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La meute Alpha, tome 2 - L'éveil du loup
La meute Alpha, tome 2 - L'éveil du loup
La meute Alpha, tome 2 - L'éveil du loup
Livre électronique389 pages8 heures

La meute Alpha, tome 2 - L'éveil du loup

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À propos de ce livre électronique

Composée d’anciens Navy Seals, la meute ­Alpha est une équipe ultrasecrète d’hommes-loups ­dotés de pouvoirs psychiques qui combat les plus graves dangers dans le monde. Mais parfois, ces dangers les atteignent plus intimement
qu’ils ne le devraient.

À la suite d’une bavure survenue lors d’une mission, Aric Savage est fait prisonnier. Torturé au point de sombrer dans le désespoir, il fait cependant une découverte étonnante: son compagnon d’armes, Micah Chase, qui avait été présumé mort, est emprisonné au même endroit que lui. Son deuxième choc survient lorsque les membres de la meute Alpha arrivent pour le secourir : ils sont accompagnés d’une femme éblouissante aux cheveux châtains et à la colonne vertébrale en acier trempé.

La policière de Los Angeles et marcheuse de rêves Rowan Chase a une priorité: retrouver son frère Micah. Pourtant, elle ne peut pas s’empêcher d’être attirée par Aric, le beau et rude homme-loup qui lui procure du plaisir comme aucun homme ne l’a fait auparavant — même si leur liaison est éphémère. Mais lorsque la vie d’Aric est en danger, Rowan doit se demander ce qu’elle est prête à sacrifier au nom de l’amour.
LangueFrançais
Date de sortie16 févr. 2022
ISBN9782898088773
La meute Alpha, tome 2 - L'éveil du loup
Auteur

J. D. Tyler

L’auteur à succès d’USA Today, J.D. Tyler, est surtout connu pour sa série paranormale sombre et sexy «La meute Alpha», et les pompiers de «Station Five» et les séries «Sugarland Blue» en tant qu’auteur à succès national Jo Davis. Instinc primal, le premier livre de sa série «La meute Alpha», est le lauréat du National Readers’ Choice Award in Paranormal. Elle a également été plusieurs fois finaliste aux National Readers’ Choice Awards, le Colorado Romance Writers Award of Excellence, finaliste pour le Bookseller’s Best Award, a remporté le HOLT Medallion Award of Merit, a été deux fois nominée pour les Australian Romance Readers. Quand elle n’écrit pas, l’idée de JD d’un bon moment n’est certainement pas de nettoyer la maison, de sauter à l’élastique ou de camper. Elle aime lire, se faire dorloter comme la diva qu’elle est et passer du temps avec sa formidable famille. J.D. vit au Texas avec ses deux enfants adultes, ses deux chats et un terrier de Boston, tous horriblement gâtés.

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    Aperçu du livre

    La meute Alpha, tome 2 - L'éveil du loup - J. D. Tyler

    Chapitre 1

    Aric Savage s’agrippa à ses chaînes alors qu’une lanière d’argent barbelée lui déchirait le dos avec une précision impitoyable. Le feu lécha sa peau écorchée, pénétra en profondeur pour lui brûler les tripes et lui voler son souffle.

    Pourtant, il trouva la force de gronder sa rage entre les coups, son loup donnant désespérément des coups de griffes pour recouvrer sa liberté. Pour déchiqueter les sbires d’Orson Chappell en lambeaux, en commençant par le bâtard qui maniait le fouet, et puis, il passerait à Béryl, sa malveillante chienne de demi-sœur. Ces deux-là étaient une plaie ouverte sur le derrière du monde. Il prendrait grand plaisir à leur arracher la gorge, mais pas avant de les entendre crier comme ils l’avaient fait pour lui. Ensuite, il traquerait le grand patron lui-même. Il le ferait sortir de sa tanière et l’égorgerait, lui aussi.

    Lentement, péniblement, pour que ce fumier hurle comme un porcelet alors que le loup d’Aric le dévorerait vivant.

    — Petit cochon, gentil petit cochon, je peux entrer ?

    — Non, non ! Par le poil de mon menton !

    — Pas de problème, connard. Je vais incinérer ta porte, entrer et te regarder pisser dans ton pantalon quand je laisserai sortir ma bête…

    Un autre coup s’abattit sur lui, fracassant son dialogue interne alors que l’agonie liquide lui descendait de l’épaule à la hanche.

