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La meute Alpha, tome 3 - Lune noire
La meute Alpha, tome 3 - Lune noire
La meute Alpha, tome 3 - Lune noire
Livre électronique408 pages5 heures

La meute Alpha, tome 3 - Lune noire

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À propos de ce livre électronique

Composée d’anciens Navy Seals, la meute ­Alpha est une équipe ultrasecrète d’hommes-loups ­dotés de pouvoirs psychiques qui combat les plus graves dangers dans le monde. Mais parfois, ces dangers les atteignent plus intimement qu’ils ne le devraient.

Depuis qu’il a sauvé la vie de Mackenzie Grant, Kalen Black, un sorcier pouvant se métamorphoser en panthère, a du mal à éviter de repenser à la jolie docteure, et de l’aimer. Avoir ainsi frôlé la mort a fait naître une intense passion entre eux, et fera baisser la garde pour la première fois à ce loup solitaire.

La meute alpha se bat contre une fée maléfique qui maîtrise peu à peu l’esprit de Kalen, qui, ne pouvant plus faire confiance à ses propres actions, doit quitter Mackenzie pour la protéger. Mais quand elle apprend qu’elle porte l’enfant du sorcier, elle se rend compte qu’aucun danger ne pourra l’empêcher d’être avec celui qu’elle aime. Pour protéger sa partenaire et son enfant à naître, Kalen devra combattre un démon terrible en libérant toute la fureur de son pouvoir, et risquer ainsi de les détruire tous.
LangueFrançais
ÉditeurÉditions AdA
Date de sortie16 févr. 2022
ISBN9782898088803
La meute Alpha, tome 3 - Lune noire
Auteur

J. D. Tyler

L’auteur à succès d’USA Today, J.D. Tyler, est surtout connu pour sa série paranormale sombre et sexy «La meute Alpha», et les pompiers de «Station Five» et les séries «Sugarland Blue» en tant qu’auteur à succès national Jo Davis. Instinc primal, le premier livre de sa série «La meute Alpha», est le lauréat du National Readers’ Choice Award in Paranormal. Elle a également été plusieurs fois finaliste aux National Readers’ Choice Awards, le Colorado Romance Writers Award of Excellence, finaliste pour le Bookseller’s Best Award, a remporté le HOLT Medallion Award of Merit, a été deux fois nominée pour les Australian Romance Readers. Quand elle n’écrit pas, l’idée de JD d’un bon moment n’est certainement pas de nettoyer la maison, de sauter à l’élastique ou de camper. Elle aime lire, se faire dorloter comme la diva qu’elle est et passer du temps avec sa formidable famille. J.D. vit au Texas avec ses deux enfants adultes, ses deux chats et un terrier de Boston, tous horriblement gâtés.

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    Aperçu du livre

    La meute Alpha, tome 3 - Lune noire - J. D. Tyler

    Prologue

    Kalen avait 13 ans quand sa grand-mère lui avait appris qu’il était né sous une lune noire.

    Cela ne lui avait pas semblé extraordinaire, et pour être bien honnête, Kalen ne voulait pas en entendre parler. Il était déjà un monstre, alors pourquoi en rajouter ? Son père utilisait déjà n’importe quel prétexte pour le battre, et Kalen n’allait certainement pas lui en donner un de plus. Qui plus est, on était samedi : la journée la plus occupée de son père à l’atelier où il travaillait comme mécanicien automobile, et cela permettait à Kalen de jouir de glorieuses heures de liberté. Une journée entière sans cris ni coups de poing. Pas de nouvelles contusions. Dès que Kalen pourrait se précipiter pour rencontrer ses amis, il en profiterait.

    Il se tortilla, quand il sentit les vieilles mains noueuses de sa grand-mère saisir l’une des siennes. Qui diable se souciait de cette histoire de lune ? Il résista à l’envie suicidaire de rouler des yeux. À peine.

    — Une lune noire est déjà un événement rare en astrologie, mais tu es né au cours du plus rare des quatre types d’événements lunaires : un mois sans nouvelle ni pleine lune.

