Tome 1)
La Boulangerie de la Plage: Un Cupcake Fatal (Série policière cosy La Boulangerie de la Plage – Tome 1)
Livre électronique274 pages4 heures

La Boulangerie de la Plage: Un Cupcake Fatal (Série policière cosy La Boulangerie de la Plage – Tome 1)

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À propos de ce livre électronique

"Extrêmement divertissant. Cet ouvrage a sa place de choix dans la bibliothèque de tout lecteur amateur d’enquêtes savamment construites et de rebondissements, une trame captivante. Vous serez conquis. Un ouvrage idéal par les froides journées d'hiver !"
--Books and Movie Reviews, Roberto Mattos (Meurtre au Manoir)

LA BOULANGERIE DE LA PLAGE: UN CUPCAKE FATAL est le premier opus de la toute nouvelle série policière désopilante de Fiona Grace - son bestseller Meurtre au Manoir (Un Roman Policier de Lacey Doyle) comptabilise déjà près de 200 commentaires cinq étoiles.

Allison Sweet, 34 ans, second de cuisine à Los Angeles, ne supporte plus les clients médisants, son patron exigeant, sa vie sentimentale ratée. Un incident la contraint à prendre un nouveau départ et réaliser son rêve de toujours : ouvrir sa propre boulangerie dans une petite ville.

Allison repère une adorable boutique vacante sur le front de mer, non loin de Venice. Un vrai signe du destin ! Il est temps de repartir de zéro, prendre des risques, se lancer.

Mais Allison ignore ce qui l’attend : le front de mer bouillonne de personnages hauts en couleurs qui croquent la vie, des propriétaires de pizzerias se disputant ses faveurs aux diseuses de bonne aventure, sans oublier la boulangerie concurrente. Allison se focalise sur ses délicieuses nouvelles recettes de pâtisserie afin de maintenir son commerce à flot — mais la donne change lorsqu'un meurtre est commis au voisinage de sa boutique.

Accusée à tort, son avenir est péril ; Allison n'a d'autre choix que mener l'enquête pour se disculper. Un nouvel acolyte dévoué et doué pour résoudre les mystères surgit dans sa vie en la personne d’un chien errant. L’enquête peut commencer.

Quid du tueur ? Faillite assurée pour sa boulangerie ?

LA BOULANGERIE DE LA PLAGE : une série policière désopilante mêlant intrigues, rebondissements, romance, voyage, cuisine et aventures ; des heures de lecture hilarantes jusqu’au bout de la nuit, vous craquerez pour la nouvelle protagoniste.

Tome n° 2 — MACARON MORTEL — déjà disponible !
LangueFrançais
ÉditeurFiona Grace
Date de sortie24 déc. 2020
ISBN9781094342771

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    Aperçu du livre

    La Boulangerie de la Plage - Fiona Grace

    LA BOULANGERIE DE LA PLAGE :

    UN CUPCAKE FATAL

    (Série policière cosy La Boulangerie de la Plage – Tome 1)

    FIONA GRACE

    Fiona Grace

    L’auteure débutante Fiona Grace est l’auteure de la série LES HISTOIRES À SUSPENSE DE LACEY DOYLE, qui comporte neuf tomes (pour l’instant), de la série des ROMANS À SUSPENSE EN VIGNOBLE TOSCAN, qui comporte quatre tomes (pour l’instant), de la série des ROMAN POLICIER ENSORCELÉ, qui comporte trois tomes (pour l’instant) et de la série des ROMANS À SUSPENSE DE LA BOULANGERIE DE LA PLAGE, qui comporte trois tomes (pour l’instant).

    Comme Fiona aimerait communiquer avec vous, allez sur www.fionagraceauthor.com et vous aurez droit à des livres électroniques gratuits, vous apprendrez les dernières nouvelles et vous resterez en contact avec elle.

