Une si belle topaze

Emilie patientait devant le portail, pestant contre son amie. Fidèle à son habitude,

Inès était en retard. Elle devait encore hésiter devant son dressing pour savoir quelle robe ou quel pantalon revêtir, quelles chaussures porter. Elle était la reine de l’indécision et ce depuis l’enfance.

C’était bien fait pour elle, pensa Emilie, elle n’aurait jamais dû lui proposer de l’accompagner pour chiner à la brocante organisée par l’association dans laquelle elle était bénévole. A ce rythme, les exposants seront partis lorsque nous arriverons, maugréa-t-elle.

Elle piétinait, l’irritation grandissait.

Pourtant, Inès devait bien se douter qu’elle l’attendait, elle qui se targuait d’être médium ! Comment deux filles aussi différentes pouvaient-elles être amies depuis la maternelle ? Emilie était aussi pointilleuse et précise qu’une horloge suisse. Inès était désordonnée, désinvolte, jamais ponctuelle car elle ignorait allégrement l’heure.

Emilie regarda, encore une fois, sa montre en se promettant d’en offrir une à son amie pour son prochain anniversaire. Enfin, la retardataire pointa son nez au coin de la rue. Elle ne pressa pas l’allure, même si elle devinait, à l’air courroucé d’Emilie, que cette dernière était agacée. – J’ai failli partir sans toi ! l’apostropha-t-elle.

Inès haussa les épaules :

– Je n’arrivais pas à choisir quel vêtement enfiler. Et puis, les vide-greniers, ce n’est pas trop mon truc, tu le sais ! Je viens avec toi uniquement pour te faire plaisir et te tenir compagnie. C’est pour les vieux, les brocantes…

– Merci, grinça Emilie. A 35 ans, je ne suis pas encore bonne pour le déambulateur !

– Oh, mais quel caractère ! Je ne dis pas cela pour toi ! Souris, il fait beau et tu vas pouvoir farfouiller dans de vieux machins tout poussiéreux. Tout en parlant, elle attrapa son amie par le bras et posa un baiser sur sa joue. Emilie l’enlaça gentiment :

– Malgré tes défauts, je t’adore !

– Malgré ton tempérament soupe au lait, je t’aime,