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La dernière reine de Féerie
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Livre électronique484 pages6 heures

La dernière reine de Féerie

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À propos de ce livre électronique

Une révolution chez les fées…

Après avoir risqué sa vie dans le monde mortel, Elora, la jeune princesse des fées, rentre à la maison pour déclencher une révolution. Alliée à la Reine blanche, Elora rallie son peuple dans une bataille contre sa mère corrompue, la Reine noire. Tandis que certains mettent en doute sa capacité de l’emporter, Elora sent la victoire à portée de main en sachant qu’elle a dans sa poche une arme secrète: Taylor, le garçon humain dont elle est amoureuse, de même qu’une bande disparate de ses camarades d’école, chacun armé d’un talent qui pourra renverser la bataille en sa faveur.

Un sacrifice mortel…

Cependant, les alliés d’Elora à la Cour noire se retournent contre elle quand ils croient
qu’elle les a délaissés au profit des humains. Et quand la Reine noire kidnappe deux de ses alliés humains, Elora entreprend d’organiser une mission de sauvetage audacieuse… Avant que sa mère n’offre ses amis en sacrifice.
LangueFrançais
Date de sortie29 juin 2018
ISBN9782897863340
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    Aperçu du livre

    La dernière reine de Féerie - Chelsea Pitcher

    mortelle !

    1

    TAYLOR

    J’avais 17 ans quand je fis la connaissance d’une fée-princesse. Avant, j’avais seulement rêvé qu’une personne magique entrerait dans ma vie. Cependant, tard un soir, la princesse des fées noires s’est furtivement glissée dans le monde humain à la recherche d’une offrande mortelle. Elle est sortie de l’ombre pour me prendre la main.

    J’ignorais qui elle était alors. J’ignorais qui je guidais hors des ténèbres.

    Je l’ai amenée chez moi.

    Après quoi, ma vie a réellement basculé. Tandis que la princesse cherchait son offrande, je suis tombé éperdument amoureux d’elle. Je l’ai aidée à s’inscrire à mon école. Je lui ai montré du doigt le mec le plus cruel de ma classe : Brad Dickson, le roi des salauds.

    J’ignorais qu’elle allait le kidnapper.

    Tout est arrivé le soir du bal. Tout de suite après m’avoir embrassé, et avoir admis ressentir toute une pléthore de sentiments, Elora a disparu dans l’obscurité avec Brad. Que diable ? Bien entendu, je croyais encore qu’elle était mortelle à ce moment-là, grâce à un prestige très impressionnant (c’est-à-dire une illusion magique). J’étais convaincu qu’elle était une fugueuse qui avait échappé à une famille violente. J’avais raison. Ce soir-là, sa famille violente est revenue la capturer.

    Seulement, ses membres étaient dotés de cornes et d’ailes.

    Voici comment les choses se sont déroulées : j’ai furtivement suivi Elora, puis trois de mes amis nous ont suivis à leur tour. Nous avons abouti au cimetière du quartier et là, l’enfer s’est déchaîné.

    Sans rire : l’enfer sur Terre. Les fées de la Cour noire sont descendues du ciel et ont rampé hors du sol comme des cadavres. Elles voulaient punir leur princesse d’avoir fraternisé avec des humains. (Elles n’avaient aucune idée qu’elle s’apprêtait à en kidnapper un, ni pourquoi.) Armées de magie, elles nous ont capturés en quelques minutes, et pour courage, il ne nous restait plus que l’effet grisant du whisky que nous avions bu au bal.

    Oh bon Dieu, j’ai l’air de quelqu’un qui met en garde les ados contre les dangers de l’alcool.

    Je n’ai bu qu’un verre !

    Peut-être, mais tu as failli être assassiné par des fées !

    Inoffensif ?

    Mais vous savez quoi ? Au bout du compte, nous l’avons emporté. Voyez-vous, comme les fées noires ont conclu il y a longtemps que les humains ne sont rien de plus que des idiots destructeurs à peine cohérents, elles n’avaient pas imaginé un scénario dans lequel nous serions plus malins qu’elles. Tandis qu’elles torturaient Elora, nous avons réussi à nous échapper de leur poigne et à la secourir.

    Du moins, en grande partie.

    Mon regard se promena jusqu’à l’endroit où Elora dormait. Ici, dans la Cour blanche, la forêt étincelante illuminait la pâleur de son visage. Sa chevelure flamboyante lui collait au front. Elle avait l’air paisible. Elle avait l’air en sécurité. Cependant, si je laissais mon regard descendre plus bas, vers l’endroit entre ses omoplates…

    — Non, non, non, murmurai-je avant de fermer les yeux.

    Je tentai de me convaincre que lorsque je les ouvrirais de nouveau, ses ailes seraient là. Je ne les avais aperçues qu’une fois. Au cimetière, elles s’étaient déployées comme des vagues qui se gonfleraient dans la mer la plus sombre. Elles s’étaient élevées encore plus haut en battant dans le vent.