    Copyright © 2020 par Fiona Grace. Tous droits réservés. Sauf dans la mesure permise par la loi américaine sur le droit d’auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, ni stockée dans une base de données ou un système d’extraction, sans l’autorisation préalable de l’auteur. Ce livre électronique est réservé à votre profit personnel uniquement. Il ne peut être revendu ou donné à d’autres personnes. Si vous souhaitez partager ce livre avec une autre personne, veuillez acheter un exemplaire supplémentaire pour chaque destinataire. Si vous lisez ce livre sans l’avoir acheté, ou s’il n’a pas été acheté pour votre usage personnel, veuillez le retourner et acheter votre propre exemplaire. Nous vous remercions de respecter le travail de cet auteur. Il s’agit d’une œuvre de fiction. Les noms, personnages, entreprises, organisations, lieux, événements et péripéties sont soit le produit de l’imagination de l’auteur, soit utilisés de manière fictionnelle. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou mortes, est entièrement fortuite. Illustration de couverture © Ruth Black, utilisée sous licence de Shutterstock.com.

    PAR FIONA GRACE

    SÉRIE POLICIÈRE COSY LA BOULANGERIE DE LA PLAGE

    UN CUPCAKE FATAL (Tome 1)

    UN ROMAN POLICIER ENSORCELÉ

    SCEPTIQUE À SALEM : UN ÉPISODE DE MEURTRE (Tome 1)

    LES ROMANS POLICIERS DE LACEY DOYLE

    MEURTRE AU MANOIR (Tome 1)

    LA MORT ET LE CHIEN (Tome 2)

    CRIME AU CAFÉ (Tome 3)

    UNE VISITE CONTRARIANTE (Tome 4)

    TUÉ PAR UN BAISER (Tome 5)

    RUINE PAR UNE PEINTURE (Tome 6)

    ROMAN À SUSPENSE EN VIGNOBLE TOSCAN

    MÛR POUR LE MEURTRE (Tome 1)

    MÛR POUR LA MORT (Tome 2)

    MÛR POUR LA PAGAILLE (Tome 3)

    SOMMAIRE

    CHAPITRE UN

    CHAPITRE DEUX

    CHAPITRE TROIS

    CHAPITRE QUATRE

    CHAPITRE CINQ

    CHAPITRE SIX

    CHAPITRE SEPT

    CHAPITRE HUIT

    CHAPITRE NEUF

    CHAPITRE DIX

    CHAPITRE ONZE

    CHAPITRE DOUZE

    CHAPITRE TREIZE

    CHAPITRE QUATORZE

    CHAPITRE QUINZE

    CHAPITRE SEIZE

    CHAPITRE DIX-SEPT

    CHAPITRE DIX-HUIT

    CHAPITRE DIX-NEUF

    CHAPITRE VINGT

    CHAPITRE VINGT-ET-UN

    CHAPITRE VINGT-DEUX

    CHAPITRE VINGT-TROIS

    CHAPITRE VINGT-QUATRE

    CHAPITRE VINGT-CINQ

    CHAPITRE VINGT-SIX

    CHAPITRE VINGT-SEPT

    CHAPITRE VINGT-HUIT

    CHAPITRE VINGT-NEUF

    CHAPITRE TRENTE

    CHAPITRE TRENTE-ET-UN

    CHAPITRE TRENTE-DEUX

    CHAPITRE TRENTE-TROIS

    CHAPITRE UN

    — Où sont ces crèmes brûlées, Allison ? aboya Russell depuis le fond de la cuisine en pleine effervescence. La table cinq attend !

    Ali Sweet plissa les yeux. Elle détestait la façon dont son patron lui criait après comme à un gosse. Mais elle ne pouvait pas faire grand-chose contre ça. Décrocher une place convoitée dans l’un des restaurants français les plus fins de Los Angeles avait fait d’elle une femme très, très chanceuse. Ce qui ne voulait pas dire que la chance lui souriait particulièrement…

    Elle avait été engagée trois ans plus tôt comme pâtissière. C’était censé être un job de rêve. Elle s’était formée pendant des années à cela. Mais à cause de son méchant patron, son job de rêve avait rapidement tourné au cauchemar.

    — Ne reste pas plantée là ! brailla Russell en claquant des doigts. Allez, remue-toi !

    Poussant un soupir exaspéré, Ali traversa la cuisine chaude, bruyante et bondée d’Éclairs en direction des fours. Elle rejeta sa tresse épaisse, d’un blond foncé, par-dessus son épaule et regarda par la fenêtre du four où en était la cinquantième fournée de crèmes brûlées qu’elle avait préparées ce jour-là. Jusqu’ici, elle avait réalisé plus de crèmes brûlées qu’il n’y avait d’embouteillages à Los Angeles.

