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Eline Salisbury: Tome I
Eline Salisbury: Tome I
Eline Salisbury: Tome I
Livre électronique243 pages3 heures

Eline Salisbury: Tome I

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À propos de ce livre électronique

Alors que tout le monde croit que les fées sont des légendes, voici le récit d’une histoire vécue, authentique, qui démontre le contraire. Les fées existent bel et bien. Seulement elles rusent, elles se protègent, elles font semblant de rien, se cachant souvent parmi les mortels… Jusqu’au jour où…

Destin fantastique d’une fillette "hybride", née d’une union interdite entre une fée et un humain. A dix ans, alors qu’une bosse commence à lui pousser dans le dos, signe implacable de la sortie de ses ailes, sa grand-mère va venir la chercher pour la ramener à Faerie. Afin que son "Il était une fois" débute et qu’elle accomplisse son destin. Et quel destin !

Une fillette d’autant plus attendue que le pays des fées se meurt et que selon la prophétie seule l’enfant prodige peut le sauver ! Les signes sont inexorablement là. Eline réussira-t-elle à renverser le cours du temps ? A redonner vie à la Terre ? L’avenir de Faerie dépend d’Eline or si Faerie disparaît, la Terre ne lui survivra pas.

Cette jeune enfant, élevée comme tous les enfants humains, va découvrir les enchantements d’une vie féerique : la sienne. Avec à ses côtés son compagnon et complice Thurel, un jeune elfe, Eline va devoir se battre contre les caprices d’êtres obscurs, de gnomes sorciers désenchantés, lutter contre tous les paparafés en quête de scoop... Si Zoric veut la peau d’Eline, il n’en aura pas les ailes.

Sa Majesté la Reine des Fées, Dame Nature, Dame Blanche, les fées et les fés, les elfines et les elfes, les sylphides et les sylphes, les kobolds, les griffards, les gnomes… et tous les autres sont aux cotés de la jeune fée-héroïne. Parviendra-t-elle, première entre tous depuis l’origine des mondes, à réconcilier les peuples de la lumière et les peuples de l’ombre afin de préserver la Vie. Découvrez ce chemin initiatique… Soyez-en enchantés, voici Eline Salisbury.
LangueFrançais
Date de sortie30 mars 2012
ISBN9782312006529
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    Aperçu du livre

    Eline Salisbury - Damien Raimbaud

    Salisbury.

    Chapitre 1

    Bonjour Hélenn !

    – Que fais-tu ici ?

    – Tu pourrais au moins me dire bonjour !

    – Je te demande ce que tu fais ici !

    – Hélenn, tu oublies que je suis ta mère. Tu pourrais au moins m’accueillir comme il se doit !

    – Rentre, sinon, tous les voisins vont te remarquer !

    – Et alors ?

    La vieille femme fardée entra chez les Salisbury, dans l’étroit pavillon de banlieue. Enveloppée d’une aura de mystère, elle portait sur elle des vêtements attestant d’un décalage certain avec les tendances actuelles, capeline noire, semblant dissimuler une énorme bosse qui, si elle était vue de ces voisins, rendrait Hélenn honteuse, aux pieds, une vieille paire de bottines noires, dont les extrémités pointues se dressaient vers le ciel et sur la tête, un long chapeau noir, décousu par endroits qui, lui aussi, se terminait en une pointe arrondie.

    Les deux femmes ne s’étaient plus revues depuis bientôt douze ans. Leur relation s’était interrompue brutalement à cause d’une bien triste querelle familiale. Madame Salisbury Lisiane s’était opposée au mariage de sa fille Hélenn. Ainsi, après une très longue absence, de nulle part, elle resurgit, rouvrant de vieilles plaies d’un passé encore douloureux.

    – Que fais-tu ici ? Je ne croyais plus jamais te voir. Il était difficile de dire si Hélenn était satisfaite ou non, face à la visite impromptue de sa mère, tant sa voix laissait passer quelques intonations incertaines, dénonçant maladroitement son émoi.

    – Tu n’es donc pas contente de revoir enfin ta vieille mère ?

    – Là n’est pas la question ! Ce n’est pas moi qui t’ai reniée !

