Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Les cendres: Fuse (French), #2
Les cendres: Fuse (French), #2
Les cendres: Fuse (French), #2
Livre électronique527 pages6 heures

Les cendres: Fuse (French), #2

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

La visite de Cora chez les elfes donne lieu à une révélation inattendue.

Jamais elle n'aurait pu s'attendre à faire cette découverte sur ses origines.

Elle cherchait à obtenir l'aide des elfes pour vaincre le roi Lux et libérer les dragons en captivité, mais elle se retrouve dans un endroit intemporel, où le monde extérieur n'a pas d'importance.

Faibles sont les chances de les convaincre de quoi que ce soit, d'autant plus que son ascendance humaine la marginalise désormais.

Rush retrouve Brice pour mettre en marche le plan, mais une peur le tracasse.

Est-elle en sécurité ?

Flam s'inquiète aussi. Feront-ils du mal à Mignonne ?

La magie des elfes sépare leurs frontières, mais le lien entre Rush et Cora suffira peut-être à les maintenir en communication, pour échanger pensées et émotions jusqu'à ce qu'elle quitte la forêt et le retrouve.

Les forces en jeu les obligent à passer à l'action avant que le roi Lux les trouve tous les deux — et les détruise.

 

LangueFrançais
Date de sortie11 févr. 2022
ISBN9798201842420
Les cendres: Fuse (French), #2
Auteur

E. L. Todd

E. L. Todd was raised in California where she attended California State University, Stanislaus and received her bachelor’s degree in biological sciences, then continued onto her master’s degree in education. While science is interesting and a hobby, her passion is writing. After writing novels as a small child, her craft grew until she found the confidence to show her closest friends—which is how Only For You, the first installment of the Forever and Always series, and the Soul Saga series began. When she isn’t reading or writing, she is listening to indie rock music. Her current favorite artist is Mumford and Sons, whom she credits most of her inspiration for her novels. She also enjoys running and swimming, as well as working as a high school teacher. She also works as an assistant editor at Final-Edits.com. She has an unusual obsession with dogs, even though she doesn’t own one, and her favorite vacation spot is Disneyland, which she visits several times a year. The most important aspect of her life is her friends, whom contributed so much time and energy into all of her novels. According to E. L. Todd, “Without them, Only For You and Soul Catcher never would have come to fruition. I am theirs forever.”

Auteurs associés

Lié à Les cendres

Titres dans cette série (4)

Voir plus

Livres électroniques liés

Fantasy pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Les cendres

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Les cendres - E. L. Todd

    UN

    L’Étoile d’Eden

    Plus ils s’avancèrent dans la forêt et plus les arbres se densifièrent.

    Les oiseaux se turent. La lumière du soleil était bloquée par l’épaisse canopée. Leurs bruits de pas furent étouffés par les broussailles moelleuses sous leurs pieds. C’était si silencieux que Cora se sentait complètement seule, malgré les elfes autour d’elle.

    Quand elle arriva dans une clairière près d’un arbre si énorme que ses feuilles couvraient la trouée entière à elles seules, elle s’arrêta. Des centaines de branches épaisses jaillissaient de son tronc, tournoyant sur elles-mêmes en montant vers les nuages, et elles étaient couvertes d’un feuillage si verdoyant que la lumière du soleil perçait à peine.

    Il y avait une structure autour de l’arbre, construite parmi les branches. Sur un balcon se tenaient deux archers, arc et flèche tendus. Leurs armes n’étaient pas pointées sur elle, mais ils abattraient Cora en un instant si elle faisait le moindre mouvement déplacé.

    Avec ses cheveux blonds courts et son physique musclé, l’elfe qui la guidait ressemblait à un homme de dos, mais lorsqu’il se retourna et la regarda en face, Cora constata que ses traits étaient plus fins que les siens. Il avait les yeux bleus comme le ciel qu’elle ne voyait pas, les joues rondes et douces comme celles d’une poupée de porcelaine, les lèvres en forme de cœur — il était plus beau que la plus belle femme qu’elle ait vue de sa vie.

    Mais il la poussa pour la faire avancer.

    – Bouge.

    – Du calme… j’avance.

    Il régnait une ambiance paisible dans cette contrée. Comme une brise fraîche lors d’une journée chaude, elle lui caressait la peau et lui procurait un sentiment de bien-être. C’était… bon, tout simplement. Elle n’avait jamais vu un aussi bel endroit. Peut-être était-ce grâce à l’atmosphère magique qu’elle n’avait pas peur, malgré le réel danger de la situation.

    Un autre elfe émergea de l’arbre à l’immense tronc. Différent des trois elfes qui l’avaient conduite ici, il portait une tunique noire décorée de fleurs métalliques, sans doute des insignes d’honneur. À son ceinturon étaient accrochées de courtes dagues et une épée. Sa cape était d’un vert sombre et luxuriant rappelant à Cora le feuillage environnant. Son statut était visiblement plus élevé que celui des elfes autour d’elle, à en croire son uniforme.

    Cet elfe était un guerrier.