    — Il leur faut encore quelques minutes, lança-t-elle à Russell par-dessus son épaule.

    Bien que les yeux de fouine bruns de Russell restent fixés sur sa planche à découper, Ali remarqua que ses narines se dilataient de fureur. « Encore quelques minutes » n’était clairement pas la réponse qu’il attendait, et maintenant il allait exploser.

    Ali savait qu’elle allait être la cible de l’une de ses crises épiques. Elle déglutit avec effroi. Il secouait sa tête couronnée de cheveux noirs en marmonnant : « Encore quelques minutes… » Puis il poignarda son « pas d’échappatoire ». Elle se sentait impuissante.

    — Encore quelques minutes…

    Son couteau planté dans la planche à découper, Russell fit volte-face et lui cria :

    — Tu n’as qu’une seule tâche, Allison ! Une seule tâche ! Et tu n’es même pas capable de l’exécuter correctement !

    Son insulte la frappa comme une gifle en plein visage. Ali recula. Elle n’avait pas fait tapisserie avant ce boulot, mais à cause de Russell, elle se sentait battue.

    Aucun des autres chefs présents dans la cuisine très animée ne réagit à l’explosion humiliante de Russell, mais Ali savait qu’ils l’observaient tous du coin de l’œil. Elle sentait leurs regards en biais la brûler comme des lasers. Il n’y avait pas d’allié dans la cuisine d’Éclairs.

    — Est-est-ce que je les sers maintenant ? bafouilla Ali d’une voix tremblante. Elles ne sont pas tout à fait assez cuites.

    Elle savait déjà que la réponse serait non, mais Russell l’avait mise dans une situation impossible entre la rapidité et la perfection, et il fallait bien qu’elle dise quelque chose.

    — Évidemment non ! glapit Russell. Cette crème brûlée est pour un cadre d’Hollywood ! Elle doit être parfaite !

    Ali se fichait complètement de pour qui était la crème brûlée. Elle pourrait être pour le Pape que ça ne ferait aucune différence. Elle était juste à bout de nerfs.

    Soudain, un fort bang métallique la fit sursauter. Russell venait de frapper une casserole suspendue avec une louche en métal.

    — Ne reste pas plantée là ! aboya-t-il de nouveau. Démarre la prochaine fournée !

    Ali se dépêcha de regagner son poste de travail et attaqua la prochaine fournée de crèmes brûlées. Tel un robot, elle suivit toutes les étapes – ouvrir la gousse de vanille, racler ses graines dans la crème, fouetter le jaune d’œuf et le sucre, placer les ramequins en porcelaine dans leur bain-marie – tout en se demandant avec mélancolie quand ça avait mal tourné.

    Au départ, elle avait été ravie de trouver un emploi au restaurant gastronomique Éclairs à Silver Lake, Los Angeles. Comme sa licence d’arts culinaires (avec mention) n’était pas suffisante pour les restaurants haut de gamme, elle était retournée à l’école pour obtenir un autre diplôme de troisième cycle en innovation culinaire. N’ayant toujours pas trouvé l’emploi qu’elle recherchait, elle avait étudié pour obtenir son doctorat tout en effectuant un apprentissage sous la tutelle du grand chef Milo Baptiste.

    Milo avait été un professeur inspirant. Sa passion pour la cuisine était contagieuse. Il possédait une vaste connaissance des aliments. Sous sa direction, Ali avait senti qu’elle était destinée à l’excellence, elle était l’Ernst Pauer de son Wolfgang Mozart. Grâce à Milo, elle avait développé son don culinaire.

    Au début, il semblait que ses efforts avaient payé. Elle avait rapidement décroché un entretien d’embauche chez Éclairs, qui était en quelque sorte l’Opéra d’État de Vienne des restaurants. Mais ensuite, Russell l’avait affectée à la préparation des crèmes brûlées. Les crèmes brûlées et rien d’autre.