    – Certes, mais comprend moi, tu es ma fille unique. Et ce mariage avec un homme… de cette société… enfin… tu comprends. Lisiane, se confondait dans des explications peu tangibles aux yeux – brillants – de sa fille. Les deux femmes étaient là, dans l’entrée de la maisonnée, immobiles, se considérant gravement.

    – Richard était un homme tout à fait respectable. Nous nous sommes aimés jusqu’à son dernier souffle. Hélenn éprouvait beaucoup de peine à parler de son défunt mari, qui avait succombé à une lourde maladie, laissant derrière lui sa femme et son unique enfant, alors âgée de quatre ans.

    Richard était très gentil, certes. Mais on ne peut pas dire qu’il faisait partie de notre monde !

    – Si c’est ce même monde qui t’a fait renier ta propre fille, alors, il n’est pas très intéressant d’en faire partie !

    – Ne dis pas n’importe quoi ! Je n’avais pas le choix ! Tu le sais bien ! répondit la vieille femme, sur un ton amer. J’ai tenté de revenir te voir, après le départ de Richard, mais…

    – Mais ?

    – Mais ce n’était pas le moment !

    – Alors, pourquoi aujourd’hui ?

    – Eh bien, ma chère fille, reprit Lisiane en susurrant ces mots.

    – Oh non ! Ne prends pas ce ton mielleux avec moi. Qu’as-tu à me demander ? Il y eut d’abord un silence, un instant d’hésitation, puis Hélenn reprit craintivement… Tu ne vas pas me dire que c’est en rapport avec mon enfant ?

    – Ma petite fille, tu veux dire.

    – Ahhhhhh tu peux parler ! Ta petite fille ! Tu ne t’es jamais souciée d’elle ! Tu ne sais même pas comment elle s’appelle !

    – Eline ! interrompit Lisiane.

    Hélenn resta muette face à sa mère, les yeux écarquillés d’étonnement, ne sachant plus quoi dire, ni plus quoi penser.

    – Mais… Co…Comment… ? bredouilla-t-elle, pleine de confusion.

    – Tu veux savoir comment je connais le prénom de ma petite fille ? Hélenn, comment as-tu pu imaginer que je puisse ne pas garder un œil sur vous ? Même si tes choix n’étaient pas ce que j’espérais de mieux pour ton avenir !

    – Tu ne vas pas revenir là dessus ! De toute façon, il n’est plus là ! Et puis, ce n’est pas à toi de me dire ce qui est bien ou pas, pour moi ! Les retrouvailles ne semblaient pas très bien engagées jusqu’à la soudaine arrivée d’une jeune et si jolie petite fille. En un coup de poignée, vif et rapide, la porte s’ouvrit dans la précipitation de son retour.

    Eline stoppa nette sa cavalcade dans le couloir lorsqu’elle tomba nez à nez, face à cette vieille inconnue, au charisme si mystérieux. Lisiane, elle, serrait la crosse en cristal violet de sa canne sur laquelle elle prenait appui, retenant son souffle. Tout semblait séparer ces deux êtres, et pourtant, il planait ici, comme un étrange air familier. Cette visite, aussi unique qu’inattendue, surprit la jeune enfant.

    – Bonjour ma chérie, accueillit Hélenn. La fillette jeta au sol son gros sac d’école, dont une règle et quelques livres dépassaient. Elle n’avait que dix ans. Son accoutrement de jeune adolescente laissait apparaître un goût certain pour l’excentricité vestimentaire, et ce, malgré les quelques rapiècements de tissu qui dénonçaient l’usure du vêtement. Coiffée de deux nattes brunes, la jeune enfant avait les joues rougies par l’effort.

    D’un pas mal assuré, elle se réfugia dans les bras de sa mère. Intimidée par la présence de l’étrangère, Eline chuchota à l’oreille d’Hélenn, pour savoir qui était leur invitée.

    – Tu ne vas pas me dire qu’elle ne sait pas qui je suis, demanda Lisiane.

    – Eline… voici ta grand-mère ! Comme si l’on venait de lâcher un poids, lourd de mille kilos, sur le vieux plancher de bois, l’instant fût marqué par un écho souffreteux. Le visage blafard, Eline resta immobile. Ses lèvres semblaient crier : « Mais comment ? Pourquoi ?… ».

