Champagne et héritage
Avant de se rendre chez sa tante Hélène, Elodie fit un crochet par la boulangerie. La septuagénaire était gourmande. Elle en ressortit avec ses gâteaux préférés : un Paris-Brest et un éclair au café.
Comme elle s’y attendait, Hélène la guettait depuis son balcon du troisième étage et lui adressa un petit signe en la voyant apparaître au coin de la rue. Elle l’invita d’un geste à rentrer chez elle quand Elodie arriva au bas de l’immeuble.
Elle n’avait pas oublié le code.
Hélène était de nature inquiète et son veuvage, survenu quelques années plus tôt, n’avait rien arrangé. Elle s’était alors repliée sur elle-même et ne fréquentait plus personne. C’est tout juste si elle saluait ses voisins. Sans enfant, il ne lui restait d’autre compagnie qu’une unique parente : Elodie – quand celle-ci voulait bien venir lui rendre visite.
Ce qu’Elodie faisait volontiers depuis quelque temps. Sa tante vieillissait, il y avait de l’héritage dans l’air.
Sa mère, sœur d’Hélène, avait trouvé la mort avec son père quelques années plus tôt dans un accident de voiture. N’ayant ni frère ni sœur qui aurait pu briguer avec elle le legs de la tata, Elodie se savait donc assurée de devenir un jour très riche. Car Hélène était riche. Elle avait revendu l’usine de robots ménagers de son défunt mari et vivait désormais des revenus que lui procurait l’argent placé.
Elodie, qui était pauvre, détestait sa tante.
Sa mère n’avait pas fait un aussi beau mariage que celui de sa sœur. Elle s’en était justifiée en affirmant qu’elle, au moins, avait épousé son père par amour, ce qui n’était pas, selon elle, le cas d’Hélène. C’était sans doute vrai, il y avait un écart de vingt ans entre les deux conjoints. Mais Elodie avait parfois regretté que sa mère n’ait pas fait parler sa tête plutôt que son cœur.
Sa mère était chanteuse et avait rencontré son père
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