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La meute Alpha, tome 4 - Le cœur de Hunter
La meute Alpha, tome 4 - Le cœur de Hunter
La meute Alpha, tome 4 - Le cœur de Hunter
Livre électronique386 pages5 heures

La meute Alpha, tome 4 - Le cœur de Hunter

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À propos de ce livre électronique

Composée d’anciens Seals de la marine américaine, la meute alpha forme une équipe ultra-secrète de métamorphoseurs dotés de pouvoirs psychiques, qui combat les plus graves dangers dans le monde. Et lorsque ce combat devient personnel, leur côté sauvage se déchaîne…

Ryon Hunter peut voir des morts — des esprits qui le supplient de l’aider d’une manière qu’il ne peut comprendre. Il ferait absolument tout pour mettre un terme à son tourment, jusqu’à ce qu’un esprit magnifique se présente à lui avec une requête qu’il ne peut ignorer: Aidez-moi... je suis en vie. Cette femme est la biologiste de la faune Daria Bradford, qui souffre de blessures mortelles subies après une rencontre avec une louve blanche, et elle a lancé un appel à Ryon à l’aide d’un don psychique plutôt rare.

Lorsque Ryon parvient à localiser Daria dans la forêt nationale de Shoshone, il est déjà presque trop tard. Le fait de la ramener au complexe de la meute Alpha pour la soigner entraîne une nouvelle complication: Daria est sa partenaire prédestinée et Ryon craint ce qui se produira lorsqu’elle découvrira ce qu’il est — et ce qu’il a dû faire pour lui sauver la vie. La plus importante menace demeure encore en cavale dans la forêt, semant impitoyablement la mort sur son passage. La meute Alpha se lance alors aux trousses de la mystérieuse louve blanche, déterminée à stopper la sauvage meurtrière — seulement pour découvrir que la créature la plus mortelle est celle qu’ils ne peuvent littéralement pas voir venir...
LangueFrançais
Date de sortie16 févr. 2022
ISBN9782898088834
La meute Alpha, tome 4 - Le cœur de Hunter
Auteur

J. D. Tyler

L’auteur à succès d’USA Today, J.D. Tyler, est surtout connu pour sa série paranormale sombre et sexy «La meute Alpha», et les pompiers de «Station Five» et les séries «Sugarland Blue» en tant qu’auteur à succès national Jo Davis. Instinc primal, le premier livre de sa série «La meute Alpha», est le lauréat du National Readers’ Choice Award in Paranormal. Elle a également été plusieurs fois finaliste aux National Readers’ Choice Awards, le Colorado Romance Writers Award of Excellence, finaliste pour le Bookseller’s Best Award, a remporté le HOLT Medallion Award of Merit, a été deux fois nominée pour les Australian Romance Readers. Quand elle n’écrit pas, l’idée de JD d’un bon moment n’est certainement pas de nettoyer la maison, de sauter à l’élastique ou de camper. Elle aime lire, se faire dorloter comme la diva qu’elle est et passer du temps avec sa formidable famille. J.D. vit au Texas avec ses deux enfants adultes, ses deux chats et un terrier de Boston, tous horriblement gâtés.

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    Aperçu du livre

    La meute Alpha, tome 4 - Le cœur de Hunter - J. D. Tyler

    Chapitre 1

    — Celui qui ferme la marche est toujours celui qui se fait manger, tu sais.

    Ryon Hunter fit une grimace dans le dos d’Aric Savage alors que les membres de leur équipe de métamorphes, la meute alpha, se transformaient furtivement sous leur forme humaine dans la ruelle parsemée de déchets. Enfin, la moitié de leur équipe.

    L’autre moitié était ailleurs dans la Grande Pomme, recherchant silencieusement et en vitesse dans la nuit un groupe de vampires voyous que l’on disait être en chasse, tuant des gens en les drainant de leur sang et laissant leurs cadavres derrière eux afin qu’ils puissent être trouvé par des citoyens perplexes et inquiets. Le chef de la meute, Nick Westfall, leur avait donné un mandat bien simple : trouver ces maudits bâtards et les neutraliser jusqu’au dernier, faute de quoi le public se poserait des questions. Des questions auxquelles les membres de la meute et très peu de personnes en position d’autorité avaient des réponses, qu’ils ne voulaient pas partager avec le public.

