Une paisible retraite
Un bien brave homme, ce Marcel Ligier.
Tout le monde l’estime dans le village où il s’est installé cinq ans plus tôt pour y vivre une paisible retraite.
A la mort de Catherine, son épouse durant cinquante et une années, Marcel s’ennuyait. Elle et lui s’étaient tant aimés ! Dans leur appartement parisien, il tournait en rond, ne rencontrait jamais personne.
Midi et soir, été comme hiver, il mangeait tout seul, debout dans sa cuisine, puis s’installait dans son fauteuil au cuir usé et somnolait devant son téléviseur allumé sans prêter attention à l’émission en cours. Le soir, il se couchait à 20 heures après avoir avalé une soupe et les onze cachets et gélules que l’infirmière avait préparés à son intention dans un semainier.
Le matin, Marcel était debout à 6 heures, avalait trois autres médicaments, ingurgitait un bol de café puis regardait l’horloge murale pour voir les heures s’écouler lentement, très lentement. Dehors, la ville s’animait peu à peu mais il en était exclu.
Quel avenir pour lui ?
Il n’avait alors que 73 ans, n’était plus en très bonne forme mais espérait vivre encore une bonne dizaine d’années au moins. Dix ans ! Une éternité ! Pour faire quoi ? Continuer de tourner ainsi en rond sans plus rien attendre, plus rien espérer ?
Cette existence n’est pas une vie ! comme le disait Louis Jouvet dans un vieux film dont Marcel a oublié le titre.
Marcel n’avait plus aucun but, aucun désir. Aucune famille non plus. Catherine ne lui avait pas donné d’enfants, le grand malheur de leur couple. Il n’avait ni frère, ni sœur, ni même un cousin éloigné. Il était seul au monde et nul ne se préoccupait de lui. Les jours se suivaient et se ressemblaient : la même monotonie sans loisirs, sans distractions hormis cette satanée télé et une promenade dans le parc pendant une heure, un jour sur deux, à regarder les enfants jouer sur la pelouse. Parfois, il risquait quelques mots gentils à une mère
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