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Guerre Magique: Vegas Paranormal/Club 66, #6
Guerre Magique: Vegas Paranormal/Club 66, #6
Guerre Magique: Vegas Paranormal/Club 66, #6
Livre électronique243 pages3 heures

Guerre Magique: Vegas Paranormal/Club 66, #6

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À propos de ce livre électronique

Le Grand Secret est mort.

En découvrant l'existence des surnaturels, certains humains sont gagnés par la haine. Ils se sont rassemblés autour du Club 66, armes en main.
À l'intérieur, Erica, son équipe et leurs clients.

Le siège du club a commencé.
Qui en sortira vivant?

Guerre Magique est le 6e et dernier volet de la série Club 66.

LangueFrançais
Date de sortie18 avr. 2022
ISBN9791095394495
Guerre Magique: Vegas Paranormal/Club 66, #6

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    Aperçu du livre

    Guerre Magique - C. C. Mahon

    1

    L’un des avantages de vivre à Las Vegas, c’est qu’on trouve toujours un restaurant où bruncher, même en fin d’après-midi en pleine apocalypse magique.

    J’avais passé un excellent moment avec Nate, et nous avions décidé d’affronter la fournaise de l’été pour retourner à pied au club, main dans la main. J’avais étendu mes ailes pour nous protéger des assauts du soleil et en profitais pour marcher tout contre mon compagnon. La chaleur qui me brûlait les joues n’avait rien à voir avec la météo. Pourquoi avais-je tenu cet homme à distance si longtemps alors que je me sentais si bien avec lui ?

    Peut-être avais-je eu besoin d’apprendre à être seule avant de laisser entrer quelqu’un dans ma vie ?

    Je m’étais prouvé ma force, ma capacité à me débrouiller sans aide… mais je devais reconnaître qu’avoir un grizzly-servant à mes côtés avait du bon, songeai-je en coulant un regard amoureux à mon compagnon.

    Nate renifla et s’immobilisa au milieu de la rue.

    — Un problème ? dis-je.

    — De l’essence enflammée, de la poudre et de la sueur humaine. Ça sent les ennuis.

    Les métagrizzlis ont un odorat puissant, et Nate ne faisait pas exception à la règle. Sans perdre de temps, je modifiai le sortilège qui dissimulait mes ailes de walkyrie.

    — Nous sommes invisibles, chuchotai-je.

    Nous reprîmes notre avancée, frôlant les murs pour rester dans leur ombre. Avant même d’apercevoir mon hangar, je distinguai le miroitement de la magie au-dessus du pâté de maisons.

    — Les protections du club ? souffla Nate.

    — Le mode d’urgence s’est activé, confirmai-je. Quelqu’un attaque le hangar.

    « Quelqu’un » se révéla être plusieurs dizaines de personnes, la plupart habillées en pantalons camouflage, T-shirts bariolés et casquettes écarlates. L’odeur de poudre venait à n’en pas douter des nombreuses armes automatiques arborées par les manifestants. Quant à la puanteur de l’essence brûlée, elle se dégageait de monticules assemblés autour du hangar et qui flambaient joyeusement comme des feux de Saint-Jean.

    — Tu penses qu’ils ont essayé de forcer l’entrée ? demanda Nate.

    — Ils ont dû faire quelque chose pour déclencher les protections, dis-je. Quelques flammes au milieu de la rue n’auraient pas suffi…

    Comme pour confirmer mes paroles, une canette décrivit un arc de cercle au-dessus du groupe. Un bon mètre avant de rencontrer le mur du hangar, l’objet se cogna aux protections magiques et retomba sur le trottoir. Des cris de mécontentement s’élevèrent, aussitôt suivis d’une rafale d’arme automatique. Le bruit, sec et saccadé, me fit tressaillir.

    — On peut faire demi-tour, suggéra Nate.

    — Hors de question. Le club ouvre dans une petite heure, et je ne vais pas me laisser chasser de chez moi. J’appellerai la police depuis la ligne fixe pour qu’ils dispersent ces imbéciles.

    Toujours invisibles, nous approchâmes en silence. Je rabattis mes ailes le long de mon corps, peu encline à me faire griller les plumes, et précédai Nate entre les barrages enflammés.