    Puis, elles étaient tombées.

    Non, une lame était tombée sur elles. Une lame de fer qui avait grésillé contre la peau d’Elora et l’avait couverte de cloques. Son frère, le prince des fées noires, l’avait surplombée en riant comme un maniaque. Il les avait sciées, comme obsédé, jusqu’à ce que les ailes tombent.

    À présent, deux moignons irréguliers saillissaient de son dos, comme des morceaux d’obsidienne.

    — Ne t’inquiète pas : nous avons apporté tes ailes avec nous, la rassurai-je, ne sachant trop ce qu’elle se remémorait de la nuit dernière. Nous sommes en sécurité à la Cour blanche. Tes alliés nous ont fait entrer.

    Ce retournement nous avait pris par surprise. D’énormes chevaux ailés nous avaient secourus du cimetière et transportés dans le ciel. Puis, ils nous avaient fait traverser les mondes.

    — La Reine Seelie nous a accueillis et s’est servi de sa magie pour te guérir. Je n’ai eu qu’à donner…

    Un cri déchira la forêt. J’aurais voulu dire qu’il me fit frémir, mais honnêtement, j’étais trop épuisé pour éprouver ce genre de chose. Je fus plutôt figé sur place, tendant l’oreille comme un animal qui serait bientôt détruit par une balle.

    Le cri retentit de nouveau. Cette fois, il parut infini, et je reconnus la voix.

    — Kylie.

    Mon amie. La deuxième personne la plus incroyable que j’aie jamais connue, après Elora. Certainement la plus douce. Kylie était en danger. Ou elle souffrait.

    Je glissai mon corps de sous celui d’Elora et déposai sa tête sur le sol avec douceur. Il y avait de l’herbe, du moins suffisamment pour lui servir d’oreiller.

    — Tout va bien, lui dis-je. Je vais aller voir ce qui se passe.

    Je ne pus m’empêcher de toucher son visage. Sa chevelure rousse avait la mauvaise habitude de le recouvrir.

    — Reste ici, où tu es à l’abri.

    À l’abri ?

    Le mot avait un drôle de goût dans ma bouche. Était-elle jamais à l’abri ? Qu’en était-il du reste d’entre nous ? Jusqu’à présent, les fées blanches s’étaient montrées tout à fait aimables, mais cette gentillesse avait son prix.

    Il fallait que je trouve mes amis.

    — Kylie ? hélai-je en mettant mes vêtements.

    Je bondis par-dessus des rondins, le bas de mes pantalons déjà boueux, et je tentai de boutonner ma chemise sans perdre mon élan. Des heures plus tôt, je m’étais tenu devant la glace, dans ma chambre à coucher, pour vérifier si ma chemise était fripée tout en prétendant que ma vie allait changer. Prétendant qu’Elora allait m’embrasser au bal et que j’allais enfin lui dévoiler mes sentiments.

    Attention à ce que vous souhaitez, à ce qu’on dit.

    À présent, je trébuchais dans une forêt féérique en souhaitant être invisible. Le soleil était ardent, mais il était loin d’être la seule source de lumière en ce lieu. Les troncs d’arbre luisaient, les feuilles scintillaient comme des émeraudes et des fleurs blanches perçaient entre les branches, éclatantes comme des ampoules électriques. Quand je me poussai un chemin entre des ronces pour aboutir dans une clairière, je me préparai à toute éventualité.

    Mais je n’étais pas prêt pour ce qui arriva.

    Dès la seconde où je pénétrai dans la clairière où de gros fruits dorés pendaient de chaque branche noueuse, je fus pratiquement bombardé par mes amis. Ils surgirent de la forêt, un par un, comme s’ils avaient déjà été admis à une sorte de société secrète de Seelie.

    Kylie fut la première à se montrer.

    — Taylor ! lança-t-elle, ses cheveux sombres emmêlés et ses yeux bruns lumineux.

    Elle s’avança vers moi dans le fauteuil roulant le plus élaboré que j’avais jamais vu. La base semblait faite de cristal et le dossier s’élevait en deux cygnes dont le front se touchait pour former un cœur. Les roues ne semblaient avoir aucune difficulté à avancer dans l’herbe. Le tout était magique et extravagant : le genre de fauteuil que Kylie n’aurait jamais osé demander.

    Oh, et elle était dotée d’ailes. L’effet d’un prestige, bien entendu, mais elles paraissaient si réelles avec leurs plumes noires et lustrées, comme si Kylie était la Reine des corbeaux. Comme si elle allait se transformer en oiseau et disparaître entre les arbres.

    — Ils m’ont fabriqué un trône, remarqua-t-elle avec effusion avant d’ouvrir les bras pour m’étreindre.

