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La Pelle de l'Imaginaire
La Pelle de l'Imaginaire
La Pelle de l'Imaginaire
Livre électronique169 pages2 heures

La Pelle de l'Imaginaire

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À propos de ce livre électronique

Plongez dans l'univers de l'extraordinaire avec "La Pelle de l'Imaginaire" - une collection unique de sept nouvelles fantastiques, toutes liées par deux éléments étonnamment communs : la magie et... une pelle.

Sept autrices talentueuses de fantasy ont uni leurs forces pour vous transporter dans des mondes où le surnaturel côtoie l'ordinaire, où le mystique rencontre le pragmatique. Vous découvrirez des histoires captivantes, parfois drôles, parfois touchantes, où chaque pelle soulève un coin du voile qui sépare notre monde de l'inconnu.

Parce que, dans ces mondes, certains problèmes exigent des solutions magiques. Pour d'autres, un bon coup de pelle suffit.

Préparez-vous à creuser dans la richesse de l'imaginaire, à chaque page tournée, une nouvelle aventure vous attend.

LangueFrançais
Date de sortie24 oct. 2023
ISBN9791095394778
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    Aperçu du livre

    La Pelle de l'Imaginaire - Les Plumes de l'Imaginaire

    A PELLE MOI

    LYLY FORD

    Quand tu t’ennuies dans ton jardin,

    Prends-moi dans tes petites mains.

    Avec moi, oui tu verras,

    La vie te sourira.

    La joie tu ressentiras,

    Quand un coup sur la tête tu donneras. ¹

    Je chantonne cette chanson en espérant me faire entendre par cette femme qui passe dans mon jardin. Le son mélodieux semble attirer son attention et elle se tourne vers moi. Intérieurement, je souris. Encore une fois, mon pouvoir fonctionne sur les humains.

    Sans surprise, elle s’empare de mon manche en bois et c’est un délice, comme une caresse, de sentir ses doigts sur moi. Je frémis à l’idée de la suite de notre petite aventure.

    Je continue de lui chantonner ma mélodie, l’envoûtant à mesure qu’elle s’approche du voisin qui tond sa pelouse. Le coup est rapide, sans doute violent pour lui, mais cela me procure un plaisir décuplé alors que je vois ce sang m’habillant d’un nouveau manteau.

    J’aime cette sensation, j’aime cette couleur rougeâtre qui maquille mon fer.

    Hélas, le sentiment ne dure pas assez à mon goût, cette humaine lâche mon manche et hurle.

    Pff, et dire qu’on s’amusait si bien ensemble…

    Parfois, ils se réveillent bien avant la fin de mon incantation et dans ces cas-là, il ne me reste plus qu’une chose à faire. Je disparais littéralement, les laissant avec leurs tracas. Je trouverai bien une autre âme à tourmenter.

    Je n’ai aucun souvenir de qui m’a forgée, de qui m’a façonnée, sans doute un sorcier, un fou qui voulait se débarrasser de ses ennemis. Mais, cela m’importe peu, je suis une pelle magique et mon pouvoir n’a pas de limite. J’en abuse, j’en jouis, je m’éclate oui au détriment du genre humain, faible créature manipulable.

    J’ai fini par trouver une nouvelle maison, j’entends des rires d’enfants, un chien qui court. Je déteste ce genre d’animal, ils ont tendance à pisser sur mon magnifique bois, je ne suis pas un urinoir !

    Le père de famille sort dans le jardin, il me fixe un instant et je le vois qui s’approche de moi, je n’ai même pas eu à chanter pour le moment. Apparemment, on a du travail.

    Je le laisse m’utiliser à sa guise, à retourner la terre, j’aime ce goût terreux, mais rien ne vaut celui métallique de l’hémoglobine.

    Attendons, patiemment, attendons avant de saisir l’occasion unique…

    Les jours passent, l’homme se sert de moi encore un peu, je chantonne délicieusement à son oreille, je commence ma manipulation. Oh perfide que je suis !

    Je n’ai pas encore réfléchi à ce que je veux qu’il fasse, je l’observe. Lui, sa vie parfaite, ses mômes, son stupide bâtard et sa femme enceinte comme un ballon de foot.

    L’atmosphère change en un après-midi d’été. Il fait chaud, et j’en ai marre d’attendre sagement. Je ne reste jamais bien longtemps sans me divertir et cela fait quelques semaines que je n’ai pas commis de crime, je suis en manque, comme une droguée.

    Par chance, ce jour-là, mes humains ont de la visite, je découvre qu’il s’agit de la belle-mère. Si j’en crois l’expression de mon propriétaire, il ne semble pas la porter dans son cœur.

