Le Mariage de Convenance du Marine

Par Leslie North

Rien n'est plus dangereux que l'amour…

 

Le Marine Nate Shaw n'a jamais connu qu'un seul grand amour dans la vie : son travail. Pour Nate, l'amour n'est qu'une bataille perdue d'avance. Comment oublier la peine qu'il a vue dans les yeux de sa mère le jour où son père les a quittés ? D'autant qu'il est plus que certain que le mariage n'est pas pour lui.

 

Emily Edwards est convaincue qu'il n'y a rien de plus beau que l'amour dans la vie. Mais elle a renoncé à vivre son propre conte de fées lorsqu'elle a adopté Matthew, le frère cadet de Nate. Rien n'est plus important pour Emily que son fils adoptif. Malheureusement, Matthew souffre d'un cancer, et le traitement qui pourrait bien lui sauver la vie est hors de prix…

 

Lorsqu'il constate combien Emily souffre, Nate lui propose de l'épouser afin qu'elle puisse avoir un toit au-dessus de la tête, et une assurance pour prendre en charge les frais médicaux de Matthew. Mais leur mariage arrangé est rapidement mis à l'épreuve lorsqu'Emily commence à recevoir des menaces glaçantes de la part d'un mystérieux inconnu. Et alors même que la peur s'installe et grandit au sein de leur foyer, l'attraction qui brûle entre Nate et elle finit par s'embraser.

 

Nate a juré de ne reculer devant rien pour protéger Emily. Mais est-il prêt à lui briser le cœur pour y arriver ?

• Langue: Français
• Éditeur: Relay Publishing
• Date de sortie: 9 janv. 2023
• ISBN: 9798215538265

Aperçu du livre

UN

— D oucement, dit Emily Edwards à son fils adoptif pour le mettre en garde, alors qu’il passait en flèche devant le banc où elle était assise.

Âgé de quatre ans, Matthew était aussi turbulent que n’importe quel autre enfant, et surexcité à l’idée de revoir Nate, son grand frère. Mais son cancer avait laissé des séquelles et elle voulait éviter qu’il ne s’épuise avant l’arrivée de Nate.

— Mais maman, gémit le petit garçon en revenant lentement vers elle. Je me sens bien.

Il se sentait mieux aurait été plus juste. Les traitements qu’il prenait pour soigner son lymphome hodgkinien s’avéraient efficaces, Dieu merci. Elle se sentait quelque peu rassurée quand on lui disait qu’il existait des formes de cancer plus graves. Cela faisait deux ans qu’il était devenu son fils. Elle l’avait adopté quand sa mère, son ex-patronne, avait été tuée dans un accident de voiture. La dernière chose dont elle avait envie était de le perdre.

— Je suis contente que tu te sentes bien, mais Nate va bientôt arriver, dit-elle en lui tapotant le nez avec son doigt. Tu devrais garder un peu d’énergie pour sa visite.

Heureusement, le petit garçon comprit le raisonnement et s’assit sur le banc ombragé à côté d’elle, en balançant ses jambes.

— Quand va-t-il arriver ? demanda Matthew au bout de trente secondes.

— D’ici cinq minutes. Il est toujours à l’heure.

Emily ne pouvait pas en vouloir à Matthew d’être aussi impatient. Il n’avait pas vu son grand frère depuis presque six mois. Nate était parti en mission avec son commando de Marine, Dieu savait où. Emily ne posait jamais de questions sur son travail. Elle était simplement reconnaissante qu’il consacre toujours du temps à Matthew lorsqu’il revenait à sa base principale.

— Et s’il ne me reconnaissait pas ? s’inquiéta Matthew d’une petite voix, caressant d’une main sa tête chauve à cause de la chimiothérapie.

— Oh, mon chéri, il te reconnaîtrait entre mille.