    La réalité la frappait de plein fouet. Au lieu de se produire devant des foules ferventes, Ali rejouait sans cesse le même tube pop fade. Sa carrière n’était pas censée se dérouler ainsi. Elle était sur le point de perdre la tête devant une telle monotonie.

    Le bip de l’alarme du four tira Ali de ses ruminations. La fournée était cuite.

    Elle retira les crèmes brûlées du four, les posa sur le comptoir et alluma son chalumeau. Si quelqu’un lui avait dit, à l’école hôtelière, qu’un jour elle s’ennuierait à brûler des plats à la flamme, elle se serait moquée de lui. Or elle était là, la tête vide, à manier un chalumeau, transformant la couche supérieure de sucre sur la crème brûlée en un brun doré bouillonnant.

    Elle décora chaque ramequin d’un brin de menthe posé à la perfection, puis livra la fournée à Russell, forçant son visage sans expression à afficher un pâle sourire.

    — Je vous présente la crème brûlée parfaite, annonça-t-elle.

    Russell pencha son nez anguleux sur chaque ramequin, les inspectant minutieusement. Il n’émit pas le moindre compliment. Il cueillit simplement celui qu’il voulait servir à M. Hollywood à la table cinq, et fit tinter la cloche de cuivre pour appeler un serveur. Ali n’en fut pas étonnée. Il y avait bien longtemps qu’elle avait cessé d’espérer des éloges de son patron.

    Une ribambelle de jeunes serveurs séduisants se massa devant le passe-plat. C’était tous des acteurs en herbe, prêts à tout pour être celui qui servirait la crème brûlée à une huile d’Hollywood. Mais Ali ne s’intéresse pas au sort de son dessert. Après tout, elle était à mi-chemin de la prochaine fournée, donc elle retourna à son poste, épaules voûtées, accablée par le poids de son talent inutilisé.

    Elle leva les yeux vers le plafond carrelé – un carrelage qu’elle avait fixé tant de fois qu’elle en connaissait chaque tache de graisse et projection de jus de tomate.

    Que quelque chose change, par pitié, songea-t-elle.

    C’est alors qu’une voix appela devant le passe-plat :

    — La table cinq veut dire un mot au chef.

    Surprise, Ali fit volte-face vers le passe-plat. Troy, le jeune et beau serveur à la peau sombre immaculée et au sourire avenant, tambourinait des doigts impatients sur la planche, ses yeux noirs posés sur elle.

    — Est-ce qu’il a dit pourquoi ? demanda Ali, très consciente de chaque paire d’yeux fixée sur elle à présent.

    Troy secoua la tête.

    — Il a juste demandé après toi.

    Ali déglutit anxieusement et se précipita à travers la cuisine, repoussant timidement de son visage des mèches folles de cheveux blonds, et captant au passage des bribes de murmures des autres chefs. Elle lissa son tablier avant de sortir par les portes battantes, puis fit halte près de Troy.

    — Il avait l’air fâché ? murmura-t-elle en se penchant à son oreille.

    — Difficile à dire, répliqua Troy sur le même ton discret.

    Alors c’est quitte ou double, se dit Ali avec appréhension. Soit M. Hollywood était si impressionné par sa crème brûlée qu’il était prêt à acquérir les droits sur l’histoire de sa vie pour en faire le prochain blockbuster spécial bien-être, soit il était tellement mécontent qu’il voulait le lui dire en face. Bien sûr, la première option était improbable, mais Ali savait que la dernière l’était tout autant. Sa crème brûlée était parfaite. Milo Baptiste le lui avait affirmé lui-même. En fait, son commentaire exact avait été : « Il faudrait inventer une nouvelle lettre avant le A dans l’alphabet, parce qu’elle mérite mieux que la note A ! » Suivi par une effusion de baisers sur la joue à l’européenne.

    Elle tenta de rassembler son assurance pendant sa longue marche sur le sol de marbre jusqu’à la table cinq, se faufilant prudemment entre les élégantes tables en bois de santal afin de ne pas déranger les convives qui profitaient de leur coûteuse soirée dans cet établissement de grande classe.

    Elle atteignit la table cinq. Chacune des chaises en velours rouge autour de la table ronde était occupée par un homme blanc en surpoids et en costume de soirée noir. Ils ne se distinguaient que par leur degré variable de calvitie.