    Kalen réprima un soupir et essaya de paraître intéressé.

    — Ouais, et alors ?

    Il aimait sa grand-mère, et elle l’aimait en retour, mais bon. Ses copains étaient probablement déjà partis en vélo sans lui.

    — Sommes-nous obligés de parler de science maintenant ? demanda-t-il.

    Les yeux bleu pâle d’Ida May se posèrent sur les siens.

    — Écoute-moi, mon garçon. Tu es assez vieux pour comprendre ce que j’ai à te dire, car mon séjour en ce monde ne durera pas éternellement, dit-elle d’une voix douce qui contredisait son expression grave.

    Toutes les pensées de Kalen à propos de ses amis et d’un samedi ensoleillé de farniente disparurent quand la peur s’ancra dans son estomac.

    — Es-tu malade ? demanda-t-il d’une petite voix. Qu’est-ce que…

    — Peu importe. As-tu développé ta magie ?

    Rougissant, il donna un coup de pied avec le coin de sa chaussure de tennis élimée sur le tapis.

    — Pas beaucoup depuis la dernière fois où papa m’a surpris.

    Il déglutit, se souvenant de la scène terrible. De sa mère, qui avait une fois de plus refusé d’intervenir auprès de son père. De la façon dont il l’avait suppliée d’appeler sa grand-mère, au moins. Mais elle s’était contentée de rester là, le visage sinistre, alors qu’il était recroquevillé sur le sol de la salle de séjour, hurlant de douleur et de peur pendant que son père lui donnait des coups de pied.

    Les lèvres de sa grand-mère s’amincirent.

    — Tu dois continuer à développer tes compétences, quel que soit le danger que cela représente. Un jour, tu auras besoin de chaque once de l’incroyable pouvoir que tu as hérité de mes ancêtres. Tu connaîtras des jours sombres, mon garçon, et je ne serai plus là pour t’aider à les traverser.

    — Ne parle pas comme ça, dit-il d’une voix rauque. Je t’en prie. J’ai besoin de toi, grand-mère, et non de cette magie stupide.

    Elle ignora son plaidoyer.

    — Tu seras le plus grand sorcier que le monde connaîtra, et ton pouvoir dépassera l’entendement. Cela signifie que des personnes chercheront à maîtriser ton pouvoir, ou à te le voler.

    Kalen tenta de calmer son cœur qui battait la chamade. Le plus grand sorcier du monde ? Des jours sombres ? Il réprima la plaisanterie fine qu’il avait sur le bout de la langue. D’une part, parce que sa grand-mère avait adopté un ton grave, et, d’autre part, parce qu’elle ne se trompait jamais quand il s’agissait du surnaturel.

    « Merde. »

    — OK. Si cela est vrai, qu’est-ce que cela a à voir avec la lune noire ?

    — Tout.

    Elle fit une pause.

    — La lune est une protection, un présage de force intérieure et de bien pour notre espèce. Un sorcier né lors d’une absence de nouvelle ou de pleine lune court un grand danger d’être attiré par la magie noire. D’utiliser ses pouvoirs pour faire le mal. Tu comprends ? demanda-t-elle.

    — Je… Je crois, mentit-il.

    Pas vraiment. La portée de ce qu’elle lui disait était si vaste et écrasante qu’il ne pouvait la saisir. Il mit un doigt dans un trou au genou de son jeans en lambeaux.

    — Alors, qu’est-ce que je suis censé faire à ce sujet ? Qui m’aidera si… si tu n’es plus là ?

    Sa gorge se noua presque de douleur à la seule pensée de la disparition de sa grand-mère bien-aimée. Elle l’aimait et prenait soin de lui du mieux qu’elle le pouvait. Elle était la seule âme dans le monde à le faire, et elle ne pouvait pas l’abandonner.

    — Voilà pourquoi je t’ai demandé de venir ici, mon garçon… Pour que je puisse te donner quelque chose d’important.