    Jusqu’à ce jour, elle ignorait l’existence de cette grand-mère. Devant cet air de famille justifié, elle osa enfin poser ses questions à voix haute.

    – Elle est malade comme moi ? demanda-t-elle.

    – Heuuufff… oui… on peut dire ça, répondit Hélenn, embarrassée par l’interrogation.

    – Qu’est-ce que c’est que ces histoires de maladie ? soupçonna la grand-mère.

    – Oui, tu sais bien maman, cette maladie… Pour l’occasion, c’était au tour d’Hélenn de parler avec un ton mielleux, tant elle était confuse.

    – Tu me caches quelque chose ! La grand-mère se tourna vers Eline pour lui demander : ma tendre enfant, peux-tu retirer ton pull-over ?

    Maladroitement, Eline passa sa tête dans le trou de son pull, décoiffant ainsi ses deux couettes tressées. La vieille femme découvrit alors que sa petite fille avait le torse enroulé dans un épais bandage blanc.

    La grand-mère ne put contenir son émotion, libérant une larme sur sa joue. Sitôt ses esprits retrouvés, elle fut prise d’un affreux doute.

    – Tu n’as quand même pas…

    – Non, ce n’est que le début. La bosse vient tout juste de naître.

    – Mais, qu’est-ce que tu racontes ? s’indigna la grand-mère Salisbury. De quelle bosse parles-tu ? Ohhhhhhhhhh, je vois !

    Non, non… Non, tu ne vois pas du tout ! répliqua Hélenn, en colère, craignant la réaction de la grand-mère, puis lui chuchota : je n’allais tout de même pas lui dire… Mais aussitôt, un éclair vint lui traverser l’esprit, élucidant toute l’énigme de ce soudain retour. Maiiiiiis dis-moi. Tu n’es pas venue dans l’idée deeeeeeee…

    – Si ! L’heure est venue. Puis, sur un ton ironique, la grand-mère justifia. La preuve, la bosse commence à sortir !

    Eline, elle, ne savait plus quoi penser. Elle restait là, bouche béante, face aux brouhahas des deux femmes. S’apercevant de l’expression de son enfant, Hélenn se décida à plus d’explications.

    – Tu vois Eline, comme je te l’ai déjà dit, dans notre famille, il y a cette maladie génétique qui fait pousser une vilaine bosse dans notre dos. C’est pour cela que maman a cette affreuse cicatrice. Et pour t’éviter d’avoir la même chose, je te soigne très tôt. Dès que les premiers signes sont apparus, conclut-elle sur un ton insistant, soutenant du regard la grand-mère qui restait fair-play face au tissu de mensonges inventés par sa fille. Hélenn, elle, attendait impatiemment la réaction de sa mère, qui ne tarda plus à exprimer toute sa stupeur.

    – Ben ça alors ! s’exclama-t-elle. Je n’aurais jamais imaginé… Entre rire et exaspération, Lisiane ne savait comment réagir face à la mise en scène de sa propre fille.

    Maman, ça suffit, reprit sévèrement Hélenn. Ce n’est qu’une enfant. Elle est très fragile. Elle ne comprendrait pas. Lisiane restait muette face à cette soudaine autorité. Depuis le départ de son père, je suis toute seule à l’élever. Je n’ai pas attendu après toi pour pouvoir m’en sortir… Je vais te demander de nous laisser maintenant. Ces derniers mots plongèrent la maison dans une atmosphère étouffante, irrespirable ; orchestrée par un long silence…

    La grand-mère Salisbury ne savait plus comment faire pour mettre au clair tous ces malentendus, se doutant bien que cette mise en scène ne datait pas d’aujourd’hui. Mesurant de ce fait la difficulté à démanteler toute la machination, Lisiane pensa alors devoir partir. Ce qui ne fut pas l’avis de tout le monde. Alors qu’elle se tournait vers la porte, elle fut stoppée dans son élan.