    Ali serra nerveusement ses mains.

    — L’un de vous a-t-il demandé à me parler ?

    L’homme qui avait surcompensé la chute de ses cheveux en se faisant pousser une barbichette la scruta de haut en bas de ses yeux gris pâle perçants. La crème brûlée d’Ali était restée intacte devant lui.

    Voilà donc M. Hollywood, devina-t-elle.

    — C’est moi, dit-il.

    Ses yeux gris la détaillaient. Ali tira sur le col de sa veste de chef, manquant d’air tout à coup.

    — Et que puis-je faire pour vous ? s’enquit-elle, s’efforçant de paraître aimable.

    L’homme ôta lentement le brin de menthe de sa crème brûlée intacte et le leva dans la lumière.

    — Il n’y a rien qui cloche ? remarqua-t-il.

    Ali examina le brin. Elle ne vit pas de cil collé dessus. Aucune mouche à fruits morte sur ses feuilles. C’était un brin de menthe verte normal et parfaitement sain. Mieux que normal, même, puisqu’il provenait d’une boutique de produits biologiques locaux.

    — Il me paraît très bien, conclut-elle.

    — IL A TROIS FEUILLES ! cria soudain l’homme.

    Ali sursauta, les yeux écarquillés sous la surprise. Chaque client d’Éclairs se figea et se tourna pour regarder. Un silence embarrassant descendit sur le restaurant.

    — Pardon ? fit-elle, perplexe.

    — COMPTEZ-LES ! beugla le type, pointant chaque feuille. UNE, DEUX, TROIS !

    Sa figure virait cramoisie. À la sensation de chaleur qui se répandait sur ses joues, Ali supposa qu’il en était de même pour elle.

    — Je ne comprends pas, avoua-t-elle finalement.

    M. Hollywood jeta sa serviette sur la table et se leva.

    — La menthe devrait avoir quatre feuilles, dit-il en s’approchant si près que son visage n’était plus qu’à cinq centimètres d’elle. QUATRE !

    Il criait si fort qu’il lui postillonna à la figure.

    Ali cligna des yeux – consternée, dégoûtée, complètement abasourdie. Elle avait déjà eu affaire à des clients en colère, mais rien de tel.

    Elle ne put s’empêcher de biaiser un œil vers le passe-plat. Troy se tenait toujours là où elle l’avait laissé, témoin impuissant de cette scène. Il ne pouvait rien faire pour l’aider. Dans la stricte hiérarchie d’Éclairs, les serveurs étaient encore plus bas que les chefs. La seule personne qui pouvait sauver Ali de la situation était Russell.

    Elle repéra son patron à travers l’ouverture. Il observait tout cela avec un sourire narquois étalé sur sa figure.

    Brûlante d’humiliation, Ali réalisa que Russell n’avait aucune intention de l’aider. En fait, il se délectait de son malheur.

    Soudain, une bouffée de calme lucidité l’envahit. Elle se tourna vers la table quatre, où avait été servie une crème brûlée provenant de la même fournée, et en piqua le brin de menthe. La femme en train de la manger laissa échapper un hoquet horrifié.

    — Excusez-moi, je dois juste vous l’emprunter, dit Ali calmement.

    Elle revint à M. Hollywood et leva devant lui le brin de menthe entre ses doigts pincés.

    — Une, deux, trois, quatre, compta-t-elle chaque feuille.

    Puis elle flanqua le brin dans sa crème brûlée intacte.

    La croûte de sucre craqua et la crème gluante jaillit, éclaboussant les têtes chauves autour de la table.

    Les hommes bondirent si vite de leurs chaises qu’elles se renversèrent et s’affalèrent à grand bruit sur les dalles de marbre. Chaque client se mit à murmurer dans son coin, tandis que les types en costume noir se mettaient à crier furieusement après Ali.

    — Bon appétit, dit-elle sereinement en dénouant son tablier.

    Elle le jeta parmi la pagaille qu’elle avait créée, tourna le dos à leurs figures rougeaudes et colériques et se dirigea vers la sortie, la tête haute, ignorant les dîneurs stupéfaits et les serveurs bouche bée qu’elle croisait.

