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La fusion: Fuse (French), #1
La fusion: Fuse (French), #1
La fusion: Fuse (French), #1
Livre électronique320 pages35 heures

La fusion: Fuse (French), #1

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À propos de ce livre électronique

L'auteure de best-sellers du New York Times nous offre une aventure fantastique à rebondissement aux accents de Tolkien, mêlant romance, magie et dragons ! Les fans de Sarah J. Maas, Cassandra Clare et Leigh Bardugo seront comblés !

Après avoir été abandonnée en pleine nuit aux portes de la ville quand elle était bébé, Cora a passé sa vie dans ce petit village, évitant la loterie du mariage et les avances des hommes qu'elle considère comme des gamins. Elle travaille dans sa forge où elle est la meilleure forgeronne de la région… même si personne ne veut l'admettre.

Jusqu'à l'arrivée des chamans…

Ils cherchent quelqu'un… ou quelque chose.

Cora a toujours eu un fort caractère, aussi quand elle voit un chaman tenter d'aspirer l'âme d'un garçon, elle le poignarde sans pitié.

Problème : on ne peut pas tuer un chaman.

Alors elle s'enfuit loin du seul endroit qu'elle connaisse.

Et elle tombe sur un dragon cracheur de feu, gigantesque et têtu.

Elle est loin de se douter que cette créature est bien plus qu'un simple dragon.

Il a fusionné avec un homme.

Un homme qui va changer sa vie à tout jamais.

LangueFrançais
Date de sortie17 déc. 2021
ISBN9798201463267
La fusion: Fuse (French), #1
Auteur

E. L. Todd

E. L. Todd was raised in California where she attended California State University, Stanislaus and received her bachelor’s degree in biological sciences, then continued onto her master’s degree in education. While science is interesting and a hobby, her passion is writing. After writing novels as a small child, her craft grew until she found the confidence to show her closest friends—which is how Only For You, the first installment of the Forever and Always series, and the Soul Saga series began. When she isn’t reading or writing, she is listening to indie rock music. Her current favorite artist is Mumford and Sons, whom she credits most of her inspiration for her novels. She also enjoys running and swimming, as well as working as a high school teacher. She also works as an assistant editor at Final-Edits.com. She has an unusual obsession with dogs, even though she doesn’t own one, and her favorite vacation spot is Disneyland, which she visits several times a year. The most important aspect of her life is her friends, whom contributed so much time and energy into all of her novels. According to E. L. Todd, “Without them, Only For You and Soul Catcher never would have come to fruition. I am theirs forever.”

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    Aperçu du livre

    La fusion - E. L. Todd

    CHAPITRE UN

    L’équilibre de la dague était incomparable. Quelle que soit la façon dont on la tenait, le poids se répartissait uniformément autour d’un centre de gravité placé directement entre la garde et la lame elle-même. La dague se maniait de façon instinctive et fendait l’air sans être repérable à l’œil nu.

    C’était un chef-d’œuvre.

    Cora la posa sur le comptoir et admira son travail. Le métal scintillait à la flamme des bougies et brillait comme le soleil aux premières heures du jour. Comme elle était la forgeronne la plus douée du village, ses armes étaient tout simplement les meilleures.

    La porte s’ouvrit brusquement et de lourdes bottes martelèrent le plancher.

    Cora sut immédiatement à qui elles appartenaient, à en juger par la façon rustre dont l’importun se balançait en marchant. Elle avait le malheur de travailler pour tout le monde dans le village, y compris les crapauds baveux qu’elle ne pouvait pas piffer.

    – Je viens de fabriquer une nouvelle arbalète. Tu veux la voir ?

    Seth s’approcha du comptoir et posa ses gros bras sur la surface. Il examina la lame de ses yeux bruns avant de se tourner vers elle, un rictus suffisant aux lèvres.

    – Je préfère te voir.

    De la bile remonta dans la gorge de Cora.

    – Ce sentiment n’est pas réciproque, Seth. Alors, dis-moi ce que tu veux et va-t’en.

    – Allons, mon chou.

    Dans ses entrailles brûlait un feu en fusion.

    – Je ne suis pas ton chou. On m’a donné un nom pour une bonne raison, alors utilise-le.

    Cet air niais sur son visage ne disparaissait jamais.

