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Heureusement que vous êtes là Cécile!
Heureusement que vous êtes là Cécile!
Heureusement que vous êtes là Cécile!
Livre électronique283 pages4 heures

Heureusement que vous êtes là Cécile!

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À propos de ce livre électronique

Elle est belle, jeune et intelligente. Lui, est beau, riche et dominateur. Il cache au plus profond de son être, des blessures dont elle rêve de le délivrer. Son amour et sa..... STOP !!!!!!

Combien de fois avez vous vu ou lu ce scénario ?

Pas assez ? Trop ? Beaucoup trop ? ou beaucoup, beaucoup, beaucoup trop ?

Si vous aussi vous en avez soupé ? Alors pourquoi ne pas prendre le parti d'en rire, en suivant les aventures de Cécile ?

Elle aussi est belle, jeune et intelligente. En plus, elle est assez drôle, ce qui ne gâche rien. Lui est riche, beau et aimerait bien avoir plus souvent l'occasion de jouer au mâle dominant mais il est marié à une femme de tête passablement castratrice et terriblement subtile.

Heureusement, Cécile est là !

Un vent nouveau s'apprête à souffler dans le seizième arrondissement de Paris. Plus précisément dans un certain hôtel particulier du 69 Rue de la Pompe, demeure historique des Lesage.

LangueFrançais
ÉditeurM.D JANE
Date de sortie1 juil. 2016
ISBN9781310353277
Heureusement que vous êtes là Cécile!

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    Aperçu du livre

    Heureusement que vous êtes là Cécile! - M.D JANE

    HEUREUSEMENT QUE VOUS ÊTES LÀ, CÉCILE !

    M.D Jane

    ***

    Published by:

    M.D Jane at Smashwords

    © 2014-2016 by M.D Jane

    ****

    All rights reserved. Without limiting the rights under copyright reserved above, no part of this publication may be reproduced, stored in or introduced into a retrieval system, or transmitted, in any form, or by any means (electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise) without the prior written permission of both the copyright owner and the above publisher of this book.

    This is a work of fiction. Names, characters, places, brands, media, and incidents are either the product of the author’s imagination or are used fictitiously. The author acknowledges the trademarked status and trademark owners of various products referenced in this work of fiction, which have been used without permission. The publication/use of these trademarks is not authorized, associated with, or sponsored by the trademark owners.

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    ****

    Copyright © 2014-2016 M.D JANE

    Tous droits réservés.

    ISBN-13: 978-1500396985

    Dépôt légal : Juillet 2014

    Editeur : M.D JANE

    33 000 Bordeaux

    à toutes celles qui savent rester libres, curieuses et désintéressées quoi qu’il en coûte.

    1

    Cécile se réveilla en sursaut encore tremblante et terrorisée par un cauchemar qu’elle ne connaissait que trop bien. Le petit poste de télévision était encore allumé. Comme chaque soir elle s’était endormie devant l’une de ces innombrables séries policières américaines dont le petit écran vous abreuve sans cesse avec une ardeur croissante. Nuit et jour, elles vous accompagnent, quand vous vous ennuyez, quand vous baisez, quand vous cherchez le sommeil, jusque dans votre lit, jusque dans vos rêves.

    Des sonneries répétées se faisaient entendre et Cécile mit un moment avant de comprendre qu’elles ne provenaient pas de la bande sonore. Un téléphone sonnait bel et bien et c’était le sien.

    Elle se leva nue, ne prenant pas la peine d’enfiler un tee-shirt. Cela faisait six mois qu’elle avait rompu avec Greg et maintenant, elle vivait seule dans ce petit studio. Six mois déjà qu’elle avait dû réapprendre à vivre après avoir passé tant d’années enchaînée avec ce sale type. Pourtant, lorsqu’ils étaient au lycée, elle le voyait tout autrement. C’était un jeune homme brillant, plein d’esprit. Elle ne comptait plus les soirées à faire la potiche au milieu de sa bande de copains, imbus, prétentieux, sûrs d’eux-mêmes et persuadés que seuls les membres de leur petit groupe d’intellos pouvaient comprendre toute la justesse et la finesse de leur rhétorique.