    En me glissant entre les groupes de manifestants, j’entendis des bribes de conversations. Deux thématiques se dégageaient : les fiers possesseurs de fusils semi-automatiques qui discutaient des mérites comparés de leurs jouets, et les mécontents qui en avaient marre des monstres qui contrôlaient Las Vegas et avaient décidé de les chasser de la ville. J’essayai très fort de ne pas me vexer de cette appellation. Quelques soirs plus tôt, Britannicus m’avait fait tout un cours sur l’image du monstre dans l’imaginaire occidental masculin, et j’avais décidé de ne plus jamais prononcer ce mot devant mon ami, de peur qu’il se lance dans l’autre partie de son exposé, à savoir le monstre dans l’imaginaire féminin.

    Quant à l’idée que les surnaturels contrôlaient Las Vegas, elle me donnait envie de ricaner amèrement. S’il y avait un seul endroit que je tentais de contrôler, c’était ce hangar où j’avais ouvert mon night-club. Et même ça, ce n’était pas gagné.

    Mais le pire, c’était de penser à nous chasser de Las Vegas. Car la ville était toujours sous cloche, enfermée dans un dôme invisible qui ne laissait passer ni la magie ni les êtres surnaturels. Nous étions tout simplement coincés à Sin City.

    Les casquettes écarlates attirèrent mon attention. Elles semblaient toutes identiques et portaient un slogan brodé au-dessus de la visière. Je pris le temps de déchiffrer :

    « Rendons Vegas Humain. »

    Court et clair.

    Je m’immobilisai devant l’entrée du hangar. Deux feux différents me chauffaient le dos.

    — Je vais créer une illusion pour dissimuler l’ouverture de la porte, soufflai-je.

    Nate acquiesça, le visage fermé et les yeux fixés sur la foule des manifestants, qui continuaient à tonitruer à quelques mètres de nous à peine.

    Je reconstituai mentalement l’image de la porte close et la projetai juste derrière nous, puis déverrouillai la serrure. Je commençai à repousser le battant métallique, lentement, dans une tentative désespérée pour l’empêcher de grincer, quand Nate se jeta sur moi :

    — À terre !

    Une nouvelle rafale d’arme semi-automatique déchira l’air surchauffé. Coincée sous Nate — qui pesait son poids de grizzly — je me tordis le cou en direction des protestataires. Personne ne nous regardait, et déjà l’arme automatique s’était tue.

    — Désolé, marmonna Nate en m’aidant à me relever. Quand je l’ai vu épauler, j’ai cru qu’il nous avait repérés. Mais il a tiré en l’air.

    Je me glissai dans le hangar et, d’une pression de la main sur le panneau de contrôle, désactivai le mode d’urgence des sortilèges de protection. Puis j’attirai Nate à ma suite et refermai le battant d’un coup d’épaule, sans me soucier du bruit. Je verrouillai immédiatement la porte, réactivai le mode d’urgence, et poussai un long soupir de soulagement.

    2

    L’intérieur du hangar, éclairé par les sortilèges multicolores, était plongé dans une agréable fraîcheur.

    — Descendons, dis-je. Je nous fais un café et j’appelle le commissariat.

    — Ça faisait bien trois jours que personne n’était venu manifester, remarqua Nate. J’avais fini par espérer ne plus les voir. Quand vont-ils se lasser ?

    Je rabattis mes ailes pour descendre l’escalier et ouvris la double porte qui menait au bar :

    — J’imagine qu’ils n’ont rien de mieux à faire de leur temps. Lola dit que de nombreuses entreprises ont fait faillite à cause du blocus magique. Dans un sens ils n’ont pas tort. On ne contrôle pas la ville, mais on l’a mise dans un sale état.

    La machine à espresso chuinta, et je posai deux tasses de café sur le bar. Nate se percha sur un tabouret, face à moi.

    — Tu t’en veux encore pour cette histoire de fuite magique ?

    — J’ai fini par comprendre que la responsabilité revient à celui qui a foré dans la ley line au mépris de toutes les règles. Callum a mis la ville en danger pour son bénéfice personnel. Mais je ne peux m’empêcher de me dire que si je ne l’avais pas poursuivi au milieu de ces cristaux…

    Par-dessus le bar, Nate posa un doigt sur mes lèvres :

    — Ce qui est fait est fait, dit-il. Et Las Vegas n’est pas non plus un champ de ruines. Ces manifestants finiront par trouver une autre cause pour occuper leurs journées. Ou même un nouveau boulot. Ce n’est pas la première crise économique de l’histoire, et Vegas possède une impressionnante capacité à rebondir. Tout ira bien.

    Je me laissai bercer par ses paroles et pris le temps de déguster mon café sans plus me faire de soucis. Mais la réalité se rappela à moi :

    — Il est déjà tard. Il faut que l’entrée du club soit dégagée avant que les clients n’arrivent !