    Les autres étaient des vigiles.

    Elle l’étudia alors qu’ils arrivèrent face à face. Comme les autres, il était beau, mais ses traits étaient particulièrement sévères.

    Il toisa Cora durement, comme si c’était à elle de parler.

    Elle n’avait pas préparé de discours. Elle n’avait même pas pensé à ce qu’elle allait dire. Et elle réalisait maintenant son erreur.

    – Bonjour…

    L’elfe plissa les yeux alors que sa cape dansait légèrement au vent derrière lui. Ses camarades et lui échangèrent des regards, semblant déconcertés par l’étrangeté de Cora. Lorsqu’il se retourna vers elle, ses sourcils se froncèrent de plus belle.

    – Qui es-tu ?

    – Oh, pardon, dit-elle en roulant les yeux. Où sont mes manières ? Cora.

    Elle tendit une main vers lui.

    Il regarda sa main avec dédain. Puis il leva de nouveau les yeux vers elle.

    – Identifie l’homme qui t’a accompagnée.

    Son visage se déconfit ; elle craignait pour Rush.

    – Personne ne m’a…

    – Ne mens pas, dit-il en faisant un pas vers elle. Pas si tu tiens à la vie, enfant.

    – Enfant ? s’étonna-t-elle. Je sais que mes vêtements ne sont pas très flatteurs, mais crois-moi, je suis une fem…

    – Tu as franchi notre frontière sans permission, et tu es maintenant à la merci de mon épée. La seule raison pour laquelle tu es toujours en vie est ta jeunesse — car nous n’exécutons pas les enfants. Maintenant, réponds-moi.

    Ils ne la surpassaient pas seulement en nombre, mais aussi en intelligence. Ils lui rappelaient Flam, avec des centaines d’années d’expérience de vie qui jouaient en leur faveur. Cora ne s’était jamais sentie comme une enfant, mais plus elle s’éloignait de son village et plus elle avait l’impression d’en être une.

    – Un ami…

    Un elfe émergea des broussailles.

    – Il s’est enfui, Callon.

    Il regarda l’elfe un moment, ses bras musclés ornés de brassards menant à des mains gantées. Lorsqu’il se retourna vers Cora, il semblait encore plus courroucé.

    – Je l’ai payé pour me guider dans votre forêt. Il ne vous veut aucun mal.

    – Les gens ne veulent jamais de mal aux autres — jusqu’à ce qu’ils convoitent ce que les autres possèdent.

    Son regard intense brûlait pratiquement le visage de Cora, liquéfiant sa peau.

    – Je ne convoite pas ce que vous avez, et je ne vous veux aucun mal. Je souhaite seulement parler à votre roi.

    – Notre roi ? dit-il d’une voix dégoulinante de dérision, la colère lui contractant le visage. On n’a pas de roi — car il a été tué.

    – Je… je suis désolée.

    – On ne peut pas pleurer un inconnu, alors non, tu n’es pas désolée.

    Perçante comme les griffes d’un faucon, tranchante comme une hache, chaque réplique était venimeuse, mais à la fois poétique.

    – Alors, puis-je parler à quiconque est…

    – La reine Delwyn. Comme tous les humains, tu es ignorante, irrespectueuse, et tu te crois tout permis. Tu viens ici demander de t’entretenir avec notre cheffe, alors que tu ignores qui elle est.

    Cora devait se contenter de ce qu’elle avait. Et elle devrait lécher les bottes des elfes en ce moment. Mais lorsqu’elle était provoquée, impossible.

    – Comment j’étais censée le savoir ? À l’évidence, vous n’accueillez pas souvent des étrangers.

    Il inspira profondément, les yeux toujours plissés de mépris.

    – Elle est notre reine depuis des centaines d’années. Si tu avais déjà ouvert un livre d’histoire, tu le saurais.

    – Tu viens de dire que votre roi est mort…

    – Et maintenant, sa reine nous gouverne, dit-il, les narines évasées.

    Une fois que le roi était mort, il n’avait pas été remplacé par un homme de sa famille ou un candidat élu à la majorité des voix. Sa reine poursuivait son règne. Cora avait besoin d’un moment pour digérer cette information. Anastille avait toujours été dirigée par des hommes. Le roi Lux. Les sénéchaux. Les gardes.

    – Ouah… ça déchire.

    Il sourcilla. L’hostilité s’envola de son visage, remplacée par la perplexité. Il ne semblait pas connaître cette expression.

    – Laisse-moi lui parler.

    La fureur revint au galop.

    – Irrespectueuse…

    – S’il te plaît ?

    – Non. Les humains n’ont pas leur place dans notre royaume.

    Il fit un signe de tête aux gardes.

    – Ouh là, attendez.

    Deux elfes lui prirent les bras pour l’entraîner hors de la forêt. Elle donna un coup de pied dans le genou de l’un, puis un coup de coude dans le nez de l’autre.

    Ce dernier se recula en s’essuyant le nez.

    Les archers sur le balcon armèrent leurs arcs et les pointèrent sur elle.