    Elle portait une robe qui rappelait le ciel de minuit : une étoffe noire sertie d’un millier de lumières minuscules. Elle était chaussée des mêmes vieilles bottines.

    — Je suis presque une princesse.

    — Chaque princesse doit avoir sa Reine ! annonça Keegan en bondissant hors d’un buisson.

    C’était là un commentaire étrange de sa part. Le jumeau de Kylie ne portait jamais de robe ni d’atours féminins. Même à présent, malgré un accès à la haute couture féérique, il avait opté pour le satyre avec un costume de velours brun, muni de sabots et de cornes, qui lui permettait de se fondre à la forêt. Mais peut-être était-ce là la blague, le point qu’il souhaitait marquer.

    Ou peut-être ne faisait-il que s’amuser.

    — Qu’est-il arrivé ? demandai-je tandis que Kylie me coupait le souffle avec son étreinte.

    Son teint olive paraissait particulièrement bronzé sous la lumière.

    — J’ai entendu des cris…

    — Nous allons bien.

    — Tout va bien, acquiesça Keegan.

    Mes amis agissaient bizarrement : ils affichaient de grands sourires, mais refusaient de croiser mon regard.

    Un frisson me parcourut l’échine.

    — Où est Alexia ?

    — Ici, fit une voix liquide au-dessus de moi. Là. Partout. Si tu sais où regarder.

    Les mots me firent sursauter. Cette façon de parler me rappelait tant Elora. Alexia était en territoire féérique depuis moins d’un jour, mais déjà, elle s’assimilait. Tout comme Elora l’avait fait dans notre monde.

    Cette pensée fut loin de m’apaiser.

    — Montre-toi, mon petit chat de Cheshire, intima Kylie à la créature cachée dans les arbres.

    Je suivis son regard. Quand Alexia bondit des branches, elle le fit avec la grâce d’un chat.

    Sa transformation était la plus audacieuse.

    Elle n’avait pas apporté beaucoup de changements à son visage ; ce qui n’avait rien d’étonnant. Avec ses ancêtres africains, sud-américains et japonais, Alexia était d’une beauté jugée douloureuse par bien des jeunes de l’école. Cependant, ses yeux bruns étaient maintenant parfaitement noirs et ses lèvres étaient tachées comme si elle avait mangé des mûres.

    Ou s’était abreuvée au cou de quelqu’un.

    En fait, elle avait un peu l’air d’un vampire, ou l’hybride d’un vampire et d’une fée. Sa longue robe sinueuse était bordeaux et ses ailes noir et rouge suivaient le modèle de celles d’un papillon monarque. J’eus une brève vision troublante d’Alexia épinglée dans un cadre de collectionneur de papillons.

    — C’est bon de voir que tu t’es mise à tes aises, ironisai-je sans me donner la peine de masquer mon sarcasme.

    Elle ne parut cependant pas le déceler. Elle me répondit d’un ton chaleureux.

    — N’est-ce pas ? C’est étrange. J’ai passé ma vie à éviter la nature, déclara-t-elle en secouant sa chevelure qui retomba en vagues sombres sur ses épaules. Tu ne peux pas soupçonner l’effet de la pluie sur mes cheveux. Mais ici, ça ne semble pas avoir d’importance. C’est presque comme si j’étais enfin chez moi.

    Elle prit une inspiration et enfonça ses pieds d’un brun pâle dans la terre. Durant toutes mes années à l’école Unity, je ne l’avais jamais vue sans talons vertigineux capables de vous casser les chevilles.

    — Tu n’es pas chez toi, soulignai-je.

    — Comment peux-tu en être si sûr ?

    Elle continuait de fixer les arbres des yeux comme s’ils étaient chargés de lutins. Mes trois amis faisaient de même.

    J’eus beau scruter les arbres, je ne vis rien. Ni personne.

    — Je ne me suis jamais vraiment sentie chez moi avant toute cette histoire, certifia Alexia. C’est le cas pour nous tous. Pourquoi alors nous priver du plaisir du spectacle ?

    — Quel spectacle ? m’enquis-je.

    Qu’est-ce qui clochait avec ces trois-là ? Je me rendais compte, de façon alarmante, de ce dont Elora parlait quand elle m’avait dit que les humains étaient facilement appâtés vers Féerie. À présent, sans le vouloir, j’avais amené les personnes les plus vulnérables à cette ruse. Celles qui n’avaient jamais été acceptées dans le monde humain.

    — Le spectacle ! s’exclama Alexia.

    Elle vrilla dans un cercle et des feuilles tombèrent autour de sa tête. Mais comment fait-elle ça ?

    — La révélation. Ne veux-tu pas être accueilli ici correctement ?

    — Ouais, Taylor, renchérit Kylie, ce qui m’inquiéta plus que tout.

    Alexia et Keegan s’amusaient constamment à me faire marcher. Mais ce n’était pas le cas de Kylie : elle avait la sincérité imprégnée dans la moelle.

