Les héritiers de Val-Vert

3 – RÉSUMÉ : Après vingt mois de service militaire effectués dans le cadre d’une coopération en Afrique, Julien Brétignac rentre en France et décide d’aller rendre visite à son père à Lyon. Arrivé à la gare, il le cherche du regard ainsi que Diana, la fille de Malou, la nouvelle épouse de Philippe Brétignac. Mais personne semble n’être venu le chercher. Pourvu que cela ne cache pas une mauvaise nouvelle ! En attendant, Julien gamberge. Quels sentiments éprouve réellement Diana pour lui ? Et pourquoi, quand il voudrait songer à elle, il ne peut s’empêcher de penser à Aline Seigle, son amie d’enfance ? (Voir Veillées n^os 3517 et suivants.)

Chapitre 4

Alphonse Brétignac suivait de très près l’état de ses chèvres gravides. Il fallait leur éviter les bousculades, et même les contrariétés, ce qui faisait sourire sa fille Aline quand il l’affirmait. Il surveillait particulièrement deux de ses pensionnaires alourdies ; elles restaient dans la chèvrerie tandis qu’il sortait les autres.

Il avait commencé la traite de fin d’aprèsmidi, et Aline ne tarderait pas à venir l’aider. Mais il gardait un œil sur ses « parturientes ». Généralement, la mise bas s’effectuait sans difficulté, mais il lui arrivait d’intervenir. Par chance, il n’avait jamais eu recours au vétérinaire, qui pratiquait à présent couramment des césariennes.

Un pas léger se fit entendre. La lampe fixée au-dessus de la porte prit l’arrivante dans son faisceau, faisant briller ses cheveux mousseux. Alphonse tressaillit, et, un instant crut voir Thérèse, sa propre mère, rajeunie. C’était Aline, bien sûr, et le cœur débordant de tendresse, il lui sourit. Comme elle était différente d’Anne, pas très affectueuse, et qui n’écrivait pas souvent depuis son mariage et son départ pour l’Allemagne.

– Que se passe-t-il, papa, tu as l’air tout drôle ?

– Quand tu es entrée, ma chérie… oh! une seconde j’ai cru… comme tu lui ressembles!

La jeune fille savait de quoi – de qui – il voulait parler. Elle l’embrassa avec plus de chaleur encore que de coutume.

– Grand-mère veille sur nous, papa. Elle est toujours là, parmi nous. D’abord, parce qu’elle vit dans notre cœur.