    – Je suis seulement à moitié humaine, dit-elle en poussant l’autre elfe pour continuer sa conversation avec Callon. Mon autre moitié est elfique — comme vous.

    Elle se fia à l’assertion de Rush et espéra qu’il avait raison.

    Les yeux de Callon parcoururent son visage avec indifférence.

    – Nous t’avons épargnée parce que nous ne sommes pas des barbares. Tu nous le revaux en attaquant mes vigiles, insultant notre reine, et formulant des demandes avec un sarcasme immature. Je ne vois que des qualités humaines.

    – Alors, regarde mieux.

    Elle se tenait devant lui, soutenant son regard alors qu’il la toisait.

    – J’ai été abandonnée devant un village et adoptée par un humain. J’ignore qui sont mes parents biologiques — mais l’un d’eux était un elfe. J’avoue que je suis un peu brute de décoffrage, mais je dis le fond de ma pensée parce qu’il le faut si on veut survivre dans ce monde. Je ne vous ressemble peut-être pas parfaitement. Mais je sais que je suis l’une des vôtres. Je l’ai su au moment où j’ai mis les pieds dans cette forêt, car mon cœur s’est mis à battre au rythme du pouls des arbres. Je dois m’entretenir avec la reine Delwyn à propos d’un sujet très important, alors ne vous mettez pas dans mon chemin.

    Il la fixa pendant une éternité, transperçant ses yeux, son crâne, son cerveau. Il était immobile comme la pierre, froid comme la glace, et le temps semblait ralentir alors qu’il la dévisageait. Puis il se retourna et s’éloigna.

    Perplexe, elle regarda les elfes de chaque côté d’elle.

    Ils l’ignorèrent.

    Elle se tourna vers Callon de nouveau, qui disparut derrière l’arbre.

    – Euh… c’était un oui ?

    Elle s’assit au pied de l’arbre, le dos contre le tronc.

    On lui donna de l’eau, dans un contenant fait de feuilles collées ensemble avec un matériau invisible. On lui apporta aussi une assiette de baies. C’était les fruits les plus sucrés qu’elle avait mangés de sa vie.

    Alors qu’elle attendait des nouvelles, la forêt la distrayait.

    Le chant des oiseaux résonnait fort dans la canopée, une cacophonie sauvage. Ils volaient d’une branche à l’autre, semblant transmettre un message de gazouillis aux autres avant de poursuivre leur chemin jusqu’à la branche suivante. Cora vit un lapin traverser la clairière en bondissant et disparaître dans la brousse. Des nuées de papillons multicolores volaient autour d’elle, ressemblant aux couleurs d’un kaléidoscope.

    Elle n’avait jamais vu une faune sauvage aussi riche.

    Et les créatures n’avaient pas peur d’elle du tout.

    En temps normal, elle armerait son arc et chasserait ce lapin pour en faire son repas. Mais elle n’avait pas d’arc, et pas de feu non plus.

    Les archers gardaient leur distance, mais ne la lâchaient pas du regard.

    Si elle essayait de courir, ils l’abattraient.

    Callon réapparut, sortant du tronc qui soutenait le dos de Cora.

    Quand elle le vit, elle se redressa immédiatement, puis se crispa en sentant une tension dans le bas de son dos.

    – Ces satanées racines…

    Il la regardait toujours avec indifférence, comme si elle ne lui faisait ni chaud ni froid.

    Elle s’étira pour soulager ses muscles.

    – Est-ce qu’elle vient ?

    Il sourcilla.

    – Elle ne vient à personne. Et non, la reine Delwyn rejette ta demande. Les elfes vont t’escorter à la frontière de la forêt. Ne reviens pas — car nous ne t’accorderons pas l’immunité une deuxième fois.

    Deux elfes l’empoignèrent et se préparèrent à l’emmener.

    Cora se défit de leur emprise, pantoise.

    – Quoi ? Pourquoi ?

    Callon se tenait la tête haute, les mains jointes derrière le dos, sous sa cape.

    – Elle n’a pas besoin d’une raison.

    – Je suis à moitié elfe, alors elle a intérêt.

    Il écarquilla les yeux à son effronterie.

    – J’ai seulement besoin de lui parler, et après je partirai…

    – Me demandes-tu de désobéir aux ordres de ma reine pour que tu puisses lui dire à quel point elle… déchire ?

    – Eh bien, qui n’aime pas les compliments ?

    Il ferma les yeux légèrement et secoua la tête.

    – Les compliments n’affectent pas Sa Majesté. Au revoir.

    Les elfes s’approchèrent de nouveau.

    – Attendez, attendez.

    Elle enleva ses gants, puis tira sur la bague verte que Dorian lui avait donnée il y a longtemps. Elle n’avait jamais rien vu de tel dans le village — ni ailleurs, en fait. Elle l’avait gardée à son doigt depuis qu’il lui avait donnée, aussi elle eut un peu de mal à la faire passer sur ses jointures.

    – Je ne sais pas combien ça vaut, mais vous pouvez l’avoir — si vous m’aidez.