    – Tu vas au feu de joie ce soir ?

    – Pas si tu y es.

    Son sourire s’estompa. Apparemment, il avait reçu assez d’insultes pour être enfin offensé.

    – Tu es plus froide que le métal, tu le sais ?

    – Peut-être que c’est parce que je ne t’aime pas.

    Elle se retourna pour prendre son marteau, mais elle fut stoppée dans son élan.

    Seth la saisit par le poignet et la tira vers lui.

    – Tu ferais mieux de changer d’avis, parce que tu vas devenir mon chou, que tu le veuilles ou non.

    La sensation de sa main était plus repoussante que de la lave brûlante. Toutes les fibres de son être se révoltèrent à ce contact non désiré. Sans réfléchir, elle s’empara de la dague, s’apprêtant à lui transpercer la paume.

    – Cora.

    La voix de Dorian s’éleva dans l’embrasure de la porte. La force de ce seul mot suffit à l’arrêter.

    Seth retira sa main et recula, la peur traversant son regard. Il se massa la paume comme si Cora lui avait porté le coup. Son arrogance ne résonnait plus comme une lourde cloche.

    Dorian s’avança lentement dans l’échoppe, son mécontentement inscrit dans les lignes dures de son visage.

    —Seth, pars. Je ne peux pas contrôler Cora plus longtemps.

    Seth jeta un regard noir à Cora, signifiant clairement : ce n’est pas fini. Puis il partit, ses lourdes bottes frappant de nouveau le parquet. Quand la porte se referma derrière lui, Cora et Dorian se retrouvèrent seuls.

    Dorian s’approcha du comptoir, la déception se lisant dans ses yeux. Avant même qu’il ouvre la bouche, elle sut ce qu’il allait dire.

    Cora reposa la dague sur le comptoir.

    – C’est la plus belle que je n’ai jamais faite.

    – Impressionnant.

    Il posa les coudes sur le comptoir, les yeux rivés sur son visage.

    Elle ne voulait pas croiser son regard, car elle savait ce qui allait se passer.

    – Cesse de lutter. Tu dois choisir un mari.

    La colère jaillit de sa gorge comme une flamme.

    – Pourquoi ? Je suis parfaitement heureuse de ma situation.

    – Tu as besoin d’un homme qui s’occupe de toi.

    – Je m’occupe très bien de moi.

    – Tu ne peux pas être forgeronne pour toujours. Les gens en ville disent…

    – Je me fiche de ce qu’ils disent. Je suis le meilleur forgeron sur des lieues à la ronde. Personne ne le conteste. S’ils préfèrent avoir des lames émoussées au combat ou à la chasse uniquement à cause de ce que j’ai entre les jambes, ce sont des abrutis.

    Dorian passa ses doigts dans ses épais cheveux noirs, les ramenant sur ses yeux avant de les dégager à nouveau.

    – Je ne peux pas m’occuper de toi pour toujours. Je dois penser à ma propre famille.

    Après avoir été abandonnée dans la rue, Cora avait été recueillie comme une orpheline par Dorian. Il l’avait nourrie, lui avait donné un toit et appris le métier. Mais il avait cessé de s’occuper d’elle depuis longtemps.

    – Tu ne t’occupes pas de moi. Je subviens à mes besoins en forgeant ces armes. Franchement, tu ne trouveras jamais un meilleur forgeron ou une employée moins chère. C’est moi qui te fais une faveur.

    Il secoua doucement la tête.

    – Mais combien de temps ça va durer ? Personne ne s’est plaint de ton habileté au début. Mais tu es une dame maintenant, Cora. Tu l’es depuis longtemps. Il est normal de prendre un mari et de fonder une famille.

    – Et si je ne veux pas d’un mari et d’une famille ?

    Cora ne s’intéressait pas aux garçons de la ville. Pour elle, c’était précisément ce qu’ils étaient : des garçons.

    – Dommage pour toi, dit-il froidement. C’est dans l’ordre des choses.

    – Selon qui ? Les règles de la société ne sont pas des lois. Ce sont des opinions. Et j’ai la mienne.

    Il baissa les yeux vers le comptoir et soupira comme si cette conversation lui donnait mal au crâne.