    Elle marcha d’un pas lent et raide vers un vieux buffet, puis ouvrit un tiroir. Elle en retira une petite boîte en bois, et retourna s’asseoir à côté de Kalen. Elle lui remit la boîte, et lui fit signe de la tête de l’ouvrir.

    Curieux, il souleva le petit couvercle à charnière et regarda à l’intérieur.

    — Wow, dit-il en touchant l’objet de métal froid.

    C’était un pendentif en argent en forme de pentagramme, de quatre centimètres de diamètre, attaché à une chaînette également en argent. Excité, il souleva le collier et étudia le tourbillon gravé dans le pendentif.

    — Une amulette pour sorcier ? demanda-t-il.

    — Exactement.

    — Génial ! Elle est pour moi ?

    — Oui. Elle appartient à ma famille depuis des générations. Selon la légende, elle aurait été consacrée par des druides pour protéger son porteur contre tout mal, quelle qu’en soit la source.

    Encore une fois, elle hésita, puis une ombre de tristesse passa dans ses yeux bleus.

    — Ce pendentif aurait dû avoir été remis à ta mère, mais elle n’a pas hérité du don. Et puis, ta mère a épousé ton père, et il lui a fait renoncer à la magie et à toi… Eh bien, cela n’a pas d’importance, maintenant. Il est à toi. J’aurais peut-être dû te le remettre plus tôt, mais je pensais que tu étais trop jeune pour comprendre la responsabilité découlant de sa possession. Tu devras en prendre bien soin.

    Et elle le lui donnait aujourd’hui parce que le temps lui était compté.

    Le pendentif bougea dans la main de Kalen.

    — Alors, je dois le porter à mon cou ? C’est tout ?

    — Mets-le et ne le retire jamais de ton cou, Kalen, l’avertit-elle en lui saisissant le genou avec ses doigts osseux. Pas même pour prendre une douche, dormir, jouer au ballon ou faire du vélo. Pour aucune raison. Jamais. Est-ce clair ?

    — Oui, madame, dit-il d’une voix rauque.

    Il tâtonna le fermoir, souleva le collier, mit les mains derrière le cou et réussit à l’attacher au bout de quelques essais.

    — Voilà. Mission accomplie. Je suis à l’abri de tous les salauds du monde.

    Il essaya de lui faire un sourire espiègle, dans l’espoir d’alléger l’atmosphère.

    Sa grand-mère lui rendit son sourire, et malgré l’ombre qui flottait dans ses yeux, elle semblait assez heureuse, maintenant.

    — Va, petit trublion. Va rejoindre tes amis, dit-elle en poussant un rire rauque. Tu trembles presque d’impatience.

    Kalen se leva en vitesse, saisit la boîte et donna à sa grand-mère un rapide baiser comme elle se relevait.

    — Merci ! Je te promets de ne pas l’enlever !

    Il se réjouit de nouveau devant la perspective de profiter de son samedi alors que la visite contraignante prenait fin. Il courut jusqu’à la porte d’entrée et l’ouvrit brusquement. Puis, il s’arrêta. Il se retourna pour faire face à la femme qu’il aimait plus que quiconque sur terre, se précipita vers elle et jeta impulsivement les bras autour de sa taille. Il la rapprocha de lui et respira son doux parfum.

    — Je t’aime, grand-mère.

    — Je t’aime tant, mon garçon. Je t’aimerai toujours, lui dit-elle en lui embrassant le haut de la tête. Va, maintenant, amuse-toi. Le temps presse !

    Lui souriant, il se retourna et se précipita dehors, puis descendit les marches du porche, le cœur léger. Il penserait aux mauvaises choses plus tard. Tout irait bien. N’est-ce pas ?

    Cela aurait pu être le cas. Si seulement il avait tenu sa promesse.

    Et si seulement il avait su que la chaleur persistante de l’amour de sa grand-mère, qui l’enveloppait comme une couverture confortable alors qu’il s’éloignait d’elle en pédalant, devrait lui durer pour le reste de sa vie.

    Chapitre 1

    Kalen Black se tenait à l’écart de son équipe, submergé par la culpabilité. Impuissant devant sa honte.