    Elle l’ôta en grognant, puis leur montra dans sa paume ouverte.

    Callon ne regarda même pas la bague. Il cligna des yeux lentement, l’air ennuyé.

    – Ma loyauté ne peut pas être achetée. D’ailleurs, on ne peut acheter la loyauté d’aucun elfe — car nous n’avons pas de système monétaire.

    – Alors donne-lui en cadeau.

    – Tu crois qu’elle sera impressionnée par cette…

    Quand il posa enfin les yeux sur le bijou, il se tut.

    Cora garda la main ouverte et stable, en espérant que l’émeraude incrustée au centre de l’anneau de bouleau avait assez de valeur pour le faire changer d’avis.

    Il fixa Cora, les sourcils froncés. Ses yeux fouillèrent les siens attentivement. Puis, lentement, Callon prit la bague qu’elle lui tendait. Il l’approcha de son visage, la tournant d’un côté et de l’autre pour l’examiner. Il la regarda de nouveau.

    – Où l’as-tu trouvée ?

    – Mon tuteur me l’a donnée.

    – Et où l’a-t-il trouvée ?

    – Il ne me l’a jamais dit. Il me l’a offerte pour mes dix-huit ans. Pourquoi ?

    Callon empocha la bague, fit un signe de tête aux elfes, puis se retourna et prit les devants.

    – Suis-moi.

    DEUX

    La reine Delwyn

    Alors qu’ils progressaient dans la forêt, les rayons du soleil pénétraient de plus en plus à travers la canopée, les plantes semblant fleurir en guise de remerciement. Il y avait également de plus en plus de structures dans les arbres. Mais au lieu d’elfes positionnés sur les balcons avec un arc pointé sur Cora, il y avait des plantes en pots, des nichoirs, des sculptures. Les échelles menant aux habitations étaient constituées de vignes tressées.

    Mais la différence la plus frappante était ce qu’elle ressentait — pas ce qu’elle voyait.

    Comme un brouillard qui descend un matin d’hiver, un sentiment de paix et de sérénité humecta ses joues et ses lèvres. Les oiseaux gazouillaient encore plus fort. Ils ne craignaient pas les elfes qui partageaient la forêt avec eux. Plus Cora s’avançait et plus son cœur s’allégeait, comme si elle avait oublié la raison initiale de sa venue ici.

    Car elle ne voulait jamais repartir.

    Des structures plus larges apparurent, toutes construites à partir de bois et de vignes, et couvertes de plantes en fleurs. Des nuées de monarques voletaient çà et là. La musique d’une harpe invisible flottait dans l’air. On entendait aussi le ruissellement de l’eau, mais il ne semblait pas y avoir de cascade dans les parages.

    Cora en croyait à peine ses yeux. Elle avait besoin d’heures. De jours. De toute une vie pour assimiler ce qu’elle voyait.

    Callon s’approcha des portes principales de la plus grande structure que Cora ait vue jusqu’ici, puis se retourna pour la regarder.

    – La reine Delwyn est appelée Sa Majesté. Fais-lui une révérence quand tu la salues. Et n’essaie plus jamais de serrer la main d’un elfe. Le contact physique est un honneur, une forme d’intimité qui doit être gagnée, pas octroyée sans discernement.

    Là, Cora était nerveuse. Elle opina.

    – Merci du tuyau.

    Il hocha la tête, puis les elfes ouvrirent les portes doubles, et ils entrèrent.

    Le mur de gauche comportait de grandes fenêtres entre lesquelles poussaient des plantes grimpantes en fleur. Des boutons blancs s’épanouissaient tout le long du mur, apportant un brin de forêt à l’intérieur de l’habitation. Sur le mur droit se trouvaient des toiles représentant des gens et des paysages.

    Devant eux s’imposait un escalier avec, au sommet, un trône en bois, lui aussi recouvert de vignes en efflorescence. Des ouvertures sur le mur du fond laissaient entrer la lumière naturelle.

    Et sur le trône se trouvait la reine.

    Les jambes croisées et le dos droit, elle était vêtue d’une robe blanche avec des manches qui découvraient ses épaules et moulaient ses bras graciles. Un motif floral était imprimé sur la robe, d’un blanc subtil, à peine plus foncé que le tissu. Elle était mince, élégante, avec des cheveux brun foncé magnifiquement bouclés. Sa couronne n’était pas en or ou en argent.

    Mais en fleurs.

    Sa prestance et sa beauté étaient empoisonnées par ses yeux verts.

    Où on y lisait une colère sans bornes.

    La garde à côté d’elle descendit une marche. Cuirassée de la tête aux pieds, elle portait une armure vert foncé avec des brassards noirs. Elle avait le même regard que la reine.

    Celui de la furie.

    Ses cheveux blonds étaient attachés en un chignon serré. Lentement, et sans quitter Cora des yeux, elle dégaina son épée. Le glissement du métal contre le métal se réverbéra dans la pièce. Une menace proférée sans mots qui n’en était pas moins effrayante.

    Cora déglutit, réellement intimidée.