    – Cora, tu es une femme intelligente. Tu as beau être en désaccord avec moi, ça ne veut pas dire que mon conseil est mauvais. La route à venir sera très difficile si tu continues à résister. Je te suggère de choisir un mari pendant qu’il en reste quelques bons à prendre.

    – S’il te plaît, ne me dis pas que Seth est un bon choix.

    C’était un bâtard arrogant. Cora n’envisagerait même pas de l’épouser s’il était le dernier homme sur la Terre.

    – Je pense qu’il est meilleur que certains. Sa famille possède les champs de coton. Il s’occuperait bien de toi.

    Cora ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel.

    La voix profonde de Dorian retentit à nouveau.

    – Cora. J’admire ton indépendance, mais ne sois pas puérile. Tu es assez intelligente pour comprendre comment le monde fonctionne. Si tu ne te maries pas, tu seras vendue au bordel.

    – Plutôt mourir.

    Elle se trancherait la gorge s’il le fallait.

    – Alors, épouse Seth. Ou choisis quelqu’un d’autre. Ça n’a pas d’importance. Mais tu ne peux pas rester seule pour toujours.

    Elle reprit la dague et admira la lame à la faible lumière du jour. Les armes étaient sa seule passion. Façonner le métal et amener les forges à la bonne température lui donnait le sentiment d’être vivante. L’amour, le mariage et les bébés… ce n’était tout simplement pas son truc.

    – Cora.

    Elle leva lentement les yeux vers lui, cachant ses pensées derrière ses beaux yeux.

    – J’aimerais que mes fils aient la moitié de ta force.

    Dorian veillait sur elle alors qu’il n’avait plus à le faire, et même si sa famille n’avait pas beaucoup d’argent, ils arrivaient à nourrir une bouche supplémentaire. Bien qu’il ne soit pas particulièrement affectueux avec elle, il n’avait jamais été cruel.

    – Peut-être que les gens du village ne t’admirent pas, mais moi si. Je t’ai appris le métier, mais d’une certaine manière, tu me surpasses. Tu ne te laisses pas faire, et tu gardes la tête haute avec fierté, pas avec arrogance. Et tu es belle sans être vaniteuse. Mais ces qualités ne signifient pas grand-chose si tu ne t’en sers pas. Épouse un homme bien et fais le sacrifice. Tu pourras continuer à faire tout ce que tu aimes sans regret. Je sais que tu as écouté mes conseils dans le passé, alors écoute-les aujourd’hui aussi.

    Le mariage la répugnait. Être légalement liée à un homme qu’elle n’aimait pas serait une torture. Mais elle était à court de solutions. Dorian avait toujours défendu ses intérêts, et il la traitait comme un de ses fils. S’il y avait une personne en qui elle avait confiance, c’était lui.

    – Je vais y réfléchir.

    CHAPITRE DEUX

    Miss Fitz racontait toujours les meilleures histoires.

    Qu’elles soient vraies ou fausses n’avait pas d’importance. Elles étaient tout simplement captivantes. Les jeunes comme les vieux se rassemblaient autour du feu de joie pour l’entendre tisser le récit d’un temps révolu ou encore prophétiser un avenir lointain.

    Cora assistait toujours aux contes, malgré les regards. La réprobation flottait dans l’air tandis que les gens murmuraient entre eux et la regardaient froidement. Tout le village parlait d’elle, car c’était l’une des rares dernières jeunes filles à ne pas être mariée.

    Elle se moquait de leur opinion.

    Cora s’assit contre une bûche et admira le spectacle des flammes dansant au centre de la clairière. Elles semblaient brûler au rythme d’une musique astrale, leur crépitement s’harmonisant avec le chant des étoiles.

    Elle était perdue dans ses pensées lorsque Miss Fitz prit la parole.

    – Ce soir, nous parlerons des dragons.

    Certains poussèrent des soupirs autour du feu de camp. Il y avait une éternité que la légende des dragons était racontée. Mais d’autres se redressèrent et tendirent l’oreille, car ils ne se lassaient jamais d’entendre le récit.

    C’était justement le préféré de Cora.

    Miss Fitz prit sa voix de conteuse, profonde et capable de résonner dans toute la clairière. Les habitants se blottirent sous leur couverture de mouton pour se tenir chaud.