    Des vampires à New York. Cela ressemblait à un film apocalyptique.

    Si les gens étaient au fait du monde paranormal très réel tapi dans l’ombre, il y aurait une panique générale. Le travail de la meute alpha était de faire en sorte que cela ne se produise jamais. Ils traquaient les créatures les plus dangereuses du monde en les retirant de la circulation avant que les gens aient le moindre indice de leur présence. Les créatures les moins dangereuses étaient capturées en vue d’une possible réadaptation et d’une éventuelle intégration dans leur monde.

    Ryon s’efforçait de se concentrer en maintenant son regard fixé vers les ténèbres. Des esprits lui faisaient des signes à chaque coin de rue alors que leurs silhouettes fantomatiques apparaissaient, puis disparaissaient alors qu’ils le suppliaient d’écouter des réclamations qu’il ne pouvait entendre. Qu’il ne voulait pas entendre. En tant que médium et télépathe de la meute, c’était là son don — ou plutôt, sa malédiction.

    Comme télépathe, Ryon avait la capacité de glisser des pensées conscientes dans la tête des gens. Il pouvait aussi capter une réponse d’un de ses coéquipiers s’il répondait avec suffisamment de force, même si aucun autre membre de la meute ne partageait son don. Ses merveilleuses capacités ne s’arrêtaient toutefois pas là. Son don de médium signifiait que Ryon pouvait également communiquer avec les morts, s’il se donnait la peine d’essayer. Il ne désirait cependant pas faire cela tellement souvent, mais les fantômes ne le laissaient simplement pas le choix. Les âmes perdues étaient attirées vers lui comme des copeaux de métal vers un aimant, et il y en avait tellement à New York qu’il avait l’impression de patauger dans de la soupe aux pois.

    Pire encore, les fantômes contrariaient sérieusement son loup, qui cherchait à mordre et qui grondait en lui chaque fois que l’un d’eux s’approchait de trop près, ce qui se produisait constamment.

    Personne, pas même ses frères de meute, ne savait à quel point les esprits avaient pu le mener tout près du point de rupture.

    Un léger son de pieds traînants se fit entendre derrière lui, comme une chaussure sur du béton. Ryon se retourna en vitesse. Sa vue supérieure examina l’obscurité, mais tout était immobile. Calme. C’était si calme qu’il eut besoin de quelques secondes pour comprendre pourquoi cela l’avait dérangé.

    Les esprits avaient disparu.

    — Merde, souffla-t-il en se retournant pour reprendre contact avec son groupe. Les gars…

    De nombreuses silhouettes sombres se pointèrent dans la ruelle en fonçant sur eux de tous les côtés. Il eut tout juste le temps de voir Aric et Hammer s’engager dans une bataille avec quatre vampires voyous lorsqu’un cinquième vint le frapper depuis le côté, le projetant contre le mur d’un bâtiment.

    Grognant de douleur, il repoussa le vampire tout en grimaçant d’être ainsi exposé à la puanteur de l’haleine fétide qui se déposait sur son visage. Le voyou le maintenait épinglé contre le mur et exposa ses canines, visant la jugulaire de Ryon. Ce dernier se tortilla et parvint à obtenir un effet de levier suffisant pour s’adosser contre le mur et repousser cette chose loin de lui. Le vampire tituba vers l’arrière et Ryon s’empara du couteau à lame en argent fixé contre sa cuisse, se maudissant de ne pas l’avoir déjà eu en main.

    Il entraîna le vampire au sol et d’un vif mouvement, lui enfonça sa lame sous le sternum, au plus profond du cœur noir du monstre. Le vampire couina, et son cri s’ajouta à ceux des deux autres vampires qu’Aric et Hammer venaient de vaincre. Ils n’étaient toutefois pas encore sortis du bois.