Elle passa son bras autour de Matthew et l’embrassa. Comme toujours, elle ressentait l’envie irrépressible de le protéger de tout ce qui pourrait lui faire du mal. Le cancer avait été le plus grand ennemi contre lequel elle avait eu à se battre jusqu’à présent, mais ils étaient enfin en train de le vaincre. Récemment, cependant, un nouveau souci avait surgi : le médecin de Matthew. Si seulement elle pouvait retourner quelques semaines en arrière, à ce jour où elle s’était rendue à la clinique pour le cancer en dehors des heures d’ouverture et avait vu des choses qu’elle n’aurait jamais dû voir… Elle frissonna en se rappelant les paroles menaçantes que le médecin avait proférées à son égard.

Ainsi, elle devait à présent trouver un autre médecin pour que Matthew continue à recevoir ses traitements, ce qui n’était pas une mince affaire. Il en était aux trois quarts du traitement et son assurance était si basique qu’elle avait déjà dû vider son compte-épargne et utiliser ce qu’il restait de l’héritage laissé par la mère biologique de Matthew. Il ne lui restait presque plus rien. Elle allait trouver une solution, se disait-elle, mais son sentiment de désespoir grandissait un peu plus chaque jour.

— Le voilà ! s’exclama Matthew en sautant du banc, puis en se précipitant vers son grand frère, qui était... tellement beau.

Ouah. Encore plus beau que dans ses souvenirs. Elle avait toujours trouvé Nate Shaw attirant avec ses cheveux noirs, ses traits ciselés et ses muscles bien dessinés. Mais en le regardant maintenant... il devait être l’un des plus beaux hommes de la planète. Elle se sentit rougir et dut se répéter encore une fois qu’il n’était pas son type d’homme et qu’elle ne devait en aucun cas s’intéresser à lui.

Alors que Nate se penchait pour prendre Matthew et le soulever dans les airs, ses pectoraux et ses biceps se contractèrent, faisant battre le cœur d’Emily à mille à l’heure. La façon dont il se tenait exsudait l’assurance et attira son attention malgré elle. Voilà ce qui arrive quand ça fait trop longtemps que tu n’es pas sortie avec quelqu’un, se réprimanda-t-elle. Tu commences à envisager des hommes qui te sont interdits.

— Comment va mon petit bonhomme ? demanda Nate à l’enfant qui lui souriait.

— Super bien, répondit Matthew.

Son inquiétude d’il y avait quelques minutes s’était complètement évanouie, ce qui la fit sourire. C’était adorable de les voir ensemble. Des demi-frères avec près de vingt ans d’écart, mais tellement aimants et mignons.

Emily se leva lorsque Nate ramena Matthew vers le banc. Il l’étreignit d’un seul bras, lui faisant respirer de près son après-rasage. Son parfum était frais, propre, mais tellement masculin. Son regard s’attarda sur le mot Helen tatoué en petit sur son biceps droit. Le nom de la mère de Nate et Matthew. Emily avait toujours trouvé ce tatouage mignon, car il laissait entrevoir le côté tendre de ce Marine autrement coriace. Avant l’accident de voiture qui lui avait coûté la vie, Helen avait été une femme bien et une bonne mère.

— Comment vas-tu ? demanda Nate une fois assis sur le banc.

Matthew était installé sur les genoux de son frère et le regardait avec adoration.

— Je n’ai pas à me plaindre, dit-elle, passant sous silence sa multitude de soucis.

Nate n’aurait rien pu y faire, et elle n’avait nullement l’intention de l’accabler avec ses problèmes. Si Helen avait demandé à Emily, la nourrice de Matthew, de prendre la garde de son bébé, c’était pour que son fils aîné, Nate, puisse poursuivre la vie et la carrière qu’il avait choisies. Emily était simplement heureuse qu’il ait décidé de son plein gré de participer activement à la vie de Matthew.

— Merci de m’avoir donné des nouvelles régulières de ce petit mec, dit-il en chatouillant Matthew.

— Tout le plaisir est pour moi. Parfois, je me demande si tu reçois tous mes messages.

Néanmoins, elle avait continué fidèlement à l’informer.

— J’en reçois la plupart. Et je les adore, surtout les photos.