    – À la nuit des temps, les dragons régnaient sur Anastille. Ils vivaient au creux des vallées comme au sommet des montagnes. Ils étaient souverains de la contrée et de ses créatures. Mais tout changea lorsque les hommes arrivèrent à Anastille, il y a de cela des milliers d’années. Forcés de quitter leur terre natale après l’éruption de la montagne qui détruisit leur pays, ils élurent domicile dans une région lointaine. Malheureusement, ils ignoraient qui la gouvernait.

    Cora buvait les paroles de Miss Fitz, même si elle avait entendu cette histoire plus d’une dizaine de fois. L’idée que de gigantesques créatures ailées aient jadis régné sur son espèce la fascinait au plus haut point.

    – Les dragons étaient des êtres sages et puissants. Ils se méfiaient des humains qui mirent le pied sur leur terre, et ils les surveillèrent attentivement pour s’assurer qu’ils ne représentaient pas un danger.

    Miss Fitz balaya des yeux l’assemblée, semblant regarder chacun dans les yeux pour guetter les réactions.

    – Après des centaines d’années, les humains en eurent assez de la surveillance constante des dragons, qui leur avaient octroyé quelques lopins de terre en bord de mer. Alors que leur population se reconstituait, leurs ressources s’amenuisaient. Ils réclamèrent donc au chef des dragons leur liberté. Ils souhaitaient coexister avec eux dans leur contrée.

    Cora fit distraitement tourner la bague à son index. Elle était marron, taillée dans le bouleau et sertie d’une émeraude magnifique. Dorian lui en avait fait cadeau il y a plusieurs années, mais Cora ignorait toujours d’où la bague venait. Certes, elle était forgeronne, mais elle connaissait la valeur des bijoux.

    – À contrecœur, les dragons acceptèrent, tonna Miss Fitz. Les humains étaient restés isolés et paisibles pendant des centaines d’années. Sans jamais se plaindre ni se révolter. Et ils appréciaient la beauté des dragons, en particulier leurs écailles. La vanité des dragons, leur seul défaut, était connue de tous. Si un humain tombait sur un dragon hostile, il lui suffisait de complimenter l’éclat de ses écailles, et en général le dragon lui épargnait la vie. Les dragons auraient pu simplement tuer les humains et mettre fin à leur infiltration, mais comme ils étaient des créatures de ce monde, ils savaient intrinsèquement que la terre ne pouvait appartenir à une seule espèce ; ils savaient que tout être vivant était poussière et redeviendrait poussière. Les dragons étaient sages, mais ils ignoraient encore l’ampleur de leur erreur.

    La tension monta autour du feu de camp. Les enfants serrèrent leur couverture autour de leurs épaules, et le craquètement des flammes dans le silence ajoutait au suspense de l’histoire. Les étoiles brillaient dans le ciel et on aurait dit qu’elles aussi attendaient la suite avec impatience. Cora ramena les genoux vers elle et enroula les bras autour de ses jambes, formant une petite boule.

    – Le chef des humains, le roi Lux, milita pour l’égalité des espèces à Anastille. Sous son règne, son peuple ne serait plus de simples invités sur la terre des dragons. Ils obtiendraient leur propre terre, où ils feraient leurs propres lois. Mais une simple expansion du territoire ne lui suffisait pas. Aussi il demanda aux dragons un cadeau, un symbole d’une réelle union entre les espèces. Après douze mois de délibérations, puisque les dragons étaient reconnus pour leur propension à prendre leur temps, ils décidèrent enfin de leur accorder ce souhait. Ce qui entraîna l’événement que nous appelons la Première Fusion.

    Des chuchotements bruissèrent autour dans la foule. Ceux qui n’avaient jamais entendu l’histoire posaient des questions à leurs voisins au lieu de laisser Miss Fitz poursuivre son récit.

    Elle leva les mains pour faire taire l’auditoire. Sans parler, elle pouvait obtenir leur pleine coopération car, même dans son silence, elle exsudait l’autorité.

    – La Première Fusion est un moment historique crucial, car c’est le moment où les dragons acceptèrent volontairement de fusionner avec les humains, de devenir une espèce hybride, où homme et dragon ne font qu’un.