    À chaque fois, c’était la même chose. Ils passaient leurs nuits à discuter politique ou philosophie, remarquant à peine sa présence, mais ça n’avait pas d’importance, elle était la seule fille du groupe et cette place lui convenait tout à fait. Il lui arrivait même parfois de les admirer.

    L’appartement qu’elle avait choisi n’avait rien d’extraordinaire mais c’était le sien. D’ailleurs elle n’avait encore rien fait pour le rendre plus attrayant. Cette rupture l’avait véritablement libérée. Depuis, elle se sentait revivre. Il n’était plus là pour commenter ses faits et gestes et exiger d’elle ce qu’elle ne prenait plus plaisir à faire depuis déjà bien longtemps. En soi, cet état de fait était largement suffisant pour que le reste n’ait pas grande importance à ses yeux.

    Les dernières années passées avec lui n’avaient été marquées que par d’incessantes disputes. Des conflits qui éclataient pour un rien, qui ne menaient à rien. Au début Cécile trouvait un certain plaisir à s’opposer à lui. Les moments de tension se terminaient souvent par des retrouvailles tumultueuses. Leur sexualité regagnait alors pour un temps toute son intensité. Encore aujourd’hui, les cauchemars n’étaient pas seuls à hanter ses nuits. Parfois il lui arrivait de se réveiller le corps tremblant et humide jusque dans ses parties les plus intimes. Avec le recul, elle se rendait compte que la domination qu’exerçait Greg n’avait été possible que parce qu’il la comblait de plaisir. C’était dans ses bras qu’elle s’était abandonnée pour la toute première fois à la jouissance. Elle avait bien eu quelques expériences avant lui mais n’avait pas su se laisser aller, peut-être par pudeur ou par manque de confiance en elle. Ses premiers rapports avaient été vécus avec beaucoup de violence et d’amertume. Greg, lui, était parvenu sans difficulté à l’apprivoiser, en faisant ressortir le meilleur d’elle-même.

    Cet homme avait réussi à trouver les mots pour qu’elle se sente belle et digne d’intérêt. Du moins c’est ce qu’elle croyait, probablement aveuglée par l’amour des débuts et par le désir qu’elle éprouvait pour lui. À cette époque, Cécile n’était pas la seule à lui courir après. Avant de la rencontrer, il avait multiplié les conquêtes et ne s’était d’ailleurs pas privé pour les lui raconter en détail. C’est avec une grande fierté qu’elle s’affichait à ses côtés devant les autres filles du lycée Voltaire. Bizarrement, ces petites pimbèches qui jusque-là ne l’avaient jamais considérée autrement que comme une roturière tout droit sortie de sa province, s’étaient mises à lui parler comme si elle avait toujours été issue de leur milieu. Elle se souvenait notamment de l’une d’entre elles, une dénommée Anne-Marie, qui organisait régulièrement des soirées dans l’hôtel particulier de ses parents. Des soirées auxquelles elle n’avait évidemment jamais eu droit de cité jusqu’au jour où Greg l’y avait conviée.

    À partir de là, tout avait radicalement changé. Malgré le mépris que Cécile pensait éprouver pour Anne-Marie, elle était rapidement devenue l’une de ses meilleures amies, dédaignant à son tour ses anciennes relations. Des complices de longue date avec qui elle refaisait le monde, crachant sur les petites putes embourgeoisées dont Anne-Marie représentait le fer de lance. Avec le recul, Cécile n’était pas fière d’avoir aussi facilement retourné sa veste et, à plusieurs reprises, elle avait tenté de renouer avec ses anciennes compagnes d’infortune. Mais Greg lui disait qu’il était inutile de regarder en arrière, l’enfermant insidieusement dans une relation exclusive. Une relation étouffante, asphyxiante même, qui la mettait chaque jour un peu plus à sa merci.