    Quand elle atteignit la porte, elle entendit Russell hurler depuis la cuisine, à travers tout le restaurant :

    — C’est ça, Allison Sweet ! T’es virée !

    Ali fit halte, la main sur la poignée, un petit sourire triomphant au coin des lèvres.

    — Très bien, opina-t-elle.

    Ivre de soulagement, elle poussa la porte et sortit sous le chaud soleil de L.A.

    Elle avait l’impression d’avoir été libérée de prison. Elle était libre ! Et impatiente de rentrer chez elle raconter à son petit ami sa victoire triomphante sur son tyran de patron.

    CHAPITRE DEUX

    — Tu as fait quoi ? s’exclama Otis.

    Assis sur le canapé, il leva les yeux sur Ali qui se tenait à la porte du salon. Ses yeux vert pâle reflétaient son choc et son incrédulité.

    — J’ai démissionné, répéta-t-elle d’un ton encore plus triomphant. Enfin, techniquement, j’ai été virée avant de pouvoir le faire, mais le résultat est le même.

    Otis passa ses mains dans sa courte coupe afro. Il portait un pantalon de survêtement noir, celui dont Ali disait en se moquant que c’était son uniforme, puisqu’il le portait aussi souvent qu’elle son tablier. Un tablier qu’elle n’aurait plus jamais à porter, réalisa-t-elle avec une joie limite hystérique.

    — Ali… Dis-moi que c’est une blague.

    — Nan, fit-elle gaiement. (Elle agita une main dans sa direction.) Décale-toi.

    Mais Otis ne bougea pas d’un poil. Il resta totalement immobile, pétrifié comme une statue.

    — T’es vraiment en train de me dire que tu viens de quitter ton boulot ?

    — Oui, répondit Ali, quelque peu exaspérée.

    Elle s’attendait plutôt à une réaction festive de sa part. Au contraire, ses traits séduisants s’étaient crispés. Sa peau café au lait était devenue un peu grise. Peut-être qu’il lui faudrait quelque temps pour s’y faire.

    Elle faufila son postérieur dans l’espace qu’Otis n’avait pas dégagé pour elle sur le canapé, et réajusta son épaisse tresse dorée par-dessus son épaule. Pleine d’insouciance, elle étendit ses jambes sur la table basse devant elle, les croisant langoureusement l’une sur l’autre, et prit une gorgée de bière de la bouteille ouverte sur la table.

    — Je suis enfin libre, soupira-t-elle, avec un rot satisfait de houblon fruité.

    Otis s’affala en arrière dans le canapé et lâcha sa manette de jeu sur ses genoux. Il renversa la tête et leva les yeux au plafond.

    — Ali… geignit-il.

    Sa réaction rendait Ali perplexe.

    — Quoi ? Tu te plains toujours qu’on ne passe jamais assez de temps ensemble parce que Russell me traite comme une chienne. Eh bien, maintenant on peut. Et à propos de chien, on pourrait en avoir un ! J’aurai le temps de le promener et…

    — Ali ! la coupa Otis en se tournant vers elle.

    — Quoi ? s’écria-t-elle, excédée. Pourquoi tu n’arrêtes pas de m’appeler comme ça ?

    Son petit ami prit une longue et lente inspiration, comme s’il s’apprêtait à lancer une attaque.

    — Tu as perdu la tête ? Comment tu vas faire pour payer toutes les factures ? Le loyer ? Le gaz ? L’électricité ?

    Il montra la lampe comme pour renforcer ses propos.

    Ali se sentit monter sur ses ergots. Ce n’était vraiment pas les félicitations qu’elle avait envisagées. Elle pensait qu’Otis serait content qu’elle ait enfin quitté le travail qui l’avait rendue malheureuse pendant tant d’années, mais au lieu de ça, il soufflait et soupirait comme un gamin frustré.

    — Eh bien, si tu trouvais du boulot ? rétorqua-t-elle. Depuis que je te connais, tu n’as jamais été capable de garder un emploi à temps plein.

    Il plissa les yeux.

    — C’est injuste. Tu sais que c’est impossible de travailler à plein temps tout en passant des auditions.

    Depuis trois ans, Otis poursuivait son rêve

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