Un bouquet de sentiments
A 23 ans, Leïla travaillait deux jours par semaine au Café du Marché comme serveuse. Le reste du temps, elle aimait se promener dans les rues d’Avignon, éprouver des désirs, des intuitions, traîner dans les parcs et les musées, observer les plantes qu’elle connaissait quasi toutes par leur nom. Elle vivait dans un appartement de la rue des Teinturiers, avec sa meilleure amie Sandrine qui était presque aveugle.
Tous les jours, Leïla plaçait, au centre de la table du salon, un bouquet de fleurs sauvages qui variait selon les saisons.
L’alliance de parfums subtils embaumait le petit appartement, ce qui ravissait Sandrine. Mais les deux amies rencontraient des problèmes d’argent depuis quelques semaines. Suite à sa dernière opération des yeux, Sandrine n’avait pu se présenter à ses examens de sciences et avait perdu sa bourse. Les petits boulots de Leïla ne suffisaient plus à payer les charges et le loyer.
Dans leur appartement, l’eau et l’électricité avaient été coupées. Dépitée, Leïla avait répondu à une petite annonce afin d’accueillir les visiteurs et de gérer la billetterie d’un château à Sorgues.
Le jour de l’entretien, la jeune fille se rendit à vélo au château où elle avait rendez-vous de bonne heure. Dès son arrivée, elle fut frappée par la magnificence du lieu.
Le château était planté au milieu d’un vaste parc avec de grands platanes et des jardins merveilleux. Sur l’axe central, se trouvaient trois bassins miroirs où circulait l’eau de la Sorgue voisine.
La jeune fille contempla avec ravissement les parterres de gazon, les alignements de buis, de cyprès et les corbeilles de lauriers-tins. Devant la façade en pierres blanches, se trouvait un grand magnolia au pied duquel poussaient des roses Fées des neiges et des pivoines lascives.
Une femme en tailleur noir, très stricte, les cheveux retenus par un chignon, l’attendait :
– Mademoiselle Leïla Jadel, je présume ? Vous
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