    — Ahhh ! Putain… putain de… b… bâtards…

    Après chaque coup, il lui devenait de plus en plus difficile de conserver sa santé mentale. Les efforts de Béryl commençaient à porter leurs fruits. Après des semaines de voyage dans cet enfer psychologique, où régnait une douleur incroyable, il était près du point de rupture.

    Il n’avait jamais pensé qu’il existait autant de méthodes de tortures brutales et qu’on le forcerait à savourer chacune d’entre elles.

    Il ignorait que la flagellation avait cessé jusqu’à ce qu’une main lui prenne le menton et le force à lever la tête. Les yeux inexpressifs et sans âme de Béryl se plongèrent dans les siens, à la recherche d’une faiblesse, ou de la certitude que son demi-frère chéri était enfin une coquille brisée. Un tas de merde en pleurs.

    — Désolé de te décevoir, salope, murmura-t-il, la gorge enflammée et douloureuse. Je suis toujours là.

    Son esprit n’avait pas encore été conquis, mais ses cris avaient anéanti sa voix lors d’une session avec le couteau d’argent de Béryl. S’il s’en sortait un jour, il risquait de ne jamais redevenir comme avant, et de plus d’une façon.

    — C’est bien. J’aurais été terriblement déçue, si tu avais abandonné trop rapidement.

    Un coin de sa bouche se recourba vers le haut.

    — Ta ténacité m’amuse, mon frère féroce, ajouta-t-elle.

    Son toucher lui donna la chair de poule, mais il n’avait plus la force de dégager son menton de sa main. Même si elle l’avait libéré, il n’avait plus rien. Malgré son désir de vengeance, il n’avait plus la force de lâcher son loup enragé, et encore moins d’employer ses dons de télékinésie ou de feu. Lamentable.

    — Je suis surpris que Chappell te permette de jouer avec ses sujets de test, railla-t-il.

    Un éclair d’un sentiment qui aurait pu être un malaise remplit le vide dans ses yeux, puis cette chose disparut.

    — Cela ne te regarde pas.

    Il poussa un rire qui ressemblait davantage à un étranglement râpeux.

    — Il le ne sait pas.

    De mieux en mieux.

    — Quoi ?

    Tiens. Encore cette lueur d’alarme.

    Malgré la douleur qui enveloppait son corps meurtri, il ricana.

    — Chappell ignore ce que tu me fais ici, quand tu fais joujou avec un de ses rats de laboratoire. Je me demande ce qu’il ferait à sa sorcière préférée, s’il le découvrait ?

    Elle joua avec une mèche de ses longs cheveux auburn, qui étaient plus foncés que les siens, et affecta un regard de désintérêt complet.

    — Il a des préoccupations plus importantes qu’un métamorphe.

    — Je parie, oui.

    — Que tu sois ici ou dans le laboratoire ne change rien pour toi, de toute façon.

    Elle tint fermement son visage et claqua sa tête sur le côté.

    — Tu seras tout aussi mort quand j’en aurai terminé avec toi.

    Il ne se donna même pas la peine de répondre. Il savait que ses chances d’échapper à ces deux endroits s’estompaient de jour en jour. Elle tourna les talons et sortit, et la morosité d’Aric, qui allait au-delà de sa petite tache de lumière, avala la forme de sa demi-sœur et le bruit de ses bottes qui claquaient jusqu’à ce qu’il soit de nouveau seul avec ses pensées lugubres.

    Quel rôle jouait Béryl dans tout cela ? Et pourquoi réservait-elle une torture spéciale à son demi-frère aîné qu’elle avait à peine pris le temps de connaître, et vice versa ? Pourquoi cette haine dévorante ?

    Certes, elle avait toujours été une salope égocentrique. Depuis le jour où la mère d’Aric s’était remariée et que son beau-père avait emmené cet étrange cauchemar d’adolescente maussade à la maison, Aric avait fait de son mieux pour se tenir à l’écart d’elle. Pas toujours avec succès, soit. De rejoindre les Navy SEALs et ainsi sortir de cette maison infernale avait été une bénédiction.