    — Ne sois pas si négatif. Nous savons tous que nous étions en danger, mais nous sommes à l’abri maintenant. Ce sont les bonnes fées qui habitent ici.

    — Il n’existe pas de bonnes fées, m’emportai-je.

    Des branches se secouèrent au-dessus de ma tête. Le son aurait pu être l’œuvre du vent, mais je n’étais pas dupe. Quelqu’un nous écoutait. En fait, toute la forêt était probablement à l’écoute.

    Je choisis mes mots avec précaution.

    — Ce n’est pas simple. Toutes les fées proviennent du même endroit. Certaines s’associent à la lumière et d’autres, aux ténèbres, mais elles sont toutes immortelles et bien plus concernées par la planète dans son ensemble que par chaque vie humaine individuelle.

    Je m’agenouillai devant Kylie pour échapper aux oreilles espionnes.

    — Nous sommes semblables à des animaux pour eux. Des chiots avec qui jouer. Comprends-tu ?

    Kylie rigola. Elle rigolait tandis que je tentais de lui sauver la vie.

    — Kylie, je t’en prie, l’implorai-je. La Reine blanche a envoyé Elora dans le monde humain pour lui ramener une offrande mortelle. Une personne qu’elle pourrait garder comme un animal domestique, expliquai-je avant de promener mon regard en sentant un papillonnement nerveux dans la poitrine. Attendez. Où est Brad ?

    Non pas que je voulus voir la pourriture à la poitrine bombée et aux injures faciles de l’école Unity. Cependant, Elora l’avait enlevé du monde humain, et aussi terrible soit-il, je ne l’abandonnerais pas ici.

    Kylie agita une main.

    — La Reine a dit qu’elle le renvoyait à la maison.

    — Elle ne voulait pas de lui, ajouta Keegan.

    — Qui en voudrait ? demanda Alexia en éclatant de rire, et les jumeaux l’imitèrent.

    Je me pris la tête entre les mains.

    — Vous ne comprenez pas. La Reine Seelie ne va pas se contenter de relâcher une offrande sans raison. Si Brad peut rentrer chez lui, cela signifie qu’elle gardera quelqu’un d’autre. Quelqu’un comme…

    Moi.

    Mais je ne pouvais pas le dire à voix haute. Je ne pouvais admettre ce qui était arrivé la nuit dernière. Elora était mourante. Du genre, elle mourait d’une hémorragie entre mes bras. La Reine blanche avait été heureuse de l’aider si je lui donnais mon nom complet…

    — Taylor, détends-toi, roucoula Kylie.

    Son ton était condescendant, un ton que je n’avais jamais entendu de sa part auparavant. Que leur était-il donc arrivé ? Qu’avaient fait les fées ?

    — Si nous nous divertissons un moment, elles viendront te donner un nouveau look.

    — Une métamorphose, renchérit Alexia, pince-sans-rire.

    — N’est-ce pas ce que tu as toujours voulu ? me taquina Keegan en faisant gonfler sa chevelure châtaine.

    Contrairement à sa sœur, dont les cheveux teints noir de jais cadraient son visage en oblique, Keegan portait sa couleur naturelle.

    Kylie les regarda, sourcils froncés.

    — Vous en parlez comme si c’était stupide. Ce n’est pas stupide. Ça sert à nous donner l’air d’appartenir à l’endroit, au cas où il y aurait des espions.

    — Tu peux même leur demander des ailes, ajouta Alexia.

    — Oh, dans ce cas, elles peuvent faire de même pour Elora, lançai-je d’un ton hargneux. Lui donner une paire d’ailes imaginaires pour compenser celles qu’on lui a coupées.

    Mes amis ne dirent rien. Ils se contentèrent de me regarder de leurs grands yeux qui rappelaient ceux d’un nouveau-né. J’en eus une sacrée frousse.

    — Attendez un peu, intervins-je en regardant à la ronde comme si la forêt dévoilerait soudain ses secrets. Où sont ses ailes ? Qu’en avez-vous fait ?

    — Taylor, calme-toi, m’ordonna Kylie en tendant une main vers moi. Des dames sont venues les recueillir avant que tu arrives ici. Celles dotées de branches à titre de cheveux et d’ailes de libellules. Elles les ont remises à la Reine.

    — C’est vrai ? Vous ne croyez pas…

    Je me passai les mains dans les cheveux. Je n’osais pas espérer.

    — Croyez-vous qu’elles puissent les rattacher ?

    — Bien sûr que oui, confirma Kylie. Ce sont des fées, elles possèdent des pouvoirs magiques. Elles sont probablement occupées à les recoudre en ce moment même.

    — Elles ne peuvent pas les recoudre, marmonnai-je en secouant la tête. Pas s’il y a du fer dans les aiguilles.