Il la fixa de ses yeux sombres. Ils étaient marrons et profonds, avec des taches dorées qui n’enlevaient rien à leur intensité.

— J’ai pensé que cela te plairait de voir à quel point il avait grandi.

Elle envoyait à Nate des photos de Matthew par courriel aussi souvent qu’elle le pouvait. Récemment, elle lui avait envoyé des photos de la fête d’anniversaire de Matthew, pour ses quatre ans. Elle avait souhaité emmener Matthew et un groupe d’amis fêter l’anniversaire quelque part, mais les frais et l’exposition possible aux germes l’en avaient dissuadée. Au lieu de cela, ils avaient passé une après-midi tranquille à la maison, avec les deux meilleurs amis de Matthew.

— Ça a illuminé ma journée, dit-il, et il sembla sincère.

— Je sais courir très vite maintenant, raconta Matthew à Nate. Je me suis entraîné. Tu veux voir ?

Nate jeta un coup d’œil à Emily par-dessus la tête du petit garçon. Elle leva un doigt en l’air et Nate acquiesça.

— Bien sûr, répondit Nate, mais qu’une seule fois. Et si tu courais d’ici jusqu’aux balançoires ? Ça me suffira pour voir ta vitesse.

Matthew glissa en bas du banc, leur sourit et parcourut en courant les dix mètres qui le séparaient des balançoires.

— Merci, dit-elle, quand Matthew ne fut plus à portée de voix. J’essaie de l’empêcher de se surmener, mais c’est un enfant, donc ce n’est pas évident.

— Il semble aller bien, mieux que ce à quoi je m’attendais.

Nate regarda Matthew atteindre les balançoires et se retourner pour leur faire signe.

— Il répond bien au traitement, souligna-t-elle.

Son regard resta fixé sur son fils adoptif. Comme prévu, les balançoires avaient attiré son attention. Il sauta sur un siège et commença à balancer ses jambes. Il avait récemment appris à le faire lui-même et était très fier de pouvoir se balancer tout seul sans son aide.

— Es-tu encore inquiète ? demanda Nate.

Elle aurait dû savoir qu’il ressentirait son anxiété.

— Je... oui.

Elle était déchirée, ne sachant pas ce qu’elle devait révéler ou non. Après tout, Nate ne resterait probablement que quelques semaines avant d’être à nouveau déployé. Elle pouvait facilement cacher ses inquiétudes, mais il avait le droit de connaître l’état de santé de son frère.

— Je dois trouver un nouveau médecin et une nouvelle clinique pour Matthew, ce qui n’est pas évident quand un patient est en cours de traitement, expliqua-t-elle.

Elle ne mentionna pas à quel point ses ressources étaient limitées, estimant qu’elle en avait déjà assez dit.

— Mais je suis sûre que tout va s’arranger, ajouta-t-elle sur un ton qui se voulait enjoué.

Nate observa le profil d’Emily tandis qu’elle couvait Matthew du regard. Ses lèvres rouges voluptueuses et son teint mat le hantaient ces derniers temps, sans qu’il puisse se l’expliquer. Il la connaissait depuis que Matthew était bébé et ne l’avait jamais vue autrement que comme la nounou de son petit frère, puis comme sa mère adoptive. Pourquoi maintenant, se demandait-il.

Emily était belle. Il l’avait toujours su, mais au cours des derniers mois, son intérêt pour elle avait changé. Elle faisait même maintenant des apparitions fréquentes dans ses rêves, dont certains de nature plutôt... graphique. Il avait attribué cela à la solitude qu’il avait ressentie lors de sa dernière mission. L’endroit était isolé, ne lui laissant que ses frères d’armes à qui parler. Ils avaient tous hâte de revoir les femmes de leur vie. Mais lui, personne ne l’attendait.

Ainsi, se pouvait-il que son subconscient se soit focalisé sur Emily, puisqu’elle était la seule femme avec laquelle il avait un lien ?