    Une bénédiction jusqu’à ce que son unité soit attaquée par des loups voyous dans les montagnes d’Afghanistan et que son monde ait été complètement chamboulé. Pour toujours.

    S’il était honnête envers lui-même, il devait admettre qu’il n’avait pas été heureux depuis qu’il avait perdu son humanité. Il aimait ses frères de la meute alpha, mais quand leur dernière opération avait mal tourné, ils l’avaient rapidement abandonné, n’est-ce pas ?

    « Jax m’a laissé tomber. Pour sauver sa partenaire », se rappela-t-il.

    Lorsque les jeux avaient été faits, Aric s’était retrouvé seul. Comme toujours. Personne n’était venu le secourir, et personne ne le ferait. L’émotion lui serra la gorge, brûlée par les larmes qu’il ne laisserait jamais tomber. Il serait peut-être mieux mort.

    Mais il ne pouvait se résoudre à abandonner. Non, il voulait vivre assez longtemps pour abattre chaque personne responsable de son enfer, de sa souffrance dans cette agonie sans fin.

    Le général George Patton avait raison. Il allait avancer dans la vallée de l’ombre de la mort, et il y serait le pire fils de pute. Il les ferait tous payer.

    À ce moment, et seulement à ce moment, il laisserait volontiers la faucheuse s’emparer de lui.

    Rowan Chase tourna abruptement le volant à gauche, et sa voiture dérapa jusqu’à ce qu’elle s’arrête dans une ruelle infecte, jonchée d’ordures, entre deux bâtiments délabrés. Elle coupa le contact et sortit avant même que son partenaire débutant, Daniel Albright, eût le temps de détacher sa ceinture.

    En évaluant d’un coup d’œil la situation, elle sut que les événements avaient déjà pris une fâcheuse tournure.

    Une foule d’environ 20 hommes d’âges divers et d’origine hispanique entourait 2 gars roulant sur le sol. Le groupe énervé criait des obscénités et les incitait à se battre. Rapidement, son cerveau jaugea les deux hommes en difficulté, évaluant à toute vitesse ces données. Un homme trapu, 1,80 m, environ 100 kg. Le plus petit était plus jeune, mince, 1,75 m, environ 70 kg. Elle le reconnut : il s’agissait d’Emilio Herrera. Tous deux portaient les couleurs des Lobos, de l’East Side. Donc, c’était un combat qui restait dans la famille. À propos de quoi ? Médicaments, une fille, ou une insulte imaginée ? Difficile à dire…

    La lumière du soleil se refléta sur une pièce métallique entre les combattants, et le sang apparut sur la chemise du plus petit gars.

    « Un couteau, merde », se dit Rowan.

    Elle ouvrit aussitôt son étui de revolver en courant vers eux, l’adrénaline se précipitant dans ses veines.

    — Police de Los Angeles, cria-t-elle en dégageant son pistolet de son étui. Dispersez-vous !

    — Reculez ! Donnez-nous un peu de place ! hurla Danny.

    Danny manquait d’expérience, mais il était un bon officier. Elle lui faisait confiance pour s’occuper de la foule agitée pendant qu’elle-même s’occupait de la bataille, et cette confiance était impérative. Une deuxième unité les rejoindrait, mais cela ne signifiait pas que les renforts arriveraient à temps pour prévenir une catastrophe.

    Les deux hommes ne réagirent pas au début, le plus jeune étant complètement concentré sur sa défense contre son agresseur. L’homme trapu était manifestement l’assaillant ; sa rage était palpable. Il était le seul qu’elle devait atteindre.

    — J’ai dit de vous disperser ! Maintenant !

    Le couteau dans son poing charnu, à cheval sur le jeune homme, le personnage trapu tourna la tête pour lui jeter un coup d’œil, un rictus sur le visage. Elle prit une inspiration et le reconnut. Luis Garcia. Elle aurait dû s’en douter. Il était un bâtard dangereux avec de lourds antécédents de violence. Pire encore, il était imprévisible. Son cerveau avait grillé en raison des drogues qu’il avait consommées toute sa vie.

    — Ce petit puta m’a volé ma came, dit-il d’une voix pâteuse, en postillonnant.

    — Ce n’est pas vrai ! s’écria Emilio en levant les mains. Je ne prends pas de poudre, tu le sais ! La familia le sait !