    La reine Delwyn déchaîna un regard si noir que la lumière ambiante se tamisa — comme si elle avait bloqué le soleil avec sa volonté seulement. Le feu brûlait dans son âme, la fumée dansait dans ses yeux. La haine – une haine pure – était ce qu’elle ressentait pour Cora.

    – Callon. Mes ordres n’étaient-ils pas clairs ? Je vais te rafraîchir la mémoire : escorte cette humaine à l’extérieur de notre forêt. Et si elle revient — tue-la.

    À ces mots, le cœur de Cora, qui battait déjà la chamade, faillit exploser dans sa poitrine.

    Callon fit un pas en avant.

    – Elle dit vrai. Elle est d’ascendance elfique.

    La garde de la reine se mit devant elle, protégeant sa souveraine.

    Callon s’arrêta.

    – Votre Majesté, j’ai quelque chose à montrer. Permettez-moi d’approcher.

    La garde se tourna légèrement vers la reine, pour voir sa réaction du coin de l’œil.

    La reine Delwyn ne quittait pas Callon des yeux.

    – Melian, ça va. Voyons ce pour quoi Callon est prêt à tout risquer.

    La voix de la reine était profonde comme un puits sans fond, et possédait une résonnance et une puissance infinies. Elle parlait lentement, articulant chaque mot, car tout ce qui sortait de sa bouche était sacré.

    Melian s’écarta et rengaina son énorme lame — le genre de lame qui décapitait d’un seul coup.

    Callon s’avança et ouvrit la main, montrant la bague au centre de sa paume.

    La reine baissa les yeux vers le bijou et le fixa, les bras posés sur les accoudoirs de chaque côté du trône. Le regard dura un long moment, durant lequel elle ne montra pas de réaction. Puis subtilement, sa respiration s’accéléra. Elle tendit la main et prit l’anneau en bois entre ses doigts, le pressant si fort que ses phalanges blanchirent. Ses lèvres pleines se pincèrent et son visage s’allongea alors que la colère montait en elle. Elle était d’une beauté époustouflante — mais sa rage l’enlaidissait.

    Callon referma les doigts autour de la bague et recula.

    La reine Delwyn dirigea son courroux vers Cora. Des volcans en éruption dans les yeux, on aurait dit qu’elle allait prendre l’épée de sa garde et décapiter Cora elle-même.

    Cora était une source d’irritation plus ou moins constante pour bien des gens, mais jamais elle n’avait reçu autant de haine de la part d’une seule personne. Même Rune et le sénéchal d’Easton respectaient sa résilience, même si elle ne leur plaisait pas. Mais cette haine pure ne s’éteindrait jamais — ni avec le temps ni avec la raison.

    La reine Delwyn se leva.

    Cora broncha légèrement.

    Elle posa un pied nu sur la première marche.

    Puis la deuxième.

    Puis la troisième.

    Elle s’arrêta directement devant Cora et la foudroya du regard. Ses yeux clairs montraient des nuages noirs, des ouragans, des tornades, une tempête inéluctable. L’émotion dont Cora avait été témoin de loin était encore plus repoussante de près.

    – Tu es exilée de l’Étoile d’Eden. Reviens, et nous ne t’épargnerons pas.

    Le sang battait les oreilles de Cora, et pour la première fois, elle était muette de stupeur.

    L’énergie dans la pièce changea. Les vibrations lui chauffaient la peau comme un poêle fumant. Tout à l’Étoile d’Eden était amplifié, les émotions et les sentiments traversaient la barrière de l’esprit et imprégnaient l’air pour être communiqués.

    Callon garda les mains jointes derrière le dos et une posture droite, mais son regard montrait sa désapprobation.

    – Votre Majesté, elle a prouvé…

    – Elle n’a prouvé qu’une seule chose : qu’elle est une abomination. Une bâtarde dégoûtante, une insulte à notre race. Notre pureté ne se mélange pas à la cruauté de la race humaine. C’est une règle simple — et elle l’a enfreinte.

    – Votre Majesté, elle ne l’a pas enfreinte. Elle…

    La reine dirigea sa furie sur lui.

    – Exilée.

    Callon échangea un regard perplexe avec les autres elfes. Ils semblaient tout aussi surpris que lui par la décision de la reine.

    Cora avait du mal à croire qu’autant de hargne pouvait exister dans un endroit aussi merveilleux.

    – Votre Majesté, je suis venue vous parler d’un sujet important…

    – Tu ne parles pas à moins d’être l’une des nôtres, cracha la reine Delwyn en se tournant vers Cora, la lave se déversant de ses yeux. Et tu n’es pas l’une des nôtres. Tu n’as aucun droit de faire des demandes, et je te promets que j’aurais refusé toute demande que tu aurais pu faire. Ne souille pas mon royaume avec ta présence une minute de plus. Pars — et vite.

    Callon recula, acceptant la décision de la reine.

    C’était maintenant à Cora de jouer. Si elle échouait, elle n’aurait aucune chance de changer le destin d’Anastille.

