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La Terre Vorace - Livre Élémentaire II
La Terre Vorace - Livre Élémentaire II
La Terre Vorace - Livre Élémentaire II
Livre électronique372 pages5 heures

La Terre Vorace - Livre Élémentaire II

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À propos de ce livre électronique

Devon Sanders, un détective privé réputé pour son efficacité et sa discrétion, a décidé de devenir un sorcier accompli. Il retourne donc à l’université paranormale afin d’y apprendre la magie et de découvrir l’histoire de l’étrange château. Mais c’était sans compter sur ce que lui réservait ce nouveau semestre à Quintessence.

Quand un étudiant meurt sans cause apparente, la recherche d’un témoin mène Devon à la découverte de secrets inattendus, enfouis dans les profonds sous-sols de l’université. Pour sauver le monde paranormal dont il fait désormais partie, il devra affronter un ennemi capable de retourner ses propres pouvoirs contre lui. Pour résoudre cette affaire, Devon va devoir se fier à bien plus qu’à sa seule intuition exceptionnelle.

Plongez au cœur de la magie élémentaire.

LangueFrançais
ÉditeurBadPress
Date de sortie13 mars 2016
ISBN9781507134511
La Terre Vorace - Livre Élémentaire II

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    Aperçu du livre

    La Terre Vorace - Livre Élémentaire II - Rain Oxford

    Sommaire

    Chapitre 1

    Chapitre 2

    Chapitre 3

    Chapitre 4

    Chapitre 5

    Chapitre 6

    Chapitre 7

    Chapitre 8

    Chapitre 9

    Chapitre 10

    Chapitre 11

    Chapitre 12

    Épilogue

    Chapitre 1

    Il faisait complètement noir et je sentais qu’une présence maléfique m’encerclait. Il ne s’agissait pas d’un ennemi vivant que j’allais pouvoir éliminer. Ma main était serrée autour de la poignée d’une torche. Je puisai dans ma magie, me concentrai sur la chaleur du feu et la dirigeai vers l’extrémité du flambeau. Quand les flammes apparurent, les ombres reculèrent. Leur réaction n’était pas naturelle ; elles fuyaient la lumière au lieu de la laisser les pénétrer.

    Mon instinct ne se trompait jamais. On me surveillait. Ou plutôt, on me pourchassait.

    Je me trouvais dans une grotte sèche dont le sol montait abruptement devant moi. Le mur derrière moi m’indiquait que je ne pouvais me diriger que dans une seule direction. Je me faufilai précautionneusement à travers des couloirs assez larges pour permettre le passage d’un train et des ouvertures justes assez grandes pour me laisser passer. Plus j’avançais, plus l’air devenait froid et sec.

    Enfin, après ce qui me parut être plusieurs heures, je débouchai dans une énorme grotte au centre de laquelle se dressait une tour en pierre d’environ quatre mètres et demi de diamètre et douze mètres de haut. Autour d’elle, d’énormes portes en bois étaient disposées en cercle, à distance égale les unes des autres. Des symboles et des motifs mystérieux étaient gravés sur chacune d’entre elles. Elles ne comportaient ni verrou ni poignée. Je tentai d’en pousser une, mais elle ne bougea pas d’un poil malgré mes efforts.

    J’examinai les symboles plus attentivement. Au moment où m’approchai de la dernière porte, je ressentis un picotement dans la paume de ma main. Je la tendis vers la lumière pour l’examiner. Ma peau semblait normale, mais j’avais l’impression que quelque chose y avait été marqué au fer rouge. Il me fallut quelques instants pour comprendre que les lignes que je sentais brûler sur ma main étaient les mêmes que celles qui étaient tracées sur la quatrième porte.

    Étant de nature normalement prudente, je fus surpris de me voir tendre le bras en avant, la paume dirigée vers la porte.

    Une première main s’empara de mon bras et l’abaissa de force alors qu’une deuxième se plaqua sur ma bouche afin d’étouffer mon exclamation de surprise.