    — Tu l’as prise, et je vais t’éventrer comme un…

    — Tu ne feras pas ça, ordonna Rowan d’une voix autoritaire, en tenant son pistolet à ses côtés, visant l’asphalte. Repose ton couteau et viens me parler. Nous allons régler ce problème.

    — Tais-toi, lesbiana. Tu penses que tu as de plus grosses cojones que celles de Luis,  ? Peut-être que c’est le cas, dit-il en riant méchamment.

    Rowan laissa passer l’insulte. On lui en avait débité des pires.

    — Emilio dit la vérité, Garcia. Je le connais et je te jure qu’il ne prendrait pas ta coke.

    « Ta voiture ? Il te la piquerait sans hésiter, mais pas ta coke », pensa Rowan.

    — Je ne mentirais pas à mes pairs. Pose ton couteau, ajouta-t-elle.

    À sa droite, le chef des Lobos fendit la foule, arrivant apparemment en retard sur les lieux. Salazar Romero était grand, musclé et menaçant, avec de longs cheveux noirs et une barbichette, et des bras couverts de tatouages.

    — Ne sois pas stupide. Écoute mamacita, Luis. Elle est l’une d’entre nous, tu me comprends ? Sa parole me suffit, alors elle est assez bonne pour les Lobos.

    Enfin, la glace avait été brisée. Le plus grand homme hésita visiblement, car il relâcha son emprise sur son adversaire. Il essaya de menacer Salazar du regard, mais il se détourna d’abord, comme le chien qu’il était. Cependant, cela ne signifiait pas pour autant que le danger était passé. La position de Rowan restait tendue alors que Garcia laissait tomber son couteau et lâchait la chemise d’Emilio.

    — Descends de lui et lève-toi, lui ordonna-t-elle. Lentement.

    Garcia lâcha une série de jurons à voix basse, mais s’exécuta. Il s’éloigna de l’homme ensanglanté et se tourna vers elle, en secouant la tête. Il blasphéma encore. Il fit des gestes et balança les bras. Il devenait plus agité. Elle n’aimait pas son langage corporel. Cet homme allait perdre la tête à nouveau.

    — À genoux, les mains derrière la tête ! ordonna-t-elle.

    — Tu as dit que nous allions parler ! lâcha-t-il en relevant la tête.

    — D’abord, mets-toi à genoux, les mains derrière…

    — Va te faire foutre, salope !

    Rowan savait ce que Garcia allait faire lorsqu’il laissa tomber son bras droit et le mit derrière son dos pour prendre quelque chose. Elle réagit une fraction de seconde plus rapidement que lui en soulevant son arme au niveau de sa poitrine et en criant : « Lâche ton arme ! »

    Mais il sortit son pistolet et le pointa sur elle. Son intention était claire. Elle fut à peine consciente qu’elle appuyait sur la détente, et l’explosion assourdissante fut terminée avant même que son cerveau analyse ce bruit.

    Garcia recula, les yeux écarquillés de surprise. Une fleur écarlate commença à se répandre sur sa poitrine alors que ses genoux se dérobaient de sous lui, puis il s’effondra au sol. Son arme tomba à côté de lui, et elle s’en approcha pour donner un coup de pied dessus pour l’éloigner de sa main tendue. Méfiante, elle s’accroupit à côté de sa tête et plaça deux doigts sur son cou.

    — Il est mort ? demanda Danny.

    — Oui.

    Elle poussa un soupir tremblant et se leva en surveillant les quelques personnes qui restaient.

    La plupart d’entre eux s’étaient sauvés quand Garcia avait sorti son arme pour commettre cet acte de stupidité qui s’était avéré fatal.

    Emilio était toujours assis à quelques mètres de là, une main pressée sur son côté ensanglanté, grimaçant de douleur. Salazar et deux de ses lieutenants étaient avec lui, louant le jeune homme pour avoir fait face à Garcia, comme s’il l’avait tué lui-même. La renommée du petit voleur de voiture venait d’augmenter considérablement, de même que la tentation pour une bande rivale de l’ajouter à sa liste d’hommes à abattre.

    Et le cycle de violence ne se terminerait jamais.

    Rowan rangea son arme et se sentit mal.

