Périple austral
Derek et Cécile formaient un couple délicieux. Enfin, si l’on pouvait appeler leur relation « un couple ». Chacun son job (normal), son rythme de vie (passe encore), chacun ses amis (plus étonnant) et chacun son appartement (original). Et on comptait aussi quelques aventures d’un soir qui ne troublaient pas leur parfaite entente. Ils s’accordaient à dire que leur couple était le criant exemple de ce que peut être une relation à la fois amoureuse et dénuée de tout préjugé.
– Mais enfin, s’étonnait Lydie quand elle faisait du shopping avec Cécile, tu crois vraiment qu’il t’aime ? Moi, à ta place…
– Je ne lui pose pas de questions sur ce qu’il fait sans moi et il agit de même.
– A ta place, je serais un peu jalouse… Tu ne crois pas qu’avec cette fille qu’il draguait l’autre soir ?
– Et alors ? A moi aussi, il arrive de draguer…
– En somme, tu ne l’aimes pas vraiment…
Cécile s’était arrêtée de marcher, agacée.
– Ecoute, tu en as plein la bouche, de l’amour. On peut avoir une relation sincère sans pour cela vouloir étouffer l’autre. Ce sont des préjugés d’un autre temps.
– La fidélité ? C’est d’un autre temps, la fidélité ?
– Oh, ça va ! s’exaspéra Cécile.
Et elle avait pressé le pas, ses paquets au bout des bras. Si Lydie n’avait pas été une vieille amie dont elle connaissait les travers comme les gentillesses, elle l’aurait plantée là.
Elle était biologiste. Lui n’était pas médecin, mais sa start-up sur la reconnaissance faciale avait intéressé des laboratoires. L’un d’eux avait racheté la jeune société australienne et Derek travaillait maintenant sur l’intelligence artificielle appliquée à la médecine. Leurs domaines de compétences les avaient rapprochés, des goûts communs pour l’art, la musique, le théâtre, la littérature avaient consolidé cette relation. A peine arrivée chez elle, elle déposa ses paquets dans sa chambre. Cécile se souvint de la première
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