    Depuis leur séparation, Cécile avait retrouvé Gaëlle sur Facebook. Ça aussi c’était une nouveauté. Du temps de Greg, elle disait à qui voulait bien l’entendre qu’elle ne souhaitait pour rien au monde étaler sa vie privée sur ce type de média voyeuriste et nombriliste. Une idée à laquelle elle croyait fermement, mais qui en vérité n’était pas de son fait, comme beaucoup d’autres d’ailleurs. Lui, de son côté, se servait allègrement des réseaux sociaux et elle avait été bien conne de ne pas s’en rendre compte. Peut-être, cela lui aurait-il permis d’évité de faire la bise à des filles qui, tout sourire, lui tendaient la joue alors qu’elles venaient de passer la nuit avec son mec.

    Heureusement, tout ça faisait désormais partie du passé. Ce qui comptait maintenant était de se reconstruire et de renouer avec elle-même. Cécile décrocha son téléphone sur lequel apparaissait le prénom de Gaëlle et lui répondit avec la voix rauque de quelqu’un qui venait de passer toute une journée au lit à regarder des séries, sans avoir eu l’occasion, ni avoir exprimé le besoin de parler à quiconque.

    — Salut Gaëlle ! Ça va ? Je m’étais endormie. Quelle heure est-il ?

    — Oui ! Je sais ! Excuse-moi de t’appeler aussi tard, mais j’ai vu mon amie Maria cet après-midi. Elle vient de perdre son père et du coup elle a décidé de rentrer au Portugal pour s’occuper de sa mère. Ça me fait de la peine pour elle, d’autant que je sais qu’elle était vraiment proche de lui.

    — Ah, oui ! Je comprends. Et tu avais besoin de m’en parler !

    — En fait non ! C’est pas pour ça que je te téléphone. Ou plutôt si ! Tu te souviens qu’elle travaillait dans le 16ème arrondissement ?

    — Oui ! Peut-être ! Je t’avoue que je n’y ai pas vraiment prêté attention.

    — Eh bien, elle vient de poser sa démission ce matin. Ils vont sans doute vouloir la remplacer au plus vite et comme je sais que tu cherches toujours un emploi, j’ai pensé à toi.

    — C’est gentil, mais je n’ai jamais fait ça et puis c’est un peu dégradant comme boulot ! Je ne suis pas sûre de supporter de travailler pour un couple de bourgeois. Tu le ferais toi, à ma place ?

    — Ne vois pas les choses comme ça ! C’est juste le temps que tu sortes la tête de l’eau. Tu sais, c’est pas facile de retrouver du travail quand on a passé les cinq dernières années de sa vie coupée du marché de l’emploi. Tu fais ce que tu veux ! Je voulais juste que tu sois informée pour ne pas passer à côté au cas où ça t’intéresserait.

    — C’est bien payé, au moins ?

    — Le salaire n’est pas mirobolant, mais Maria trouvait souvent des primes et elle se faisait de bons pourboires lorsqu’ils organisaient des réceptions.

    — Écoute ! C’est sympa de ta part, mais je ne suis pas certaine que ça me tente. Je dois y réfléchir. On en reparlera demain si tu veux.

    — Tarde pas trop ! C’est pas le genre de personnes à rester sans employé plus d’une journée. Note quand même le numéro et vas-y demain matin. Tu verras bien ce que ça donne.

    — Tu peux toujours me l’envoyer par SMS, je verrai ça demain à tête reposée.

    — C’est comme si c’était fait.

    — En tous cas, c’est vraiment gentil d’avoir pensé à moi.

    — Bisous ma belle ! Et surtout, tu m’appelles pour me dire comment ça s’est passé !

    — Promis ! Mais t’emballe pas, y a rien de fait encore !