    — Je ne ferais pas ça, si j’étais vous. Dès que vous leur aurez donné ce qu’ils veulent, ils n’auront plus besoin de vous.

    Bien que la voix me paraisse familière, l’accent anglais ne l’était pas et il m’empêchait d’identifier l’homme. Comme avalée par les ténèbres, la flamme de ma torche s’éteignit dans un vacillement soudain et violent.

    *      *      *

    Quelque chose me tapota doucement la bouche. La sensation était étrange, mais le tapotement était léger et non menaçant. Je décidai de l’ignorer. Je ressentis alors des petits coups plus insistants contre ma joue. Si doux

    Un crachement aigu retentit soudain et quelques secondes plus tard, des dents acérées se plantèrent dans la chair de mon oreille. Je jurai et lançai des coups en direction de l’horrible chat, mais il parvint à échapper aux battements semi-conscients de mes bras.

    — C’est pas vrai, Fantôme ! Je t’ai déjà dit de ne jamais faire ça.

    La seule réponse à me parvenir fut un grognement irrité.

    — Je ne me lèverai pas tant que mon alarme n’aura pas…

    La sonnerie de mon réveil m’interrompit. Dans un soupir, je tendis le bras à l’aveuglette et frappai le chat au lieu du réveil.

    Il riposta en me mordant.

    Je le frappai de plus belle.

    Il bondit sur ma poitrine et un grognement de douleur m’échappa. Cette satanée bête était lourde et elle avait sorti ses griffes. L’animal avait beau être fourbe et hideux, il m’avait tout de même sauvé la vie… En me donnant des craies.

    J’ouvris enfin les yeux, juste à temps pour le voir disparaître. À sa place se trouvait une lettre et je savais que je devais la lire immédiatement. Les seules lettres que Fantôme m’apportait venaient de son maître, mon oncle Vincent. Celle-ci était assez longue, comme d’habitude, et écrite en pattes de mouche à l’encre vert foncé.

    Cher Devon,

    Le moment est venu de commencer ton deuxième cercle à Quintessence. J’espère que tu es prêt à étudier aux côtés des vampires. Comme tu le sais déjà, de nombreux étudiants de Quintessence, principalement des fæ, ont décidé d’abandonner leurs études plutôt que de les poursuivre en compagnie de vampires. Comme c’est précisément cette intolérance que nous essayons d’éradiquer de la communauté paranormale, Logan et moi aimerions que tu agisses en tant qu’émissaire.

    J’ai le regret de t’informer que le conseil des sorciers a décidé d’honorer Quintessence de sa présence. Ils sont persuadés que leur implication est vitale à la bonne intégration des vampires au sein de la communauté paranormale. Je les soupçonne d’avoir de tout autres motifs et j’aimerais que tu mènes une enquête à ce sujet.

    Je ne peux pas m’occuper du conseil moi-même actuellement, mais Fantôme pourra t’aider à ma place. Bien que je comprenne tes différends avec les vampires, je suis persuadé que tu es la personne la plus qualifiée pour cette tâche, et je ne la confierais à personne d’autre.

    Comme tu le sais, ton deuxième semestre débute le vingt-six janvier. Cependant, en raison des évènements récents, Logan et moi avons décidé que certaines mesures étaient nécessaires. Par conséquent, Logan viendra te chercher chez toi et tu ne dois pas quitter ton appartement avant son arrivée.

    Cordialement,

    Ton oncle

    Je soupirai. Tes différends… Quel bel euphémisme. D’après Remy, j’avais compris ce que représentait l’eau. J’étais capable de faire confiance aux autres… Mais je ne faisais toujours pas confiance aux vampires. L’envie ne me manquait pas, mais je ne parvenais pas à pardonner à Astrid ce qu’elle avait fait. À chaque fois que je considérais la possibilité de faire confiance à un vampire, je revoyais ma mère baignant dans son sang sur le sol de la cuisine.