    Une autre vague de fripons s’échappa de l’ombre, déferlant sur eux avec l’intention de les détruire et de festoyer en buvant leur sang. Deux vampires bondirent sur Ryon avant qu’il ait pu se relever, le projetant avec force contre le béton sale. Il s’était battu contre des adversaires plus nombreux auparavant et en était sorti victorieux, mais il se trouvait maintenant hors d’équilibre. Ils le maintenaient face contre le sol, l’un d’eux assis sur ses jambes et tordant un bras derrière son dos tout en lui arrachant son couteau, tandis que l’autre s’était emparé d’une poignée de ses cheveux en tirant sa tête vers l’arrière pour exposer sa gorge.

    — Ôte-toi de là, espèce d’enfoiré !

    Son loup, mis en colère, exigeait d’être libéré alors qu’il luttait contre ses assaillants en tentant en vain de leur faire perdre prise. Sachant qu’il les combattrait bien mieux sur ses quatre pattes et avec ses propres dents acérées, il se concentra sur sa transformation.

    — Oh-oh, chanta celui qui était assis sur ses jambes. Nous ne pouvons pas laisser ce chiot venir jouer avec nous.

    « Comment savent-ils que… »

    Il fut frappé sur le côté par un coup puissant. Une chaleur atroce se répandit dans son torse, puis s’empara de ses poumons. Son hurlement se manifesta sous la forme d’un râle rauque alors qu’il se rendit compte que le vampire l’avait poignardé avec son propre couteau à lame d’argent, maintenant enfoncé jusqu’au manche entre ses côtes. Il se débattit de nouveau pour se défaire d’eux, mais cela fut inutile.

    — Reste tranquille, le chiot, chantonna l’autre vampire dans son oreille. Ça sera bientôt fini.

    C’est alors que les canines de la créature s’enfoncèrent profondément dans la gorge de Ryon, faisant taire son cri. La douleur était indescriptible, dominant même la sensation de brûlure qu’il ressentait dans ses côtes. Les gorgées bruyantes et dégoûtantes de la chose qui s’alimentait à son cou lui donnèrent envie de vomir, mais il ne pouvait pas bouger. Il ne pouvait rien faire tandis que sa vue commençait à s’affaiblir et que son cerveau tournoyait, aux prises avec le vertige.

    Celui qui venait de s’alimenter leva la tête, puis parla avec un étonnement respectueux.

    — C’est vrai ! Le sang d’un métamorphe est comme la cocaïne la plus pure ! C’est si bon…

    — Laisse-moi essayer, insista l’autre.

    — Non ! Cette victime est la mienne !

    Leur dispute le sauva. Ça, et le fait que ses frères de la meute vinrent à sa rescousse après avoir réglé le cas des autres voyous. Ryon entendit les bruits lointains d’un combat intense, mais bref, alors que les vampires se retournèrent pour faire face à une nouvelle menace. Le silence se fit ensuite entendre, brisé seulement par une forte respiration. Des bruits de botte s’approchant de lui au pas de course. Puis, des jurons.

    — Maudit enfer de merde ! dit Aric. Aide-moi à le retourner. Doucement.

    Des mains le soulevèrent, et il se retrouva aussitôt sur son dos. Il essaya de discerner leurs visages, de leur dire qu’il allait bien, mais du sang chaud glougloutait plutôt dans sa gorge ouverte. Merde, il ne pouvait pas respirer !

    — N’essaye pas de parler, lui dit Hammer. Tu vas t’en tirer, mon homme.

    Aric examina le côté du corps de Ryon en murmurant.

    — Ils l’ont poignardé avec son propre fichu couteau. Nous devons le laisser là où il est pour le moment, sans quoi il se videra de son sang.

    — Il ne peut toutefois pas se transformer tant qu’il sera là. S’il pouvait le faire, il pourrait guérir plus vite.

    La voix d’Aric flotta au-dessus de lui.

    — Ryon ? Tu m’entends ?

    Il inclina la tête à une reprise.

    — Très bien. Pourras-tu te transformer, si nous retirons le couteau ?