    2

    Cela faisait dix bonnes minutes que le réveil de Cécile sonnait. Dans sa nouvelle vie de célibataire, il n’y avait ni contraintes, ni horaires fixes. Personne pour lui dire ce qu’elle devait faire. Lorsque la sonnerie retentit à une heure très inhabituelle, elle eut le plus grand mal à s’extirper de son lit. Les gros chiffres rouges qu’il projetait au plafond indiquaient 7H00. Elle observait attentivement ce chiffre rond auscultant ses contours dans les moindres détails. Fallait-il véritablement qu’elle se lève ? Après tout, elle n’avait peut-être pas tant besoin que ça de cet emploi ? Serait-elle seulement à la hauteur des basses besognes qui l’attendaient ? Certes, elle avait l’habitude depuis sa plus tendre enfance de tenir une maison. Sa mère, en bonne bourgeoise provinciale, lui avait toujours appris que la valeur d’une femme était avant tout jugée sur le soin qu’elle apportait à la tenue de son intérieur. Bien sûr, si en plus elle était belle et bien apprêtée cela ne faisait qu’ajouter encore un peu plus à son charme. C’est ainsi qu’elle avait passé une bonne partie de ses dimanches après-midi à ranger la maison à nettoyer, pièce par pièce, les carrelages, les meubles, les vitres ou encore à lustrer une à une les centaines de pièces d’argenterie qui se devaient d’être impeccables.

    Le matin, elle devait aider sa mère à faire les courses au petit marché des halles qui se trouvait à quelques encablures de la grande maison familiale. Habillée comme un bonbon rose, un petit nœud dans les cheveux elle arpentait les allées du marché avec sa coupe au carré et ses petites ballerines noires vernies, surmontées d’un adorable petit nœud. Sa mère lui avait appris à se tenir droite et à sourire à toutes les personnes qu’elle rencontrait. Elle devait se montrer polie et afficher en toutes circonstances des signes évidents de joie et de bonne humeur. « Oh ! Mais c’est qu’elle est de plus en plus jolie votre petite Cécile ! Il va falloir la surveiller ! Plus tard, elle va rendre fous les garçons ! » lui disait immanquablement le charcutier préféré de Maman. Ce vieux bourru, ce vieux pervers de Serge avec lequel elle entretenait une relation aussi discrète que tumultueuse. Cécile avait mis longtemps à s’en rendre compte et ce n’est que vers l’âge de quatorze ans qu’elle avait compris que sa mère trompait son père dans le plus grand secret.

    Depuis ce jour, elle ne la voyait plus comme la femme distinguée à laquelle elle avait toujours voulu ressembler. Derrière tous ses beaux discours sur la bienséance et les bonnes manières que se devait d’avoir une femme de la haute, elle n’était finalement qu’une traînée à l’égal de toutes celles qui se promenaient en jean et en minijupe, motivées avant tout par leurs désirs les plus vils.

    Son père, quant à lui, n’était rien de plus qu’une sorte de lavette ou même, pourrait-on dire, de serpillière aux yeux de sa mère. Pourtant il était profondément gentil. Il avait toujours des choses à raconter et prêtait attention à tout ce que les autres pouvaient lui dire. Petite, elle le considérait avec un certain dédain, probablement par mimétisme envers l’attitude de sa mère qui ne voyait en ce brave homme qu’une source intarissable de revenus. Lui, semblait aveuglé par la beauté de cette femme qui avait bien voulu de lui après la mort de son premier mari, lequel s’était fait renverser par un véhicule du SAMU fonçant sirènes hurlantes au secours d’un illustre anonyme. Elle avait alors usé de tous les subterfuges possibles et imaginables pour le séduire. Il aimait d’ailleurs à le raconter à ses amis chaque fois qu’il en avait l’occasion : « Hein, ma chérie ? Tu te souviens, mon chou ? J’étais bel homme à l’époque, n’est-ce pas ? Tu t’en es donné du mal pour me conquérir ! » Sa mère se contentait alors de sourire, masquant difficilement l’exaspération que ces rares moments de jubilation provoquaient immanquablement chez son mari. Lui n’y voyait que du feu et redoublait de cajoleries, de mots doux, devant une assemblée qui, la plupart du temps, connaissait les écarts conjugaux et le peu d’estime qu’elle entretenait à son endroit.