    « Oh, mon Dieu. J’ai tué l’un des miens. Ici, sur mon propre terrain, parmi les personnes que je suis censée protéger. Aurais-je pu faire les choses différemment ? Comment ? » se dit-elle.

    — Chase !

    Surprise, elle cligna des yeux vers Danny, qui était juste devant elle, la main sur son épaule.

    — Quoi ?

    — Quelle que soit la merde qui te passe par la tête en ce moment, arrête-la, lui dit-il à voix basse. Tu lui as donné toutes les chances de s’en sortir. Bordel, tu as presque attendu trop longtemps avant de tirer. C’était un tir juste. Personne ne va contester cela.

    — Le bébé flic a raison, mamacita, annonça Salazar à haute voix. Luis avait été brisé, tu sais. Il a attaqué Emilio de son propre chef, et les Lobos se lavent les mains de lui. Il n’y aura pas de représailles.

    « Brisé » signifiait que Salazar l’avait récemment rétrogradé. Elle supposa qu’elle devait se sentir soulagée que Luis fût devenu un problème qu’ils voulaient effacer, sinon son éducation de l’East Side n’aurait rien voulu dire. Soudainement consciente que plusieurs paires d’yeux étaient rivées sur elle, étudiant sa réaction, elle ferma la bouche et fit un bref signe de tête.

    Salazar fit un signe de la main vers le reste de ses disciples.

    — Vámanos !

    Aucunes représailles. Les regardant s’éloigner, elle ne put exprimer sa gratitude. En 11 ans dans les forces policières, elle avait utilisé son arme moins d’une dizaine de fois. Elle ne l’avait jamais sortie à l’extérieur du champ de tir avant aujourd’hui.

    Et en ce jour même, elle avait tué un homme. Quels qu’aient été ses défauts, Luis Garcia avait une femme et six enfants qui dépendaient de lui. Son petit déjeuner menaçait de remonter, mais elle réussit à le garder dans son estomac.

    — Chase ?

    Rowan se tourna et cligna des yeux vers le capitaine Connolly. Elle n’arrivait pas à secouer le brouillard qui flottait dans son cerveau.

    — Monsieur.

    — Qu’est-il arrivé ici ? demanda-t-il d’un ton neutre.

    Son visage buriné était calme ; ses yeux bleus, patients.

    Rapidement, elle expliqua en détail la situation à son superviseur. Danny affirma son accord, et le capitaine hocha la tête.

    — Très bien. Ça semble avoir été un tir propre, mais tu connais la procédure, dit-il gentiment.

    Elle la connaissait. Même si elle n’avait jamais eu à ouvrir le feu avec son arme, et encore moins à tuer un suspect, d’autres officiers l’avaient fait au fil des ans. Tous les policiers connaissaient la procédure. Elle poussa un profond soupir.

    — Je suppose que vous allez me suspendre.

    — Je crains que ce soit le cas, lui répondit Connolly en lui serrant l’épaule. Au moins jusqu’à la fin de l’enquête. Ce sera probablement une simple formalité dans ce cas, mais c’est dommage. Nous nous occuperons de tout ici. Va au bureau pour remplir la paperasse. Ensuite, rends ton arme et rentre chez toi. Je t’appellerai.

    — Qu’en est-il d’Albright ? demanda-t-elle en pointant son partenaire.

    — Je vais le réaffecter ailleurs temporairement en attendant la fin de l’enquête.

    — Oui, monsieur.

    Merde, elle détestait perdre une bonne recrue aux mains d’un autre agent. Même si les Affaires internes allaient traiter son dossier rapidement, elle aurait à se battre pour le récupérer.

    — Prends ça cool, déclara Danny en essayant d’être rassurant. Tout ira bien.

    — Bien sûr. Sois prudent, on se reverra.

    Elle s’éloigna, consciente de tous qui la regardaient partir en la jaugeant. Ils se demandaient si elle allait être la nouvelle tête brûlée du département, attendant de voir si cet événement allait lui faire perdre la boule. D’abord, la perte de son frère cadet, et maintenant ceci.

    Elle grimpa dans la voiture de patrouille et s’efforça de partir calmement alors que tout ce qu’elle voulait faire, c’était de rester là et de s’effondrer. Plus tard, elle se promit de le faire. En revenant chez elle, elle s’achèterait une caisse de bières et irait où personne ne pourrait la voir.

