Les Âmes noires - Tome 3: Polar fantastique
Par Raoul Coudène
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À propos de ce livre électronique
Albin côtoie un groupe d’anciens amis de Madeleine. Il devient l’amant d’une jeune femme ravissante.
Que se passera-t-il lorsque leurs chemins se croiseront à nouveau ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Raoul COUDENE est né à Avignon en 1944.
Études au Collège des Jésuites, militaire, arts graphiques, artisan potier, sculpteur-modeleur, restaurateur-doreur en bois dorés. Plusieurs de ses nouvelles ont été éditées dans divers fanzines, puis une aux éditions Denoël dans une anthologie de SF. Il a écrit des sketches de SF pour un spectacle monté et joué à Avignon. Une de ses pièces de SF a été lue au « Gueuloir » pendant le Festival. Un de ses textes a été retenu par un réalisateur pour un long-métrage télévisé.
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Avis sur Les Âmes noires - Tome 3
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Aperçu du livre
Les Âmes noires - Tome 3 - Raoul Coudène
LES ÂMES NOIRES
TOME 3
Raoul Coudène
Dans les tomes précédents…
Madeleine est partie rejoindre son amour de jeunesse. Albin a rencontré le musicien et l'a laissé pour mort. Endeuillé de sa mère, meurtri par une cruelle déception amoureuse, il vit désormais à Burzas.
Un ancien de la bande de Madeleine l'embauche comme homme à tout faire.
CHAPITRE 1
Après les obsèques Albin a quitté discrètement la réception pour se retirer chez lui, dans sa maison au fond du parc. Une cinquantaine de personnes dévorent le buffet que, pour l’occasion, Gilda a commandé chez le meilleur traiteur de la ville. Ursula fait le service les larmes aux yeux et l’a avertie de son prochain départ.
Chez lui, il est installé dans son fauteuil préféré face à l’écran de la télévision. Le DVD qui passe, un film d'aventure, ne le captive pas. Ses yeux fixent les images sans les voir. Le front plissé, il pense à cet homme qui lui a échappé, qu’il aurait dû tuer quand il en avait l’occasion.
Ce salopard, il n’a même pas souffert d’après les flics.
Un juron lui échappe.
Maintenant elle est débarrassée de son boulet et ses enfants sont en sécurité. Sans scandales, sans disputes, sans divorce long et éprouvant. Elle joue parfaitement son rôle de veuve éplorée qui a besoin des bras de ses amis pour la soutenir. Surtout au cimetière, elle était parfaite. Tailleur noir, lunettes noires à monture épaisse, voilette de tulle noie, et pour parfaire le déguisement, une touche de fragilité toute féminine : mouchoir immaculé et malaises à la descente du corbillard et à la fermeture du tombeau. Tout cela dans une dignité de patricienne, sans un sanglot, sans un gémissement.
Il éteint la télévision et va se servir un verre de whisky.
Le hasard fait parfois bien les choses L’assurance-vie, les biens d’Hubert. Elle va devenir un sacré parti.
Il scrute la vaste terrasse de la demeure qui s’élève au milieu d’un gazon digne d’un terrain de golf. Les portes-fenêtres sont ouvertes et les convives viennent griller une cigarette à l’extérieur. Près d’une statue en pierre, il aperçoit Clémence en train de discuter avec Éric. Une émotion étreint sa gorge. Là, en ce moment, il aurait envie de tout lui avouer, de se laisser aller à raconter les secrets de sa famille, de sa vie et ce qui l’a conduit ici. Il imagine sans peine son visage blêmir, son sourire disparaître pour être remplacé par un rictus de peur ou de dégoût.
Elle ne doit jamais connaître tout ce qui me hante, percevoir l'obscurité de mon âme. Je me suis employé à la verrouiller alors que j'aurais dû la libérer avant qu'Hubert ne m'échappe pour toujours. Je dois éteindre cette rage qui me mord les entrailles, toujours prête à s'extérioriser. Je veux être, demeurer un homme ordinaire et aimant tel que Clémence me connaît et me ressent. Nous sommes un couple et nous allons fonder une famille comme beaucoup d'autres ; nous installer dans un bonheur simple et limpide, sans turpide, sans noirceur.