    Bref, le ménage elle connaissait. Du moins, elle en avait appris les rudiments, mais tout cela était du passé. À l’adolescence, Cécile avait tout envoyé balader et s’était enfuie de la maison ne pouvant plus supporter de voir son père se faire humilier de la sorte. L’idée de se mettre au service d’un couple de bourgeois parisiens, ne lui plaisait donc guère. Cécile trouvait même cette perspective assez humiliante, mais elle se sentait un peu obligée vis-à-vis de Gaëlle. Elle se sentait une dette envers cette fille, cette amie qu’elle avait trahie peu de temps après avoir rencontré Greg. Trahie, laissée pour compte sans ménagement, sans explication, au même titre que toutes ses anciennes relations. Elle les avait abandonnées lâchement, attirée comme une vulgaire pie, par les mêmes artifices qu’elle s’était pourtant juré de fuir à tout prix quelques années plus tôt. L’argent, le paraître, le rang social, toutes ces choses qui comptaient tant aux yeux de sa mère et qu’elle s’était promis de laisser au bord de la route depuis ce fameux jour où elle avait découvert le double visage de celle qui lui avait tout appris des bons usages de la vertu.

    Elle ne voulait pas décevoir Gaëlle une seconde fois. Cécile tendit donc le bras, éteignit le réveil et posa enfin le pied par terre, bien décidée à se rendre à cet entretien d’embauche qui, de toute façon, n’aboutirait certainement à rien. Qui pourrait bien vouloir d’une jeune femme sans expérience ni qualification et qui de surcroît ne manifesterait pas la moindre motivation ? Elle avait un peu honte, mais l’essentiel était de ne pas décevoir son amie une nouvelle fois. Elle serait recalée et il ne lui resterait plus alors qu’à la remercier, tout en lui annonçant, l’air dépité, qu’elle avait pourtant fait de son mieux et qu’elle ne comprenait pas pourquoi sa candidature n’avait pas été retenue.

    Cécile n’avait pas pris rendez-vous, mais elle s’était dit la veille que neuf heures serait une bonne heure pour se présenter au numéro 69 de la Rue de la Pompe. Le couple n’habitait qu’à quelques kilomètres de chez elle, dans les beaux quartiers. N’ayant pas encore de voiture, elle aurait pu s’y rendre en métro, mais elle préféra de loin arpenter à pied les rues de la capitale. Il faisait beau ce jour-là. Le soleil réchauffait légèrement cette atmosphère printanière qui conservait encore un peu de la fraîcheur de l’hiver. Un hiver pas vraiment froid, mais franchement pluvieux, qu’elle avait passé à hiberner dans son petit studio miteux et exigu du 15ème arrondissement, le seul qu’on avait bien voulu lui louer d’ailleurs, compte tenu de ses revenus inexistants. Et encore, elle pouvait s’estimer heureuse d’avoir pu bénéficier de l’aide de son père. Une fois de plus il avait su se montrer généreux, lui proposant gentiment de l’aider financièrement et de se porter caution pour la location d’un appartement dès qu’il avait appris sa séparation d’avec Greg. Non pas qu’il parût particulièrement attristé par la terrible nouvelle, mais, en bon père de famille, il s’était proposé le plus simplement du monde, de signer un chèque suffisant pour couvrir tous les frais du déménagement ainsi que les six premiers mois de loyer. Une fois de plus, elle lui devait une fière chandelle, même si ça ne l’aidait pas vraiment à prendre sa vie en main.

    Quatre mois déjà qu’elle vivotait, à son rythme, celui d’une jeune femme célibataire. Cécile ne savait trop quoi faire de ses journées. Elle n’avait pas vraiment songé durant tout ce temps à ce qu’elle pourrait bien faire de sa vie. Mais le temps passait et depuis quelques semaines, elle projetait de se plonger activement dans la recherche d’un emploi à la hauteur de ses exigences. Et voilà qu’aujourd’hui, elle allait se présenter à cet entretien d’embauche pour une place de boniche au service d’un couple aisé du 16ème arrondissement.

    — Cécile !

    Elle se retourna et reconnut immédiatement Laetitia, sa voisine d’en face. La jeune femme était splendide. Une superbe blonde à la poitrine rebondie et au sourire irrésistible. Elle non plus ne vivait pas en couple, et chaque jour, Cécile aimait à la regarder évoluer bien à l’abri derrière la fenêtre de son appartement. Laetitia n’était pas pudique, c’est le moins qu’on puisse dire. Ses fenêtres étaient rarement fermées et à plusieurs reprises, Cécile avait été témoin de ses ébats amoureux. Elle s’était alors surprise à écouter avec un certain plaisir, les petits gémissements qui s’échappaient par la fenêtre de sa chambre. Pourtant, elle n’avait jamais vu d’homme rentrer chez elle, uniquement des femmes.