    Pour l’instant, « compartimenter » était le mot d’ordre, et la seule façon de passer au travers de cette situation.

    Trois heures plus tard, Rowan termina la dernière page de sa montagne de paperasse, rendit son pistolet et se dirigea vers la porte en passant inaperçue, sauf pour ce qui était de deux de ses collègues qui avaient entendu la nouvelle et l’avaient arrêtée pour lui remonter le moral. Elle se sentait décidément nue sans le poids réconfortant et familier d’une arme à sa hanche, et voulait juste foutre le camp de là pour éviter que d’autres camarades ne la remarquent et ne lui demandent de leur raconter toute l’histoire.

    Elle se précipita vers son camion et le mit en marche. Son téléphone portable vibra alors sur sa hanche. Avec un soupir, elle arrêta le véhicule, récupéra l’appareil et vérifia l’identité de l’appelant. Elle devait répondre à cet appel.

    — Allo.

    — Hé, c’est moi.

    Malgré elle, elle sourit.

    — Salut, toi. Que se passe-t-il ?

    Son ami, un agent spécial du FBI, Dean Campbell, n’avait jamais prononcé leurs noms au téléphone. Sa paranoïa allait plus loin que sa description de travail, elle était intégrée dans son ADN.

    — Beaucoup de choses. J’ai les billets des Dodgers que tu voulais, dit-il gaiement. Rendez-vous pour un hamburger, à notre endroit habituel ?

    Son sourire disparut, et elle blêmit. Sa bouche s’ouvrit quelques fois avant qu’elle ne puisse retrouver sa voix.

    — Je serai là dans une demi-heure. Je dois d’abord rentrer à la maison pour me changer.

    — J’y vais. Je vais nous trouver une table.

    Elle referma l’appareil, jeta le téléphone sur le siège à côté d’elle et appuya sur le champignon. Oh, mon Dieu. Enfin, après des mois de recherches infructueuses et angoissantes, qui s’étaient soldées par une absence de réponses et un labyrinthe d’impasses, voilà l’appel qu’elle avait tant attendu. Et pendant quelque temps encore, elle devait se morfondre un peu plus, ne sachant pas si c’était la fin ou le début de l’histoire.

    Elle ignorait si Micah était vraiment mort, comme le gouvernement le prétendait, ou s’il était vivant, quelque part, et attendait d’être sauvé.

    Et si son frère était vivant, que se passait-il, pour l’amour de Dieu ?

    Les questions et les réponses possibles tourbillonnèrent dans son esprit pendant tout le trajet vers son appartement, et ne la quittèrent pas alors qu’elle retirait précipitamment son uniforme pour passer un short en jeans, un débardeur et des chaussures de tennis. Elle ne pouvait pas supporter une seconde de plus cette torture, maintenant que la fin était en vue. La route jusqu’au restaurant Chez Willy ne lui avait jamais paru si longue, même si elle la fit en moins de 15 minutes. Ce bar-restaurant n’étant pas bondé à cette période de l’après-midi, elle réussit à se trouver une assez bonne place de stationnement sur le côté du bâtiment.

    Elle fit le tour de l’édifice au pas de course et entra à l’avant, puis repéra Dean, qui était assis sur une banquette près du fond. Il agita la main, et elle alla à sa rencontre, lui rendant son étreinte rapide avant de se glisser dans le siège en face de lui.

    Elle fit un effort pour lui sourire et croisa les bras sur la table.

    — Tu as bonne mine, mon ami.

    Cela avait toujours été le cas. Dean était dans la mi-trentaine, et avait les cheveux blond miel, de grands yeux bruns et un sourire ravageur. Le genre de beauté qui retient l’attention. C’était dommage qu’elle ne ressente rien de plus pour lui qu’une légère attirance, et vice versa, parce qu’il y avait trop longtemps qu’elle n’avait pas eu de relations intimes.

    — Je te retourne le compliment.

    Il s’assit plus profondément dans le banc, et la regarda d’un œil interrogatif.

    — J’ai déjà entendu parler de la fusillade. Tu tiens le coup ?

    — Bon sang, les nouvelles vont vite, murmura-t-elle. Mais je vais bien.

    — Tu es sûre ?

    — Non.

    Il lui tapota la main et adoucit son regard.