    La première fois que Cora avait entendu cette histoire, c’est à peine si elle en avait cru ses oreilles. L’idée d’être liée à un dragon, de pouvoir voler et cracher du feu, pouvait la tenir éveillée jusqu’au petit matin. Parfois, elle rêvait de déployer ses ailes et planer au-dessus des montagnes les plus escarpées de la région. Parfois, elle rêvait d’avoir une armure d’écailles chatoyant dans la lumière du soleil. Et parfois, elle souhaitait que ses rêves deviennent réalité.

    – Choisir de fusionner avec un être humain est le geste le plus important qu’un dragon peut commettre. On dit que les paires peuvent communiquer par télépathie et ressentir les émotions l’un de l’autre. L’être uni est constitué de deux cœurs, et à n’importe quel moment, sa version humaine peut se manifester avant de retrouver sa forme de dragon. Un humain qui fusionne avec un dragon devient doté d’une vie dépassant largement l’espérance de vie de son espèce. Il devient presque immortel, mais pas invincible ; une blessure physique peut quand même lui être fatale. Un tel don ne doit pas être pris à la légère.

    Miss Fitz examina les visages dans la foule et, obtenant la réaction désirée, elle reprit sa narration.

    – Ce fut le début d’une nouvelle ère, où les dragons, les humains, les gnomes et les elfes vécurent ensemble en tant qu’êtres égaux.

    Cora ne savait rien des elfes et des gnomes, hormis le fait qu’ils avaient existé à une époque lointaine. N’ayant jamais connu que des humains toute sa vie, il lui était difficile d’imaginer des espèces différentes.

    – Mais cette ère ne dura pas, continua Miss Fitz. Le roi Lux était corrompu et avide de pouvoir. Il obligea tous les dragons à fusionner avec des humains, au risque d’être éliminés. Un siècle plus tard, il avait atteint son but et complètement éradiqué leur espèce.

    Même si Cora n’avait jamais vu de dragons de sa vie, cette partie de l’histoire lui brisait infailliblement le cœur. Les humains étaient arrivés en tant que réfugiés au pays des dragons, qui leur avaient généreusement accordé l’asile. Et c’était ainsi que les humains les avaient remerciés ? Elle en était malade.

    – Il y eut une révolte chez les elfes et les gnomes. Ils n’avaient jamais approuvé l’arrivée des humains, et ils considérèrent l’asservissement des dragons comme une déclaration de guerre. Ce qui mena à l’événement que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de Grande Guerre.

    Cora en avait entendu parler aussi. Un événement des plus sanglants.

    – Bien que moins nombreux, les humains triomphèrent impitoyablement de tous leurs ennemis. Le général Rush, fils du roi Lux, était le guerrier le plus infâme de leur armée. À lui seul, il tua plus d’elfes et de gnomes que la plupart des soldats réunis. Il était leur arme secrète, car sa soif de sang était inextinguible. Animé par l’avarice, il joua un rôle important dans la victoire des humains.

    Cora ne comprendrait jamais comment la tension pouvait mener à une bataille aussi sanguinaire. Les humains étaient fondamentalement avides, et le fait de savoir jusqu’où ils étaient prêts à aller pour assouvir leur soif de pouvoir la faisait regretter d’appartenir à cette espèce.

    – Aujourd’hui, les dragons ne sont plus qu’un conte de fées, déplora Miss Fitz. Une légende que nous racontons quand nous sommes à court de ragots. Aujourd’hui, nous vivons dans un monde cruel dominé par l’homme.

    Cora tritura sa bague de nouveau, en réfléchissant profondément.

    Un garçon dans la foule parla.

    – Est-ce que les dragons vont revenir ?

    – C’est peu probable, répondit Miss Fitz. Très peu probable.

    – Est-ce que le roi Lux est toujours fusionné ? demanda une fillette ensuite.

    – Je n’en suis pas tout à fait sûre, répondit Miss Fitz. Mais comme il vit depuis aussi longtemps, je présume que oui.

    Cora sentit sa peau chatouiller à l’idée. Cela signifiait qu’un dragon se trouvait encore à Anastille. Mais il était prisonnier de Lux, un roi cruel.

    – Comment un humain fait pour qu’un dragon fusionne avec lui ? demanda le garçon qui avait parlé plus tôt.