    À cet instant, le prince fée qui résidait avec la meute alpha, Sariel, pourrait mourir. En plus, la partenaire d’Aric Savage avait presque été tuée peu de temps auparavant par la sorcière Béryl, à qui Aric avait arraché la gorge, éliminant ainsi toute possibilité d’obtenir des renseignements d’elle.

    Le danger qui les entourait tous augmentait de jour en jour. D’heure en heure. Un traître marchait parmi les amis et les collègues de Kalen, se noyant lentement dans l’obscurité qui lui bloquait les poumons et prenait possession de son âme.

    « Et tout est de ma putain de faute… parce que ce traître, c’est moi », se dit-il.

    Alors qu’Aric s’occupait de Rowan et que le prince était transporté à l’infirmerie, Kalen baissa la tête. Il essaya de trouver du réconfort dans le fait que la partenaire d’Aric allait bien, mais cela ne fonctionna pas. Puis, il aurait voulu rentrer sous terre quand Nick Westfall, le commandant de l’équipe, envoya tout le monde dans la salle de conférences et demanda :

    — Comment cette salope de Béryl a-t-elle pu sortir du bloc E ?

    — C’est moi qui l’en ai fait sortir, dit-il d’une voix brisée. Mon Dieu, je suis tellement désolé…

    — Pourquoi ? Est-ce qu’elle t’a séduite, ou était-ce Malik ?

    Kalen subit le supplice de la goutte pendant les questions qui suivirent sa confession et les vraies réponses qu’il y fournit. Au cours de sa misérable vie, Kalen avait subi des sévices et des humiliations. L’isolement. La faim. Plus d’horreurs que la plupart des gens avaient eu à faire face.

    Mais rien ne fut pire que la presque réalisation de ses rêves : une maison, un travail, une espèce de famille, et, surtout, être accepté par des personnes qui étaient aussi différentes que lui. Presque. Avant que Malik, roi des Unseelies et père maléfique de Sariel, n’ait décidé que Kalen Black — sorcier et nécromancien pouvant se transformer en panthère — était exactement le type de puissant allié dont il avait besoin dans sa quête de domination du monde.

    Et il avait alors commencé à s’infiltrer dans l’esprit de Kalen. Une suggestion maléfique à la fois.

    En face d’eux tous, Kalen admit la vérité.

    — Pas elle. Malik, murmura-t-il.

    Il résista à l’envie de se tortiller sous le regard dur de Nick.

    — Il a maîtrisé ton esprit assez longtemps pour que tu la fasses sortir ?

    — Oui, monsieur. Je pense que Béryl m’a jeté un sort à la maison où nous l’avons prise. Mes défenses… s’affaiblissent. Je ne pourrai pas l’empêcher d’entrer dans ma tête très longtemps.

    La sorcière avait mis un doigt ensanglanté au centre du front de Kalen et avait murmuré « Abyssus abyssum invocat ».

    L’enfer appelle l’enfer.

    — Doux Jésus, lança Aric d’un ton suintant un dégoût horrifié.

    Le loup roux n’était pas plus dégoûté de lui que Kalen ne l’était de lui-même. Même si le sort qu’on lui avait jeté n’était pas la faute de Kalen, et qu’il ignorait que Béryl allait essayer de tuer le prince fée, cela importait peu. Il était coupable. Il aurait dû être plus fort, même sans la protection de son pentagramme en argent. Celui qu’il avait donné à Mackenzie Grant, son amante ponctuelle, quelques semaines auparavant, et à laquelle il avait fait jurer de ne jamais l’enlever de son cou.

    Nick jura et se frotta les yeux.

    — Bien. Nous allons nous pencher sur la question. Au moins, maintenant, nous connaissons le nom humain de Malik : Evan Kerrigan. Grant est à ses trousses et recueille des renseignements. Avec un peu de chance, nous aurons son emplacement et un profil complet bientôt.