    Ne t’inquiète pas, nous allons arranger ce détail…

    La famille se réunit dans le jardin, les enfants jouent, le clébard m’a fixée mais je lui ai susurré un petit chant et je le vois qui panique avant de s’enfuir. Quel dommage que je n’ai pas de pouvoir sur les animaux, je pourrais aussi me débarrasser de celles qui me répugnent le plus.

    Bref, trêve de plaisanterie, l’homme s’approche du barbecue et par chance, la cabane contre laquelle je suis posée n’est pas loin.

    Quand tu t’ennuies dans ton jardin,

    Prends-moi dans tes petites mains.

    Avec moi, oui tu verras,

    La vie te sourira.

    La joie tu ressentiras,

    Quand un coup sur la tête tu donneras.

    Et voilà, la magie a opéré ! Il se saisit de mon manche. Oh, si j’étais de chair, je crois que je frissonnerais de désir pour lui, ses mains sont robustes, il me tient fermement. Il se dirige vers sa victime, ma victime, et le coup est fatal. Bye bye la belle doche !

    Évidemment sa femme pousse un cri d’horreur, mais hors de question de briser notre alliance si précieuse. Il me brandit au-dessus de sa tête et je vois son épouse qui prend peur, elle court s’enfermer dans la maison. Sans doute va-t-elle appeler les flics ? Je m’en fiche, je savoure le moment. Si j’avais des lèvres, j’embrasserais mon homme. Et je le remercierais, nous avons encore du travail qui nous attend.

    C’est la meilleure des sensations, les coups qui pleuvent sur la vieille bonne femme, son crâne qui se fracasse en même temps que je sens la jouissance monter en moi, c’est puissant, violent, majestueux. Ce sang partout, sur moi, sur lui, sur nous. Nous ne faisons qu’un, mais hélas, on va bientôt me priver de mon humain, alors je le hâte. Il creuse un trou, le goût de terre se mêlant à celui si bon du sang. Je suis une pelle horrible, je ne le cache pas, j’ai un penchant pour ce genre d’instant. Un instant que j’aimerais voir perdurer. Malheureusement, comme je le craignais sa salope de bonne femme a appelé les flics. Si je ne me barre pas vite, on va me prendre comme pièce à conviction, et j’ai horreur de finir dans des sacs, j’étouffe… Je veux respirer, rire, chanter !

    Et merde, j’étais tellement prise dans mon délire que je n’ai pas vu les poulets qui ont débarqué et entourent mon homme… Voilà je suis à nouveau sous scellé !

    Putain que je déteste cette situation… Si je me téléporte, je ne vais hélas pas savoir où je vais être envoyée. Mon pouvoir est génial, sauf quand j’ai trop donné de ma personne et que je suis littéralement à plat… Il me faut toujours un temps pour recharger mes batteries.

    Mon sorcier avait une case en moins quand il m’a créée, il n’a pas pensé que les gens voudraient m’enfermer, alors ma magie, eh bien… elle ne fonctionne pas bien lorsque je suis prisonnière.

    Bravo mon beau magicien ! La prochaine fois réfléchit : Une pelle tueuse, tout le monde n’adhère pas… Il a bien des fous et psychopathes qui prendront plaisir à m’avoir, mais la majorité des humains est trop… lisse.

    Je réfléchis à mon problème. Si je fuis, je vais peut-être atterrir dans une super maison ou alors dans un bois et je vais passer des mois à attendre un chasseur, à prendre des coups par les rongeurs ou à servir de pots de chambre…

    Je sors de mes pensées pour voir un petit poulet qui entre dans la pièce. Oui une pelle ça pense, ça réfléchit, ça fomente des plans démoniaques ! Une pelle c’est plus malin que n’importe qui ! Retiens-le !

    Une idée folle me prend. Un massacre dans un commissariat, je n’ai jamais fait cela !

    Quand tu t’ennuies dans ton jardin,

    Prends-moi dans tes petites mains.

    Avec moi, oui tu verras,

    La vie te sourira.

    La joie tu ressentiras,

    Quand un coup sur la tête tu donneras.

    Le policier pivote vers moi, je continue mon envoûtement avec précaution. Foutu sac qui m’empêche de le maîtriser aussi vite que je devrais ! Il secoue la tête et je ne renonce pas.