    – Tous les doutes que j’avais sur ma lignée ont disparu au moment où j’ai mis les pieds dans cette forêt. Mon cœur s’est mis à battre différemment, mon âme s’est allégée — comme si j’étais chez moi. Dans le village où j’ai grandi, personne ne me comprenait. Des pratiques grotesques comme la loterie du mariage, la maternité et les corvées ménagères m’étaient imposées, alors que je n’ai toujours voulu qu’être une forgeronne indépendante libre de faire ses propres choix. Je ne suis pas faite pour le monde des humains. Je suis faite pour le monde des elfes, où une femme peut régner sans que l’on remette en question son pouvoir. Ne m’obligez pas à retourner là où je n’ai pas ma place. S’il vous plaît.

    Le discours ne fit qu’enrager la reine davantage.

    – Pars.

    – Je n’ai nulle part où aller. J’ai fui mon village après avoir poignardé un chaman. Je suis en cavale…

    Callon et les elfes se tournèrent vers elle, incrédules.

    – J’ai été enlevée par les hommes du roi et torturée, mais j’ai réussi à m’enfuir. Je demande l’asile. Je ne vous ressemble peut-être pas physiquement, et je ne parle peut-être pas comme vous, mais ça ne signifie pas que je ne suis pas l’une des vôtres — car je sens que je le suis.

    La sincérité de Cora irritait de plus en plus la reine.

    – Tais-toi, dit-elle avant de se tourner vers Callon. Fais-la sortir de notre forêt. Tue-la si elle résiste.

    Callon regarda Cora, visiblement perplexe, puis se tourna vers la reine.

    – Elle a demandé l’asile…

    – Je me fiche de ce qu’elle a demandé. Elle n’est pas l’une des nôtres.

    La reine se retourna et remonta l’escalier jusqu’à son trône. Elle s’assit et toisa Callon et ses sujets, s’attendant à ce qu’ils exécutent ses ordres.

    Cora chercha un argument pour rester — et une seule chose lui vint en tête.

    – Je sais comment tuer un chaman.

    Callon braqua la tête vers elle plus vite que son ombre.

    Les elfes étouffèrent un cri collectif.

    Même Sa Majesté eut une réaction.

    On dirait que j’ai visé juste.

    La reine se pencha légèrement en avant, les mains agrippées aux accoudoirs et les yeux plissés.

    – Ce n’est pas un elfe — car les elfes ne mentent pas.

    – Je dis la vérité. J’en ai tué un moi-même.

    – Oh, vraiment ? dit-elle d’un ton méprisant. Eh bien, raconte.

    Je ne suis pas idiote, connasse.

    – Accordez-moi l’asile et je le ferai.

    La reine la toisa de haut.

    Cora soutint son regard.

    Callon fixa la reine et attendit une réponse.

    Celle-ci restait silencieuse, manifestement ambivalente.

    – Si l’information se révèle fausse, on peut l’exiler pour mensonge, dit Callon. Mais je ne crois pas qu’elle mente.

    Cora lui lança un coup d’œil, reconnaissante du soutien aussi inespéré.

    Il ne croisa pas son regard.

    – Ce savoir serait un atout inestimable pour nous, ajouta-t-il.

    La reine Delwyn se leva de nouveau. Elle descendit l’escalier une fois de plus, ses pieds nus bougeant silencieusement contre le bois. Son mépris pour Cora s’était intensifié maintenant qu’elle était face à une offre aussi alléchante.

    – Deux choix s’offrent à toi. Tu peux quitter l’Étoile d’Eden saine et sauve. Ou tu peux rester et courir le risque. Mais si tu restes et que tu mens, je te tuerai moi-même.

    Cora regarda la reine en face, absorbant sa méchanceté avec toute la grâce qu’elle put rassembler.

    – Je souhaite rester.

    TROIS

    Le général Noose

    Rush ouvrit sa gourde et s’agenouilla au bord de la rivière. L’eau claire s’engouffra dans le récipient, fraîche et scintillante malgré le soleil déclinant. De grands pins l’entouraient, un faucon volait en cercle dans le ciel à la recherche de son dernier repas de la journée. Rush se redressa et but un peu d’eau.

    J’ai faim.

    – Tu l’as déjà dit.

    Il prit une autre gorgée, le pied posé sur un rocher. Plusieurs jours s’étaient écoulés et il devait progresser en marchant pour ne pas que les chamans les repèrent. Les grenouilles venimeuses se trouvaient de l’autre côté des rochers escarpés, mais rien ne lui garantissait qu’elles y étaient encore. Il perdrait trop de temps s’il revenait sur ses pas ou faisait le détour.

    Et je le répéterai jusqu’à ce que je sois rassasié.

    Rush termina son eau, remplit la gourde de nouveau et la rangea dans son paquetage.

    – Il va bientôt faire nuit.

    L’obscurité n’est pas un obstacle pour moi.

    – Pour les chamans non plus. On mangera demain.

    Grrr.