    Bon Dieu, mais qu’est-ce que je radotais ? Bien entendu que les fées étaient capables de créer des aiguilles sans fer. Elles avaient probablement le pouvoir de créer n’importe quoi. L’idée qu’Elora puisse voler de nouveau aurait dû me soulager.

    Mais ce ne fut pas le cas. Je me sentais paniqué et suffisamment en colère pour avoir envie d’arracher la tête de quelqu’un.

    — Je dois m’asseoir, annonçai-je.

    Je m’affaissai dans l’herbe et m’empoignai les cheveux.

    — Taylor ?

    La voix de Kylie s’infiltra comme si elle venait de loin, même si elle était juste à côté de moi. Quand elle me toucha, je sursautai.

    — Il se remet du choc, formula Alexia, debout aux côtés de Kylie.

    Je les regardai entre les mèches de mes cheveux.

    — Il a besoin d’un petit quelque chose pour se calmer.

    Ils rirent tous de ce rire tintant, comme un carillon dont le son était d’abord plaisant pour rapidement devenir agaçant.

    — Heureusement, j’ai exactement ce qu’il faut.

    Alexia tendit la main pour cueillir un fruit pâle et luisant d’un arbre. Quand elle arracha la tige, un liquide doré suinta du trou.

    — Je ne vais pas manger ça, refusai-je.

    — C’est correct, m’assura Kylie. Je sais ce à quoi tu penses : Ne mangez pas leurs aliments. Mais ce ne sont que des histoires. Les humains confondent les règles.

    — Que fichtre sais-tu au sujet des règles ? crachai-je. Jusqu’à hier soir, tu ignorais même l’existence des fées !

    Encore une fois, je ressentais une colère disproportionnée. Si j’y songeais vraiment, il était parfaitement logique que Kylie en sache un peu sur Féerie. Elle avait toujours porté des écussons de fées sur ses vêtements. Elle utilisait ce sac-repas à l’effigie de la Fée Clochette. Des filles comme Kylie collectionnaient les poèmes anciens et suspendaient des calendriers de fées à leur mur. Kylie était probablement une excellente source d’information.

    Alors, pourquoi étais-je si en colère ?

    C’est le choc, le choc, le choc, me dit mon cerveau, qui se faisait l’écho du diagnostic avancé par Alexia, avant de m’intimer : Relaxe.

    Alexia me tendit la pêche qui n’était pas une pêche. D’ordinaire, les pêches ne luisaient pas. Elles ne saignaient pas non plus. Le liquide doré et visqueux lui coulait sur les doigts maintenant, épais comme du sang, et elle s’apprêtait à le lécher.

    De sa main, Keegan stoppa son mouvement.

    — Ne sois pas cupide.

    Alexia le toisa d’un regard noir, mais sa colère ne dura pas. Bientôt, ce rictus effrayant digne du chat de Cheshire regagna son visage.

    — Il a raison, reconnut-elle. Une goutte pour chacun d’entre nous. C’est ce qu’elles ont dit.

    — Tu penses que je vais manger ça ? énonçai-je en donnant un coup sur le fruit pour le faire tomber de sa main. Tu ne le mangeras pas non plus.

    Cette fois, elle explosa de rire. Je m’aperçus alors que les yeux d’Alexia n’étaient pas les seuls à être devenus d’un noir liquide. Ils me regardaient tous les trois de ces yeux dilatés. Comme s’ils voyaient des choses qui m’échappaient.

    — Putain, vous êtes en pleine hallucination.

    Leur rire atteignit son apogée.

    — Vous vous foutez de ma gueule.

    — Ce n’est pas une drogue, Taylor, précisa Kylie en cueillant un fruit d’une branche plus basse. C’est seulement pour nous aider à nous remettre du choc. Nous en avions tous besoin, lâcha-t-elle avant de murmurer la phrase suivante : J’ai perdu les pédales.

    — Elle s’est mise à hurler, prononça Alexia. Kylie, étonnamment.

    — Elles n’étaient pas censées être des monstres, rétorqua Kylie en se renfrognant environ deux secondes avant d’être de nouveau fascinée par le fruit. J’avais seulement besoin de me calmer et elles m’ont aidée.

    — Elles t’ont droguée, contrai-je.

    — Non, dit-elle avant de regarder sa main en rigolant. Elles ont fait en sorte que je me sente heureuse. Tu peux te sentir heureux, toi aussi.

    — Oh mon Dieu. Tu parles sérieusement ?

    Keegan s’agenouilla près de moi et cueillit le fruit de la main de sa sœur.

    — Ordre du médecin, Taylor.

    Kylie rit si fort que je crus qu’elle allait tomber de son fauteuil. Cependant, Alexia avait d’autres plans. Elle me prit par-derrière, me tira un bras dans le dos et transperça de son ongle la peau d’un de mes doigts.

    — Ça agit plus vite en passant directement par le système sanguin.