    Un miaulement grinçant me signala le retour de Fantôme. Il s’approcha de moi sur le lit et je me mis à lui caresser la tête distraitement. Il commença à ronronner, puis se laissa tomber sur le flanc. Je retirai ma main juste à temps pour éviter ses griffes acérées.

    — Je te déteste, vilain chat.

    Il me regarda et se mit à ronronner de plus belle.

    — Espèce de saleté caractérielle. Va dire à Vincent que je ferai le diplomate auprès des vampires tant qu’ils gardent leurs canines pour eux.

    Le chat disparut… en laissant derrière lui une seconde lettre.

    Cher Devon,

    Fantôme me prévient qu’une visiteuse s’apprête à débarquer chez toi. Tu devrais te cacher.

    Cordialement,

    Ton oncle

    — Une visiteuse ?

    J’observai la lettre jusqu’à ce qu’elle commence à se froisser dans ma main.

    — Genre un visiteur paranormal ?

    La sonnerie de mon téléphone me fit sursauter. Je tendis le bras pour répondre, mais me ravisai. Je devais agir prudemment. Mes clients commençaient à penser que je cassais volontairement mes téléphones, alors qu’il s’agissait en réalité d’un des malencontreux effets secondaires de mes nouveaux pouvoirs ; mon énergie émanait parfois de moi telle de l’électricité. Et tels des courants électriques, elle faisait cramer les petits appareils électroniques. Y compris mon téléphone portable.

    Ces étincelles avaient également achevé mon ordinateur de bureau. Je n’avais d’ailleurs même pas pris la peine de remplacer, persuadé qu’il finirait par sauter à nouveau.

    Je patientai un moment avant de soulever précautionneusement mon téléphone, qui était posé sur ma table de chevet. Mon petit Motorola avait l’air tout droit sorti d’un bac à recyclage. Je regardai le numéro de l’appelant, surpris de voir qu’il était masqué. Je pressai l’écran pour répondre à l’appel.

    — Allô ?

    — Salut mec, je pensais que tu serais déjà parti !

    Je soupirai.

    — Alors pourquoi est-ce que tu m’appelles ?

    — Parce que tu m’as demandé de veiller sur ta mère pendant que tu étais loin. Je voulais te prévenir que Regina l’a énervée l’autre jour. D’après l’infirmière, elle lui a parlé de bébés et lui a raconté que vous essayiez d’arranger les choses entre vous. Ce n’est peut-être pas le meilleur moment pour partir en voyage.

    Merde.

    — Tu sais, si tu allais vivre à Chicago, Regina te suivrait sûrement… Et il ne lui faudrait que quelques jours pour se mettre à dos la mafia… M’enfin… Je dis ça...

    — Je ne compte pas déménager à Chicago. Et je vais raccrocher. Rappelle à l’infirmière de ma mère que Regina n’est pas autorisée à la voir. Dis-lui que si elle laisse encore une fois Regina s’approcher à moins de quinze mètres de ma mère, elle est virée.

    Je raccrochai. Ce n’était pas malpoli, je ne faisais qu’obéir à notre règle des trois minutes. Marcus et moi n’avions jamais de conversation téléphonique de plus de trois minutes, et nous prenions des précautions extrêmes afin de ne jamais dévoiler sa véritable identité. Alors que j’avais récemment tué mon propre père et que cet acte m’avait presque valu une couronne, Marcus, lui, avait vu son père tuer sa mère et il avait lui-même failli se faire tuer après avoir tout raconté à la police.

    Des coups retentirent à ma porte et mon instinct tout entier se mit à crier au danger. Une créature féroce et malveillante se trouvait de l’autre côté. Je l’ouvris donc.

    — Qu’est-ce que tu fous là ? demandai-je au fléau de mon existence.

    Regina leva les yeux au ciel et pénétra dans mon appartement sans attendre que je m’écarte.