    — Laetitia ! Ça va ? Qu’est-ce que tu fais là ?

    — C’est plutôt à toi de me le dire ! T’es drôlement bien pomponnée aujourd’hui ! Ça me fait plaisir de te voir comme ça.

    — Ah, bon ? Tu trouves ? C’est gentil de ta part.

    — Oui ! Ça va mieux, on dirait !

    — Bof ! On fait aller. J’ai un peu la pression. Je me rends à un entretien d’embauche.

    — C’est super ! Je commençais à me faire du souci pour toi. Et c’est quoi ce job ?

    — Ne rigole pas ! Tu me promets ?

    — Vas-y, dis-moi !

    — C’est une amie qui m’a parlé d’une place d’employée de maison dans le 16ème arrondissement. Autant te dire que j’y vais à reculons, mais vu ma situation, j’ai pas trop le choix.

    — C’est pas très excitant en effet ! Mais pourquoi pas après tout ! Ça te fera du bien de sortir de chez toi et puis qui sait ? Tu y trouveras peut-être ton compte.

    — Et toi, où tu vas ? Ça fait longtemps que tu es derrière moi ?

    Laetitia répondit avec un air légèrement malicieux.

    — Un bon quart d’heure !

    — Tu aurais dû me le dire plus tôt, on aurait pu papoter un peu. Je suis presque arrivée.

    — À quelle heure c’est, ton rendez-vous ?

    — En fait, j’ai pas vraiment d’heure. À vrai dire, j’ai pas vraiment de rendez-vous non plus. Je me pointe un peu à l’improviste. Leur employée les a lâchés hier et ils n’ont pas encore fait passer d’annonce. Je comptais arriver pour 9h-9h30 et présenter ma candidature.

    — Tu es culottée, toi ! Ça te laisse encore un peu de temps ça ! Tu es en avance ma jolie ! Si tu veux, j’ai rendez-vous avec une amie au salon de thé. J’aime bien prendre le petit-déj’ là-bas. Viens avec nous ! C’est juste à côté.

    — D’accord c’est gentil ! Mais je ne reste pas longtemps.

    — Tu vas voir ! Mon amie est très sympa ! Elle a toujours plein de choses à raconter.

    — Comment s’appelle-t-elle ? Je la connais ?

    — Tu l’as sûrement déjà vue, c’est Catherine ! Une belle brune un peu rondelette, qui vient souvent me rendre visite. Tiens ! Justement, la voilà !

    Un peu rondelette était un euphémisme. Catherine était plutôt ce que l’on pourrait appeler une force de la nature. Malgré cela, son visage était assez harmonieux et l’ensemble de sa personne dégageait une certaine bonhomie et une excentricité pleinement assumée qui donnaient immédiatement envie de faire plus ample connaissance.

    — Salut ma chérie ! Tu connais Cécile ?

    — C’est toi la voisine, c’est ça ?

    — Euh ! Oui ! Mais je ne me souviens pas vous avoir déjà rencontrée.

    — Enchantée ! Moi c’est Catherine, tu peux me tutoyer tu sais ! Bon ! On va pas perdre de temps aujourd’hui parce que je dois me rendre au Casino de Paris pour onze heures. On doit monter la scène pour le concert de Carla Bruni, ce soir à 20h30. Il paraît qu’elle joue à guichet fermé.

    — Tu es du métier ? demanda Cécile soudainement très intéressée.

    — Ça dépend de quel métier tu parles. Moi mon métier c’est de démonter des scènes et de préparer les salles de spectacles, après le reste je m’en occupe pas. Un boulot de technicien, quoi !

    Cécile avait l’air déçue. Ce n’était visiblement pas la réponse qu’elle attendait.

    — Si ça t’intéresse, je peux peut-être te trouver une place. On manque souvent de main-d’œuvre. Laetitia m’a dit

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