Cette dernière ne parvient pas à supporter ses prothèses une journée entière et ne les utilise que « dans les grandes occasions », pour lui faire plaisir ou pour sortir ensemble au restaurant, pour l’emmener à l’opéra.
À l’opéra ! Moi, l’Albin qui travaillait dans les champs avec le père. Moi qui ne connaissais que mes montagnes et mes rivières. Moi qui braconnais des sangliers, des truites et des lapins.
Clémence et Éric semblent avoir une discussion assez animée. Ce dernier prend une chaise et s’assoit en face d’elle. Gilda s’approche, échange quelques mots avec eux et retourne à ses invités.
Il y a déjà quelques mois qu’il ne couche plus avec elle, en fait depuis leur nuit dans ce grand hôtel sur la corniche de la ville.
Albin rejoint Clémence plusieurs fois par semaine et la disparition d’Hubert ne changera pas leur projet, à savoir qu’il emménagera chez elle lorsque son divorce sera prononcé.
Gilda qui ignore que sa meilleure amie s’est approprié son amant, n’a eu que l’embarras du choix pour rencontrer des mâles capables de lui arracher quelques gémissements de satisfaction. Elle a mal supporté son désintérêt et, pour l’instant, enrage de ne pas savoir qui l’a remplacée. Mais elle ne doute pas du pouvoir de sa séduction et qu’Albin lui reviendra tôt ou tard.
Éric quitte la jeune femme qui fait pivoter son fauteuil pour se mêler aux invités. Albin la perd de vue.
img1.pngLe lendemain, Madeleine se présente devant les grilles de la propriété des Delaye.
Gilda, qu’elle a prévenue, l’accueille et la fait asseoir dans le petit salon.
⸺ Euh. ! Vous pensez bien qu’il n’est plus question de fêter l’anniversaire de notre… mon fils…
Reniflement discret.
⸺ Je suis seulement venue vous présenter mes plus sincères condoléances.
⸺ Je vous remercie, mademoiselle !
Ursula apporte un thé.
⸺ Vos enfants… ?
⸺ Cette perte est terrible pour eux ! Mais, vous savez, la jeunesse…, répond la maîtresse de maison avec un geste vague.
⸺ Oui, je sais, bien sûr !... Mais, vous… ?
Mouchoir écrasant une larme inexistante.
Madeleine sent monter en elle une envie de lui faire du mal, de la torturer. De la gifler à toute volée. En un éclair, elle imagine Hubert allongé sur cette femme, embrassant ses seins, sa bouche. Ses doigts s’insinuant dans son sexe ; ses mains la caressant, ployant ses reins…
⸺ Oh ! Moi…
⸺ Oui ?
⸺ Je m’en remettrai difficilement.
⸺ Je vois !
⸺ Qu’est-ce que vous voulez dire ?
⸺ Je vois que vous êtes malgré tout effondrée de chagrin.
⸺ Malgré tout ? Je ne comprends pas.
⸺ Votre mari vous cocufiait avec toutes les femelles de l’hôpital.
⸺ Quoi ?! Je ne vous permets pas.
⸺ Arrêtez votre cinéma. Il baisait tout ce qui porte une culotte. Ça plaisait à certaines et à d’autres par contre… Promotion canapé, droit de cuissage. Qu’est-ce que vous choisissez ?
⸺ Salope !
⸺ Ah ! Ça y est ! On se lâche. Vous étiez au courant de toutes ses frasques. Comment avez-vous pu supporter ça ? Par amour ? Peu probable. Par intérêt ? Sans aucun doute. Paraît que les Delaye sont une des plus grosses fortunes de Marseille.
⸺ Sortez de chez moi, s’écrie Gilda en se levant.
⸺ J’ai pas fini.