    — C’est comme ça que tu parles à ta femme ? Combien de temps vas-tu encore jouer à ce jeu débile ? Ton comportement est ridicule.

    Elle fronça le nez en signe de dégoût tout en parcourant du regard mon petit appartement.

    Regina mesurait un mètre soixante, était mince et avait des cheveux blond platine volumineux et de grands yeux noisette. Elle était incroyablement belle, du moins en apparence. Elle portait une chemise cintrée fine gris clair à col ouvert, qui lui arrivait presque jusqu’aux genoux, par-dessus un short noir qui en dépassait à peine. Sa chemise était si fine que son soutien-gorge en satin noir était visible en transparence. Connaissant Regina, j’étais prêt à parier que cette chemise avait coûté plus cher qu’un mois de loyer.

    Sa beauté et son sourire innocent suffisaient à faire croire à n’importe quel homme, à tort, qu’il avait trouvé une perle. J’étais moi-même tombé dans le panneau.

    Malheureusement, Regina était en réalité profondément vicieuse. C’était une experte de la manipulation et elle sa façade naïve et désintéressée cachait un caractère aussi agréable que celui d’un serpent à sonnette. Elle n’entendait que ce qu’elle voulait entendre, ce qui expliquait pourquoi elle croyait que notre divorce n’était qu’une phase que je traversais.

    — Je ne comprends pas pourquoi tu t’es installé dans un tel taudis pour résoudre tes problèmes. Sérieusement, nos voisins commencent à se poser des questions.

    Elle devait en savoir quelque chose ; elle passait quatre-vingt-dix pour cent de son temps à la maison à espionner les voisins. Bien sûr, quand elle sortait, c’était la plupart du temps pour jouer au bingo et à la loterie ou pour faire du shopping. Je soupirai.

    — Que fais-tu ici ? demandai-je, résigné.

    — Ne me parle pas sur ce ton, Devon. Je me fiche de ce que tu fais ici, dit-elle en désignant mon appartement d’un geste de la main. Des factures t’attendent à la maison. Je suis d’ailleurs allée en parler à ta mère et elle est d’accord avec moi. Nous sommes tombées d’accord ; tu devrais voir un thérapeute. Je sais que ça coûtera cher, mais je suis persuadée que ça en vaudra la peine. Ce que tu traverses est clairement lié au fait que tu travailles trop, et j’ai trouvé un excellent thérapeute qui peut t’aider à surmonter tout ça.

    — Regina, je t’ai quittée parce que tu me trompais, pas parce que je travaillais trop pour rembourser tes dettes de jeu.

    Je me dirigeai vers la cuisine en regrettant de ne pas pouvoir claquer une porte entre nous. Comme mon appartement était décloisonné, je saisis une canette de soda et claquai la porte du réfrigérateur à la place. Une image amusante me vint à l’esprit et je me vis enfermer Regina dans un congélateur industriel. Malheureusement, je n’en avais pas sous la main.

    Une expression de pure douleur s’afficha soudain sur son visage.

    — Comment oses-tu parler de ça ? Tu sais que je t’ai pardonné de ne jamais être à la maison, et tu sais que tu es responsable de nos problèmes, car tu ne me donnes pas l’attention que je mérite. Je ne t’ai pas trompé ; j’ai seulement trouvé quelqu’un d’autre qui me donnait ce dont j’avais besoin.

    Elle s’interrompit en attendant que je lui donne raison.

    Comme je ne disais rien, elle plissa les yeux en signe de colère.

    — J’en ai plus qu’assez de ton égoïsme. Je sais que tu mijotes quelque chose, parce que tu n’es pas allé voir ta mère depuis six mois. Tu vas rentrer à la maison ce soir. Même ta mère a honte de la manière dont tu me traites. Tu as rendez-vous chez le thérapeute demain matin à neuf heures. J’ai dit à nos voisins que tu commençais des cours de yoga. Ça expliquera tes départs chaque matin.