    Il inclina la tête de nouveau, ou du moins, il pensa l’avoir fait. Il se concentra et tenta d’appeler son loup, mais il hurla de douleur. Il retraita profondément en lui et ses forces le quittaient.

    — Ryon ? Tiens bon, mon homme…

    Les jurons de ses frères de meute et leurs supplications insistantes disparurent au loin, jusque dans le néant.

    Daria Bradford vida son once de whisky, puis se délecta de la chaleur qui glissait le long de sa gorge jusqu’à son estomac. Les nuits devenaient de plus en plus fraîches dans la forêt nationale de Shoshone en ce début d’automne, de sorte que ce petit plaisir était le bienvenu.

    Assise près du feu, elle s’empara d’une bouteille d’eau et rinça son verre à liqueur. Elle l’essuya par la suite et le rangea dans son sac à dos avec sa flasque de voyage en plastique. Le rituel nocturne la réconforta et fit en sorte qu’elle se sente davantage à la maison, si loin de la civilisation. C’était une tradition qu’elle avait partagée avec son père avant qu’il n’ait pris sa retraite du travail de toute sa vie qu’il avait tant aimé. Le travail qu’elle poursuivait.

    Son père lui avait appris tout ce qu’il savait à propos des loups. Elle l’avait accompagné lors de plusieurs voyages quand elle n’était encore qu’une jeune fille. Après avoir gradué de l’école secondaire, et contrairement à plusieurs de ses pairs, Daria avait su exactement ce qu’elle avait voulu faire avec le reste de sa vie — elle marcherait dans les traces de son père. C’est ainsi qu’elle était devenue une biologiste de la faune, spécialisée dans le champ d’études de ce qui était, à ses yeux, la plus belle et la plus insaisissable créature de la planète.

    Son père avait fait partie d’un groupe de défense de l’environnement dans les années 1980 qui avait contribué à sauver les loups du parc Shoshone de l’extinction. De les voir prospérer de nouveau était l’une des deux grandes joies de sa vie, l’autre étant de chouchouter sa fille. Toutefois, son arthrite l’avait en définitive empêché de continuer à escalader les montagnes et à parcourir les vallées qu’il aimait tant, de sorte qu’il vivait maintenant ces moments par procuration à travers les récits de sa fille. Elle s’assurait de lui en ramener à s’en remplir les oreilles lorsqu’ils passaient des soirées plaisantes autour du feu avec leurs verres de whisky en main.

    Souriant pour elle-même, elle pensa à tout ce qu’elle aurait à lui raconter quand elle lui rendrait visite dans quelques semaines. Les meutes de loups qu’elle avait pu étudier jusqu’à présent se portaient très bien et les chiots grandissaient. Elle retira son cahier à spirales et nota ses observations de la journée sur chacun des membres de la meute locale à la lueur des flammes dansantes du feu. Elle le rangea ensuite à sa place et se glissa dans sa tente en fermant la fermeture éclair derrière elle pour se protéger de tous les visiteurs nocturnes que les flammes n’avaient pas dissuadés.

    Elle ressentit de la fatigue gagner ses os et ses muscles, mais c’était un bel épuisement, conséquence d’une journée de travail honnête. Elle se faufila dans son sac de couchage et peu de temps après, le cocon du sommeil se referma sur elle et elle s’endormit, contentée.

    C’est alors que le cauchemar se manifesta.

    Elle se trouvait dans un endroit sombre. Un corridor sale. Les bruits de la ville se firent entendre près d’elle — la circulation, les discussions des gens. Puis, elle entendit un cri. Elle se rapprocha du bruit et se rendit compte qu’il semblait être celui d’une bataille. Elle continua de s’en approcher et elle vit des formes sombres. De pâles silhouettes semblables à celles d’humains vêtues de guenilles et poussant des grognements en exposant des canines jaunâtres dans les ténèbres.

    Elles attaquaient un groupe d’hommes et pendant quelques instants, elle eut l’impression que les mauvais gagneraient le combat. Elle ne savait pas pourquoi elle pouvait dire que les gens qui se défendaient étaient les bons gars, mais elle savait seulement qu’elle n’était pas visible à leurs yeux pendant qu’ils se battaient, pendant que les hommes reprenaient enfin le dessus.