    — Putain ! m’écriai-je en me débattant contre sa poigne. Ça fait mal, espèce de psychopathe…

    — Ça ne fera plus mal dans une minute.

    Je rampai sur le dos pour m’éloigner d’elle. Je n’allais certainement pas la laisser m’injecter ce poison dans les veines. Mais je commis une erreur. Je suppose que je n’arrivais plus trop à réfléchir. Je portai mon doigt blessé à ma bouche.

    Merde.

    À quelques pas de moi, le groupe rit de nouveau. Tout ceci n’était rien de plus qu’une ruse pour m’amener à me sucer le doigt. Le doigt qu’elle avait badigeonné de nectar.

    — Je te déteste, marmonnai-je au moment même où une vague de nausée monta en moi.

    Si seulement je pouvais m’enfoncer le doigt dans la gorge, je me débarrasserais d’une grande partie du nectar. Si seulement je ne tombais pas dans un gouffre sans fond.

    Dans les profondeurs des ténèbres, la voix d’Alexia flotta jusqu’à moi.

    — Tu vas m’aimer bien assez vite. Tu aimeras chacun d’entre nous. Tu arriveras aussi à voir tout ce qu’elles gardaient caché.

    2

    ELORA

    Je m’éveillai, prise d’une douleur étourdissante, quoique la cause ne me revint pas tout de suite à l’esprit. Pendant un bref instant, je fus béatement ignorante de la source de mon agonie. J’envisageai même la fantaisie éphémère que des insectes se régalaient de mes ailes comme d’un festin.

    Peut-être qu’un plaisantin y avait fait couler du miel.

    La présence de ce nectar expliquerait la sensation chaude et humide qui rampait dans mon dos. Étranges, les choses que l’esprit conjure pour échapper à la réalité. Je me dressai sur les genoux et bruissai les ailes pour en secouer les insectes.

    Oh, ténèbres.

    Une douleur, lancinante et cuisante, irradia dans mon corps en entier. Mes membres cédèrent sous son poids. Mon cœur se serra comme si j’avais été poignardée.

    Je vous en prie, dites-moi que ce n’était qu’un rêve.

    J’ouvris les yeux. La forêt de Seelie s’étalait devant moi, comme un rappel d’où j’étais et d’où j’étais allée. Mais Taylor n’était plus là et il avait emporté ma joie, ma sensation de paix, pour ne laisser que le souvenir du traumatisme que j’avais enduré. La bataille dans le cimetière. La lame…

    Non.

    Je tâtonnai mon dos.

    Pitié, non.

    Je cherchai de mes mains, mes doigts griffant l’air.

    Je ne peux pas les avoir perdues.

    Des sanglots s’élevèrent du plus profond de moi, se déployèrent dans mon ventre, foncèrent droit vers ma gorge. Je tentai de les ravaler, mais qui peut avaler un océan ? Ils gonflèrent comme des vagues et se déversèrent de mes yeux, de mes lèvres, de partout.

    — C’est ça que tu cherches ?

    Je relevai brusquement la tête. À cet instant, je me sentis plus vulnérable que jamais. Incapable de voler. À peine capable de bouger. Qu’est-ce que mon peuple penserait de moi quand il verrait ce que Naeve avait fait ? Sans parler de Taylor.

    Il sera dégoûté. Il ne voudra plus jamais me regarder.

    Mais je changeai d’idée quand je levai les yeux. Mon monde se transforma. Au fond de la clairière était assise Lyndiria, la Reine des fées blanches, et des ailes étaient étendues à ses pieds.

    Mes ailes.

    — Comment…

    — Je présume que c’est l’œuvre du garçon, répondit Lyndiria, de qui la lumière se déversait comme une tempête.

    Je peinais à la voir clairement.

    Je fermai les yeux par crainte d’être aveuglée.

    — Taylor les a apportées ? Il est si…

    — Parfait ? suggéra-t-elle.

    Un frisson me parcourut, comme des araignées qui pondraient leurs œufs sous ma peau. Mais je n’avais pas le loisir d’y réfléchir. Chaque cellule de mon corps me poussait devant tandis que je rampais à quatre pattes vers ces ailes noires en loques ; ces objets qui me rappelaient tant la maison. Ces ailes étaient mon chez-moi. Elles avaient l’odeur du sang et de la terre.

    N’est-ce pas de quoi les fées sont faites, de sang et de terre ?

    Je blottis les ailes dans mes bras. Elles étaient froides et incrustées de glace. Juste au-dessus de ma tête, de la neige tombait doucement sur elles, mais seulement à cet endroit. La Reine avait dû jeter un sort pour les garder au froid.

    — Je suis navrée de ta perte, confia-t-elle tandis que j’étudiais son travail, le cœur comme un papillon affolé dans ma poitrine.

    Il ne pouvait y avoir qu’une raison de garder mes ailes sous la neige. Quand le sang se glace, il ne peut pas s’échapper.