Peut-être. Mais qu’importait la raison, elle restait une belle femme, même si son visage semblait inquiet. Il se déplaça sur le banc, laissant plus d’espace entre eux, et détourna le regard pour se concentrer sur son frère. Il n’avait aucune envie qu’elle le surprenne à la dévisager.

— C’est inhabituel de changer de médecin à ce stade, n’est-ce pas ? demanda-t-il en gardant un ton désinvolte.

— Je suppose, oui, dit-elle en faisant un mouvement qui fit danser les bracelets en or à son poignet. Mais je pense... je pense qu’on peut trouver mieux ailleurs.

— Tu penses que les traitements ne sont pas adaptés ?

— Ce n’est pas ça. L’état de Matthew s’améliore, mais… s’interrompit-elle, semblant réfléchir, je ne suis pas satisfaite des interactions personnelles.

Qu’est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ? Instinctivement, Nate fit appel à sa formation pour essayer de déchiffrer le langage corporel de la jeune femme, mais tout ce qu’il voyait était qu’elle était mal à l’aise. Il ne pensait pas que c’était à cause de lui. Leur relation avait été amicale dès le début, sauf dans ses rêves récents où ils étaient bien plus que des amis. Mais elle ne savait rien de ces rêves et il en resterait ainsi. Il la trouvait attirante, mais elle était du genre à rechercher une histoire de conte de fées et ce n’était pas quelque chose qu’il était prêt à offrir à quiconque.

— Je ne comprends pas, dit-il, espérant qu’elle développe sa pensée.

Elle leva les yeux vers lui. Un regard déterminé, mais sexy.

— Ne t’inquiète pas. Je vais changer de clinique rapidement pour que Matthew ne perde pas le terrain qu’il a gagné. C’est à moi de prendre la décision.

Il ne voulait pas débattre de ça avec elle. Ils avaient convenu qu’elle aurait la garde complète, comme le souhaitait sa mère. Il venait de commencer sa formation de Marine et sa mère voulait qu’il poursuive son rêve et qu’il ne se sente pas obligé d’élever un garçon âgé de deux ans à l’époque. Mais cela ne voulait pas dire que le bien-être de Matthew ne lui tenait pas à cœur. Il aimait son frère et il l’aimerait toujours. Emily l’aimait aussi et voulait le meilleur pour lui. Ce qui signifiait qu’elle devait avoir de bonnes raisons de vouloir quitter sa clinique actuelle.

— Y a-t-il un problème avec le médecin ?

Emily se raidit un peu et releva le menton. C’était donc peut-être bien le docteur. Ses poils se hérissèrent, comme toujours lorsqu’il sentait une menace planer sur ceux qu’il considérait comme sa famille. Nate avait toujours posé un cordon protecteur d’un kilomètre et demi de large autour de ses proches.

— Je vais t’aider à en chercher une nouvelle, proposa-t-il.

Le choix le plus facile et le plus évident était de trouver quelqu’un d’autre pour prendre en charge le cas de Matthew.

— Si tu as besoin d’aide, n’hésite pas à me demander, ajouta-t-il.

— Merci. J’ai contacté d’autres cliniques et j’espère avoir des nouvelles bientôt. En attendant, c’est bon de le voir jouer et être heureux.

Matthew avait trouvé une jolie petite fille qui portait des nattes avec qui faire de la balançoire. Si ce n’était pour son crâne chauve, il ressemblerait à n’importe quel autre enfant de son âge en bonne santé. Nate s’était juré de passer chaque instant de libre en compagnie de son frère en attendant sa prochaine mission.

— J’aimerais bien que Matthew passe la nuit chez moi, si ça te va. Je parie qu’un peu de repos te ferait du bien. Ça ne doit pas être facile d’être une mère célibataire, surtout avec un enfant malade.

— On s’en sort, dit-elle.

— Mais une soirée pour toi toute seule, ça serait encore mieux, non ? dit-il en se penchant un peu plus près d’elle.

Elle sourit, avec une intensité qui le fit presque reculer.