    L’un d’entre eux fut cependant dominé par deux des silhouettes sombres. Il y eut un éclat lumineux argenté, puis son cri étouffé se tut d’une manière terrible et soudaine. L’un des attaquants tira la tête vers l’arrière et plongea ses horribles canines jaunâtres dans la gorge de l’homme.

    Daria tituba vers l’avant en leur criant d’arrêter cela, mais personne ne l’entendit. Son souffle demeura coincé dans ses poumons au moment où les compagnons de l’homme vinrent à son secours, se chargeant des créatures restantes. C’était ce qu’elles étaient — des créatures —, mais elle ne pouvait leur accoler un nom. Ces pensées à propos des repoussantes créatures disparurent tandis qu’elle s’approchait du groupe et qu’elle examinait l’homme que ses amis tentaient de sauver avec acharnement.

    Il était, sans l’ombre d’un doute, le plus bel homme qu’elle n’avait jamais vu. Il était couché sur le dos, ses bras et ses jambes molles. Le clair de lune éclairait ses yeux d’un bleu clair comme le cristal et se reflétait sur ses cheveux blonds en broussaille. Son nez était droit, et il avait des fossettes autour de sa bouche et de ses lèvres charnues qui étaient révélatrices d’un homme qui souriait souvent.

    En ce moment précis, il luttait toutefois pour respirer. Du rouge éclaboussait la chair déchirée de son cou, et cet élément vital cramoisi s’écoulait également autour du manche du couteau enfoui dans le côté de son corps. Elle s’inquiéta pour cet homme et une profonde et soudaine tristesse la submergea. Elle tenta de parler une fois de plus, mais ne put produire aucun son.

    Puis, son regard trouva le sien, de yeux grands ouverts. Pendant un bref instant, le monde ne compta plus qu’eux. Il souleva son bras et tenta de l’atteindre de ses doigts ensanglantés. Elle voulut lui tenir la main, lui offrir tout le réconfort qu’elle pouvait lui apporter.

    C’est alors qu’elle fut tirée vers l’arrière, sortant de ce rêve tandis qu’elle s’écriait en signe de protestation.

    Non !

    — Non !

    Le cri de Daria se répercuta dans la tente tandis qu’elle se redressait en vitesse en position assise.

    La main posée contre sa poitrine, elle inspira profondément à plusieurs reprises. Son cœur battant la chamade se calma graduellement, mais l’horreur du cauchemar demeura, parce qu’elle savait mieux que quiconque que ce n’était pas un rêve. La scène qui s’était présentée à elle était une vision.

    Seul son père était au courant des « dons » dont elle avait hérité, censément par un ancêtre amérindien. N’importe qui d’autre serait d’avis qu’elle était cinglée, alors le père et la fille protégèrent son secret avec grand soin.

    Toute sa vie durant, elle avait été tourmentée par des visions de scènes qui étaient imminentes ou qui venaient de se produire. La plupart d’entre elles étaient inutiles, n’étant rien de plus que des flashs inoffensifs. Dans les visions les plus sérieuses remplies de détails, elle ne disposait typiquement pas d’un indice lui permettant de savoir qui était la personne en cause et ne pouvait rien faire pour l’aider. Enfin, pas de manière directe. Son autre don — la projection astrale, soit la capacité de faire passer son corps physique dans un état onirique, pour ensuite aller visiter un autre lieu sous la forme d’un esprit — était également inutile si elle ne savait pas qui aider ni où ces gens se trouvaient.

    Elle se tortilla dans son sac de couchage et s’inquiéta à propos du bel homme blond dans sa vision. Qui était-il ? Quelles étaient ces choses horribles qui l’avaient attaqué, lui et ses amis ?

    Plus important encore, allait-il survivre ?