    Nick parlait du général Jarrod Grant, le père de Mackenzie. Kalen se demanda ce que ferait cet homme, s’il apprenait ce que Kalen avait fait à sa précieuse fille. Il doutait que le général le sache, puisque Kalen était encore en un seul morceau.

    Lorsque Mackenzie entra dans la pièce, ses yeux bleus rencontrèrent brièvement ceux de Kalen, et ils furent si remplis de douleur qu’il en eut le souffle coupé. Kalen ne put sentir autre chose que le dégoût de lui-même. Alors qu’elle détournait rapidement le regard, il étudia la belle femme médecin, dévorant avidement celle qu’il ne pourrait plus jamais avoir, qu’il ne laisserait jamais entrer dans son esprit ou son cœur. La femme qu’il devait protéger à tout prix de Malik.

    Et de lui-même.

    — Je suis désolée de vous interrompre, mais nous savions que vous voudriez avoir des nouvelles de Sariel. Nous croyons qu’il est hors de danger.

    Des murmures de soulagement retentirent dans la pièce.

    — Mais il était déjà affaibli par des problèmes de santé découlant de sa présence dans notre monde, alors sa guérison sera longue. Son état étant maintenant stable, je voulais vous apprendre la bonne nouvelle, ajouta le médecin.

    — Merci, Mac, dit Nick, ramenant Kalen au présent.

    La docteure retourna à Nick son sourire fatigué, puis sortit.

    « Sans me regarder de nouveau », pensa-t-il.

    — Bien, poursuivit Nick. Je dois parler à Kalen. Nous allons faire une pause pour le moment et nous allons discuter de ce gâchis plus tard, conclut Nick.

    Il hocha la tête en direction de Kalen, lui indiquant de le suivre. Il s’exécuta en se demandant s’il pourrait battre cet homme dans un combat. Nick était grand et musclé, et marchait en tenant ses larges épaules vers l’arrière, la tête haute, avec grâce et confiance. Oui, cet homme avait confiance en lui, mais il avait aussi le pouvoir et les compétences pour se défendre. Kalen l’avait vu s’attaquer à des dizaines de sluaghs enragés, d’énormes créatures à l’allure de chauve-souris au service de Malik. Il les avait descendus comme des mouches et avait craché sur leurs carcasses. Cet homme n’avait pas besoin de sorcellerie. Il pouvait certainement disposer de Kalen avec sa seule force brute.

    Non pas que Kalen se défendrait. Quoi que le loup blanc lui réserve, il le méritait.

    Une fois dans son bureau, Nick referma la porte, se dirigea vers sa table et posa une fesse dessus. En soupirant, il passa une main dans ses courts cheveux noirs aux mèches argentées aux tempes, puis se croisa les bras.

    — Assieds-toi.

    Kalen s’exécuta sans commentaire et attendit.

    — Dis-moi exactement ce qui est arrivé avant que tu sois contraint de libérer Béryl. N’oublie aucun détail, ajouta-t-il.

    Ce n’était pas une scène qu’il voulait revivre. Jamais.

    Mais le regard d’acier des yeux bleu profond de Nick indiqua à Kalen qu’il ne pourrait pas dire autre chose que la vérité. Il inspira profondément.

    — J’étais dans mes quartiers, il y a environ une heure, quand ce bâtard a commencé à me fouiller dans la tête.

    Ils savaient tous les deux que le bâtard en question était Malik.

    Il m’a dit qu’il ne m’abandonnerait jamais, comme tout le monde dans ma vie l’avait fait.

    — Il est intelligent, dit-il d’un ton suintant le dégoût. Il isole le petit vulnérable de la meute, jouant ainsi les mentors.

    — Je ne suis pas un enfant.

    Sa jeunesse était un point sensible chez lui. Elle l’avait toujours été, depuis qu’il avait été chassé de la maison à l’âge de 14 ans. Cela lui semblait remonter à une éternité. Il avait dû gratter et souffrir pour obtenir chaque morceau qui avait soulagé sa faim. Pour chaque nuit qu’il n’avait pas passée dans une ruelle sale sous une boîte de carton.