— Je dois admettre que oui. Je ne fais pas confiance à beaucoup de monde pour s’occuper de lui.

— Je suis un protecteur certifié par le gouvernement, la taquina-t-il, et son grand frère.

— Je ne voulais pas dire qu’il risquerait quoi que ce soit avec toi, répondit-elle rapidement, mais je suis sélective.

— Sois aussi sélective que tu le souhaites, mais prends ta soirée.

— Je... merci, ce serait super, accepta-t-elle. Je sais qu’il sera en sécurité et qu’il adorera passer du temps avec toi.

— Marché conclu alors.

— J’apprécie ton geste. J’ai eu beaucoup à gérer ces derniers temps.

Nate se fit à nouveau le serment qu’aussi longtemps qu’il resterait en permission, il ferait tout ce qu’il pourrait pour l’aider. Peut-être que cela la chasserait enfin de ses rêves et qu’elle redeviendrait alors ce qu’elle avait toujours été pour lui : la mère de son petit frère et rien de plus.

DEUX

— S alut, mec, merci d’être passé prendre les meubles, dit Nate en saluant son vieil ami Jared Whaley sur le pas de sa porte.

Ils avaient suivi un entraînement de base ensemble, mais Jared avait récemment quitté le service pour devenir agent de police.

— Je ne bossais pas aujourd’hui, donc aucun problème, dit Jared en écartant ses remerciements d’un haussement d’épaules.

— Les rues de San Diego vont-elles rester sûres sans toi ?

— Un jour ou deux, ouais. Viens m’aider à porter ces trucs à l’intérieur.

Deux grandes boîtes et un matelas jumeau étaient posés à l’arrière du pickup de Jared. Sur le chemin du retour, après avoir rencontré Matthew et Emily dans le parc, Nate s’était arrêté pour acheter un lit et une commode pour meubler la chambre d’amis de son logement sur la base, en vue d’y accueillir Matthew. Le lit d’enfant qu’il possédait devenait trop petit pour le garçon en pleine croissance et Nate voulait que son frère soit à l’aise. Il avait pu lire du soulagement sur le visage d’Emily quand il lui avait proposé de prendre Matthew pour la nuit. Nate comptait proposer que Matthew dorme chez lui plus souvent, afin de la soulager un peu.

— Tu devrais peut-être envisager de t’acheter un pickup, dit Jared en détachant les articles et en les faisant glisser vers Nate.

— Je ne passe pas assez de temps sur place pour que ça vaille le coup. Louer une voiture, ça fonctionne bien pour moi, surtout si j’ai des amis pour m’aider.

Ensemble, ils transportèrent les boîtes dans le salon de la maison à un étage de Nate. L’endroit n’avait aucun glamour ni aucune décoration, il n’était qu’utilitaire, mais Nate aimait disposer d’un lieu à lui tout seul après avoir vécu en colocation avec son unité lors de ses déploiements.

Il ouvrit l’une des boîtes et y trouva le manuel d’instructions, ainsi qu’un sachet de vis. Nate se considérait comme un homme prêt à relever n’importe quel défi, mais monter des meubles n’était vraiment pas son truc.

— Tu veux bien m’aider à monter tout ça en échange de quelques bières ? demanda Nate avant que Jared ne se dirige vers la porte.

Son ami leva les yeux au ciel.

— J’aurais dû savoir que c’était un piège, mais je ne peux pas dire non à une bière gratuite ni à un copain dans le besoin. Est-ce que tu as des outils ou est-ce que je dois aller chercher les miens ?

— Je crois que j’ai ce qu’il faut. Je vais chercher la bière.

Il se dirigea vers la cuisine, heureux d’avoir l’aide et la compagnie de son ami. Chaque fois qu’il était dans le coin, il essayait de passer du temps avec Jared et quelques autres amis, mais son temps libre était généralement limité, alors il devait établir des priorités. Matthew était en haut de sa liste.