    Elle ne savait pas pourquoi cela importait à ce point. Pourquoi le besoin de le retrouver et de s’assurer qu’il était vivant lui donnait l’impression d’avoir des fourmis grouillantes sur sa peau. Peut-être qu’avec celui-ci, elle pourrait le découvrir. Parce qu’à la différence de tout ce qu’elle avait vécu avec les autres, Daria et cet homme étaient entrés en contact pendant un bref instant. Là encore, alors que le reste de la vision semblait éloigné, un mince fil demeurait, liant sa conscience à la sienne. Elle le ressentait, mais elle devrait se projeter sur le plan astral pour y avoir accès. Elle ne pouvait cependant pas le faire avant d’avoir récupéré une partie de ses forces. La force de la vision l’avait épuisée.

    Elle se coucha de nouveau et se tourna et se retourna jusqu’à ce que la lumière du jour se pointe, le sommeil demeurant hors de sa portée. Au lieu d’être reposée, elle se sentait fatiguée et ébranlée. Elle avait eu très peur de s’endormir et de se réveiller pour constater que le fil la reliant à son séduisant inconnu soit disparu, mais il était encore là, en attente.

    Elle se centra, s’assoyant avec ses jambes croisées tout en fermant les yeux, ses bras mous sur ses cuisses. Se concentrant vers l’intérieur, elle laissa les sons de la forêt en éveil la transporter. Le picotement indicateur dansa sur sa peau, signal que son corps entrait dans son état semblable à une transe. Lentement, sa conscience se sépara de son corps, le laissant derrière elle. Elle se retourna et put se voir assise paisiblement dans la tente. Satisfaite, elle se mit à suivre le fil.

    Le voyage fut d’abord des plus faciles. N’étant pas limitée par la chair, elle vola au-dessus des arbres, savourant la lumière du soleil et la beauté du jour. Elle continua son voyage et le lien la mena à une ouverture étrange dans la forêt, un endroit où des arbres avaient été coupés. Au centre de la clairière se trouvait un vaste bâtiment possédant plusieurs ailes. Le fil la menait vers une de ces ailes en particulier.

    En quelques secondes, elle se retrouva dans ce qui semblait être un corridor. Une porte se dressait devant elle et de l’autre côté, elle savait qu’elle trouverait l’homme qu’elle cherchait. Elle avança et marcha simplement à travers elle avec l’intention de rejoindre la silhouette immobile sur le lit…

    Un fort cri perçant ramena péniblement Daria dans son corps. Le son se répercuta dans les montagnes, faisant hésiter ses palpitations cardiaques dans sa poitrine.

    — Que diable ?

    Le son s’estompa, et elle tenta de déterminer ce qui avait bien pu le produire. Le cri fâché et baryton de la créature lui rappela quelque chose de préhistorique tiré d’un vieux film de Godzilla. Incroyable, mais précis. Elle eut la chair de poule tandis que le son se taisait. Peu importe ce que la créature était, elle pouvait être à quelques kilomètres d’ici.

    Cette prise de conscience fut suffisante pour la convaincre de se mettre en marche. Elle se sentait beaucoup trop comme une cible facile ici et elle ne pouvait tenter un nouveau voyage astral avant un certain temps de toute façon. Elle leva le camp en vitesse, rangeant sa tente et son matériel avant de s’assurer que son feu était complètement éteint. Elle se dirigea ensuite dans le sentier en direction de son prochain site.

    Ses pensées à propos de l’homme blond n’étaient jamais bien loin de son esprit tandis qu’elle continuait sa progression à pied. Elle préférait de beaucoup penser à lui plutôt qu’à ce rêve épouvantable ou à l’inquiétant beuglement d’un animal étrange. Est-ce qu’un grizzly pourrait produire un tel son, s’il éprouvait de grandes douleurs ? Elle ne le croyait pas, sauf qu’elle se demandait bien ce qui pourrait être assez gros pour produire un cri pareil et être entendu sur des kilomètres.

    « N’y pense pas. Pense à lui. »

    Elle chassa l’animal mystère de ses pensées et s’abandonna au plaisir qu’elle ressentait à profiter de la journée. Elle franchit quelques lacets, puis, à midi, elle s’arrêta enfin pour se reposer, fatiguée et trempée de sueur. Elle retira son sac à dos, puis fit rouler ses épaules de soulagement avant de se pencher pour prendre sa gourde d’eau.

