Poupée d’amour
C’est un bien triste jour. Ce 12 septembre 1901, dans la maison de Madame Lily, toutes les filles sont tristes. Notre petit bonhomme chéri est mort voilà trois jours, et nous venons de l’apprendre par son ami Aurélien Pimont. Oh bien sûr, nous nous y attendions un peu, mais tout de même, nos cœurs sont en peine. Nous n’ignorions pas qu’il avait fait un long séjour dans un sanatorium de Gironde. Il est ensuite parti se reposer chez sa chère mère, dans la propriété familiale de Malromé. Il paraît qu’il yest mort dans les bras desa maman. Nous lui disions toujours qu’il ne devait pas brûler la chandelle par les deux bouts, comme il le faisait depuis trop longtemps. Il se contentait de nous répondre d’un sourire, tandis que nous l’entourions de nos bras affectueux sur le sofa du grand salon où il s’installait pour boire son absinthe. Il le savait pourtant, que la petite fée verte était pour lui une méchante sorcière.
– Qu’allons-nous devenir, sans notre Henri ? me demande la jeune Clémence.
– Je ne sais pas, chérie. Mais une chose est sûre, personne ne nous regardera plus comme M. de Toulouse-Lautrec savait si bien le faire. – Toi, tu as Aurélien, me répond mon amie en essuyant une larme. – Un jour, quelqu’un viendra pour toi aussi, Clémence. Ce n’est pas seulement un rêve, j’en suis la preuve vivante.
Mais Clémence ne semble pas me croire.
Elle était bien jolie, Clémence. Elle avait 17 ans quand elle est arrivée dans cette maison de tolérance où nous vivons toutes comme des oiseaux dans une volière.
Au début, elle avait un peu de mal à monter avec les hommes, mais après quelques semaines, elle a mis du coeur à l’ouvrage.
Elle aurait préféré faire autre chose, avoir un autre métier, mais à la mort de sa mère, elle s’était retrouvée seule. Elle n’avait jamais connu son père. Il lui avait bien fallu gagner vite de l’argent et elle était venue frapper à
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