    Rush s’enfonça entre les arbres à la recherche d’une cachette où dormir. Les chamans préféraient chercher la nuit quand nul ne pouvait les voir, et ils étaient rarement visibles le jour — sauf quand ils voulaient vraiment tuer quelqu’un.

    Il trouva refuge dans une grotte peu profonde. Il posa son baluchon au sol et s’allongea dans l’obscurité, regardant la lumière s’estomper jusqu’à ce que la nuit tombe. Les hiboux hululaient dans l’obscurité. Des brindilles craquaient sous les pattes des coyotes. Les créatures nocturnes reconquéraient leur territoire sous la pleine lune.

    Bon… on va en parler ou pas ? résonna la voix de baryton, puissante et réconfortante à la fois.

    – Parler de quoi ?

    Petit rire étouffé.

    C’était un sacré baiser.

    Rush croisa les mains sur sa poitrine et ferma les yeux.

    – Merci pour le respect de l’intimité…

    Je n’ai pas pu bloquer tes pensées. Trop fortes.

    – Bonne nuit, connard.

    Silence.

    Rush inspira et expira, tentant de se vider la tête et de s’endormir. Impossible.

    Tu es inquiet.

    – Je dois tuer mon père, mes oncles, défusionner tous les dragons de leur maître et les sauver et, comme par magie, trouver une armée pour m’épauler. Ouais… je suis un chouia inquiet.

    Ce n’est pas ce qui t’inquiète.

    Il ouvrit les yeux et fixa le plafond rocheux.

    Je pense qu’elle va bien.

    Il inspira à fond et expira lentement, mais son cœur battait la chamade.

    – Je n’arrive pas à communiquer avec elle.

    La magie des elfes est puissante.

    – Quand bien même…

    Il est impossible de ne pas voir ses traits elfiques. Ils ne feraient jamais de mal à l’une des leurs. Dans le pire des cas, ils l’auraient expulsée de leur royaume. Nous avons attendu quatre jours et elle n’est pas revenue. Elle est toujours à l’intérieur — donc ils l’ont acceptée.

    Rush poussa un nouveau soupir.

    Elle a amadoué un homme dur comme toi. Elle fera la même chose avec eux.

    Il fixait toujours le plafond, les yeux focalisés sur un point dans l’obscurité.

    J’ai confiance en Cora, elle réussira.

    – À convaincre le peuple des elfes d’aider leurs ennemis ? demanda-t-il incrédule.

    Oui. Et je sais que tu as confiance aussi.

    On perd trop de temps.

    – Je vais aussi vite que je peux.

    Rush ralentit sa course pour reprendre son souffle et se désaltérer d’une gorgée d’eau.

    Tu n’es pas assez rapide.

    – Je ne peux pas voler, trouduc.

    Oui. Mais je peux.

    – Non.

    Il but une autre gorgée, puis rangea la gourde et repartit en marche rapide, car il avait couru toute la journée.

    – C’est trop dangereux. Tu le sais. Si les chamans nous repèrent, ils ne nous lâcheront plus.

    On les sèmera. Je vole plus vite que leurs destriers.

    – OK, gros malin. Et que se passera-t-il quand on retrouvera Brice et que tu te transformeras en moi ?

    Ça n’a pas d’importance, car Brice ne sera plus là si on met trop de temps.

    – Non, il attendra.

    Je n’attendrais pas.

    – Parce que tu es incapable de patience.

    Je suis un dragon. Pas besoin d’être patient.

    – Ferme-la. C’est moi qui décide.

    Grrr. On ne sait même pas si les chamans sont à nos trousses. Il est possible qu’ils surveillent l’Étoile d’Eden.

    – Flam, tu es visible à des centaines de kilomètres.

    C’est vrai. Grâce à mes sublimes écailles.

    Rush roula les yeux.

    Si seulement je pouvais les voir refléter le soleil quand je plane… quel beau spectacle ce serait !

    Rush poursuivit sa marche rapide, se déplaçant entre les arbres jusqu’à ce qu’il soit suffisamment reposé pour reprendre sa course.

    Rush se réveilla en sursaut.

    Les rémanences de ses rêves s’envolèrent comme les dernières volutes de fumée d’un feu et il cligna des yeux plusieurs fois en essayant de s’y accrocher. Il se frotta les paupières pour chasser le sommeil et rangea son paquetage.

    Les gloussements de Flam emplirent son cerveau.

    Torride…

    – La ferme.

    Tu as besoin d’un mouchoir ?

    Un soupir excédé s’échappa de ses lèvres.

    – Quelle partie de « reste en dehors de ma tête » tu n’as pas comprise ?

    Nouveau rire.

    Ne t’inquiète pas. Je ne le dirai pas à Cora.

    Rush balança son baluchon sur l’épaule et se mit en marche. Il sortit la carte et jeta un coup d’œil au chemin.

    – Je vais passer par Beacon et prendre un cheval.

    Comme si ça allait changer quelque chose.

    – Je suis fatigué de courir.

    Mauviette.

    – Pardon ?

    Rien.

    – C’est bien ce que je pensais, abruti.

