Ensemble, c’est tout

Le nez collé au hublot, Stéphane regarde la mer de nuages qui s’étend au-dessous de lui, le séparant de la terre d’où son avion a décollé une heure plus tôt. Ce déplacement va lui faire du bien : ça fait trois mois qu’il vit dans un deux-pièces au papier peint démodé et au parquet grinçant. Il l’a loué précipitamment quand Rachel lui a dit qu’il valait mieux qu’ils se séparent. Stéphane travaille au sein d’une association fondée par Alexandre. L’association intervient en Afrique, en Amérique latine et en Asie pour aider les petits éleveurs locaux à accroître leur production de lait ainsi qu’à l’acheminer jusqu’aux marchés de la région. Elle favorise également une distribution plus large des produits élaborés par le biais du commerce équitable. Sa rencontre avec Alexandre, homme aussi cultivé que modeste, a été déterminante. Il s’était proposé de diriger sa thèse sur les performances de reproduction par insémination artificielle en élevage laitier. Stéphane avait tout de suite été enthousiasmé par les activités menées par Alexandre et ses associés.

Avant même la soutenance de sa thèse, le directeur de recherche et son élève, faisant fi de leurs vingt ans d’écart, étaient devenus très proches. Et le jeune doctorant s’était engagé à intégrer l’association et à participer activement à toutes ses missions.

Son doctorat en poche, Stéphane avait ainsi parcouru l’Afrique, du Mali au Niger, du Togo au Sénégal.

Dans ce dernier pays particulièrement, la baisse des droits de douane sur les denrées importées avait porté préjudice aux petits exploitants. Avec d’autres, et en particulier avec des éleveurs locaux, Stéphane avait contribué à la création de coopératives laitières en Haute-Casamance. Tous les acteurs de ces projets s’étaient battus pour valoriser la production de lait, en organiser la collecte, et pour mettre sur pied des ateliers de transformation de la matière première, se démenant pour trouver le matériel destiné à les équiper.

tout en conservant