    Une puanteur familière se glissa dans ses narines et elle se redressa lentement. C’était l’odeur du sang et de la chair en décomposition. Clouée sur place, elle se limita à tourner la tête pour examiner le secteur, à la recherche des restes qui devaient être tout près. Elle remarqua quelques branches brisées devant elle sur le côté du sentier. Un peu plus loin, à environ 30 mètres dans la zone couverte de feuilles, elle vit quelque chose couché sur le sol. Elle étudia la bosse et pensa avoir vu un bout de jeans bleu, et peut-être une botte.

    — Oh, merde.

    Elle agrippa rapidement sa radio de poche de son sac à dos. Si c’était un corps, elle devrait appeler le poste des gardes forestiers et le mentionner, puis attendre qu’ils arrivent. Elle devait communiquer avec eux de toute façon, pour les informer qu’elle allait bien. Elle s’aventura prudemment hors du sentier et se fraya un chemin jusqu’à la bosse sur le sol. Une fois plus près d’elle, ses craintes se matérialisèrent.

    — Dieu du ciel, chuchota-t-elle.

    Le corps avait autrefois été celui d’un humain, mais elle ne pouvait dire s’il avait alors été celui d’un homme ou d’une femme. Le cadavre avait littéralement été réduit en morceaux. Elle découvrit une partie de jambe, puis un bras. Le torse n’était plus que l’ombre de lui-même, ayant été dévoré. D’énormes dents avaient arraché de grandes portions de chair de sa victime, et les marques étaient si grandes qu’elle ne pouvait imaginer quelle créature aurait pu les faire. Le corps n’avait plus de tête.

    Daria tituba quelque peu, puis s’effondra sur ses genoux avant de vomir. Son estomac se retourna, mais fort heureusement, il n’y avait pas grand-chose à expulser, puisqu’elle n’avait pas mangé de petit déjeuner. Les haut-le-cœur cessèrent, puis une pensée se fit entendre avec force dans son cerveau.

    « Et si le tueur était encore ici ? »

    Elle s’essuya la bouche, puis elle se releva avant de balancer son sac à dos sur le sol, sa radio toujours dans sa main. Elle plongea ensuite vers l’eau accrochée sur le côté de son sac et rinça sa bouche plusieurs fois avant de boire une grosse gorgée d’eau. Elle devait rapporter ceci, mais oserait-elle attendre dans les environs que cette chose revienne pour se servir de nouveau ?

    Elle porta la radio à son visage et était sur le point d’appuyer sur le bouton lorsqu’un grognement sourd fit en sorte que tous ses poils se dressent sur son corps. Elle se tourna légèrement vers la droite, puis elle cligna des yeux, incertaine de ce qu’elle voyait et qui s’avançait lentement vers elle, la tête penchée. Elle retint son souffle.

    La créature était un loup au pelage blanc comme la neige. Il n’était pas très gros — d’après elle, il s’agissait sans doute d’une femelle. La louve poussa un autre grognement et continua de s’avancer. Tout un tas de connaissances inutiles lui vinrent à l’esprit, comme le fait qu’il n’y avait jamais eu de cas documenté de loup attaquant une personne.

    Il fallait dire cela à cette louve.

    Daria appuya sur le bouton de sa radio avec l’intention de parler aux gardes, mais il était trop tard. À ce moment précis, la louve se propulsa vers l’avant. Daria poussa un cri, puis elle abandonna ses choses, se retourna et courut de toutes ses forces. Elle savait aussi qu’elle venait de faire exactement ce qu’il ne fallait pas faire. Son père la critiquerait durement d’avoir eu une telle réaction de débutante.

    Ses jambes s’activèrent, puis elle quitta le sentier, recherchant frénétiquement un bon arbre où elle pourrait grimper. Aucun arbre n’offrait toutefois de branches assez basses pour ce faire. La louve montra les crocs et tenta de mordre ses bottes. Elle accéléra la cadence.