    Je versai la moitié de mon soda dans l’évier et m’accoudai sur le rebord en métal. Ce fut à ce moment-là que tout dégénéra ; je sentis de la chaleur s’emmagasiner dans ma poitrine. J’essayai de m’imaginer au bord du lac, en train de nourrir les kappas, ou assis à ma table à manger, le matin, avec une tasse de café… mais Regina ne voulait pas se taire. Chaque pensée sereine que je parvenais à conjurer se faisait immédiatement happer par ses plaintes, critiques et exigences incessantes.

    J’essayai de me souvenir de bons moments passés avec elle… de n’importe quels bons moments… mais rien ne me vint à l’esprit. Il y a bien dû y avoir de bons moments, non ? Notre premier rencard, ou notre première rencontre… Je me souvins du soir où elle m’avait servi, quand je l’avais vue pour la première fois. J’étais assis seul, l’esprit plongé dans une enquête sur laquelle je travaillais, et je n’avais même pas remarqué la serveuse jusqu’à ce qu’elle m’apporte l’addition.

    Elle était magnifique et son sourire était si doux. Elle parlait doucement, un respect presque timide dans la voix. Elle avait laissé son numéro sur l’addition et j’avais attribué mon mauvais pressentiment à mon enquête.

    — … bien sûr, ils croient que tu es en déplacement pour le travail. Franchement, ils ne se douteront jamais que tu es parti faire l’idiot, en pleine crise de la trentaine. Ah, et pour la voiture. Le nouveau modèle existe en bleu métallique, tu sais, la couleur que j’aime, donc je l’ai commandée, mais ta carte de crédit a bogué. J’étais tellement gênée, tu n’as pas idée. J’ai dû les appeler et expliquer que je suis ta femme et que…

    — Regina !

    Le contrôle que j’exerçais sur moi-même venait de lâcher. Mon pouvoir m’échappa et les lampes se mirent à clignoter violemment.

    — Sors de chez moi !

    Je levai les yeux à temps pour voir une expression de choc s’afficher sur son visage avant qu’elle ne se retourne et se dirige vers la porte. Un sentiment de culpabilité m’envahit ; je n’aurais pas dû utiliser mon pouvoir sur elle.

    — Attend !

    Merde, pensai-je en la voyant s’immobiliser. Je n’avais pas réellement voulu qu’elle s’arrête. Avant d’être capable de lire dans ses pensées et ses souvenirs, je me forçai à relâcher mon emprise. C’était plus facile quand elle ne parlait pas. Elle vacilla et attrapa la table basse pour se stabiliser.

    — Désolé, ce n’était pas volontaire.

    Elle s’assit sur la table, manifestement secouée, tout en refusant de me regarder.

    — Tu n’as jamais crié contre moi avant. Tu ne m’aimes vraiment plus ?

    J’eus envie de lui dire que je ne l’avais jamais aimée, mais je me ravisai. Elle avait clairement besoin de tourner la page, mais je ne voulais pas la blesser.

    — Non.

    — Tu as rencontré quelqu’un d’autre, c’est ça ?

    De parfaites larmes de crocodile apparurent dans ses yeux.

    — Tout va bien ?

    Nous nous tournâmes tous les deux vers Clara Yocum, qui se tenait de l’autre côté de ma porte d’entrée ouverte, que j’étais pourtant sûr d’avoir fermée. Clara faisait partie du top dix des plus belles femmes à avoir croisé mon chemin, ainsi que du top cinq des personnes que je ne voulais plus jamais revoir.

    Son teint clair était parfait, ses traits étaient impeccablement proportionnés et symétriques, et ses yeux bordeaux foncé paraissaient plus exotiques que contre nature. Ses longs cheveux, qui avaient été violet foncé la dernière fois que je l’avais vue, étaient à présent bleu foncé. Elle portait un haut rouge sang, un pantalon en cuir noir et une veste cintrée assortie.