⸺ Qu’est-ce que voulez à la fin ?
⸺ Vous dire qu’Hubert était un connard, un salaud de la pire espèce. Que vous ne l’aimiez pas. Que vous lui avez fait deux marmots en croyant vous l’accaparer, que vous profitiez de son fric, de sa renommée. Qu’il vous a sortie de votre existence d’insecte, que sans lui, vous croupiriez dans une mauvaise officine de quartier.
La veuve abasourdie en a le souffle coupé. Finalement elle balbutie :
⸺ Hubert ? Vous avez dit Hubert.
Madeleine plonge les yeux dans ceux de cette femme qui a pris sa place et se dit que remuer le couteau dans la plaie lui procurera un certain plaisir.
⸺ Il m’a baisée dans une salle d’opération. Et pour tout vous dire, c’était pas une affaire. Un vrai lapin. Vous allez me dire une de plus : qu’est-ce que ça peut faire ? Pas grand-chose. Peut-être pas, pour la bonne raison que, moi, je l’aimais et que j’aurais su le garder. Nous avions tout de même rendez-vous pour un petit souper romantique juste le jour de sa mort. Nous devions passer la nuit ensemble.
⸺ Dehors ! hurle Gilda qui l’empoigne par un bras et veut l’entraîner vers la porte.
Madeleine se dégage facilement et, tout à coup, une autre idée lui vient pour blesser cette femme.
⸺ Au fond, cette mort, ça vous arrange bien.
⸺ Qu’est-ce que vous voulez dire, sale pute ? jette la maîtresse de maison en palissant.
« Touchée ! » constate la visiteuse.
⸺ Non seulement finies les humiliations, mais aussi, à vous le pognon, les propriétés des Delaye. Et, peut-être, une bonne assurance vie ?
Le revers de sa main baguée l’atteint en pleine bouche avant qu’elle ne puisse réagir. Madeleine se penche à temps pour éviter le retour et bat en retraite.
Au moment où elle va franchir le seuil de la demeure, elle voit les deux enfants d’Hubert au bas d’un escalier en train de les observer avec des yeux agrandis par la stupeur. Ursula sort de l’office et reste bouche bée.
Sa maîtresse est en train de proférer de grossières insultes à l’adresse de cette inconnue qui comprime le bas de son visage avec un mouchoir taché de sang. Tout à coup la voici qui s’avance vers elle en brandissant une statuette en bronze. L’autre recule en ricanant, semble-t-il, prête à s’en aller, mais, soudain, se ravise et, les lèvres retroussées par la fureur, charge Gilda les ongles en avant. Cette dernière se protège mal et reçoit une gifle magistrale qui la déséquilibre et la fait tomber à la renverse sur une table basse chargée d’un magnifique vase chinois. Le vase vole en éclat, la statuette lui échappe et chute lourdement sur le sol.
Les enfants hurlent. Ursula se précipite pour aider leur mère allongée sur le sol parmi les débris.
Madeleine crache le sang qui envahit sa bouche et, après un long regard vers la descendance d’Hubert, claque la porte d’entrée et démarre en trombe au volant de sa voiture.
Après la pelouse qui s'étire devant le perron, une série de massifs et de bosquets bordent l’allée qui conduit au portail. Elle est obligée de ralentir pour ne pas déraper sur le gravier avant d’aborder un virage assez serré voulu par le maître de maison pour obliger les personnes à conduire lentement de façon à ne pas soulever de poussière. Au bord du chemin, un homme pousse une brouette chargée de végétaux coupés. Haute stature, largeur d’épaules impressionnante.
Elle fronce les sourcils et freine encore un peu plus.
⸺ Albin, murmure-t-elle en passant près de lui. Encore une fois, il ne m’a pas reconnue.
Dans le rétroviseur, tout à coup, elle le voit se figer, lâcher les bras de la brouette et regarder dans sa direction.
En enfonçant la pédale de frein, Madeleine se dit qu’elle est complètement folle, que ça ne la mènera à rien. Il fait partie des témoins de cette période de sa vie qu’elle voudrait oublier.