    Je levai les yeux vers elle.

    — Majesté, murmurai-je, vous ne croyez pas…

    — Certainement, confirma-t-elle, et mon cœur se gonfla comme une vague.

    Elle se leva et cette lumière suinta d’elle comme de petits ruisseaux se jetant dans la mer. À présent que j’étais soulagée de sa luminescence, j’arrivais à la distinguer plus clairement : ces courbes, enveloppées serrées dans une robe d’un vert diaphane ; cette peau, chaude et brune comme la terre qui baigne dans la lumière du soleil. Elle était plus grande que nature, cette Reine grandiose de la forêt.

    Elle possédait des pouvoirs qui échappaient à ma compréhension.

    — Accepteriez-vous de m’aider ? la suppliai-je. J’ai fait tout ce que vous m’avez demandé. Je me suis rendue dans le monde mortel, j’ai trouvé un garçon qui était un jeune meneur des hommes. Je l’ai ramené ici…

    — J’ai demandé le fléau des ténèbres, me réprimanda Lyndiria alors que ses mèches émeraude rougissaient. J’ai demandé un garçon qui serait l’idéal de la lumière. Nous en avons parlé hier soir…

    — Je n’ai que de vagues souvenirs d’hier soir, admis-je.

    Des images d’horreur défilèrent à la vitesse de l’éclair dans mon esprit. Ici, Naeve qui jetait son épée dans les airs pour qu’elle se fracasse en morceaux sur le sol. Là, Naeve qui enfonçait les morceaux de fer dans mon dos, un par un.

    — Mais je me souviens de votre devinette, ajoutai-je en récitant l’énigme de la Reine blanche de mémoire :

    Fléau des ténèbres, idéal de la lumière qui luit,

    Vole ce jeune meneur des hommes du cœur de la nuit.

    Lie-le de sang et apporte-le devant la Cour

    Avant que le règne sanctifié de la Lumière voie le jour.

    La Reine avait déposé la devinette dans le creux de ma paume avant de m’envoyer dans le monde mortel, à la recherche d’une offrande. Si je présentais une offrande appropriée, elle allait m’aider à détruire la Cour Unseelie. Elle ligoterait la Reine noire. J’allais rallier les servants afin qu’ensemble, nous puissions renverser les nobles.

    La Cour noire s’effondrerait.

    Ensuite, une fois la poussière retombée, la Reine blanche allait dissoudre sa Cour à son tour afin que nous soyons tous libres. C’était ce qu’elle m’avait promis à notre dernière rencontre. Mais à présent…

    — Je vous ai apporté une offrande appropriée, insistai-je en scrutant le boudoir à la recherche du garçon que j’avais volé le soir du bal, mais je ne vis personne sauf la Reine. Brad Dickson régnait sur son école d’une main de fer, ce qui fait de lui un jeune meneur des hommes. Il était cruel, ce qui fait de lui le fléau des ténèbres. Comme il avait la mauvaise habitude de faire du mal à ses camarades de classe, le monde humain se porterait mieux de son absence, ce qui fait de lui l’idéal de la lumière.

    — Tu as déformé le sens de la devinette pour lui faire dire ce qui t’arrangeait. Tu m’as apporté une chose aigre plutôt que douce. J’ai déjà renvoyé le garçon…

    — Je vous ai apporté exactement ce que vous demandiez, me défendis-je.

    Je me sentais désespérée maintenant que mes ailes étaient si près. Si je ne convainquais pas bientôt la Reine blanche de venir à mon aide, je perdrais tout. Ma capacité de voler. Ma révolution. Tous mes efforts auraient été vains.

    — Si vous vouliez quelque chose de doux, vous auriez dû le demander.

    — Je suppose que c’est là le danger des devinettes. Tu as fait tout un sacrifice, concéda la Reine blanche alors que son regard se posait brièvement sur mes ailes. Mais si j’acceptais de t’aider…

    — Je vous donnerai tout, promis-je. La Cour noire tombera. Ma mère sera ruinée. Vous serez enfin libre.

    — Libre ? répéta-t-elle, comme si le mot avait un drôle de goût dans sa bouche. Qu’est-ce qui te fait croire que je veux être libre ?

    — Parce que je sais ce qu’on ressent quand on est prisonnier de la noblesse.

    Je baissai les yeux sur mes poignets, sur les ombres qui se cramponnaient à moi comme des bijoux. Comme des chaînes.

    — Nous sommes des êtres sauvages qui érigent des cages et leur donnent le nom de palais. Nous nous sommes enchaînées à nos trônes. Mais autrefois…

    — … il n’y avait ni Reine ni Cour. J’errais de par le monde à ma guise, enchaîna la Reine blanche avec un sourire qui s’estompa rapidement. Puis, elle est venue et a tout gâché.

    — La Reine noire est douée là-dedans.