    Si Regina était une vipère, Clara était une bombe atomique. Cette femme était une vampire, et de sang royal qui plus est. Elle aurait pu massacrer une ville entière et personne en l’en aurait empêchée. Et elle était à la tête de la division vampirique de Quintessence.

    — Tu vas m’inviter à entrer, ou est-ce que je dois d’abord frapper ?

    Elle connaissait mon histoire avec Astrid.

    — Je préférerais inviter John Cross à entrer chez moi plutôt que toi, grognai-je.

    — Quel charmeur ! dit-elle d’une voix plus grave, plus séduisante. Allez, Devon, je sais que tu en as envie.

    Elle me regarda dans les yeux, pas le moins du monde effrayée par mes pouvoirs.

    — Fiche-lui la paix, Clara, dit Remington en la bousculant.

    Remy pénétra sans peine dans mon appartement et jeta à Regina le même regard qu’un chat aurait lancé à une puce.

    — Qui est-ce ? me demanda-t-elle, manifestement peu impressionnée par mon invitée.

    Je voulais commenter la sienne, mais je me retins.

    — Regina.

    Elle ricana.

    — Ton ex-femme ? Vraiment ?

    Regina se leva, le visage rouge de colère.

    — Devon, je refuse de me faire prendre de haut par ces pouffiasses. Tu vas leur expliquer que je suis toujours ta femme, puis nous rentrerons ensemble et nous oublierons ce petit jeu idiot.

    — Qu’est-ce que tu n’as pas compris dans le mot « divorce » ? Je ne suis plus ton mari et tu ne seras plus jamais ma femme, sous quelque forme que ce soit.

    — Comment oses-tu me parler ainsi devant ces gens ?! hurla Regina.

    — Devon, tu ne vas vraiment pas m’inviter à entrer ?

    — Je ne sais même pas ce que tu fais ici, répondis-je.

    Elle soupira.

    — Je ne voulais pourtant pas briser tes illusions.

    Elle pénétra dans mon appartement, s’arrêta, puis alla se placer à côté de Remy.

    — Nous n’avons pas besoin d’être invités, c’est un mythe, expliqua-t-elle avec un sourire narquois.

    Je jetai un coup d’œil en direction du couloir. Si Clara m’attaquait, je n’aurais pas le temps d’atteindre mon révolver. J’avais vu à quelle vitesse les vampires pouvaient se déplacer.

    — Où est Hunt ? demandai-je.

    — Mon père est en train de discuter avec la gérante de ton immeuble, expliqua Remy. Clara et moi avons entendu que tu n’étais pas seul et nous sommes donc venues voir si tu avais besoin d’aide. Rosin s’occupe de l’école depuis le décès de Rebecca et April se cache du conseil, donc c’est Clara qui nous accompagne.

    Je ne connaissais pas Clara suffisamment bien pour anticiper son comportement. Je savais qu’il y avait peu de chances qu’elle s’attaque à mon ex-femme devant Remy. Cependant, je n’aurais jamais pu prédire ce qu’elle fit ensuite ; elle attrapa Regina par le col, l’attira contre elle et l’embrassa.

    Regina gémit et saisit faiblement la veste en cuir de Clara, sans essayer de la repousser ni de l’attirer contre elle. Il était probablement déplacé de les regarder, mais ce n’était pas tous les jours que deux femmes aussi magnifiques que diaboliques se roulaient des galoches sous mon nez.

    Remy se racla la gorge. Clara s’éloigna de Regina de quelques centimètres et mon ex ouvrit les yeux. Clara sourit.

    — Maintenant, tu vas rentrer chez toi et laisser Devon et sa mère tranquilles.

    Regina cligna des yeux d’un air absent, se tourna et sortir de mon appartement.

    — Ça ne tiendra jamais, dis-je.

