Evasion Près de la muraille byzantine
Delphine saisit le téléphone portable sur son bureau et l’approche de son oreille avec un soupir de soulagement. D’habitude, Damien l’appelle avant le déjeuner pour lui raconter le déroulement de sa matinée sur le chantier où il travaille, un gisement de phosphate algérien. Damien, à la fin de ses études d’ingénieur, a été embauché par un groupe spécialisé dans la fabrication de tubes en acier destinés au transport de produits dangereux dans des conditions extrêmes telles que la très haute pression, les environnements corrosifs ou les températures exceptionnelles.
Cela fait maintenant cinq ans que la direction de l’entreprise où il travaille affecte les plus expérimentés de ses salariés à des missions temporaires sur des chantiers hors de France.
C’est dans les pays du Maghreb que Damien a été envoyé pour ses derniers chantiers. Il a entamé celui de Tébessa, près de la frontière algéro-tunisienne, juste avant la naissance de son fils Léo. En dehors de ces missions, il vit dans la région lyonnaise – où se trouve aussi la maison mère de l’entreprise – avec sa compagne Delphine, historienne spécialiste du Moyen Age, de deux ans son aînée. Malgré la naissance de leur enfant, ils ne se sont pas mariés. L’ingénieur n’aime ni les formalités ni les cérémonies.
– Delphine ?
Ce n’est pas la voix de Damien qui résonne au téléphone, mais celle de Georges, son collègue et ami de longue date, parti avec lui sur le chantier de Tébessa. Sa voix a une tonalité inhabituelle. Delphine sent la panique la gagner :
– Il s’est passé quelque chose ?
La voix de Georges se fait plus sourde encore :
– C’est Damien… Il a eu un accident…
Delphine laisse échapper un cri :
– C’est grave ?
Un silence, puis la terrible réponse :
– Je suis désolé, Delphine… Nous n’avons pas pu le sauver…
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