Les héritiers de Val-Vert

5 – RÉSUMÉ : Après avoir beaucoup tergiversé, Diana apprend à Julien qu’en son absence, son père a fait un grave infarctus. Le téléphone sonne. C’est Malou. Philippe vient de décéder à l’hôpital. Julien est sonné. À peine rentré, il perd son père qu’il n’a pas revu ! Il faut maintenant organiser les obsèques. Malou prend tout en main au grand désespoir de Bernard et Julien. Leur père ne reposera pas à côté de leur mère. Il faudra y remédier un jour. Julien est incapable de quitter le cimetière lorsqu’une voix connue l’interpelle. C’est Aline qui est venue soutenir dans cette rude épreuve son ami de toujours. Julien en est bouleversé. (Voir Veillées n^os 3517 et suivants.)

Des sanglots comme des râles se bousculaient dans la gorge de Julien, qui triturait entre ses mains le petit mouchoir d’Aline. La jeune fille se reprochait de ne pas avoir salué Malou et Diana, mais elle n’y avait pas pensé une seconde, préoccupée uniquement par Julien. Elle entraîna son ami, le fit monter dans son taxi qui attendait. Il s’affala sur la banquette. Les larmes l’aveuglaient toujours.

– Je crois que je détesterai le printemps pendant tout le reste de ma vie, Aline.

– Mais non, Julien. Le printemps restera le signe du renouveau, même pour toi. Un jour tu guériras.

Le taxi se faufilait dans le trafic. Aline fit signe au chauffeur de s’arrêter devant le bar-restaurant d’un hôtel vieillot.

– Ce n’est pas un trois-étoiles, mais c’est correct. J’y ai retenu une chambre pour ce soir. Viens, on va boire quelque chose, ça te remontera.

Julien se laissa guider, prendre en charge. Avec elle, il voulait bien. Aline commanda des cafés très serrés. Il en avala deux tasses. Elle le regardait, triste mais attentive. Il remarqua enfin combien son amie d’enfance s’était transformée pendant ces dernières années. Elle n’avait plus rien de la petite fille d’autrefois, même si sa couronne de cheveux cuivrés moussait toujours autour de son visage qui s’était affiné. Ses yeux étaient clairs, lumineux, sa bouche était à peine teintée de rose, comme un bouton de fleur. Puis il ne vit plus rien, il avait perdu connaissance.