    Une fois au sommet d’une butte, le sol chuta soudainement et elle dérapa jusqu’à l’arrêt, en plein sur le bord d’un profond ravin.

    — Merde !

    Elle se retourna vivement et vit que la louve était juste là. Elle haletait et montrait ses crocs, qui n’étaient vraiment pas assez gros pour avoir causé la destruction du randonneur. Cela n’était pas tellement important, en ce moment. Elle regarda autour d’elle, examinant le sol, à la recherche d’une roche ou de quoi que ce soit d’autre. Elle ne voulait pas lancer sa radio et risquer de l’endommager, mais elle pourrait être un bon gourdin.

    Leurs regards se croisèrent dans un affrontement. Daria fut frappée par l’intelligence qu’elle pouvait y voir, tout comme par l’absence de folie. Que diable se passait-il donc ? Puis, un craquement se fit entendre dans la forêt. Et encore un autre. Le son de pas lourds. D’autres randonneurs ? Il y avait peut-être de l’aide en route.

    Ce moment de distraction lui nuisit. La louve se prépara, puis elle bondit, la faisant chuter vers l’arrière. Daria tituba et tenta de retrouver son équilibre.

    Son pied se retrouva ensuite dans le vide. Elle tomba en poussant un cri, puis son dos vint buter contre le sol rocheux, chassant l’air de ses poumons. Elle dégringola, le derrière par-dessus tête, les rochers entaillant et éraflant sa peau tout en déchirant ses vêtements. La glissade sembla durer une éternité.

    Elle s’arrêta ensuite très brusquement, et cela fit en sorte qu’elle se morde la langue. Du sang chaud inonda sa bouche. Elle tenta de bouger, mais n’y parvenait pas. Elle était couchée majoritairement sur son dos, son corps coincé dans une crevasse formée par quelques rochers. Son bras gauche émergeait de là dans un angle étrange et un os ensanglanté dépassait de sa peau. Ses tentatives visant à bouger ou à obtenir un genre d’effet de levier firent seulement en sorte de provoquer des vagues de douleur sur son corps meurtri.

    Sa radio ? Elle déplaça son cou et tenta de la trouver des yeux. Il n’y avait rien d’autre que des rochers autour d’elle, et son corps brisé était fermement pris au piège. Elle n’avait plus de radio et son téléphone cellulaire dans sa poche était fracassé. Personne ne savait qu’elle était la position exacte de Daria et dans la forêt Shoshone, il pourrait s’écouler des jours avant qu’on la trouve. Des mois, même.

    Ses os pourraient aussi reposer ici pendant des décennies.

    Elle pensa à son père et au fait qu’il serait dévasté quand il apprendrait que sa fille unique était morte. Qu’elle avait perdu la vie dans cette même forêt qu’ils avaient tous deux tant aimée. Cela le tuerait.

    Il était trop tôt pour tenter une autre projection astrale sans que cela la vide des quelques forces qu’il lui restait, mais elle n’avait pas le choix. Elle pensa diriger son énergie vers son père, mais il était trop loin pour qu’un lien puisse être établi. Il y avait toutefois quelqu’un bien plus près d’elle. Ignorant la douleur affreuse de ses blessures, elle ferma les yeux, puis se centra. Cela fut bien plus long que d’habitude.

    Elle ressentit enfin le picotement familier. La sensation vibrante qui lui indiquait qu’elle quittait son corps physique et qu’elle voyageait maintenant à travers le temps et les distances. Déterminée, elle suivit de nouveau le fil de celui qui saurait comprendre son message. Elle le savait en son for intérieur. Il n’y avait pas de temps à perdre.

    Elle vola au-dessus des arbres, puis parvint finalement à l’endroit où elle l’avait trouvé auparavant, dans ce grand bâtiment en pleine forêt. Un lieu curieux qui ressemblait à un genre de complexe qui était accompagné d’un autre grand bâtiment — un hangar, d’après l’avion à réaction garé à côté de ce dernier — et d’un troisième édifice en construction, non loin de l’édifice principal.

    Elle se retrouva dans le corridor quelques instants plus tard. Cette fois-ci, une

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