    Il n’avait pas l’impression d’avoir 23 ans… il lui semblait en avoir 100.

    — Crois-moi, tu l’es, malgré toute cette puissance que ce salaud Unseelie tente d’exploiter en toi. Ne te sens pas insulté, dit-il sérieusement. Ce que je veux dire, c’est qu’en toi, Malik a trouvé un jeune sorcier très puissant sur le point de devenir tout ce qu’il est censé être. Aussi fort que tu puisses être, Kalen, tu es très loin d’avoir atteint le niveau que tu auras dans quelques années, puis dans quelques décennies. C’est comme quand le premier entraîneur a vu Michael Jordan en action et s’est dit : « Mon Dieu, cet enfant sera le plus grand joueur de la NBA un jour. »

    En dépit de lui-même, Kalen renâcla.

    — Toute une comparaison.

    — Mais elle est pourtant réaliste. Le roi Unseelie sait que tu es une étoile montante, et il te veut dans son équipe. Je ne peux pas laisser cela se produire. Comprends-tu ?

    « Tu seras le plus grand sorcier que le monde connaîtra, et ton pouvoir dépassera l’entendement. Cela signifie que des personnes chercheront à maîtriser ton pouvoir, ou à te le voler. »

    Kalen eut une boule dans la gorge en repensant à la prédiction fantomatique de sa grand-mère, et il la repoussa aussitôt.

    — Veux-tu que je parte, maintenant ? Ou vas-tu me tuer maintenant pour qu’on en finisse ?

    — Commence donc par finir de me raconter comment Malik a réussi à te manipuler.

    Le fait que Nick n’avait pas répondu à la question ne lui échappa pas.

    — Il m’a promis le pouvoir. Il m’a dit que tout ce que je devais faire était de m’abandonner à lui. Il était… très séduisant.

    — D’une manière sexuelle ?

    Kalen se sentit mal, et essaya de se maîtriser.

    — Ouais. Le salaud m’a touché et, tout à coup, j’ai voulu croire ses salades. Mon Dieu, Nick, dit-il d’une voix étranglée. Qu’est-ce qui ne va pas avec moi ?

    — Une putain ne peut pas se refaire, mon petit, dit la voix suffisante de Malik dans sa tête. N’oublie pas que tu m’appartiens.

    Kalen repoussa le Unseelie avec grand effort.

    Le commandant se leva de son bureau, se dirigea vers la chaise de Kalen et lui saisit l’épaule.

    — Il n’y a rien de mal chez toi. Comme le reste d’entre nous, tu essaies de lutter contre un Unseelie, mais pour toi, c’est pire, parce qu’il a pris un intérêt personnel dans ton recrutement. Cela signifie qu’il fera tout pour obtenir ce qu’il veut. Des créatures comme lui se servent de la séduction comme d’une arme.

    — Je sais. Tout comme je sais qu’il ne fait que jouer avec moi, mais cela ne rend pas la chose plus simple.

    — Comment ça ?

    Nick recula pour se rasseoir sur son bureau.

    — Il a envoyé Béryl dans ma chambre, ou plutôt, son illusion, puisqu’elle était toujours enfermée, et à cet instant, j’étais perdu, dit-il lamentablement. Elle m’a séduit, mais quand ce fut fini, elle a tout simplement disparu. Et ce qui est le plus étrange, c’est que j’étais toujours habillé et que je n’étais même pas complètement dur. Aucune preuve de sexe du tout. C’était si réel sur le moment, et pourtant il ne s’était rien passé ! Je suis en train de devenir fou, merde.

    Il enfouit ses mains dans ses cheveux et se tint la tête comme s’il essayait de retenir sa folie à l’intérieur.

    — Je l’ai appelé maître, et j’ai aimé son approbation. Non, je me suis vautré dans son approbation, et j’aurais tout fait pour lui plaire. Alors, j’imagine que tu as raison sur le fait que je suis jeune, n’est-ce pas ?

    — Mon Dieu.

    Le regard de Nick lui perça le cœur.

    — Qu’est-il arrivé ensuite ? poursuivit-il.