    Je décrochai le téléphone et composai le numéro du commissariat. Je commençais à le connaître par cœur.

    — Bonjour, Erica St Gilles, propriétaire du Club 66, dis-je.

    — Encore ! grommela une voix masculine. Qu’est-ce qui vous arrive cette fois-ci ?

    Je passai outre le ton agressif et expliquai la situation.

    — Liberté de rassemblement, lâcha le policier.

    — Pardon ? Vous avez entendu quand j’ai parlé des barrages enflammés et des rafales d’armes à feu ?

    — Pour les incendies, appelez les pompiers.

    — Et pour les gens qui tirent sur mon club ?

    — Probablement un pot d’échappement qui pétarade. Vu que seuls les vieux tacots arrivent à démarrer, c’est devenu habituel. Vous vous y ferez.

    — Et si ces gens tirent sur mes clients, je fais quoi ?

    — Si un être humain est blessé, appelez les urgences.

    L’emphase mise sur les mots « être humain » me fit grincer des dents. Mais déjà le flic avait raccroché.

    Je reposai le combiné plus fort que nécessaire, et l’appareil téléphonique tomba du mur.

    — Pas de police, hum ? fit Nate d’une voix douce.

    — Et Johnny va bientôt arriver.

    Mon barman était toujours ponctuel. Et son torse était recouvert de plumes de paon, qui dépassaient du col de ses chemises. Si les protestataires lui mettaient la main dessus…

    — Montons guetter son arrivée, suggéra Nate. Tu pourras lui faire passer le barrage sous ton sortilège d’invisibilité.

    Johnny était couvert de plumes, mais il ne possédait aucune magie propre, et était incapable de changer son apparence comme les autres surnaturels savaient le faire. C’était le plus démuni de mes employés.

    Je suivis Nate au rez-de-chaussée et désactivai le mode d’urgence des sortilèges de protection pour qu’ils laissent passer mon barman. Puis, au lieu de rouvrir la porte, je désignai le second escalier :

    — Nous aurons une meilleure vue depuis le loft, dis-je.

    Mais déjà la serrure claquait et la porte s’ouvrait. Une flopée d’injures pénétra les protections magiques en même temps que Johnny. Le barman passa sous le rideau multicolore des sortilèges, qui le reconnurent comme faisant partie du personnel.

    — Tout va bien ? lançai-je.

    Johnny sursauta :

    — Ah, patronne, qu’est-ce que vous faites plantée là dans le noir ?

    — Nous voulions t’accueillir dehors pour t’aider à passer les barrages, expliqua Nate. Personne ne t’a fait de mal ?

    — Nah. Ils m’ont injurié et je leur ai rendu au double. Une femme m’a postillonné au visage et j’espère qu’elle n’est pas enrhumée. Mais je n’aime pas toutes ces armes. À quoi ça sert de venir armé si ce n’est pas pour tirer sur les gens ? Ils arrivent bientôt les poulets ?

    — Pas ce soir, dis-je d’une voix morose. On m’a conseillé d’appeler les pompiers.

    — C’est pas idiot, remarqua Johnny. Ils ont des lances à eau sacrément puissantes pour nettoyer la rue de ces ordures…

    Quinze minutes après mon appel, un camion rouge descendit la rue toutes sirènes hurlantes. Les protestataires se massèrent pour lui barrer le passage. Depuis mon loft, Nate et moi suivions l’évolution de la situation. Après quelques minutes de négociations visiblement animées, un pompier retourna vers le camion en secouant la tête. Un instant, je craignis de voir l’engin repartir d’où il venait. J’aurais dû placer plus de confiance dans les soldats du feu. Puisque la foule empêchait le camion de passer, les pompiers déployèrent leur échelle au-dessus des protestataires. Deux soldats du feu y grimpèrent en tirant derrière eux le large tuyau de la lance à incendie. Et le déluge s’abattit sur les barrages enflammés.

    Les pompiers prenaient visiblement soin de ne pas doucher directement les manifestants, mais les trombes d’eau qu’ils déversaient auraient suffi à décourager n’importe qui.

    Et c’est ainsi que la rue fut dégagée en un temps record, et sans faire un blessé.

    Juste après le départ du camion, Barbie, Gertrude et Vera arrivèrent coup sur coup et descendirent aider Johnny au sous-sol. Eupraxie les suivait de près, toujours chic avec son foulard drapé sur les serpents de son crâne et ses larges lunettes de star qui l’empêchaient de pétrifier tous ceux dont elle croisait le regard.