    – Je ne sais pas, répondit Miss Fitz. Mais sans doute en le tourmentant de façon cruelle et incessante. Aucun dragon n’accepterait volontairement de fusionner avec un individu de l’espèce qui a éradiqué la sienne.

    Le roi Lux pillait les habitants chaque trimestre lorsque ses hommes venaient collecter l’impôt. Il laissait même certaines familles mourir de faim pour s’enrichir. Les soldats les assuraient que cette taxe était nécessaire pour protéger la population des attaques ou des invasions potentielles.

    Mais qui les attaquerait ou les envahirait ? Ou quoi ?

    Les humains étaient les seuls êtres restants à Anastille. Contre quoi étaient-ils vraiment protégés ? Ce n’était qu’une excuse pour voler l’argent du prolétariat.

    Ce n’était qu’un tissu de mensonges.

    Miss Fitz balaya son auditoire attentif des yeux avant de reprendre la parole.

    – Les dragons n’auraient jamais dû nous faire aussi aveuglément confiance. Le fait de nous avoir ouvert leur cœur est ce qui a causé leur perte. Et j’ai honte de mon espèce pour avoir commis un acte aussi ignoble.

    Cora était on ne peut plus d’accord avec elle.

    – Miss Fitz, pourquoi il y a trois rois ? demanda une jeune fille.

    Miss Fitz se redressa comme si c’était une question qui nécessitait une longue réponse.

    – Personne ne sait exactement pourquoi, mais je crois que…

    Un vigile arriva au pas de course par le chemin de terre, une torche à la main. Tous se tournèrent dans sa direction, car il était rare de voir un villageois courir — à moins qu’il s’agisse d’une urgence grave. Il s’arrêta à côté du feu et se tourna vers Miss Fitz. Il était en sueur, l’air hagard, et la lumière du feu intensifiait les traits de son visage. Le garde, armé et en panoplie, était terrifié. Véritablement terrifié. Ce qui augurait mal pour les autres.

    – Les chamans arrivent à nos portes.

    CHAPITRE TROIS

    Les chamans n’étaient venus au village qu’une fois auparavant, pour interroger un homme qui avait servi dans la garde du roi. Des rumeurs s’étaient répandues sur sa présumée corruptibilité. Les chamans étaient vêtus d’habits noirs les couvrant de la tête aux pieds. Ils avaient une forme humaine, mais exhalaient l’odeur putride de la mort, et bougeaient de façon étrangement lente. Leur présence était funeste.

    Cora les avait seulement vus de loin, mais cette distance lui suffisait. Elle était brave et intrépide, mais elle savait que les chamans étaient des êtres indestructibles. Même l’arme la plus tranchante qu’elle pouvait forger ne rivaliserait pas contre leur puissance.

    Et ils n’étaient même pas armés.

    Cora croyait qu’ils étaient des sorciers, des êtres dotés de pouvoirs surnaturels qui ne pouvaient être contrés qu’avec une magie équivalente. Leur force était innée, et le fait que personne ne savait d’où ils la puisaient réellement les rendait d’autant plus terrifiants.

    Dorian entraîna Cora dans la maison où sa famille et lui habitaient.

    – Tu restes ici ce soir.

    Elle ne voulait pas être un fardeau pour Dorian et sa femme. Leur maison était petite, et ils avaient déjà trois garçons à charge. Cora était une bouche de plus à nourrir, un corps de plus occupant un lit.

    – Je peux rester à l’échoppe, ne t’inquiète pas.

    Elle s’était installée dans le petit appartement à l’étage au-dessus de l’atelier. Il y avait un lit, une toilette et une cuisinette. Ce n’était pas grand-chose, mais l’espace lui suffisait amplement.

    – Non, dit Dorian en verrouillant la porte d’entrée, puis décrochant son épée à deux tranchants de sa hanche. Personne ne sait pourquoi les chamans sont ici ou ce qu’ils veulent. Tu restes avec nous. Fais profil bas et n’ouvre pas l’échoppe demain.

    Dorian ne trahissait jamais sa peur, mais il se faisait visiblement du souci pour sa famille.

    – C’est notre commerce, protesta Cora en empêchant l’hystérie de pointer dans sa voix. On doit rester ouverts.

    Sans entrées d’argent, ils ne pourraient pas acheter de

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