    Kalen posa les mains sur ses genoux, les poings serrés.

    — Il m’a ordonné de faire sortir Béryl de sa cellule. Il a dit qu’elle avait une mission à accomplir avant son départ et qu’elle n’avait jamais été censée rester avec nous. Je ne savais pas qu’il voulait qu’elle meure, mais j’aurais dû m’en douter. Puis, je l’ai fait sortir, l’ai fait monter au niveau du rez-de-chaussée dans l’ascenseur, où elle a attaqué Sariel. Rowan et Aric se sont jetés sur elle, et Aric l’a tuée.

    Le commandant resta silencieux pendant si longtemps que la peur forma une boule dans le ventre de Kalen. Il finit par rassembler son courage et lui demanda une fois de plus :

    — Vas-tu m’abattre ?

    — Est-ce que tu te laisserais faire, si je te disais oui ?

    Kalen hocha la tête et sentit une lourdeur dans son estomac.

    — Oui.

    — Pourquoi ? dit Nick en penchant la tête.

    — Parce que tu es un précog et que cela signifie que tu peux parfois voir l’avenir. En plus de cela, tu es le commandant et un homme bon et juste. Alors, si l’avenir est meilleur sans moi, si ma mort garantit la sécurité de l’équipe et celle d’autres innocents…

    Il ne put finir sa pensée.

    — À genoux, sorcier.

    Le ton du commandant fut froid, et ses yeux devinrent bleus comme le nord de l’Arctique. Les jambes tremblantes, Kalen glissa de sa chaise et s’agenouilla sur le tapis à poil court. Il posa les mains sur ses cuisses vêtues de jeans et regarda ses ongles noirs polis, qui s’y enfoncèrent douloureusement. Son cœur tonna dans sa poitrine, menaçant de rompre son sternum.

    Puis, Nick fit le tour de son bureau et ouvrit le tiroir du haut. Il prit le plus gros pistolet que Kalen avait jamais vu. Sa bouche devint sèche alors qu’il regardait d’un air hébété le loup alpha s’approcher pour se placer derrière lui.

    Il sentit le bout dur du pistolet s’enfoncer derrière sa tête. Alors, il allait mourir à genoux. Une exécution rapide et indolore.

    « Oh, mon Dieu. Prenez mon âme avant que Malik puisse la réclamer, et protégez Mackenzie, aussi. Voilà tout ce que je demande », pensa-t-il.

    — Je suis désolé, gamin.

    Kalen ferma les yeux. Le temps s’arrêta.

    Le coup de feu fendit l’air.

    La foudre avant la tempête.

    — Dre Grant ?

    Mackenzie poussa une mèche de cheveux rebelle derrière son oreille et leva les yeux de la paperasse sur son bureau pour voir Noah, qui se tenait à la porte. Le bel infirmier blond affichait une expression heureuse alors qu’il entrait dans son bureau.

    — Quoi de neuf ? demanda-t-elle.

    — Bleu s’est enfin réveillé, dit-il en parlant de Sariel.

    « Bleu » était le nom que le personnel du camp avait donné au prince fée, en raison de ses longs cheveux bleus magnifiques et de ses ailes de la même couleur. Le prince avait fini par révéler son véritable nom à Kira, la partenaire de Jaxon Law. Kira s’était révélée être une bénédiction dans les mois qui avaient suivi, car elle avait travaillé auprès des créatures du bloc R, ou unité de réadaptation, où Sariel se trouvait autrefois.

    — Voilà de bonnes nouvelles ! s’exclama-t-elle en souriant à Noah. Est-ce que la docteure Mallory le sait ?

    Mélina Mallory était sa collègue et une excellente docteure, et Mac la considérait comme une amie. Elle dirigeait également l’infirmerie ainsi que leurs recherches sur les métamorphes et autres êtres paranormaux.