    Allez mon poulet, toi et moi on a un destin qui nous attend ! Laisse ta petite pelle bercer ta vie de meurtres et de plaisirs…

    C’est avec une joie immense, que je respire enfin. Le plastique a disparu et ses mains fortes me tiennent. Bon, elles ne semblent pas aussi puissantes que mon dernier homme. Oh, il me manque, je crois que nous formions une bonne équipe, on aurait pu faire un peu de jardinage ensemble un long moment…

    Mais la vie est ainsi, j’ai trouvé mon flicaillon et lui et moi ça sera à la vie, et surtout à la mort…

    Il frappe le premier type qu’il voit en sortant de la salle des scellés, sa mâchoire explose sous la violence du coup. Mes forces reviennent, mon pouvoir s’éveille et je suis bien décidée à réduire ce commissariat en un tas de cadavres.

    — Bertrand, mais t’as perdu la tête ?!

    Mon petit Bertrand lui répond de ma manière favorite : mes lèvres de fer s’écrasent sur son crâne.

    Des cris retentissent dans le bâtiment, mais je chante à mon flic adoré.

    Vas-y, explose-lui la gueule !

    Vas-y coupe-lui littéralement le sifflet !

    Vas-y, Bertrand, je suis avec toi !

    Bing, bing, ce son est mélodieux, fantastique ! J’aime lorsqu’il résonne sur mon métal.

    Les corps s’entassent dans le bâtiment. Bertrand continue notre jeu favori. Il a brisé le tibia d’un « collègue », le mec hurle et mon poulet favori me laisse achever son souffle d’un coup bien senti sur la figure. Tout ce sang, tout ce rouge qui m’habille, je suis une reine. Une reine écarlate et j’aime cela.

    Mais toutes les bonnes choses ont une faim ou fin ? Les deux me conviennent…

    Bertrand tombe au sol, abattu d’une balle, par un courageux. Il tombe sur moi, je partage son dernier soupir avant de disparaître dans un lieu inconnu. Et oui, je ne peux jamais savoir où je vais, c’est un peu le problème, mais si l’endroit ne me convient pas et que je ne suis pas à plat, je me téléporte à l’infini.

    Merci, Bertrand, ce fut jouissif !

    Et voilà, je me retrouve à nouveau dans un jardin. Je vois une vieille dame qui s’occupe de ses plantes. J’ai toujours adoré les mamies tueuses ! Cela fait les gros titres !

    En fait, je vous l’avoue, les enquêtes criminelles les plus étranges que vous pouvez voir dans les journaux, à la télévision… C’est moi ! La classe, n’est-ce pas ?

    L’hiver s’en va, le printemps renaît, les oiseaux chantent et je me surprends à vouloir les faire taire. Les chiens, les rongeurs, les oiseaux, se sont les pires. OK, les chats un peu, ils grattent mon bois ou se frottent dessus, mais je les tolère un peu plus… Je précise « un peu plus », mais j’ai mes limites…

    Ma vieille grand-mère a fini sous les verrous, mais elle semblait maline car elle m’a déposée dans son jardin après m’avoir nettoyée délicatement. Sa maison est reprise par son petit-fils. Il doit avoir dans les vingt ans, il est blond, grand, élancé, ses mains sont fines, mais je l’imagine déjà me manier…

    C’est la première fois que cela m’arrive, je dois vieillir ? Ou alors entre les évasions multiples et mon bois qui n’est plus aussi beau qu’avant, j’ai perdu de ma magie ?

    Je lui chante matin et soir à ce petit con, et il ne m’entend pas !

    Je ne comprends pas…

    Que se passe-t-il ?

    Je pourrai disparaître et chercher un nouveau lieu, mais je suis obsédée par ce merdeux qui m’ignore…

    Un nouvel hiver apparaît. Voilà des mois que je tente de l’attirer dans « mes filets », mais rien à faire. Il fait sa vie, il voit des gens, beaucoup de gens même, mais rien à faire… Il est toujours enfermé dans cette baraque…

    Est-il sourd ? Même ceux-là je peux les avoir en mon pouvoir ! JAMAIS ON NE ME RÉSISTE, BON SANG !

    Ah le sang, je suis en manque, je veux ma dose et ce gamin m’en prive !

    Un soir par chance, j’entends du bruit, je me réveille. Oui, je pionce vu que je ne peux pas m’amuser, faut bien reprendre des forces en attendant… Et je vois cette fille qui court dans le jardin, à moitié nue, pleurnichant, appelant « au secours ».

    Ah la voilà mon aubaine ! Je vais te faire payer ton ignorance mon petit voisin adoré…

    Quand tu t’ennuies dans ton jardin,

    Prends-moi dans tes petites mains.

    Avec moi, oui tu verras,

    La vie te sourira.

    La joie tu ressentiras,

    Quand un coup sur la tête tu donneras.

    La fille s’arrête à quelques pas de moi, ses pieds sont nus, ils glissent sur l’herbe, j’entends sa respiration saccadée et des pas derrière elle.

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