Nate ouvrit le réfrigérateur, marquant une pause alors que ses pensées se tournaient vers Emily, qui venait en deuxième position sur la liste en raison de son lien avec Matthew. Quelques idées déplacées lui traversèrent l’esprit, une liste de choses qu’il aimerait faire avec elle... mais il les chassa rapidement de son esprit. Lui et Emily étaient amis, et il était inquiet pour elle. Il pouvait même dire qu’il tenait à elle, d’une certaine manière. Il n’y avait rien d’autre entre eux. Rien de romantique. Il tint les bières glacées dans sa main, laissant la fraîcheur faire effet, tout en luttant contre le souvenir de ses rêves érotiques.

— Tu reviens ? appela Jared depuis le salon. Autrement j’aurai terminé de tout monter le temps que tu reviennes avec ma bière.

— J’arrive, répondit-il, et il se dirigea vers l’endroit où Jared avait déjà déballé les pièces de la commode.

Pendant qu’ils montaient les meubles, Nate raconta à Jared les progrès que Matthew avait faits vers la rémission. Il hésita à aborder le problème avec la clinique, mais il faisait confiance au jugement de son ami et voulait avoir son opinion, alors il lui raconta ce qu’Emily lui avait dit. Il ajouta qu’Emily semblait sur la réserve et mal à l’aise face à la situation.

— D’après les photos que tu m’as montrées, Emily est une belle femme, dit Jared en s’interrompant quand il aperçut le regard noir de Nate. Ne me regarde pas comme ça, il faudrait être aveugle pour ne pas le remarquer. Et si le docteur...

— Oui, j’y ai pensé aussi.

Nate fut parcouru par un élan de rage à l’idée que le médecin ait pu utiliser sa position pour essayer de contraindre Emily à une intimité non souhaitée. Protecteur dans l’âme, rien ne le rendait plus furieux qu’un homme qui faisait du mal à une femme de cette manière. Mais que quelqu’un puisse faire du mal à Emily ou la maltraiter de quelque façon que ce soit... Il serra les poings et prit quelques inspirations profondes, se rappelant qu’il ne connaissait pas les détails. Il se pouvait qu’il se trompe. Ce n’était pas comme si Emily s’était vraiment confiée à lui. Elle ne l’avait jamais fait, elle l’avait toujours tenu à distance. Il devait trouver le moyen d’obtenir la vérité, sans se rapprocher trop dangereusement d’Emily.

Il pouvait l’aider, mais rien de plus. Il n’était pas le genre de mec à pouvoir offrir plus. Il avait vu trop de couples, mariés ou non, mal finir. Le mariage de ses parents en particulier, et les autres relations de sa mère après que son père fut parti. Il y avait bien longtemps qu’il avait renoncé à croire que les histoires d’amour pouvaient bien finir.

— Si tel est le cas, je comprends pourquoi elle veut changer de clinique, déclara Jared. Mais elle devrait dénoncer le type.

— Je vais essayer de lui en parler à nouveau, mais elle était fermée comme une huître aujourd’hui. Je me demande s’il y a autre chose qui pourrait la contrarier.

Elle avait eu l’air stressée, encore plus que d’habitude. Elle était inquiète au sujet de l’état de santé de Matthew, bien sûr, mais les derniers résultats médicaux étaient bons et elle avait toujours été forte et positive quant aux chances de guérison du petit. Que se cachait-il donc derrière son anxiété actuelle ?

— C’est peut-être un problème d’argent, suggéra Jared. Les traitements contre le cancer coûtent la peau des fesses et souvent les assurances ne suffisent pas à tout couvrir. Elle travaille à son compte, non ?

— Ouais.

En tant qu’artiste indépendante, il se pouvait bien que l’assurance d’Emily soit limitée. Était-ce des questions d’argent qui l’inquiétaient ? Mon Dieu, elle n’avait qu’à lui demander. Il avait quelques économies et il lui donnerait tout ce qu’il avait. Il lui avait déjà proposé de l’aider sur le plan financier par le passé, bien avant le cancer, mais elle avait toujours