    – Mamy… Bon… Bonjour, mamy. Eline regardait tendrement sa grand-mère. Je ne t’avais pas encore dit bonjour, dit-elle d’une voix hésitante. Derrière elle, la tension d’Hélenn se relâcha aussitôt. Sa colère s’effaça pour laisser place à la joie de cette rencontre entre une petite fille et sa grand-mère. L’émotion fit taire toute rancune. Les deux femmes s’attendrirent devant l’intervention de la jeune Eline.

    – Je… Je peux ? demanda Lisiane à sa fille. Hélenn se contenta de lui adresser un signe approbateur de la tête, les lèvres serrées pour retenir ses larmes. Eline pouvait enfin se blottir dans les bras de sa grand-mère.

    – Que c’est bon de vous retrouver, murmura la vieille dame, entre les sanglots de sa voix, adressant un tendre coup d’œil à sa fille.

    Par les travers et les mésaventures de toutes vies, les liens peuvent se découdre, se perdre, mais sitôt les cœurs ouverts, ils se retrouvent et s’unissent à nouveau, pour un nouveau chapitre, pour la suite de l’histoire…

    Chapitre 2

    Cependant, une énigme demeurait. S’il ne s’agissait pas d’une bosse, que pouvait bien dissimuler le gros pansement qui entourait le corps d’Eline ? De quelle maladie héréditaire pouvait être atteinte la jeune enfant ?

    – Je crois que le moment est venu de raconter l’histoire des Salisbury à ma petite fille, affirma Lisiane.

    – Mais… s’opposa Hélenn. Oh, après tout… Je ne veux pas qu’elle vive ce que je vis moi.

    – Que veux-tu dire par là, ma chère fille, demanda la grand-mère.

    – Tu le sais ce que je veux dire. L’amour que j’ai pour Richard, n’efface pas les regrets qui me rongent d’avoir agi comme je l’ai fait.

    La grand-mère aurait pu lui dire qu’elle n’avait qu’à écouter ses conseils, mais au lieu de lui faire d’inutiles remontrances, elle lui sourit tendrement et lui dit :

    – Ce n’est pas grave, ma fille. Tu avais besoin de vivre ton amour avec Richard. Je te comprends. Moi aussi j’ai des regrets, mais je n’ai pas le droit de t’en vouloir. C’était ton histoire. Il fallait que tu la vives. En cet instant, la barrière des reproches tomba définitivement, pour enfin faire place à l’amour maternel. Les liens familiaux pouvaient désormais se ressouder. Puis-je expliquer à ma petite fille, combien elle est née sous une bonne et merveilleuse étoile ?

    – Oui, tu le peux, confirma Hélenn avec sérénité. Car cette étoile doit aussi briller pour elle.

    – Eline… reprit la grand-mère.

    – Oui mamy.

    – Veux-tu voir à quoi ressemble la bosse qui est en train de pousser dans ton dos ?

    Dans un léger tourment d’appréhension, Eline demanda… : Maman… je peux ?

    – Oui tu peux ma chérie.

    – Mais… Toutefois, Eline craignait les aveux de sa grand-mère.

    – Non, tu n’as pas à avoir peur. Ne crains rien, Eline. Ce que mamy va te montrer n’est pas si affreux que je te l’ai expliqué.

    – Alors Eline, veux-tu que je te montre ? insista Lisiane, car Eline devait clairement prononcer son souhait, puisque seuls ceux qui le veulent vraiment, peuvent voir ce qu’Eline s’apprêtait à découvrir.

    – Oui mamy, je veux que tu me montres ta bosse… Et la grand-mère lui sourit.

    Lisiane posa doucement sa canne contre le mur. La scène prit soudainement des allures de ralenti. Elle se tourna lentement vers sa petite fille, dénoua le large ruban de satin qui fermait l’encolure et retira soigneusement sa capeline noire. Dévoilant par ce geste tout le mystère.

    Rien ne fut nettement perceptible de suite, car au fur et à mesure que la grand-mère ôtait sa capeline, une immense lumière dorée inondait la pièce, comme échappée du dessous du manteau. L’instant fut magique.

    Eline découvrit, émerveillée par le spectacle, deux magnifiques grandes ailes translucides, aussi brillantes que de la soie. À leur déploiement, une poussière scintillante tomba sur le plancher. Les deux ailes se déplièrent et se tendirent comme pour étirer les courbatures qu’avait occasionnées la pression du vêtement. Ainsi, elles se défroissèrent et présentèrent toute leur brillance.