    Il descendit la colline à bonne allure en direction de la rivière, le soleil dans le dos. Les heures passèrent ; le soleil atteignit son zénith, puis commença son déclin.

    Rush s’arrêta au bord de la rivière pour remplir sa gourde.

    Laisse-moi voler.

    Il ne prit pas la peine de répondre.

    Ils ne me font pas peur.

    – C’est une erreur.

    Si je les coupe en deux d’un coup de dents, ça peut marcher. Je n’ai jamais essayé.

    – La réponse est non. Si on est capturés, notre plan est fichu.

    Et si on est trop lents, ils nous trouveront de toute façon.

    Rush se redressa, sa gourde à la main.

    – Je dois nous protéger tous les deux…

    Silence.

    Il s’immobilisa.

    Cache-toi.

    Sans discuter, Rush se réfugia derrière les rochers en bordure du chemin. Sa gourde se renversa ; il enfonça rapidement le bouchon et la rangea dans son baluchon. Il approcha la main de son épée, mais ne la sortit pas.

    Hommes en approche. Plusieurs.

    Le bruit de sabots s’amplifia. Plusieurs paires. Rush en dénombra au moins sept. L’odeur de l’air changea également, se chargeant de la puanteur des hommes en sueur.

    Rush risqua un coup d’œil par-dessus le rocher.

    Parés d’une armure noire, les soldats portaient l’emblème du roi Lux sur la poitrine et les épaules. Une main entrelacée de dragons. À leur tête se trouvait le général Noose. Sa musculature volumineuse se reconnaissait à l’épaisseur de son armure. Il montait un destrier noir plus grand que la moyenne, car il fallait une solide monture pour supporter un tel poids.

    Ils nous cherchent.

    Le général Noose arrêta soudain son cheval.

    Je dois voler.

    – Attends, chuchota Rush.

    J’ignore ce qu’il voit et ce qu’il sent. Mais il a repéré notre présence.

    Le général descendit du cheval et atterrit au sol avec un bruit sourd, puis il examina la rivière.

    – Merde… mes empreintes.

    Rush commença à s’éloigner en se faufilant entre les rochers.

    Je dois voler.

    – Non.

    On n’a pas le choix. J’éviterai les chamans.

    Rush continua de manœuvrer en silence sur le terrain pour prendre la fuite.

    – Donne-moi une chance de…

    – Je sais que tu es là, tonna la voix puissante du général Noose tandis que le bruit de ses pas se dirigeait vers Rush. Je renifle les lâches à un kilomètre à la ronde.

    – Merde.

    Maintenant ?

    – On est trop près des falaises.

    Alors, cours.

    – Montre-toi, ordonna le général en avançant. J’ai un message de la part de ton père.

    Rush se redressa et s’engagea sur le chemin, révélant sa présence au général, à six mètres de distance. Il ne sortit pas son épée et ne prit pas la peine d’adopter une position défensive. À douze contre un, il avait une chance de s’en sortir s’il s’agissait d’hommes ordinaires ou de sentinelles — mais pas contre une troupe d’élite comme celle-ci. Ces soldats étaient des colosses. Lourdement armés. Équipés des meilleurs épées et boucliers. Avec des casques d’acier ne découvrant que leurs yeux.

    Ils sautèrent de leur monture et se positionnèrent derrière leur chef, qui portait lui aussi un heaume masquant tout sauf ses yeux. Sa voix étouffée l’incitait à parler fort, ce qui produisait une mélopée sinistre.

    Rush savait qu’il n’avait aucune chance — pas dans ces circonstances.

    – Félicitations pour la promotion.

    Il s’éloigna des rochers, adoptant une posture détendue comme s’il s’agissait d’une discussion informelle entre deux vieux camarades.

    – Je me demandais qui occupait mon ancien poste, ajouta-t-il.

    L’un des soldats s’approcha d’un cheval et arma une grande arbalète.

    Oui, je le vois.

    Ses yeux noirs fixaient Rush, sa masse musclée était immobile comme les rochers au pied de la falaise.

    – Le roi Lux est un homme clément. Il t’accorde une autre chance. Il te suffit juste de l’accepter.

    Mensonges.

    Le général poursuivit.

    – Tu es son fils unique. Reviens et tout sera comme avant.

    – Comme avant, hein ? Assassiner des innocents, asservir une espèce ancestrale qui nous a accordé l’hospitalité, gouverner Anastille par la dictature… le bon vieux temps, quoi.

    Le général Noose dégaina son épée, sachant comment cette conversation allait se terminer.

    – Tu es l’héritier du trône. Tu régneras un jour.

    Rush fronça les sourcils.

    – Je ne pense pas que tu comprennes le concept d’immortalité…

    Il fit un pas en avant et dégaina son épée.

    Le général avança aussi, l’épée levée. Les soldats l’imitèrent.

    Rush piqua un sprint.

    – Maintenant !

    En un éclair, Flam se transforma en ce flamboyant dragon rouge aux griffes capables de couper un humain en deux d’un seul coup. Il déploya ses ailes pour que l’air s’engouffre en dessus

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1