Cependant, elle sort vivement de la voiture.
Il vient vers elle, les mains dans les poches, sans se presser comme s’il savait qu’elle l’attendrait.
Tout en l’observant du coin de l’œil, elle contourne son véhicule, ouvre le coffre en faisant semblant d’être très contrariée.
⸺ Mademoiselle ? entend-t-elle derrière elle.
Elle se retourne.
⸺ Oh ! Bonjour. Je suis allée trop vite ?
⸺ Non ! Non ! Vous avez un ennui avec votre voiture ?
⸺ Pas du tout. Je croyais avoir pris mon porte-document et je pense que…
⸺ Qu’est-ce qui vous est arrivé ?
⸺ Oh ! Rien de grave ! fait-elle en tamponnant ses lèvres.
⸺ Est-ce que je peux vous aider ?
Elle pose sa main sur son bras et le gratifie de son plus beau sourire.
⸺ Non, merci. Vous êtes gentil, Albin. J’ai dû simplement l’oublier chez moi.
Sous ses doigts, elle perçoit toute la vitalité de cet homme à qui elle doit la vie.
⸺ Vous allez donner un spectacle pour les enfants ?
⸺ Je ne pense pas.
⸺ Oui, bien entendu. Nous sommes tous en deuil.
⸺ Je me suis disputée avec votre patronne.
⸺ Depuis l’accident de son mari elle n’est pas très facile. Faut la comprendre. Plus tard, peut-être ?
⸺ Qui sait ?
Le jardinier la dévisage avec attention. Elle ne peut pas faire semblant de l’ignorer.
⸺ Qu’est-ce qu’il se passe ? Vous me gênez, Albin, émet-elle en esquissant un sourire. Vous m’examinez comme si…
⸺ Oui, pardonnez-moi. Mais vous me rappelez quelqu’un.
⸺ Ah bon ! Je lui ressemble ? J’ai un sosie ?
⸺ Non ! Mais il y a en vous quelque chose qui me fait penser à elle. Votre allure, vos gestes, votre voix.
⸺ Vous m’intriguez.
⸺ Comme vous, elle était conteuse. Je l’ai connue dans ma jeunesse… C’est une longue histoire, déclare-t-il en détournant le regard.
Madeleine prend congé rapidement, incapable de dissimuler plus longtemps son émotion.
Dans son rétroviseur, elle voit qu’il la suit des yeux, les bras ballants, immobile au bord de l’allée.
img1.pngDans sa voiture, Cornillat prend une paire de jumelles et les braque vers les grilles de la propriété. Il s’est garé juste en face parmi les voitures qui stationnent le long du boulevard de ce quartier résidentiel.
Un sourire glisse sur sa face anguleuse.
⸺ Pas évident de te retrouver… Mais d’après ce que je vois, t’as pas trop changé.
* * * *
À Burzas, les moins taciturnes avaient longtemps hésité à renseigner cet étranger même s’il ne leur était pas inconnu. Non seulement ils l’avaient rencontré au hasard de ses parcours sur les GR de la commune, mais aussi au cours de l’enquête sur ces crimes inexpliqués qui avaient bouleversé le village.
Prétextant la nécessité d’une convalescence dans un endroit paisible, il était resté plusieurs mois sur place, à l’hôtel de la Fontaine, celui-là même où il logeait avec Michel Drancy. Ainsi en s’intégrant à la vie communale, il avait pu peu à peu vaincre les méfiances et recueillir quelques bribes d’informations sur l’un des leurs, Albin Audier.
Il se remémore cette conversation décisive dans la cuisine de cette octogénaire. Celle qui avait enfin fait aboutir ses recherches.