    — La rue est trempée et j’ai abîmé mes escarpins dans cette eau sale, grommela-t-elle en franchissant le seuil. Il n’a pourtant pas plu.

    — Les protestataires sont revenus, dis-je. Cette fois ce sont les pompiers qui les ont dispersés.

    — J’ai raté les pompiers ? Flûte alors.

    — Je veux que tu gardes l’œil ouvert cette nuit, dis-je. Préviens-moi immédiatement si les manifestants reviennent. Et ne pétrifie personne.

    3

    Les premiers clients venaient à peine d’arriver au bar quand une tignasse blonde coupée trop court attira mon attention.

    — Lola ! m’écriai-je.

    Je me précipitai vers mon amie et la pris dans mes bras.

    La dernière fois que j’avais vu Lola, c’était dans un nid de vampires psychiques, et elle était à peine en vie.

    — Comment vas-tu ? Ça fait longtemps que tu es sortie de l’infirmerie de la Douane ? Viens, je t’offre un verre.

    Je pensai alors à relâcher mon étreinte et libérer mon amie. Elle avait une petite mine : trop pâle, les yeux cernés, et son expression des mauvais jours.

    — Tu es en uniforme ? remarquai-je. Tu as déjà repris le boulot ?

    Lola était détective, et travaillait toujours en civil. Jamais je ne l’avais vue dans cette chemisette beige.

    — Il m’a mise à la circulation, gronda Lola.

    J’entraînai mon amie vers le comptoir. Je la laissai se hisser sur un tabouret — pas une mince affaire quand on est aussi petite — et me glissai derrière le bar :

    — Cocktail ou bière ?

    — Bourbon, grogna-t-elle.

    Johnny fut plus rapide que moi et déposa un double whisky devant Lola. Celle-ci le vida d’un trait.

    — Wahou, fis-je, doucement. Ne roule pas sous le comptoir avant d’avoir eu le temps de me raconter.

    Elle fit signe à Johnny qui, après m’avoir consultée du regard, lui versa une nouvelle dose de bourbon.

    — Je suis sortie de l’infirmerie ce matin, expliqua Lola, et je me suis directement rendue au commissariat. Quand je suis arrivée devant mon bureau, j’y ai trouvé quelqu’un d’autre. Mes affaires étaient dans un carton. Le commissaire voulait me voir.

    — C’est à cause de Matteo ?

    Lola secoua la tête et vida la moitié de son verre :

    — Non, c’est à cause du commissaire qui est un raciste de première et qui ne supporte pas « qu’un de ses hommes » — je cite — sorte avec un vampire. Il m’a mise à la circulation « en attendant que je reprenne mes esprits ».

    — Ce qui veut dire ?

    — Que j’ai trois jours pour rompre avec Matteo. Faute de quoi il me vire avec un blâme.

    — Il n’a pas le droit ! m’écriai-je.

    La moue de Lola prit un pli encore plus amer :

    — Ça n’arrêtera pas le commissaire Godzilla.

    — Il ne s’appelle pas…

    Elle secoua la tête.

    — Commissaire Robert Rodney Gorzala. Un connard de première que tout le monde se fait un plaisir d’appeler…

    — Godzilla, je vois. Et qu’en pense Matteo ?

    — Je ne lui en ai pas encore parlé. Je ne sais pas quoi lui dire.

    — Comment ça ?

    — Je refuse de choisir entre Matteo et mon job. Je refuse de choisir entre les surnaturels et les humains. Je ne vois pas pourquoi il faudrait que je renonce à l’un ou l’autre. Ça n’a pas de sens. On se croirait revenus à l’époque de la Ségrégation, quand les gosses jetaient des cailloux sur les couples mixtes qu’ils croisaient dans la rue… Cette ville a déjà assez de problèmes. On serait plus forts si on y faisait face tous ensemble, tu ne crois pas ?

    Les surnats et les humains ensemble ? J’avais de plus en plus de mal à y croire.

    Je me retins de lui raconter ma mésaventure téléphonique avec le commissariat. « Si un être humain est blessé, appelez les urgences. » Cette phrase allait me poursuive longtemps. La pauvre avait déjà assez de soucis sans que je lui raconte le racisme ouvert de ses collègues.

    — Qu’est-ce que tu vas faire ? dis-je.

    — J’y ai réfléchi toute la journée, et je ne sais toujours pas. Qu’est-ce que tu ferais à ma place ?

    — Si je devais choisir entre le club et Nate ?

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