    — Certaines personnes très obstinées parviennent à surmonter l’emprise des vampires, mais mes baisers fonctionnent à tous les coups.

    — Comment se fait-il que l’emprise ne soit pas un mythe, alors le coup de l’invitation en est un ? Ça ne me paraît pas très juste envers les humains.

    — Ton pouvoir n’est pas si différent, et il est aussi unique, répondit-elle.

    Je frissonnai en imaginant les vampires dotés des mêmes pouvoirs que John. Astrid a-t-elle utilisé son emprise sur moi ?

    — Est-ce que les gens s’en souviennent ?

    — Non, à moins que nous le souhaitions.

    Hunt apparut dans l’embrasure de la porte.

    — Si vous avez fini de vous amuser, je propose que nous nous mettions en route.

    Mes bagages étaient déjà faits. Je n’avais pas trouvé le livre de Vincent, mais cela ne m’inquiétait guère, car il disparaissait régulièrement. Dix minutes plus tard, nous étions entassés dans un SUV noir. Bizarrement, je ne m’inquiétai pas en voyant Clara s’installer dans le siège conducteur. Ses réflexes de vampire faisaient certainement d’elle une très bonne conductrice. Bien sûr, après avoir fait l’expérience de la conduite d’April Nightshade, je doutais que qui que ce soit puisse me faire peur. Quand Clara recula précautionneusement jusqu’à la route, s’arrêta longuement à tous les stops et se mit à conduire à plusieurs kilomètres à l’heure en dessous des limites, je me préparai à un long trajet sans embûche.

    Puis nous arrivâmes sur l’autoroute.

    Elle accéléra afin de pousser la voiture à une vitesse supérieure de presque cent kilomètres à l’heure à la limite.

    *      *      *

    Quand nous parvînmes à l’université, j’avais l’impression d’avoir passé plusieurs heures sur un grand huit. Grâce à Clara, le trajet de neuf cent soixante kilomètres n’avait duré que quelques heures, mais je me sentais un peu secoué.

    — Est-ce que votre père sait à quelle vitesse vous conduisez ? demanda Hunt lorsque Clara éteignit le moteur.

    Elle grimaça.

    — Ouais, désolée. Je sais que le trajet a été pénible, mais mon père m’a fait la morale pour que je ralentisse un peu. Normalement, je vais deux fois plus vite. Mais il est très préoccupé en ce moment, donc j’essaie de faire ce qu’il me dit.

    Hunt tendit la main et les clés vinrent s’y loger, comme attirées par un aimant. Il essaya de les donner à Remy, qui était assise à côté de moi sur la banquette arrière, mais elle se contenta de les regarder comme si son père était en train d’essayer de lui passer un serpent.

    — Tu vas être notre nouvelle conductrice, dit-il à sa fille.

    — Je ne sais pas conduire.

    Je soupirai et pris les clés à Hunt.

    — Moi je sais conduire. Est-ce qu’au moins l’un d’entre vous a le permis ?

    — À quoi nous servirait un permis ? demanda Clara d’un ton innocent.

    Je rangeai les clés dans ma poche, saisis mon sac et sortis de la voiture.

    — Votre horaire de cours vous sera remis demain matin par votre nouveau maître élémentaire. Comme vous le savez, vous devez désormais acquérir dix-huit crédits pour réussir le semestre, dit Hunt. Votre chambre est la même.

    — Qu’en est-il de Henry et Darwin ?

    — Ce sont toujours vos colocataires. Si vous préférez changer…

    — Non, ils me conviennent très bien. Je voulais seulement être sûr de ne pas me retrouver avec Jackson ou avec un vampire.

    — Les vampires sont logés dans un espace rénové au sous-sol, expliqua Hunt. Pour leur propre sécurité, nous avons décidé de ne pas les faire résider avec les autres étudiants.

    — Qu’en pense le conseil des sorciers ?

    — Le conseil des sorciers n’a pas besoin de tout savoir.