Un café à la chaussette, un petit verre d’eau de vie de prune, un horrible biscuit fait maison, une table et sa toile cirée marron…
Cette femme, habitante d'une petite maison voisine du pied-à-terre des Delaye, avait déballé tout ce qu’il espérait. Évidemment, il avait su gagner sa confiance par de menus services tels que la soulager du poids d’un panier à provisions, lui offrir des gâteaux, lui donner parfois le bras pour aller à la messe du dimanche…
⸺ L’Albin, quel brave garçon, vous savez. Vous avez de la chance de l’avoir pour ami. Oh ! La vie n'a pas été trop tendre avec lui. La famille de son père… Sa mère qui va mourir à Paris, vous vous rendez compte. Et puis, plus tard, cette femme russe qui le quitte un beau matin.
⸺ —Ah bon ?
⸺ Ils vivaient ensemble, là-haut, dans la grande bergerie qu’il avait faite restaurer. Oh ! Je ne l’avais jamais vu aussi heureux, l’Albin. Et puis, un matin, cette garce, voilà qu’elle disparaît. C’est pas Dieu possible. Elle l’a laissé comme ça, comme… comme…. On s’est fait du souci pour lui, le pauvre. Et puis, il a remonté la pente doucement. On a commencé à le revoir au bord de la rivière.
La vieille fait un geste de la main comme pour chasser un insecte importun.
⸺ — Heureusement que les Delaye l’ont emmené avec eux. Pour lui, ici, y avait plus d’avenir. Il vivait replié sur lui-même. C’est bien ce qu’ils ont fait, ces gens.
⸺ Je sais qu’ils habitent Marseille. Mais, par contre, je n’ai pas…
⸺ Oui, ils habitent et travaillent tous les deux dans un hôpital. Lui est docteur et elle pharmacienne. J’ai leur adresse pour les prévenir au cas où il y aurait un problème avec leur maison.
⸺ Ah ! Formidable, s’était-il enthousiasmé. Ça me fera plaisir de le revoir.
Avec un bon sourire, elle avait trottiné vers son buffet et était revenue s’asseoir en tenant un carnet à spirale entre ses doigts arthritiques.
En notant l’adresse, il avait ressenti comme un coup de poignard dans le crâne. Comme si ses os se fracturaient encore une fois. Son regard était devenu trouble avant de se perdre dans le néant. En quelques secondes, une série d’images et de sensations l’avaient submergé.
* * * *
Au moment où il se penchait vers son prisonnier : une explosion violente et sourde claqua de chaque côté de la tête…
Une éternité plus tard, il reprenait conscience. Son instinct lui ordonnait de bouger, ne pas rester là, dans cette grotte. C’est un leitmotiv lancinant qui obligea ses paupières à se soulever malgré leur poids, malgré la souffrance abominable qui martelait ses mâchoires, ses tempes, ses oreilles, qui se propageait jusqu’à sa nuque.
Il eut envie de hurler, mais l’autre risquerait de l’entendre et de venir l’achever.
Il rampa vers la clarté lunaire. Se mordre les mains et les doigts suffit à le maintenir hors de l’inconscience.
Il sentait le poids de son portable contre sa cuisse droite. Il commit l’erreur de tourner la tête pour palper son pantalon et sombra aussitôt dans le néant. Lorsqu'il en émergea, l’aube rosissait une partie du ciel.
Les touches du clavier paraissent lointaines et éblouissantes quand il avança l’index. Finalement la liste des contacts défila.
⸺ … Faut qu’il soit là, balbutia-t-il.
Ses mots, il les entendait à travers une montagne de ouate qui appesantissait sa langue et ses cordes vocales. Après quelques tentatives infructueuses, il parvint à sélectionner le bon numéro.
⸺ Faut qu’il soit… là…
⸺ Oui ? fit une voix masculine.
⸺ … me… chercher… Gourd de la… de la Vieille…
Il perçut à peine la question pleine d’inquiétude de son correspondant puis perdit connaissance.
Double fracture du crâne, trépanation, coma.
Après, longtemps après, ses yeux s’ouvrirent sur la couleur blanche des murs d’une chambre d’hôpital.
Alexis, son employé, était à son chevet. Il lui expliqua qu’il avait eu des difficultés