Pour te dire que je t’aime

Thierry remua son café pensivement et s’aperçut qu’il n’y avait pas encore ajouté de sucre. Fixés sur l’écran de l’ordinateur, ses yeux le piquaient, rougis et douloureux. Il soupira. Il avait l’impression qu’il ne verrait jamais le bout de ce mémoire qui pourtant le passionnait. Un sujet plus que : ressources plan . Un jour, tout ce labeur porterait ses fruits. Il fallait bien que quelque chose sorte enfin de ces nuits sans sommeil, de ces longues études de biologie entreprises à 30 ans. Bientôt, il en était convaincu, il aurait son laboratoire privé. L’heure était à la protection de l’environnement et l’eau était une ressource précieuse. L’idée de Thierry était de collaborer avec des entreprises de forage privées. Les particuliers y faisaient de plus en plus appel.

Il but une gorgée de café et se frotta les yeux.

Par la fenêtre, il vit que le jour commençait à se lever. L’automne était doux, plus que cela même. Ce mois d’octobre ressemblait à un début d’été.

Thierry regarda autour de lui, cet appartement modeste qu’il louait sous les toits parisiens, où la chaleur était étouffante en été et où l’isolation n’était pas des meilleures en hiver. Il s’agissait d’anciennes chambres de bonne dans un hôtel particulier du xviii^e siècle. L’endroit était assez plaisant si l’on n’y regardait pas de trop près, mais lui aurait coûté les yeux de la tête s’il n’y avait eu Marie, sa colocataire. Et même comme ça, le budget était souvent difficile à boucler. Qu’importe, il se sentait bien ici.

Marie se lèverait bientôt et il se coucherait. Il ne la verrait pas prendre son petit déjeuner, avec ses immenses yeux bleus fixés sur un coin du mur, mal réveillée, sans doute de mauvaise humeur.

« Marie… Marie… Marie… » Thierry venait d’articuler trois fois ce prénom, le plus beau du monde, selon lui. Il ne se lassait jamais de l’entendre. Quelquefois, il appelait la jeune femme rien que pour la voir se tourner vers lui, sourire et lui dire : « Tu es