    Je soupirai et me tournai vers le château.

    — Heu… N’y avait-il pas une tour, juste là ? demandai-je en pointant du doigt une partie du toit.

    — Peut-être.

    Il était environ deux heures de l’après-midi et le château ne semblait pas aussi sombre et menaçant qu’il l’était parfois. En réalité, la neige qui recouvrait certaines parties du toit et de la cour lui donnait un air presque pittoresque. Presque. Si l’architecture excentrique du château ne suffisait pas à indiquer qu’il s’agissait d’une école peu ordinaire, le gros lion adulte qui faisait la sieste dans l’herbe entre le château et les résidences suffisait à faire passer le message.

    — Je vais poser mes bagages.

    Je me dirigeai vers les résidences, pressé de m’éloigner de la vampire. J’ouvris la porte d’entrée et m’écartai aussitôt, juste à temps pour éviter de me faire percuter par deux tigres. Zhang Wei pourchassait Li Na, mais je savais que ce n’était qu’un jeu.

    Quand j’arrivai dans ma chambre, je constatai que la collection de livres de Henry était déjà impeccablement alignée et organisée sur son étagère. Le changeur jaguar avait un petit côté maniaque. Darwin s’amusait parfois à déplacer ses stylos ou ses livres de quelques centimètres et quand il revenait, Henry commençait toujours par remettre les objets à leur place avant d’entreprendre quoi que ce soit d’autre.

    Je défis mes bagages et descendis dans le réfectoire, où les tables avaient été déplacées et des étudiants formaient un cercle au milieu de la salle. Je devinai qu’une bagarre avait lieu, comme c’était souvent le cas à Quintessence, et faillis retourner dans ma chambre. Cependant, ma curiosité prit le dessus. Je rejoignis le groupe et ne compris pas tout de suite ce qui se déroulait devant moi ; un serpent noir se tortillait, en proie au feu. Un liquide transparent avait été rependu au sol et c’était cela qui brûlait. Le serpent, long d’un mètre, se débattait dans les flammes.

    — Que se passe-t-il ? demandai-je

    — Il ne risque rien, répondit Becky.

    Je n’avais pas remarqué que je me tenais à côté d’elle jusqu’à ce qu’elle me parle.

    — Ce ne sont pas de vraies flammes, ce n’est qu’une illusion.

    À cet instant précis, le feu s’éteignit et le serpent se transforma en un petit homme aux cheveux noirs. La plupart des étudiants présents se mirent à applaudir.

    J’allai chercher un plateau de nourriture et m’assis à ma place habituelle, bien que la table ait été rapprochée du mur. À ma surprise, Becky s’assit à côté de moi, mais elle se contenta d’ajuster ses lunettes de se concentrer sur son assiette, qui ne comportait que quelques fraises et du brocoli.

    — Tu n’as pas faim ?

    Elle haussa les épaules.

    — Mon père est inquiet au sujet des vampires, mais comme il est persuadé qu’ils n’aiment pas le sang des végétariens, il m’a « autorisée » à retourner à l’université tant que je ne mange pas de viande.

    Je l’observai pendant un instant. Bien que ses grosses lunettes à verres épais dissimulaient une grande partie de son visage, je devinai qu’elle devait avoir dix-neuf, peut-être vingt ans.

    — C’est lui qui paie tes études ?

    — Non, mais comme mon père est Grayson Adams, un membre éminent du conseil des sorciers, je n’ai vraiment pas mon mot à dire à ce sujet.

    — Je croyais que le conseil essayait de faire la paix avec les vampires.

    — C’est le cas, mais ça ne veut pas dire qu’ils font confiance aux vampires. On m’a dit que tu étais supposé maintenir la paix entre les autres étudiants et eux.

    — Je croyais que c’était confidentiel.

    — Rien n’est confidentiel dans cette école.

    Henry s’assit en face de moi et posa son plateau chargé de nourriture

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