    — Elle voulait détruire l’humanité, alors j’ai dû lui faire opposition. J’ai dû bâtir ma Cour pour arrêter la sienne

    — Oui, mais plus maintenant. La Cour blanche ne sera plus nécessaire si nous détruisons la Cour noire.

    Je levai les yeux et étudiai les fleurs de sa couronne : des fleurs opalescentes parmi les feuilles vertes. Mais en y regardant de plus près, il était possible de voir là où les épines se courbaient vers sa peau pour maintenir la guirlande en place.

    — La noblesse a un prix. Mais vous pouvez être libre.

    La Reine blanche me scruta de ses yeux qui scintillaient comme s’ils étaient enflammés. Elle donnait l’impression d’être affamée.

    — Je ferai ce que j’ai promis, émit-elle. Je vais ligoter la Reine noire.

    — Alors ?

    — Si la Cour noire tombe, je vais renoncer à mon trône, accorda-t-elle avant de poser les yeux sur mes ailes. Donne-les-moi.

    — Merci, Majesté. Merci.

    Les larmes venaient à peine de sécher sur mon visage que d’autres se mirent à y couler. Ces océans se déversaient de moi et noyaient ma tristesse pour donner vie à l’espoir.

    — Avez-vous déjà entendu parler d’une telle chose ? Recoudre une partie d’un corps…

    — Jamais, convint-elle, du moins en dehors du monde humain. Mais d’autre part, je n’ai jamais entendu parler d’une fée qui a tranché les ailes d’une autre. Je n’ai certainement jamais entendu parler d’une fée qui se serait servie du fer contre une autre.

    Je ris un peu, alourdie par le poids de l’espoir.

    — Au moins, Naeve aura le souvenir qu’il a toujours voulu. Ainsi que l’adoration de sa Reine.

    Lyndiria garda le silence un long moment. Je me rapprochai d’elle en douce, impatiente de commencer le rituel qui me rendrait mes ailes. Finalement, quand j’atteignis l’endroit où elle était assise, elle me prit les ailes des mains et avança :

    — Je ne crois pas qu’il prendra le risque de lui dire toute la vérité.

    — Que voulez-vous dire ?

    Je m’agenouillai à ses pieds, le visage détourné. Mon corps se crispa à l’idée d’être touchée maintenant que j’étais si blessée. Comment me guérirait-elle ? Se servirait-elle d’aiguilles, du vent ou de toiles ? Ou des trois ?

    — Il a tenté de mettre fin à ta vie.

    La Reine blanche repoussa mes cheveux sur mes épaules et son toucher était doux. Maternel. Ne ressemblait en rien à ce que j’avais déjà vécu.

    — Il a rompu avec les lois de Féerie en utilisant du fer contre toi. Pire que tout, tu t’es dérobée à lui. Avouerais-tu une telle défaite à la Reine des fées noires ?

    — Oui, mais ça ne me dérange pas de mettre maman en colère.

    Elle rit. Nous rîmes toutes les deux. Après tout, nous complotions pour arracher à ma mère tout ce qu’elle chérissait. Sa Cour, sa couronne, son sourire misérable et infâme.

    — Très bien, conclut Lyndiria, qui se pencha et approcha les lèvres de mon oreille. Il me faudra le nom de la fée qui prendra ta place.

    Le bout de ses doigts roula dans mon dos, une caresse qui fit hurler mon corps.

    — Prendre ma place ? parvins-je à demander entre deux souffles courts.

    — Dans la bataille contre la Cour noire. Tu ne penses tout de même pas y aller toi-même ? Tu seras en convalescence.

    — Je suis en convalescence en ce moment même, réagis-je, prise de colère.

    J’étais si près de recouvrer mes ailes, mais elle continuait de me railler avec le pouvoir qu’elle avait sur moi. De me taquiner.

    N’est-ce pas ?

    — Tu ne comprends pas, opposa la Reine. Au point où nous en sommes, le pire est derrière toi. Ma magie a purgé le fer de tes veines. Ma magie et l’amour du mortel ont guéri tes blessures les plus graves. Mais si tu lies une chose à une autre chose de laquelle elle a été arrachée, ton corps sera en guérison constante. Le processus pourrait prendre des mois. Tu ne seras pas en mesure de reprendre tes activités normales. Tu ne seras pas en mesure de te battre. Tu devras te reposer.

    — Non.

    — Tu seras handicapée. Le mieux que tu pourras faire sera de t’asseoir dans un des arbres qui encerclent la bataille et servir de défense. Mais même alors, à quoi bon prendre le risque ?

    — Non, il doit y avoir un autre moyen.

    Je ne pouvais pas laisser filer cette occasion. Même en ce moment, j’arrivais à sentir la bordure de mes ailes effleurer mon dos. Je me languissais qu’elles fassent partie de moi à nouveau.

    — Si nous attendions la fin de

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