    — C’est normal. Mais tu iras mieux, crois-moi. Surtout après que je t’aurai donné quelque chose d’autre pour t’occuper l’esprit.

    Il retira une enveloppe blanche de format légal de sa poche et la glissa sur la table.

    Elle déglutit bruyamment et la regarda.

    — Mes billets ?

    L’agent regarda autour d’eux, mais il n’y avait personne à proximité pour les écouter. Pourtant, il parla d’une voix faible.

    — Lis ça, mémorise-le, puis détruis-le.

    Elle tourna l’enveloppe vers elle et regarda son ami.

    — C’est quoi ?

    — Un itinéraire qui mène à un endroit qui n’existe pas officiellement, répondit-il.

    Il fit une pause, avant de poursuivre.

    — Un établissement dans le Wyoming, situé au fond de la forêt nationale de Shoshone. Emplacement ultrasecret, opérations encore plus secrètes.

    — Sauf si tu connais les bonnes personnes à qui poser les questions.

    — Exactement, dit-il en levant un coin de sa bouche.

    Elle inspira profondément et posa la seule question qui la torturait.

    — Mon frère est-il encore vivant ?

    — Je ne sais pas, répondit-il en tapant l’enveloppe. Mais ces gens-là le savent.

    Si proche, mais toujours pas de réponse. Encore. Elle lutta pour empêcher la venue de larmes qui ne l’aideraient ni elle ni Micah.

    — Tu as tout risqué pour obtenir ces renseignements. J’ignore comment te remercier.

    — En évitant de te faire tuer.

    Il ne plaisantait pas.

    — Je vais mettre ça sur ma liste juste après avoir réglé mon dossier avec les Affaires internes, avoir demandé un congé sans solde et avoir fait ma valise pour prendre la route.

    — Appelle-moi quand tu partiras, et restons en contact.

    — Je le ferai, promit-elle.

    — Tu as faim ? Je t’invite.

    À la surprise de Rowan, son estomac gronda. C’était drôle de constater comment une lueur d’espoir pouvait redonner l’appétit à une personne.

    — J’ai faim, mais c’est moi qui paye. Et si cette piste m’amène à la vérité sur ce qui est arrivé à Micah, je te paie un bon bifteck à mon retour. Ce serait la moindre des choses.

    — Seulement si tu ramènes Micah, dit-il doucement.

    Merde, elle ne devait pas pleurer.

    — Marché conclu.

    Naturellement, leur repas fut un peu plus calme que d’habitude. Rowan était trop préoccupée pour être de bonne compagnie, mais c’était là la beauté d’une véritable amitié : ils n’avaient pas besoin de parler pour être à l’aise l’un avec l’autre. Ils se protégeaient l’un l’autre.

    Pendant leur repas, ses pensées se dirigèrent vers ce mystérieux établissement et le genre d’opérations qu’elle y trouverait. Sans parler de l’accueil qu’elle y recevrait, en particulier quand les personnes qui s’y trouvaient apprendraient le but de sa visite.

    Mais elle ne quitterait pas cet endroit sans savoir, une fois pour toutes, ce qui était arrivé à son frère. Micah et elle avaient toujours partagé un lien dont la plupart des gens se moquaient, et qu’ils ne comprenaient certainement pas. Ils n’étaient pas jumeaux, mais elle avait le fort sentiment qu’elle l’aurait su dans son cœur, s’il était vraiment mort. Il était vivant. Il le devait.

    Non, ce n’était pas la fin du tout, mais seulement le début. Elle retrouverait son frère, même si c’était la dernière chose qu’elle ferait de sa vie.

    Et puis, elle ferait une réservation pour trois personnes au meilleur restaurant de Los Angeles.

    Avec chaque kilomètre qui la rapprochait de sa destination, l’anxiété de Rowan grandissait à pas de géant. Elle remarqua à peine la magnifique toile de fond de la forêt nationale de Shoshone, resplendissante dans sa verdure estivale, alors qu’elle conduisait son camion sur la route sinueuse.

    Agrippant bien son volant, elle regarda le côté gauche de la route, à la recherche de ce tournant obscur décrit sur le plan qu’elle avait mémorisé et brûlé trois semaines auparavant. Cinq kilomètres plus tard, elle le trouva. Ou du moins, elle espéra que c’était le cas.