    — Elle est avec lui, en ce moment. Ses signes vitaux semblent bons, du moins par rapport à ce que nous savons des fées. Le prince a retrouvé un peu de couleur sur son visage, mais il n’a toujours pas d’appétit. Normalement, cela ne m’inquiéterait pas parce qu’il n’est pas étonnant que des patients n’aient pas faim après avoir été grièvement blessés, sauf que Bleu n’a jamais bien mangé depuis son arrivée au camp.

    — Nous devrons le surveiller, dit-elle avec inquiétude. S’il perd ne serait-ce qu’un gramme, je veux en être informée.

    — D’accord, déclara Noah.

    Une partie de sa gaieté naturelle revint.

    — Mais il est de retour parmi nous, et c’est ce qui compte.

    — Oui, c’est vrai.

    Elle se leva et s’étira.

    — Va dire à Bleu que j’irai le voir dans très peu de temps. J’ai d’autres dossiers à régler avant.

    — Oui, madame !

    Sur ces mots, l’infirmier disparut. Mac ne pouvait s’empêcher d’apprécier cet homme. Noah était un paquet d’énergie ambulant. Il vivait dans le camp, aimait son travail et prenait rarement des congés. Il était dans son élément quand il prenait soin des membres de l’équipe, lesquels se faisaient souvent blesser au cours de bataille contre des êtres paranormaux voyous. Il avait également commencé à travailler avec Kira et Sariel à la réhabilitation de créatures innocentes comme Chop Chop — le gremlin résident — et même le prince lui-même, qui n’avaient personne d’autre pour les aider à vivre dans ce qui était, pour eux, un monde étrange.

    Noah était adorable, et un infirmier fantastique.

    Après avoir mis de l’ordre dans ses papiers, elle sortit de son bureau et passa devant les salles d’examen, dans la direction opposée des chambres des patients. Elle se dirigea vers le hall d’entrée de l’infirmerie, passa devant la réceptionniste et continua dans le couloir principal menant au reste du camp.

    Quand elle fut bien seule, elle toucha le pendentif accroché autour de son cou au bout de sa longue chaîne. Le poids du disque était réconfortant. Elle pouvait sentir les arêtes en relief qui formaient le pentagramme dans le cercle, et le pendentif sembla se réchauffer dans sa main. C’était presque comme s’il cherchait à la rassurer sur le fait qu’il ferait toujours ce que Kalen avait dit : la protéger de tout mal.

    Y compris de Malik. Le salaud Unseelie avait envoyé un sluagh les attaquer en ville, Kalen et elle, quelques semaines auparavant, et Mac avait été égratignée par la bête. Cela avait en quelque sorte permis à Malik d’ouvrir un portail dans son esprit, et le bâtard l’avait vraiment effrayée. Kalen avait rapidement donné son amulette bien-aimée à Mac, sa seule possession qui lui tenait à cœur. La protection enchantée que sa grand-mère lui avait donnée appartenait maintenant à Mac.

    Oh, mais Kalen lui avait donné tellement plus que cela. Ses pas ralentirent, et elle s’arrêta, pour se souvenir.

    Des gémissements haletants et des draps enchevêtrés. Des cheveux noirs en bataille tombant sur ses yeux verts soulignés au khôl comme il se couchait sur elle. La pénétrant, la possédant.

    Lui faisant l’amour.

    Et puis, tout était terminé, et il était retourné dans sa coquille, isolé, affirmant qu’il ne pourrait y avoir rien d’autre entre eux. Il lui avait donné le pendentif, lui avait fait promettre de ne jamais l’enlever, puis avait mis des kilomètres de distance émotionnelle entre eux. Ils pourraient aussi bien vivre sur des planètes différentes, tant le gouffre était grand.

    Pourquoi ?

    Un fort craquement surprit Mac, et la fit sursauter. Le bruit résonna dans le couloir et, quand il s’assourdit, elle comprit ce dont il s’était agi.

    Un coup de feu.

    Le cœur battant la chamade, elle courut dans la direction du bruit. Kalen avait utilisé son pouvoir de sorcier pour protéger le camp contre les intrus, mais un sluagh ou quelque autre créature avait-il pu réussir à entrer ? L’une des créatures du bloc R était-elle

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