    Eline restait bouche bée, stupéfaite, presque apeurée par la magnificence de l’instant. Debout face à sa grand-mère, ses deux petites jambes tremblaient de fébrilité. Elle découvrait non seulement qu’elle avait une grand-mère, mais que celle-ci semblait être une fée.

    Légende de la nature ? Mystère des hommes ? Tant de choses aurait pu détourner ce magnifique secret ainsi révélé à Eline. Néanmoins, grâce à sa sincérité de cœur, la jeune fille pouvait lire un premier chapitre de l’histoire bien mystérieuse et haut combien secrète de sa famille. Sa grand-mère est une… fée !

    – Ce sont des vraies…

    – Ailes, termina la grand-mère. Oui, Eline, ce sont de vraies ailes !

    – Mais je croyais qu’il n’y avait que dans les livres que les…

    – C’est une ruse pour nous protéger, ma tendre enfant. Tout le monde croit que nous sommes une légende, mais nous existons réellement.

    – Nous ?

    – Oui, nous. Car toi aussi tu es une fée.

    Comme un électrochoc, cet aveu rendit la jeune enfant fébrile, fragile face à son destin si promptement révélé. En un instant, Eline prit conscience que, dorénavant, sa vie ne ressemblerait en rien à celle de ses jeunes camarades d’école, dans ce monde d’humains. C’est dire si cet éclair de raison ouvrait un grand nombre de perspectives et suscitait, en même temps, tout autant de questions.

    – Et maman… ?

    – Ta mère aussi fait partie de notre monde.

    – Mais ses ailes ?

    – Je crois qu’une explication s’impose, intervint Hélenn.

    – Oui, mais nous devons nous y préparer, répondit la grand-mère Salisbury. Elles allumèrent un feu dans la cheminée du salon, non pas à cause d’un probable mauvais temps, mais par souci d’un confort chaleureux. Puis elles partagèrent un repas improvisé, sur le tapis épais autour duquel s’amassaient sofa et fauteuils rouge bordeaux. L’instant se devait d’être soyeux.

    – Il y a longtemps de ça, nous vivions tous à Faerie.

    – Où ça ? s’étonna Eline.

    – À Faerie. C’est… Comment dire ? C’est le pays des fées. Notre pays, notre terre, expliqua Lisiane. Toute notre génération a grandi là-bas. Jusqu’au jour où ta maman a rencontré ton papa.

    – Lui aussi est de Faerie ? précipita Eline.

    – Non pas exactement. Et la grand-mère regarda sa fille en précisant : et c’est bien dommage. Car ton père était un homme gentil et généreux, loyal. Nous aurions tous aimé qu’il soit du pays.

    Si Richard avait été de Faerie, les choses auraient pu être plus simples pour la famille Salisbury. En effet, Hélenn n’était encore qu’une jeune fée de vingt ans lorsqu’elle s’éprit d’amour pour ce jeune et bel homme, du même âge. On racontait à qui voulait bien l’entendre, que ce fût une autre fée qui aurait jeté un mauvais enchantement à Hélenn, afin qu’elle s’amourache de Richard.

    Il n’est pas de coutume qu’une fée tombe en amour pour un être humain. N’appartenant pas au même monde, les fées ne doivent pas se risquer au charme de ces étrangers. Une union entre fée et humain remettrait sérieusement en question la sécurité de Faerie, et compromettrait la pérennité de leur civilisation et de leur culture. Mais celles qui violeraient cette règle, aussi rares sont-elles, devraient subir un sacrilège.

    En s’engageant dans l’amour de Richard, Hélenn dut quitter à jamais Faerie. Pour cela, elle renonça à tous ses pouvoirs et, à la terreur de ses parents, elle dut perdre ses ailes. Ce qui révéla à Eline, l’origine exacte de la cicatrice dorsale de sa mère. Cette confidence fit tomber le voile sur bien des mystères.

    Aussi, coup du sort mauvais, ou règle du destin, une chose exceptionnelle vint à se produire dans l’amour de ces deux êtres. Hélenn donna un enfant à Richard. Ce

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