    Elle tourna, puis freina devant une grille métallique. Elle était simple, du genre que tout propriétaire peut utiliser, avec une affiche ENTRÉE INTERDITE en noir et blanc clouée sur un poteau à côté d’une chaîne et d’un cadenas. Ni l’un ni l’autre n’eut un effet dissuasif sur son coupe-boulons ou sa détermination.

    Laissant le camion en marche, elle saisit le coupe-boulons, qui ne fit qu’une bouchée de la chaîne, puis la défit et la laissa pendre sur la grille.

    « Autant faire les choses jusqu’au bout », se dit-elle.

    Si elle était au bon endroit, elle aurait rapidement d’autres soucis à se faire qu’une poursuite pour une entrée par effraction sur une propriété gouvernementale.

    Après avoir suffisamment ouvert la grille, elle pénétra dans la propriété. Puis, elle ressortit de son véhicule, referma la grille et enroula la chaîne autour d’elle pour qu’aux yeux d’un passant, rien ne semble hors de l’ordinaire. Jusqu’ici, tout allait bien. Elle poursuivit son chemin.

    À quelques kilomètres plus loin dans la forêt, un deuxième obstacle fut une surprise désagréable et plus que redoutable. Elle aurait crié de frustration.

    La clôture grillagée faisait environ trois mètres de hauteur et était surmontée de fils barbelés. Cette porte était beaucoup plus sophistiquée, faisant au moins 60 cm de plus que la clôture de chaque côté, et était automatisée, avec un boîtier de code d’accès du côté du conducteur. Au sommet du boîtier de sécurité, une lentille de caméra était pointée sur son visage, comme un œil omniscient.

    — Merde.

    Elle n’avait pas le code. Plusieurs minutes après avoir appuyé sur le bouton d’appel vert, il lui parut évident que personne ne lui répondrait. Les agents à l’intérieur devaient probablement bien rire. Ils pensaient peut-être qu’elle se lasserait et passerait son petit bonhomme de chemin.

    Cela aurait été mal la juger.

    Calmement, elle mit la main dans son sac à main, n’ayant jamais été aussi heureuse que le capitaine lui ait retourné son arme. Elle en sortit son Glock et, plissant les yeux, elle pointa son pistolet sur la lentille de la caméra.

    — Toc toc, connards.

    Elle appuya sur la détente, envoyant ainsi une pluie de verre et de métal partout dans l’allée.

    Cela devrait attirer leur putain d’attention. Il valait mieux en effet leur faire face. S’éloignant du camion, elle remit le pistolet dans l’étui accroché à son jeans et se dirigea vers la grille pour l’inspecter. Elle était du dernier cri, une véritable forteresse. Qu’est-ce que c’était que cet endroit, et qu’est-ce que Micah y faisait ? Elle ne partirait pas tant qu’ils n’éclaireraient pas sa lanterne.

    Elle entendit un bruissement à sa gauche, puis un faible grognement.

    Elle se tourna et poussa un blasphème à voix basse, les yeux écarquillés. Des chiens de garde ? Plusieurs d’entre eux, de son côté de la barrière, se déployaient autour d’elle, tête baissée, oreilles retournées, crocs en évidence. Ils se déplaçaient presque silencieusement à travers la forêt baignée de soleil.

    Mais non, ce n’étaient pas des chiens. C’étaient…

    Des loups ! Et une énorme panthère noire ?

    Elle cligna des yeux rapidement à mesure qu’ils s’approchaient d’elle, et elle recula lentement vers son camion, pensant qu’elle devait avoir des hallucinations. Les loups étaient désormais présents dans la forêt de Shoshone, grâce aux efforts de sauvegarde de la faune. Mais elle avait entendu dire que les loups faisaient le maximum pour éviter les humains. C’était le cas, non ? Mais pas ces loups-là, de toute évidence.

    Et que dire du gros chat ? Les panthères noires n’existaient même pas !

    Faudrait le dire à celle-ci.

    — Reste, dit-elle en levant une main tremblante. Bon toutou. Je ne vais pas te faire de mal.

    Un grognement fort vint de derrière elle, et un regard lui donna presque une crise cardiaque. Un loup s’était placé derrière elle, lui bloquant

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